Méthode et rigueur

Bon…

Fort de mon expérience précédente (enfin non, pas la précédente, mais plutôt l’ante-précédente), j’en suis arrivé à la conclusion (plusieurs fois de suite, et de plus en plus fort) qu’il fallait que je change de méthode. Parce que non, faire une planche de six cases en 4 semaines, ça n’est pas normal, ou en tout cas, ça n’est ni très productif ni très motivant (même si plaisant parfois). Je me suis surtout dit qu’il était sûrement possible d’améliorer ça.
Par exemple, en reprenant les bases : Pour dessiner, on utiliser une feuille et un crayon.
Alors bien sûr, l’avantage de la tablette graphique, c’est qu’on efface à volonté, on fait des calques, des copier coller, des zooms, et on n’a pas ces problèmes de légères nuances ombragées du scan. Bref, ça semble plus simple. Mais ça peut aussi être super frustrant : Le crayon ne pardonne pas, il ne dessine pas juste dessous ma main, là, non, il dessine au loin sur l’écran, pas aux mêmes proportions, et si tu veux pencher ton plan de travail parce que ta main a un angle préféré pour tracer des traits, ben je te souhaite bon courage, parce que l’écran, lui, tu ne le pencheras pas… Ah oui, et dessiner avec plus de quatre applications lancées en même temps, c’est très rigolo si tu veux voir ton crayon dessiner avec une seconde de décalage sur le pointeur… Quant à tracer des rectangles tout simples, avec Gimp, ben c’est encore plus galère… noter les coordonnées (calculées pour bien diviser la planche comme convenu) du premier point de la droite, déplacer la souris à l’autre bout de l’image avec le même x ou le même y, et au pixel près, s’il vous plait… Tu veux faire six cases… Bah, ça prend qu’une demie heure… Bon, bien sûr, tu reprends ton modèle de la fois précédente, mais si tu veux changer le modèle…

Bref.

Je me suis dit. On va tenter de l’hybride. Papier-crayon d’abord. Puis scan. Puis travail sur tablette. Le but étant d’éviter au maximum les phases frustrantes et démotivantes (i.e la phase 1 du dessin purement ordinateur, dite aussi « Putain de tablette de merde ! Con de stylet ! Qu’est-ce que c’est que cette chiotte ! », et la phase 2 du dessin purement papier, dite aussi « C’est vraiment caca comment je dessine… »), pour les remplacer par les phases épanouissantes (i.e la phase 1 du dessin purement papier, dite aussi « Oh, mon crayon réagit parfaitement à la grâce des coups d’esquisse de mon poignet. », et la phase 2 du dessin purement ordinateur dite aussi « Oh, je peux rendre une parfaite clarté à cette oeuvre, la transformant en tracés nets, et travailler avec plaisir sur ces calques ou ces effets d’ombrages. »).
Du moins, c’était l’idée.
L’idée aussi, c’est que je ne suis pas dessinateur ni peintre ni artiste, je ne prends pas de cours, je n’ai pas 20 ans de travail intensif en arts plastiques derrière moi, je pars de rien, et je me démotive facilement quand je me compare aux autres, donc autant commencer à la base plutôt que de se prendre trop au sérieux et plonger dans le ridicule. Ne pas se lancer dans des techniques de peinture, d’encre de chine, ou de je ne sais quoi. Crayon, papier. Point.

Plein de bonnes résolutions, je décide, hier dimanche, que dès qu’un magasin sera ouvert et à ma portée, j’irai me procurer du matériel convenable. Papier, j’en ai. Mais un crayon, quand même. Un crayon gris, crayon bois, quoi, là. Et puis une règle aussi. Pour les cases. Et un marqueur, pour finaliser en jolis traits. Quand même, le marqueur.
Oui, alors oui, parce que bon, quand même, j’ai de quoi écrire, dans mes affaires, je ne suis pas un pur homme de clavier. Depuis que j’ai quitté l’école, il m’arrive encore d’utiliser des crayons, assez régulièrement. Mais des bics. Ben oui, des bics, là. C’est une habitude que j’ai prise vers 15-16 ans, je n’écrivais plus qu’au bic. De toute façon, au plume, j’effaçais et réécrivais tellement souvent par dessus que ma feuille entière finissait couverte de blanco et de bic. Donc j’ai décidé de court-circuiter l’étape stylo-plume pour passer directement à l’étape bic. Tant qu’à être un gros crado du bic/blanco, autant assumer en bloc. J’ai donc toujours eu des bics et un vieux blanco qui traînait quelque part. Mais de crayon gris, point. A moins qu’il en traîne un vieux++ tout pourri quelque part aussi. Ailleurs. Mais bon. D’où le rachat.

Donc ce soir, quand le temps m’était donné de le faire, je cours me procurer ces objets dans un lieu de commerce adéquat. Des crayons gris (HB, 2B, H, un peu de tout, pour avoir le choix), un joli marqueur fin pour faire de beaux traits (et même deux, parce qu’ils sont vendus par paire), et même un autre joli marqueur pour faire des traits un tout petit peu plus gros (on sait jamais), et un puis une belle grande règle (propre) pour faire les cases. Et puis une équerre, aussi, pour les cases (les mêmes), tiens. Et oh ! Le taille-crayon, je ne sais plus si j’en ai encore un (pour le vieux++ crayon gris tout pourri qui traîne quelque part ailleurs). Voilà, je prends un joli petit taille-crayon mignon.
Fier de mon ensemble, je vais aux caisses, je paie, je retourne chez moi, je déballe, j’installe mon équipement autour de ma tablette graphique, bien proprement. Paré. Oui, ma tablette graphique sera mon plan de travail. Je dessinerai sur des feuilles A4, par dessus, elle est faite pour ça. Il est même possible que je ne passe même pas par l’intermédiaire du scanner, si je me contente de repasser par dessus le dessin avec mon stylet sur la tablette.
Tout est calculé au millimètre. Je suis un cerveau, un tacticien, un pur esprit, un ordinateur de l’an 3000. Je suis Albert Einstein, Ender, Paul Atréïde, Le Patricien. (Allez, vous avez bien deux références sur les 4…) Tout est sous contrôle, je suis LE MAITRE DU MONDE.

Je glande deux heures sur Facebook.
Non, mais ça, ça compte pas. C’est normal. Ca s’impute dans les frais. Hop, hop, on a rien vu.

Bon. Je me mets au boulot. Je m’installe. Je prends mon crayon gris tout beau tout neuf, ma règle et mon équerre toutes belles toutes neuves. Je dessine la séparation de la feuille en six espaces égaux, qui permettront ensuite d’y faire de jolies cases.
Fait.
Je dessine le premier trait de ma première case. Ah effectivement, sans règle, je suis toujours aussi incapable que d’habitude de faire un trait bien droit. Parkinson, me voilà.

Bah, pas de problème, je maîtrise, no souçaï, je vais prendre ma gomme.

Ma gomme.

Gomme.

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Une réponse à Méthode et rigueur

  1. Personne dit :

    Il faut également savoir que j’ai retrouvé ce week end une vieille gomme qui traînait dans un tiroir depuis sans doute un an.