Ben à ce moment-là, je pourrais écrire n’importe quoi comme titre, même si ça n’a aucun rapport, puisque de toute façon j’ai aucune idée.

Je viens de lire cet essai de Philippe Laporte.
Il y a peut-être quelques trucs trop affirmatifs, quelques déclarations difficiles à prouver (comme bien souvent avec les affaires de psychologie, où l’on peut faire dire à l’inconscient tout et son contraire), mais dans l’ensemble, je trouve ça tout à fait intéressant, et ça recoupe pas mal de réflexions que j’avais déjà eues.

Entre autre chose, le fait que perpétuer un crime permet d’éviter de le considérer comme un crime, et donc d’éviter l’immense remise en cause que ça engendrerait.
Et là-dessus, je suis on ne peut plus d’accord, puisque j’ai vécu toutes les remises en cause que ça implique, et je sais à quel point ça serait facile pour moi de repasser la barrière dans l’autre sens, de décider de me remettre à manger de la viande pour prouver que tout ça n’est pas si grave que ça, et me simplifier la vie. Parce que je vis dans la même société que tous les autres omnivores, et que je dois faire un effort de réflexion pour rester conscient de la réalité des choses, et dépasser la simple apparence toute simple et vicieusement déculpabilisante. Et aussi parce que c’est tellement évident, quand je vois parfois le comportement de certains de mes proches, et… et tout, quoi. Admettre que manger de la viande est un meurtre gratuit, ça signifie admettre qu’on a commis soi-même des crimes. Et prendre conscience que la société est basée sur ces crimes, et qu’ils sont perpétrés constamment, bon sang… que c’est épuisant… Parfois, il faut quand même se forcer à oublier… Mais ne pas oublier au point de se remettre à y participer, si on veut qu’un jour il y ait un espoir pour que ça change.

Bref, cet essai est intéressant.

J’aime bien la citation : « Il nous faut apprendre à vivre tous ensemble comme des frères, ou bien nous périrons tous ensemble comme des imbéciles. »

J’adore la retranscription de l’émission radio sur l’antispécisme. J’ai beaucoup ri.

Ah, et puis j’ai appris qu’Hubert Reeves prône le végétarisme.

La conclusion m’apprend que je suis moraliste, que la culpabilisation ne fonctionne pas, et qu’expliquer aux omnivores qu’on comprend très bien le pourquoi de leur blocage intellectuel est la dernière chose à faire… Bref, que j’ai tort sur tous les fronts. Sans doute. Mais je ne sais absolument pas comment m’y prendre autrement. Le végétarisme (végétalisme/véganisme/antispécisme/etc.) est un sujet tellement sensible, tellement tendu… Il faut constamment marcher sur des oeufs*. D’un côté : Trop informer, trop stimuler, toucher une corde sensible, voire provoquer, c’est prendre le risque d’un rejet en bloc. Et l’autre choix : Ne pas prendre de risque, laisser faire, attendre… attendre qu’il ne se passe rien.
Et puis en règle générale, je suis plutôt pour faire confiance à l’intelligence de mes interlocuteurs (y compris leur propre capacité de remise en cause au détriment de leur amour propre), en leur donnant toutes les billes en ma possession, et ce en toute honnêteté. Je crois que j’aimerais qu’on en fasse autant pour moi. J’ai peut-être tort sur toute la ligne, je ne sais pas.

Tout ça est bien compliqué.

Quand même, j’aimerais bien observer un changement avant de mourir.

________________________

* Et pour un végétalien, ça craint.

Cette entrée a été publiée dans Les personnes qui ne se mangent pas.. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.