Je suis incohérent.

Dire : « Je suis incohérent. » …
- ça n’est pas dire : « Il y a un problème, mais je ne sais pas comment le résoudre. »
- ça n’est pas dire : « Je cause des maux, je fais de mon mieux pour les éviter, mais je ne sais pas comment faire encore mieux. »
- ça n’est pas dire : « Je cherche à faire ce que je peux, à faire au mieux, mais j’ai aussi besoin de poser certaines limites, plus ou moins au hasard peut-être, pour continuer à vivre. »
- ça n’est pas dire : « Je sais qu’il y a un problème, je fais tout mon possible, mais j’ai encore des pressions à déjouer, des contraintes à résoudre, des oppositions à affronter, des solutions pratiques à apprendre pour faire mieux. »
- ça n’est pas dire : « Il y a un problème à résoudre collectivement. Mais personnellement, je fais aussi bien que je peux avec les moyens dont je dispose actuellement. »
- ça n’est pas dire : « Je fais rationnellement ce qui est le mieux, en connaissance de cause, en tenant compte de toutes les informations qui sont à ma disposition et toutes les réflexions que j’ai pu avoir. »

Non.

Dire : « Je suis incohérent. » , c’est dire : « Je sais manifestement des choses qui ne peuvent que m’amener à choisir rationnellement cet autre comportement. C’est nécessaire. Et je sais précisément pourquoi et comment faire. Or je ne le fais pas. Donc je suis complètement taré. Il faut que je change. Tout de suite. »

Alors, au prochain qui me dit : « Je suis incohérent. » … Je lui réponds : BOUGE-TOI LE CUL ! TOUT DE SUITE !

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5 réponses à Je suis incohérent.

  1. Personne dit :

    Quoi, la diplomatie ? QUOI ?!

    QUOI ?!

  2. Von Gornov dit :

    C’est valable pour plein d’autres choses, dont les effets néfastes sont peut-être moins évidents que la consommation de viande. Rouler en voiture, prendre l’avion pour partir en vacances, acheter des machins électroniques, des vêtements fabriqués par des ouvriers exploités au Bengladesh…
    Être conscient de tout ça et ne pas quitter la civilisation entraine nécessairement des incohérences, qu’on ne peut au mieux qu’essayer de minimiser.
    Mais bon je dis pas que c’est une excuse valable pour manger de la viande.

  3. Personne dit :

    Sauf qu’il y a une différence entre une pratique qu’on continue à avoir parce qu’on ne sait pas comment s’en passer, comment l’abandonner, comment continuer à vivre heureux tout en modifiant son comportement, et une pratique dont on sait manifestement comment l’abandonner de manière simple. D’où mes exemples en début de texte.

    Si je sais qu’une pratique est mauvaise, mais ne sais pas (encore) comment l’abandonner, je ne dis pas que je suis incohérent, je dis que je fais au mieux avec mes moyens, en attendant de trouver comment faire mieux. Je fais un choix qui met en balance les pour et les contre, qui prend en compte mes intérêts et les conséquences de mes actes. Si je déclare que je suis incohérent, c’est clairement que je déclare que mon calcul est faux, que mon choix est mauvais, que je saurais m’adapter mais que je ne le fais pas… pour une raison que j’ignore et que je ne cherche pas à identifier.

  4. Von Gornov dit :

    Les solutions sont souvent une réduction du confort et/ou un changement d’habitude. Dire « je mange de la viande parce que c’est trop difficile de changer mes habitudes, même si je sais que c’est pas bien », ça se rapproche de « je me déplace en voiture plutôt qu’en vélo alors que je sais que ça pollue, mais c’est moins fatigant et ça va plus vite ». Ou « je passe trop de temps sous la douche parce que c’est agréable, même si je sais que ça gaspille de l’eau ». Les enjeux sont différents, les conséquences moins directes que pour la viande, mais l’alternative au comportement nuisible peut être très évidente sans pour autant qu’on se donne la peine de l’appliquer.

    • Personne dit :

      Ben euh, oui et non. Ça peut être évident, direct et simple. Mais souvent, ça ne l’est pas tant que ça.

      Choisir de mettre ou pas dans la viande dans son caddie, dans son assiette, ça se fait sur un instant, c’est un choix ponctuel « Si je prends de la viande, je participe au système violent et injuste. Si je n’en prends pas, je boycotte ce système. ». Ça reste binaire et clair, même si ce choix est renouvelé à tous les achats alimentaires et repas.

      L’immense majorité des trajets que je fais en voiture, je ne pourrais pas les faire en vélo. (Mais il y a d’autres alternatives que le vélo aussi.). Je ne peux pas décider « Je boycotte totalement la voiture. Je ne monterai plus jamais dans une voiture. ». A moins de quitter la société. A moins de ne plus me promener autant, d’aller marcher ou découvrir des endroits trop éloignés.

      Le temps sous la douche, c’est… pas exactement la même chose non plus. Choisir de couper l’eau « maintenant… ou maintenant… ou maintenant… ou maintenant… », c’est lent et progressif, la conséquence néfaste se fait progressivement, y a pas un déclic qui permet de se dire « Si j’arrête à cet instant précis, c’est bien. Si je continue, c’est mal. ». Il n’y a pas de limite claire. C’est psychologiquement différent. (3615 ma vie : Pour une raison indépendante de ma volonté, je suis en train d’apprendre à prendre quotidiennement des douches froides, qui sont aussi moins consommatrices d’eau… Et ben finalement, je ne le regrette pas, je m’y fais bien et je me sens mieux… Ceci dit, si la conséquence de la douche est écologique, elle n’est pas d’ordre éthique…)

      Et le confort de la viande qu’on abandonne, c’est surtout temporaire, c’est surtout la difficulté de se créer de nouvelles habitudes. Mais une fois l’inconfort du changement passé, tout le confort revient à l’identique. (Sauf pour les confrontations de type social, certes…) On est en aussi bonne santé, on prend autant de plaisir à manger.