La nature de soi

Posons l’hypothèse que je m’alimente « comme tout le monde », c’est-à-dire que je mange des animaux alors que je n’en ai pas besoin. Posons alors l’hypothèse que je rencontre un végé/vegan. Son comportement me semblera bizarre, il remettra en question l’alimentation de « tout le monde » et mon alimentation à moi. Je lui demanderai des explications, il me les donnera. Et si j’en comprends un partie, ça me gênera. Si je les comprends toutes, ça me gênera d’autant plus que ses explications pourraient s’appliquer à ma propre situation. Et si je ne veux pas en déduire ce qui doit en être déduit, il me faudra trouver une raison pour expliquer pourquoi moi, je n’en fais pas autant. Une très bonne explication à donner, un explication simple pour accepter que lui fasse de la sorte et que moi, de mon côté, je continue comme j’ai toujours fait, c’est d’affirmer que lui et moi sommes de natures différentes. Lui est un végé/vegan, moi, je suis un omnivore/carnivore/viandard. C’est ce que je suis, c’est ma nature. On ne peut pas échapper à sa nature. Et on ne peut qu’être fier de sa nature, de son identité.

Pour appuyer cette différence, pour expliquer que ses arguments ne s’appliquent pas à moi, qui suis omnivore/carnivore/viandard (et non pas « zoophage » qui fait explicitement référence aux animaux mangés, ni même « carniste » qui souligne l’idéologie défendue) et surtout moi, qui suis « normal », il me faut alors lui appliquer des caractères propres, le plus souvent péjoratifs pour augmenter la distance, mais surtout des caractères que je ne partage pas. Des caractères que je peux généraliser à outrance, sans trop me poser de question. Puisque le but est justement de repousser les questions.

Le végétarien (plutôt par éthique) ou le vegan est :

Amoureux des animaux (voire Zoolâtre, ou même Zoophile…) :

Puisqu’il ne tue pas les animaux sans nécessité, alors il est considéré comme amoureux des animaux. Que lui-même se déclare ou pas comme amoureux des animaux, d’ailleurs. Qu’il en ait chez lui, ou pas. Qu’il aime leur faire des caresses, ou pas. Qu’il soit ému par les vidéos de chatons, ou pas. Qu’il soit touché à la vue de souffrance animale (vidéo, photo, ou en vrai), ou pas.

Bizarrement, la majorité des gens qui ont des animaux chez eux, qui aiment leur faire des caresses, qui sont émus par les vidéos de chatons, et qui sont touchés à la vue de souffrance animale (au point d’en éviter la vue)… mangent des animaux. Personnellement, je n’ai pas d’animaux chez moi et je n’en veux pas, et si j’aime bien caresser les animaux, je m’en lasse tout de même relativement vite.
Bizarrement également, quand un végé éthique/vegan militant débat avec un carniste, un afficionado, un chasseur, un éleveur… vient toujours un moment où le carniste/afficionado/chasseur/éleveur se sent touché dans son amour propre et ressent le besoin de clamer qu’il AIME LES ANIMAUX, parfois même qu’il AIME LES ANIMAUX PLUS QUE TOI. De la même manière, on lit régulièrement cette affirmation dans divers témoignages de bouchers, carnistes, éleveurs, afficionados, chasseurs, éleveurs…
Ainsi donc, pour être végé éthique/vegan militant, l’un des critères nécessaires pour le devenir est donc d’être « amoureux des animaux »… mais pas autant que n’importe qui d’autre.

Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de militantisme envers des humains, personne ne ressent le besoin de déclarer que les militants sont amoureux des personnes dont ils défendent les droits. Faut-il être amoureux des SDF pour être au SAMU Social ? Amoureux des homosexuels pour combattre l’homophobie ? Amoureux des noirs et des arabes pour participer à SOS Racisme, ou simplement pour refuser d’être raciste ? Amoureux des enfants pour travailler à l’UNICEF, ou simplement pour ne pas les battre ? Amoureux des femmes pour être féministe, ou même pour décider de ne pas les battre et les violer ? Et plus généralement, amoureux des piétons pour ne pas les écraser en voiture ?

Bobo :

Il a une consommation responsable. Il refuse d’avaler tout ce qu’on lui sert, ce qui lui tombe sous la main. Il est sélectif. Il a des considérations écologiques, un certain sens moral plutôt qu’un esprit purement et simplement blasé, égocentrique, égoïste et cynique. Et il est près à faire quelques sacrifices, y compris financiers puisqu’il a tendance à manger bio s’il en a les moyens, pour faire au mieux. Il fait des choix et il s’y tient. Et par paresse mentale, on peut décider d’assimiler le choix à un luxe. En gros, le simple fait d’être un consommateur responsable nous permet de le qualifier, par raccourci, de « bobo ».

Personnellement, je connais un certain nombre de végés et vegans qui sont : Etudiants, au smic, au chômage, au RSA, etc… (Moi-même, végé depuis ma majorité, je suis passé par ces quatre situations.)

J’ai également lu et entendu un certain nombre de personnes déclarer qu’elles mangeaient très rarement de la viande, voire qu’elles étaient devenues végétariennes, pour raison financière, puisqu’il est de notoriété publique que la viande est justement un aliment cher, comparée aux végétaux. Et ce malgré les subventions publiques destinées à cacher son prix.
Il est aussi assez significatif de remarquer que les pays les plus gros mangeurs de viande sont justement les pays les plus riches (et inversement). Et que leur viande provient d’animaux nourris par des végétaux exportés de pays dans lesquels la famine est présente puisque les pays producteurs se voient eux-mêmes privés des céréales qu’ils produisent.

L’étiquette « d’aliment pour pauvres » accolée à la viande dans les pays riches est donc tout à fait paradoxale.

Chiant :

Il est chiant parce qu’il refuse ce qu’on lui impose, refuse de voir introduire dans son propre corps contre sa volonté quelque chose qu’il ne considère par comme un aliment. Il est chiant parce qu’il maintient sa position, défend ses convictions éthiques, plutôt que de s’écraser sous la norme. Il est chiant parce que, plutôt que de se plier aux conventions sociales actuelles, il entend les faire évoluer. Et il est chiant quand il parle, parce qu’il ne dit pas toujours ce qu’on veut entendre.

Condescendant :

Il est condescendant lorsqu’il énonce que « Manger de la viande implique de tuer des êtres sensibles et n’est pas nécessaire, or il est mal de tuer sans nécessité, donc il faut cesser de manger de la viande. ». Il est condescendant parce qu’il explique que lui a sauté le pas, mais vous, pas encore. Et qu’il vous enjoint à le faire. Il est condescendant parce qu’il déclare que son affirmation est vraie jusqu’à ce que vous ayez pu démontrer qu’elle est fausse, puisque votre comportement se base sur l’hypothèse qu’elle est fausse. Il est condescendant tant que vous vous contentez de déclarer que sa déclaration est vraie, mais que vous affirmez simultanément que vous n’avez pas tort d’agir comme si elle était fausse. Il est condescendant parce que vous admettez qu’il a raison, mais ne l’autorisez pas à déclarer lui-même qu’il a raison. Le seul moyen pour lui de ne pas être implicitement condescendant, c’est de se taire.

Paradoxalement, s’il se taisait, ça démontrerait qu’il vous prend pour un.e imbécile incapable de comprendre ses explications, au lieu de vous parler, vous montrer qu’il vous sait intelligent.e, aussi capable que lui de les comprendre, et aussi capable que lui de faire les mêmes efforts pour évoluer. Aujourd’hui, vous le trouvez condescendant parce qu’il vous traite sur un pied d’égalité, parce qu’il vous explique que vous n’êtes pas de natures différentes.
Et vous lui faites la demande absurde de vous mépriser par le silence, de vous traiter avec une infinie condescendance en vous le cachant.
Ou bien, après avoir amorcé la remise en question, vous lui demandez de vous expliquer les choses, de vous tirer dans le bon sens, mais gentiment, sans vous bousculer, sans vous les dire en face, en vous cachant sa colère face à la société. Vous lui demandez donc de vous traiter comme un enfant fragile : Et c’est là votre vision d’un comportement sans condescendance…

Culpabilisateur (ou Moralisateur) :

Le vegan/végé par éthique parle… d’éthique. Le synonyme d’éthique est : Morale. Si je reconnais la validité d’une morale, mais que je n’agis pas en cohérence avec cette morale, je culpabilise nécessairement. Donc par définition, il est impossible d’avancer des arguments éthiques, de participer à un débat éthique, sans s’exposer à la culpabilité. Refuser la culpabilité, c’est refuser d’étudier les arguments éthiques. Refuser la culpabilité, c’est poser la réflexion éthique comme tabou. C’est donc refuser de réfléchir, de se remettre en question, d’évoluer, d’avancer, de s’ouvrir.
Le dilemme du vegan, c’est précisément que la culpabilité inhérente aux arguments éthiques crée instantanément un mur mental chez le zoophage. En conséquence, certains auront et/ou parfois on aura tendance à contourner cette culpabilité, ces arguments éthiques, pour éviter le mur mental. On relèguera en dernier plan l’argument pourtant prioritaire. Et on essaiera d’appâter par le goût, par la gentillesse, par la tolérance, par les arguments santé, par une illusion de « choix totalement personnel, je ne juge personne, mais c’est mieux quand même… ». Pour éviter le mur mental, on insultera l’intelligence de l’autre, on prendra la risque de se faire accuser de condescendance, voire de manipulation. (Mais comme vu plus haut, et comme on le sait bien, c’est quand on use le plus et le mieux de condescendance et de manipulation qu’elles sont le plus acceptées et invisibles. Au fond, personne ne demande à être épargné par la condescendance et la manipulation, on demande instamment à ce que ça soit fait de manière professionnelle, agréable et fluide…)

Dégoûté :

Le végé éthique est supposé dégoûté par la viande, le vegan est dégoûté par la viande et les produits animaux (le lait, les oeufs)… Certains végétariens le deviennent, progressivement, par dégoût en fait, c’est vrai. Une infime minorité, mais ça arrive. Et quand on leur demande pourquoi, ils expliquent que ça leur rappelle le corps de l’animal… Si les végés l’étaient par simple dégoût, ça serait plus simple à expliquer, c’est vrai. « Bah, ils n’aiment pas ça. Mais moi, j’aime la viande. ». Ça serait plus simple, ça serait pratique… Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. L’immense majorité des végés a passé de très longues années à en manger, de la viande. Et s’il est possible qu’ils n’en aient pas beaucoup aimé certaines, comme n’importe quel zoophage d’ailleurs, ils en ont aimé d’autres. Oui, il y a des goûts, un certain nombre de goûts de chairs animales qu’ils ont aimées. Et ils s’en sont privés malgré tout. Pour de très bonnes raisons, qu’ils ont évaluées, sur lesquelles ils ont réfléchi, sur lesquelles ils se sont renseignés, et qui ont dépassé leur goût. Quand ils voient de la viande, ils ne ressentent pas de nausée, ils n’ont pas un petit haut le coeur, comme avec un plat maudit qu’on déteste sans savoir pourquoi, comme on en a tous quelques-uns, zoophages compris. Non, quand ils voient de la viande, ils la refusent parce qu’ils savent ce que c’est, les conséquences de sa consommation.
Je connais des tas de végés/vegans, qui adoraient la viande, qui s’en gavaient, tout simplement. Qui aimaient à se faire appeler « viandard », qui en étaient même fiers. Et qui ont juste arrêté après avoir accumulé une somme d’informations, de réflexions, des échanges, des lectures, des informations télévisées, que sais-je… simplement quand c’est devenu une évidence. Et qui ne le regrettent pas.
L’odeur de la chair animale cuisinée ne me dégoûte pas, sa vue ne m’inspire pas un dégoût irrationnel, mais aujourd’hui elle ne m’attire plus, elle m’énerve, elle me révolte, parce que j’ai une pleine conscience de ce qu’elle implique. Et je n’ai aucune raison de me sentir attiré, puisque je n’ai rien perdu en qualité de vie, ni en plaisirs gustatifs.

Dictateur :

Le vegan/végé éthique déclare qu’il n’est pas éthique de manger les animaux, individus sensibles qui méritent de ne pas être traités autrement qu’en individus sensibles, sans nécessité. Il déclare que la société doit évoluer pour pouvoir reconnaître cette vérité simple et se transformer en conséquences. Puisqu’il respecte le droit de vivre d’individus qui en sont aujourd’hui privés, puisqu’il aspire à ce que la société évolue, c’est-à-dire à ce que l’ensemble des humains qui la composent évolue, et puisqu’il déclare qu’aujourd’hui l’ensemble des humains qui la composent est en tort, alors il est un dictateur… Déclarer que la société peut et doit évoluer, que les mentalités peuvent et doivent évoluer, c’est être un dictateur. Déclarer que dans un futur pas si lointain, l’ensemble des individus humains qui composent la société décidera collectivement et démocratiquement de mettre fin à la consommation de chair animale, c’est être un dictateur… Aucun vegan n’est assez idiot pour imaginer que ça puisse se passer autrement, parce qu’aucun vegan n’est aujourd’hui en position de force numérique, financière ou matérielle, et parce qu’aucun vegan ne souhaite provoquer des situations d’injustice et de souffrance (puisque leur aspiration est précisément de réduire la souffrance des individus sensibles autant que possible).

Mais déclarer que la société est aujourd’hui en tort et qu’elle peut évoluer, c’est être dictateur.

Extrémiste (ou Radical) :

Le végétarien est extrémiste. Selon la personne à qui on s’adresse, la signification de cet « extrémisme » change, mais l’important est de pouvoir se rattacher au terme, peu importe sa définition.
On peut être jugé extrémiste parce qu’on ne mange jamais d’animaux, pas même de temps en temps… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, pas même des volailles… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, pas même des poissons… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, pas même réduits en tout petits morceaux et cachés dans les plats… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, pas même quand l’hôte insiste lourdement pour qu’on en mange… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, pas même lorsque le cuisinier est très gentil… Parce qu’on ne mange pas d’animaux, quoi. Et on peut être encore plus extrémiste qu’extrémiste si on ne mange pas de produits animaux non plus (végétalien). Et on peut bien sûr être extrémiste d’extrémiste d’extrémiste si on s’efforce de ne rien consommer qui soit issu de l’exploitation animale (vegan). Le fait que tout ça n’ait aucune conséquence néfaste sur notre propre vie ou celles des autres n’y change rien : On est extrémiste.
On peut également être extrémiste parce que non content de ne pas manger de viande, on refuse d’en cuisiner, d’en acheter ou d’en stocker chez soi.
On peut aussi être extrémiste parce qu’on explique que nos raisons sont valables et universelles, et non pas seulement des choix personnels irrationnels. On peut être extrémiste parce qu’on se permet d’expliquer des réalités au gens qui mangent des animaux, que ces vérités sont valables pour eux comme pour soi, au lieu de leur faire croire que tout va bien. On peut être extrémiste parce qu’on milite pour faire réfléchir les gens, pour faire évoluer la société, pour lancer un débat sur l’éthique. On peut être extrémiste parce qu’on dit les choses honnêtement, qu’on explique aux autres que leurs actes ont des conséquences et qu’ils en sont pleinement responsables, alors qu’ils ne veulent pas l’entendre.

Et quand on cumule tout ça, on est certainement extrémiste d’extrémiste d’extrémiste d’extrémiste d’extrémiste.

Interlude cadeau

Le fait que le « non-extrémisme » soit placé arbitrairement au niveau de la norme, de la pratique majoritaire, dans l’idée que torturer et tuer sans nécessité des individus sensibles est acceptable si ça apporte du plaisir à des humains, n’est jamais questionné. Si la pratique majoritaire est absurde et néfaste, ça n’est pas la question, elle n’est, par définition, pas extrémiste. Mais, puisque le véganisme est un extrémisme, que le carnisme standard est normal et moyen, et que l’existence d’un extrême suppose qu’il en existe un autre opposé, on peut pourtant se demander quel pourrait être cet autre extrémisme : Le Méga-Carnisme ? Avaler plus de viande que notre estomac ne peut en digérer ? Tuer encore plus plein plein plein d’animaux pour les manger ? Encore beaucoup plus de centaines de milliards ? Trouver des manières encore plus cruelles de les torturer en élevage intensif et pêche industrielle ?

L’extrémisme de vivre sans tortures et mise à mort de masse inutiles, doit-on vraiment appeler ça un « extrémisme » ?

Fou :

Le végétarien est fou, puisqu’il ne fait pas comme tout le monde. Puisqu’il s’est interrogé, puisqu’il s’est renseigné, puisqu’il ose dire que la « norme » ne fait pas le « bien », le « préférable », « l’éthique ». Il est fou de se révolter, de résister, de bousculer. De vouloir voir la société évoluer parce que l’évolution est nécessaire et urgente. Si la folie est de ne pas suivre la masse, de remettre en cause, alors on peut dire que tous ceux qui ont fait évoluer la société humaine depuis l’apparition des humains étaient des fous. Et que la santé mentale est synonyme d’une apathie et d’un suivisme absolus.

En ce qui me concerne, lorsque je me trouve face à des mangeurs d’animaux qui me déclarent, à court d’argument, que « C’est mal, mais je le fais quand même, je m’en fous. », ou « Oui, c’est mal, mais j’aime trop la viande. », ou « Oui, je suis incohérent, mais laisse-moi libre de mon incohérence ! », ou « Non, mais arrête de me parler de ça, de vouloir me montrer ça, de m’informer ! Je ne veux pas savoir ! Si j’en savais trop, je pourrais changer d’avis ! », ou s’enfoncer par amour propre dans le n’importe quoi pour ne pas perdre la face : « Oui, j’ai un chien/un chat que j’aime. Mais je pourrais le tuer pour le manger quand même, hein, c’est pas grave, je l’aime quand même. Même un humain, d’ailleurs. »… mes raisons d’affirmer que le carnisme est une maladie mentale collective ne peuvent que se multiplier constamment.

Et je l’affirme, malheureusement et tristement, en toute sincérité, en pesant mes mots : Le carnisme est une maladie mentale collective. C’est grave, ça n’a rien de drôle, ni d’anodin.

Hypocrite :

Le végétarien est hypocrite parce qu’il n’est pas végétalien. Le végétalien est hypocrite parce qu’il n’est pas végane. Le végane est hypocrite parce qu’il n’arrive pas à s’extraire absolument de la société humaine pour être végane à 100%. Le végane presque parfait, qui vit en autarcie de sa propre production est hypocrite parce qu’il n’est pas deep ecologist, ou parce qu’il n’est pas militant. Et le végane presque parfait, militant, deep ecologist est chiant, condescendant et infiniment extrémiste, d’autant plus qu’il est de moins en moins hypocrite. Mais quoi qu’il arrive, il reste hypocrite puisqu’il ne sauve pas tous les individus sensibles du monde de la souffrance engendrée par ses actes indirects ou par les autres. En gros, puisque le végé n’est pas Dieu, il est hypocrite.
Sur cette échelle de végé>végétalien>végane>hyper-végane>hyper-végane-militant hypocrites, du plus hypocrite au moins hypocrite, on ne se pose manifestement pas la question de savoir où poser le carniste simple pour mesurer son niveau d’hypocrisie. Personnellement, je crois voir à quel bout de l’échelle on doit logiquement le situer.

Cette question d’hypocrisie, bien sûr, est tout à fait intéressante. On a vu que l’objectif du végé/végan est de faire évoluer la société en mieux pour minimiser autant que faire se peut la souffrance, la mort et l’injustice qu’elle provoque. Ce qui est le propre de n’importe quel mouvement social, finalement. Doit-on considérer que tous les mouvements sociaux sont hypocrites, que tous les actes altruistes, tous les refus d’une injustice sont hypocrites, sous prétexte qu’ils ne font pas disparaître immédiatement toute la souffrance sur Terre ?

Et bien sûr, on y revient, quel est exactement le niveau d’hypocrisie d’un personne qui clame son amour des animaux, tout en réclamant son morceau de chair animale pour son simple plaisir, voire en refusant systématiquement de regarder leurs conditions réelles de vie et de mise à mort pour éviter d’en ressentir de la gêne ?

Hypersensible (ou Phobique de la mort) :

Puisqu’il refuse de faire tuer pour son plaisir, alors que soi-même on ne ressent presque aucune gêne à cette idée, alors il faut déclarer qu’il est hypersensible.

Si c’est le cas, comment se fait-il que les végés/vegans militants soient capables de s’infliger volontairement la vision d’images et de vidéos de souffrances animales en élevage et en abattoirs, en sachant qu’ils vont en souffrir, dans le seul but d’en acquérir la connaissance et de pouvoir en informer les autres ? Comment en sont-ils capables, ces hypersensibles, alors que la majeure partie des zoophages ne cesse de fuir encore et encore et encore la vision des ces images et vidéos que les végés/végans tentent désespérément de leur faire voir ? De quel côté est la peur, dans ces deux comportements ?
De nombreux militants vegans passent leur vie à s’infiltrer dans les élevages et abattoirs (parfois même en se faisant embaucher pour y travailler un moment), dans le seul but d’en tirer des images pour les montrer au public. Ils s’infligent sciemment des expériences que l’immense majorité des carnistes refuse même d’imaginer. Hypersensibles ?

En ce qui me concerne, lorsque mon premier chat est mort, j’étais triste, mais j’ai eu aussi une bizarre sensation de ne pas savoir comment pleurer, de ne pas trouver comment lui donner les larmes qui lui étaient dues. Ma vision de la mort est celle-ci : Elle est irréversible, et pleurer ne l’annule pas. Les pleurs ne servent à rien, c’est l’action, quand une mort peut être évitée qui est importante. Après la mort, il n’y a plus rien.
Il m’est arrivé plusieurs fois d’aller à des enterrements d’humains, y compris de la famille. Je me suis trouvé chaque fois dans la même embarras : Je ne pleurais pas. Je voyais la mort telle qu’elle était : Quelque chose d’irréversible, et d’omniprésent partout sur Terre. Mes larmes n’avaient rien à faire dans l’équation, donc elles ne sont pas venues.
Je pense régulièrement à la mort, depuis plus d’une vingtaine d’années. C’est un de mes sujets de réflexion favoris. Ma mort, la mort de mes proches, de mes ami.e.s, des personnes que je refuse de voir mourir. Je sais qu’elle peut me tomber dessus dès demain, c’est une possibilité que je n’exclus pas. La mort tombe toujours au mauvais moment, il n’y a pas de bonne mort. J’ai beaucoup lu et réfléchi sur la mort, sur la façon de se donner la mort aussi, et sur l’euthanasie. J’ai échangé aussi, sur le sujet, avec d’autres qui y pensaient beaucoup. Je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit après la mort, et je crois qu’il est possible que mon dernier instant de vie soit fait de terreur pure, même si en règle générale j’ai tendance à ne plus en avoir peur, dans l’absolu.
J’ai vu la série Six Feet Under, qui ne parle que de ça, que de la mort. Certains passages sont profondément déprimants, d’autres profondément terrifiants. Au fond, j’estime que c’est l’une des séries, et même des histoires, les plus culottées que j’ai pu voir. Aucun faux espoir n’est laissé au spectateur. J’ai vu cette série en entier, j’ai beaucoup aimé, ça a nourri mes réflexions, tout en me torturant. Je ne regrette pas. Je sais que d’autres, dont des mangeurs d’animaux, n’ont pas pu continuer jusqu’au bout, trop de malaise.
Suis-je hypersensible ?

Je connais une vegan thanatopractrice, et elle aime son métier. Oui, elle embaume des cadavres humains, c’est bien ça, vous m’avez compris.

J’ai lu des témoignages d’anciens tueurs en abattoirs devenus végétariens par éthique.

Paul Mc Cartney aimait vraiment la pêche. Et un jour, il a décidé d’arrêter, et de devenir végétarien, pour ne plus tuer de poissons.

J’ai lu le témoignage d’une personne devenue végétarienne par éthique, qui a tué plus d’une fois, sans état d’âme à l’époque.
Je vous le livre :

Je me sens mal…

Si j’étais catho j’irais à confesse, mais ce n’est pas le cas…
Alors je vais me confesser ici…
Mais je ne sais pas si je vais recevoir l’absolution…
Dans les 35 à 40 dernières années de ma vie d’omnivore j’ai cuisiné et mangé des tas et des tas de morceaux de viande, des poulets, des lapins, j’ai bu du lait et des produits laitiers, utilisé des oeufs… pas bio, pas cher…
Ado, chez ma grand-mère, j’ai même tué, dépecé, plumé, éviscéré moi-même des lapins et des volailles… En trouvant ça tout-à-fait naturel…
Même si depuis 4 ou 5 ans je me suis posé beaucoup de questions et ai ouvert une beaucoup plus large place chez moi à l’alimentation VG, le déclic définitif et irréversible n’a eu lieu qu’il y a environ 15 jours, sur le site d’Insolente Veggiee (toujours elle !) et surtout après visionnage et lecture de tous les liens possibles sur les abattoirs, Gary Y., vidéos de sang, terreur dans les yeux des bovins, etc (je ne vous apprends rien.)

J’étais déjà consciente de la problématique santé et environnement, et je subodorais bien qu’il y avait une monumentale anguille sous roche derrière toutes les contradictions que je lisais sur les très sérieux et respectables sites qui donnent des conseils en diététique et nutrition (hum…)
Mais je me voilais la face, et puis pour l’éthique, l’idée qu’on tue pour se nourrir me gênait quelque part de plus en plus mais je me disais que les lions mangent des gazelles, que les animaux entre eux ne sont pas tendres, tout ça…

Quand je vois que la plupart d’entre vous se sont « convertis » aux alentours de 20 ans, j’ai honte…
Quand je regarde derrière moi je me donne envie de vomir.
Je me sens anéantie.

et surtout, à mon âge, je vais avoir du mal à me sentir crédible auprès de tous ceux avec qui j’ai partagé et préparé des repas omnis jusqu’à présent, et parlé de gastronomie viandarde et de bons éleveurs qui aiment leurs bêtes…

Pauvre de moi…

Ah !
Je suis mal, je suis mal…

[Source : Vegeweb]

Un autre témoignage, de même nature :

Très progressif il me semble, je suis passée de « la viande il en faut à tous les repas » vers « non en fait 2-3 fois par semaine c’est bien » puis « oulà non du bio, pas de la viande de batterie » et enfin « mais m*** l’animal il souffre même en bio ». Ça s’est fait en 5-6 ans.

D’abord avec des raisons écologiques moins de viande = moins de pollution, ensuite de santé quand j’ai découvert que le steak haché était du minerai, et la période welfariste c’était selon moi de la consomation éthique, viande saine, éleveur du coin, bio toussa…Avec un espèce de délire façon Roi Lion et Avatar « la nature nous l’offre, on remercie la bête, c’est le cycle de la vie… » (oui je remerciais vraiment la vache dans mon assiette de m’offrir sa viande).

Le basculement je le dois à l’Elfe (les questions composent) et à AntigoneXXI qui m’ont bien remué le coeur sans le savoir. L’une en m’enseignant le spécisme, l’autre en me faisant voir la réalité des abattoirs. Je me moquais de ceux qui m’en parlaient parce que j’ai déjà assisté à des mises à mort d’animaux de ferme, plumé des poules de mes parents, vu un cochon se faire égorger et mangé le jambon l’année suivante, mais ça c’est que dalle…Il fallait vraiment un déclic pour que je comprenne que l’humain vit et se réjouis sur une montagne de souffrance. Après Gary et earthling ont été des soutiens précieux pour avancer sur le chemin du véganisme. Mais j’étais déjà convaincue.

[Source : Vegeweb]

Où est la nature hypersensible ?

Malade :

Le végétarien est malade, et a fortiori le végétalien. Pour de plus amples informations : Ici et .
Rappelons que les hôpitaux croulent sous les admissions de végétariens et végétaliens, tandis qu’on n’y trouve pas un seul mangeur d’animaux.

Manipulateur :

Il est manipulateur. Il est manipulateur puisque des zoophages, en le cotoyant, en regardant ses images ou vidéos, ou en lisant ses textes, changent d’avis et arrêtent de manger des animaux. En gros, puisqu’on a décidé que les zoophages avaient raison même sans jamais s’informer, alors on conclut que toute information qui pourrait conduire à changer d’avis est manipulation. Un joyeux sophisme. On pose arbitrairement la conclusion pour déduire que tout ce qui n’amène pas à la conclusion est faux, même si on ignore de quoi il s’agit.

Mais il faut bien admettre que le végétarien/vegan militant est désespéré… Il est désespéré de voir les carnistes fuir les informations qu’il partage, désespéré de les voir s’enfermer dans des sophismes, désespéré de les voir nier leur part de responsabilité, désespéré de les voir se fermer et plonger dans le déni dès que la réalité leur semble insupportable, désespéré de voir autant de souffrances perpétrées par un système basé purement et simplement sur la folie collective… Par désespoir, il cherche à comprendre ce qui ne va pas dans la tête des carnistes, comment leur donner l’envie de s’informer, comment contourner leurs blocages, leur peurs… Par désespoir, il joue la carte de l’empathie, de l’écoute, de l’échange serein pour les amener à s’ouvrir. Pour les amener à guérir, finalement. Par désespoir, il se prend pour un psy. Mais on n’aime pas être soigné, surtout si on est amoureux de sa propre folie. Donc le curateur est étiqueté manipulateur.

Lorsque les parents disent à leurs enfants récalcitrants face à la viande que les animaux d’élevage veulent mourir, qu’ils ne ressentent rien, que ce sont uniquement de vieux animaux malades, qu’on n’a pas le choix, que s’il ne finissent pas leur viande ils seront sévèrement punis… s’agit-il de manipulation ?
Lorsque les médecins Français sont incapables de livrer toutes les informations sur le végétarisme et le végétalisme, la complémentarité des céréales et légumineuses pour produire des protéines, la facilité à assimiler le fer présent dans les lentilles ou autre lorsqu’on absorbe la vitamine C présente dans les fruits et légumes frais, le problème de la B12 dont personne n’entend parler, les liens entre viande et problèmes cardiaques/cancers… lorsque les médecins Français, plutôt que d’avouer leur ignorance, déclarent que le végétalisme est mortel et le végétarisme très fortement déconseillé, uniquement pour ne pas perdre la face, font-ils de la manipulation ?
Lorsque les éleveurs et abattoirs interdisent les images de sortir de leurs murs, ou les contrôlent attentivement pour les médias officiels, et affirment à leurs clients que tout se passe toujours au mieux sans leur en livrer aucune preuve, peut-on parler de manipulation ?
Lorsque les vendeurs et publicitaires déforment constamment et à loisir la réalité, effacent consciencieusement toute allusion à la mise à mort, aux conditions de vie inacceptables, à l’espérance de vie ridicule des animaux d’élevage, tout lien entre le produit fini et l’animal vivant, et s’assurent que viande, produits laitiers et oeufs soient psychologiquement et systématiquement liés à toute représentation de nourriture, est-ce de la manipulation ?
Lorsqu’on constate que la consommation par personne de viandes et produits laitiers a littéralement explosé dans la deuxième moitié du 20ème siècle grâce aux mesures gouvernementales pour en redorer l’image et soutenir par tous les moyens ce secteur économique, y a-t-il un quelconque rapport avec de la manipulation ?

Et lorsque le végé n’est pas manipulateur, bien sûr, il ne lui reste plus qu’à être chiant, culpabilisateur, condescendant, dictateur, voire misanthrope.

Misanthrope :

Il est parfois virulent dans ses propos. Il arrive même à certains vegans, parfois, de parler de faire subir le même sort aux humains responsables que ce qu’il font subir aux autres animaux. C’est à dire les mettre à mort dans une arène, les abattre au fusil dans une forêt, les écorcher, les électrocuter, les assommer, les égorger, les décapiter, les enfermer, les entasser dans des bétaillères et éventuellement les manger. Toutes ces choses que des tas d’humains ont fait subir à des tas d’autres humains tout au long de l’Histoire, et parfois encore aujourd’hui, sans jamais avoir besoin de se justifier par une éthique anti-spéciste, finalement. Non, se comporter en monstres vis-à-vis des autres espèces n’a jamais protégé les humains de se comporter en monstres vis-à-vis de leur propre espèce.

Et ce qu’on remarque, c’est que lorsque de tels propos sont proférés par des vegans, ils sont proférés dans la colère, et dans un esprit totalement et banalement humain de « justice ». Oui, de justice. Punir le fautif par la faute exacte qu’il a commise. Lui faire vivre ce qu’il a fait vivre, lui « faire comprendre ». L’arroseur arrosé. Oeil pour oeil. Un mode de pensée, certes, qui ne résout rien, qui n’offre pas de solution, mais un mode de pensée terriblement commun, qu’aucun carniste ne prétend soi-même vraiment dépasser. Quel carniste prétend éprouver amour et compassion pour les violeurs, pour les tueurs en série, pour les tortionnaires quand il s’agit de victimes humaines ? Quel humain se laisse aller à l’amour pour les oppresseurs devant l’injustice faite aux plus faibles ? Alors ces humains-là, qui expriment leur colère, sont-ils des fous dangereux ?

En pratique, ce qu’on remarque surtout, c’est qu’aucun vegan ne met jamais à exécution ce genre de réflexion. Aucun vegan ne mange de carniste, aucun vegan n’égorge de tueur d’abattoir, aucun vegan n’abat au fusil de chasseur, aucun vegan n’embroche de torreador, aucun vegan n’enferme d’éleveur dans sa cave. Jamais. Parce que le vegan est non-violent, il réfléchit, défend une idéologie pacifique, bien plus vaste que la notion limitée de « justice » telle qu’on l’entend. Et parce qu’il sait qu’un tel comportement ne mènerait à rien d’autre qu’au chaos.
Donc il ravale sa colère, débat, échange et tente de faire évoluer ceux qui maintiennent le système en place, et se fait alors traiter de manipulateur, d’hypersensible, voire de naïf.

Naïf (« Il vit au Pays des Bisounours ») :

Puisqu’il ne veut pas tuer quand il n’en a pas besoin, puisqu’il s’est renseigné pour adapter son mode de vie dans ce sens, et puisqu’il entend faire évoluer la société comme d’autres l’ont faite évoluer avant lui, alors il est dit qu’il est naïf. Qu’il vit dans le fameux Pays des Bisounours. Une personne qui refuse de torturer et tuer sans raison est donc naïve. Un homme qui refuse d’aller au bordel est naïf. Un homme qui refuse de violer sa femme quand elle n’est pas consentante est naïf. Un humain qui refuse de frapper des enfants est naïf. Un humain qui refuse d’escroquer, de voler, est naïf. Peu importe qu’il soit heureux sans ça. S’il ne le fait pas, il est naïf. Il est naïf parce que d’autres le font, d’autres se comportent gratuitement en salauds, donc ne pas le faire gratuitement soi-même est forcément naïf.

Le paradoxe de cette naïveté, de ce fameux Pays des Bisounours, dans lequel vit le végé, c’est qu’il est composé exclusivement de faits. De réalités que le végé s’est forcé à lire, entendre, voir, comprendre, accepter. Il accepte sa propre responsabilité. Il accepte sa propre mort. Il accepte la mort des autres individus. Il accepte que le monde soit rempli de souffrances et d’injustices inutiles. Il accepte même de les voir. Earthlings, Le Pays des Bisounours : On comprendra donc que les Bisounours se matent en boucle des films de tortures et massacres de masse d’animaux non humains. « Me parle pas de ça, tu vas me gâcher mon repas ! Je veux pas le savoir ! » dit le carniste qui lui, n’est pas naïf, puisqu’il ne veut pas savoir.
La naïveté végétarienne du savoir et de la responsabilité, opposée à la lucidité carniste de la fuite, de l’ignorance et du refus d’assumer. Imparable logique.

Nazi (ou Raciste) :

Hitler était végétarien, donc les végétariens sont nazis. CQFD, LOL.
Tout d’abord, il existe un certain nombre de témoignages démontrant qu’Hitler n’était pas végétarien. Il mangeait peu de viande, certes, mais d’abord pour raisons gastriques. Et certainement pour l’image d’ascète à entretenir auprès du peuple. Il raffolait de certains plats à base de chair animale, il a fait dissoudre les organisations végétariennes en Allemagne, et les expériences sur animaux se sont bel et bien poursuivies quand il était au pouvoir.
http://tahin-party.org/textes/ferry.pdf (page 28)
http://bibliodroitsanimaux.voila.net/patterson.html

Et surtout… Par la force de son charisme et de sa rhétorique, il a instauré une dictature, a provoqué une Guerre Mondiale, mené un pays entier à croire aveuglément en une idéologie absurde, exterminé des millions d’humains avec un système de folie pure contre lequel (presque) personne ne s’est opposé, réussi à atteindre un objectif inimaginable et inhumain… mais végétarien pour les animaux, il aurait été incapable de répandre le végétarisme dans son pays ?… Toute cette énergie dépensée dans le seul but de détruire, et rien pour la cause la plus simple à défendre, celle des animaux ?…

Par contre, il est avéré que :
- Gandhi était bien végétarien
- Staline était zoophage
- Hitler a été peintre

De là à déduire que tous les zoophages sont des dictateurs communistes, et que tous les peintres sont des nazis…

A moindre échelle, il est également possible de déclarer plus simplement que « végétarien = raciste ». Le principe est le même. On se concentre sur une personnalité à la fois raciste et végétarienne/défenseuse des animaux : Brigitte Bardot. Et emballez, c’est pesé. On oubliera toutes les autres associations et personnalités qui n’ont à peu près aucun rapport avec elle, qui luttent pour la défense des animaux ou mieux, pour la libération animale… On oubliera aussi bien sûr que les gens d’extrême droite sont à majorité carnistes, et que des végétariens pour les animaux, on en trouve dans tous les partis politiques (Pour se faire une vision plus précise, on pourra toujours consulter : le site Politique et Animaux).
Et on oubliera surtout que le végétarisme éthique est intimement lié à l’antispécisme, qui est un mouvement de lutte contre des oppressions fondées sur le seul critère d’espèce, comparable, cohérent et conjoint avec les autres mouvements de lutte contre les discriminations, tels l’antisexisme, l’antiracisme, la lutte contre l’homophobie, etc.

Orthorexique :

Le terme « orthorexie » a été médiatisé en France au cours de l’année 2012. Tel que vulgarisé dans les médias, c’est le fait de tellement s’inquiéter pour l’impact de ce qu’on mange sur sa santé qu’on en arrive à l’extrémisme de ne plus manger de produits animaux. Un tel extrémisme gâche totalement la vie et est donc forcément une maladie mentale.

En gros, puisque les végétariens et végétaliens réussissent à prouver aujourd’hui qu’ils sont en parfaite santé, qu’ils ont même une espérance de vie plus longue que les mangeurs d’animaux, qu’il est donc de plus en plus difficile de déclarer que le végétarien est malade, il est préférable de rappeler qu’il est fou.

Prosélyte (Propagandiste) :

Lorsqu’on devient végétarien, si on obéit aux injonctions de la société de fermer notre gueule, de ne pas la remettre en question, on ne fait pas de prosélytisme. On reste l’incarnation du gentil végétarien qui sourit gentiment en se faisant chahuter à longueur de temps. Le chahutage, c’est pas grave, c’est juste pour rire. Un chahutage destiné à nous faire abandonner nos convictions, céder par fatigue morale, et rentrer à nouveau dans les rangs, comme un bon carniste. On aura eu une passade d’adolescent.e avant de retrouver la raison, et la société se sera débarrassée de son poil à gratter passager. Un chahutage « rigolo et pas méchant » qui a fait maintes fois ses preuves, dont les anciens végés témoignent : « J’ai arrêté, faut pas être bête, c’est quand même plus facile de manger de la viande pour la convivialité. ».

Mais si on considère que nos convictions sont objectivement et rationnellement valables, et si après réflexion on en vient à la conclusion qu’elles sont universalisables (parce que tout simplement, bêtement, c’est bien le cas), alors on est placé dans la position difficile d’accuser la société d’être en tort, et de chercher à faire évoluer cette société. Et la société, ce sont les gens. Donc faire évoluer la société, c’est faire réfléchir les gens, pour les amener à faire évoluer leurs comportements, leurs choix de vie. Lorsqu’on est honnête, on appelle simplement ça du « militantisme ». Mais lorsqu’on veut postuler arbitrairement, parce qu’on est du mauvais côté de la barrière et qu’on ne veut pas être remis en question, que ce militantisme n’est pas légitime et ne doit pas être écouté, on lui attribue plutôt une connotation péjorative, censée induire la manipulation : On appelle plutôt ça du prosélytisme ou de la propagande.
Et puisque les termes sont eux-mêmes terrifiants, mieux vaut s’en protéger en les fuyant au lieu de se faire manipuler à notre insu. Ce qui est finalement bien pratique, puisque notre dissonance cognitive nous ordonne justement de fuir les réflexions et informations qui pourraient nous remettre en question ou titiller notre malaise de culpabilité.

Bien sûr, puisqu’on a posé, avant même la réflexion, qu’on se trouve déjà du bon côté et qu’il n’y a pas à étudier la justification de notre choix actuel, il ne nous viendra pas à l’idée de parler de « prosélytisme » ou « propagande » pour questionner la publicité qui nous est assénée à longueur de journée depuis notre petite enfance pour la viande et les produits animaux, notre vision des autres animaux qui est formatée par la société entière, l’enseignement martelé par nos parents pour nous faire accepter de manger la chair des animaux, puis nous y habituer, et finalement nous en rendre psychologiquement dépendants, les divergences étonnantes entre les diététiciens Français et Anglo-saxons sur le sujet du végétarisme, les conflits d’intérêts bizarres quant à un certain nombre de scientifiques, médecins et autres payés directement par les producteurs, les subventions gouvernementales aux éleveurs, le CNIEL qui fourre son nez partout y compris en proposant le CERIN comme « La base de connaissances nutritionnelles des professionnels de santé » ( Voir ici), et j’en passe et des meilleures… Non, tout ça, on n’appellera pas ça du « prosélytisme » ou de la « propagande », puisqu’on y est baigné depuis la naissance, et que passé un certain tonnage de n’importe quoi asséné en permanence pour nous écrabouiller la cervelle, il nous faudrait une force mentale colossale pour remettre en cause tout ça simultanément… Autrement dit, plus la propagande est forte et omniprésente, moins il devient possible pour nous de la suspecter d’en être.

Ridicule :

Puisqu’il est amoureux des animaux, fou, hypersensible et naïf, le végétarien est ridicule. Il perd de son ridicule quand il devient condescendant, culpabilisateur, dictateur, extrémiste, misanthrope et nazi.

Sectaire (ou Religieux) :

Il est sectaire tout d’abord parce que des sectes pratiquent le végétarisme. Toutes ? Non. Mais « des sectes », oui. Ce qui implique que « des sectes » (les autres) pratiquent le carnisme… Donc le carnisme est sectaire ?
Il est sectaire parce qu’il est manipulateur, on l’a vu, tout comme les sectes. Et la manipulation, ainsi que la propagande, on en a parlé plus haut…
Et il est sectaire parce qu’il défend une idéologie de respect des autres êtres vivants, et on ne sait bien pourquoi, mais c’est sectaire. Trop de respect, toute morale un peu évoluée, doit probablement être qualifiée de sectaire, tout comme les Droits de l’Homme à l’époque de l’esclavage.
Accessoirement, de grandes religions mondiales (hindouisme, bouddhisme…) de plusieurs centaines de millions de pratiquants prônent le végétarisme. De très grosses sectes, donc.
En ce qui me concerne, je suis athée. La plupart de mes ami.e.s végés et véganes sont également athées. Les ouvrages que je lis sur l’éthique animale, les théories auxquelles j’adhère le plus, sont également d’auteurs athées. Je connais par contre des chrétien.ne.s végétarien.ne.s, d’autres païen.ne.s, et je sais qu’il existe des mouvements végés de différentes confessions (Musulmans, Juifs, Chrétiens). Il me semble donc assez difficile de voir à quoi correspond la « religion du végétarisme ». Quel dieu dois-je vénérer exactement ? La Grande Carotte ? Animalix le Dieu Animal ? Quels sont les préceptes à suivre ? « Tu ne mangeras pas de viande. », voire « Tu ne mangeras pas de produits animaux. », voire « Tu ne consommeras pas de produits issus de l’exploitation animale. »
Hum… Moui, trois préceptes alors… Hum… Y a rien d’autres, non, je crois pas… On peut en faire un bouquin assez gros pour une religion ? Pour une secte ? C’est qui, le gourou ? Il va où l’argent que j’économise en n’achetant pas de viande ? Ah ben, il va dans ma poche, en fait…
Sachant que je suis devenu végétarien à 18 ans, après avoir croisé un végétarien adulte avec lequel je n’avais jamais abordé le sujet (mais dont l’existence m’a amené à penser que c’était viable), donc en gros, juste par moi-même… Comment la religion du végétarisme a-t-elle exactement fait pour me toucher ?… J’aurais eu une illumination alors ? Je m’en souviens pas… Est-ce que « réflexion » est un synonyme « d’illumination » ? Non, je dis ça parce que j’ai plutôt le sentiment que la réflexion s’est étalée sur plusieurs années avant ma majorité…
Sachant que les 15 années qui ont suivi, j’ai en tout et pour tout croisé 5 végétarien.ne.s au hasard des rencontres (ou du moins des personnes dont j’ai su qu’elles étaient végétariennes, mais il est statistiquement obligatoire que j’en aie croisées des centaines d’autres sans les identifier comme telles), et que nous échangeâmes très peu sur le sujet, la majorité de mon entourage et mes amis étant zoophages, j’ai toujours du mal à voir où est le sectarisme.

Pourtant, je suis bien obligé d’avouer que maintenant que je milite, pour me simplifier la vie, j’ai pris contact avec d’autres militants. Ce qui fait qu’aujourd’hui, j’ai un certain nombre d’ami.e.s végés et véganes. Et j’admets que oui, c’est beaucoup plus pratique, agréable et plaisant de pouvoir manger en toute sérénité avec d’autres, sans guetter nerveusement ce qu’il y a dans les plats et assiettes, sans craindre de devoir se justifier, de pouvoir échanger librement sur le sujet ou même sur des sujets sans aucun rapport en sachant qu’on a au moins ce point commun dans notre vision de la société carniste et de nos rapports aux autres animaux. Et de pouvoir, finalement, faire exactement les mêmes choses qu’avec d’autres amis : Parler, regarder des films, se promener, visiter des musées, manger, discuter, rire, jouer, mais en enlevant le non-dit en tâche de fond que je devais oublier et que je peux aujourd’hui aborder en toute liberté. Donc oui, dans une société où les végés sont encore minoritaires, les végés s’attirent.
Et oui, il est également vrai que pour certains végés, végétariens ou végétaliens, le coming out crée un conflit avec les amis, avec la famille. Il est vrai que ça restructure nos rapports aux autres, qu’on peut perdre des liens. Parce que le végétarisme est une accusation morale, donc une revendication sociale, qu’elle soit assumée ou pas par le végétarien. Donc une source de risque de conflit, qui peut se résorber, se soigner, comme je l’ai fait avec la plupart de mon entourage, mais qui parfois, pourtant, ne se répare pas, comme ça peut arriver pour d’autres végés.
(Apparté : En vérité, le conflit est de toute façon inhérent à l’opposition des idéologies carniste/végétarienne.
- Si on reste zoophage, le conflit est interne, inconscient, on caresse et on sauve d’une main un animal, tandis que de l’autre on en tue pour le plaisir. Le seul moyen de vivre avec ce conflit, c’est de le refouler, refuser de voir la mort de celui qu’on mange, refuser de voir sa propre responsabilité, refuser temporairement de voir la gravité de la destruction de cette vie… et tout cacher derrière des sophismes. La fameuse dissonance cognitive, le conflit psychologique plutôt inconscient.
- Si on devient végétarien (par éthique), on se débarrasse du conflit de sa propre responsabilité, mais notre comportement nous place en opposition avec le reste de la société. On a alors le choix entre : 1) garder une position de respect vis à vis des choix de l’entourage, de la société, auquel cas, on intériorise une autre forme de conflit, de dissonance cognitive. On est soi-même responsable de son assiette, mais les autres ne sont pas responsables de la leur. On serait un monstre de faire comme eux, mais eux restent gentils parce que… parce que. Les deux propositions n’ont pas de rapport : Conflit de pensées. 2) tolérer le comportement des autres, parce qu’on n’a pas le choix, on ne peut pas les changer par la force, mais néanmoins poser un jugement sur la société entière. Une société qu’on veut changer, mais qui elle, ne veut pas changer. On se place dans un conflit direct avec la société.)

Bref, dans les faits, comme toute minorité qui gêne la société, et comme toute minorité d’autant plus gênante qu’elle incarne un mouvement social, une volonté de faire évoluer la société qui, elle, ne veut pas évoluer, en étant végétarien et encore plus en étant militant, on se place dans le conflit, donc dans le rejet par la société, à des niveaux variables. On est donc poussé par la société à une tendance au communautarisme. Alors que paradoxalement, ça n’est pas la volonté du végétarien de s’en extraire qui provoque cette tendance de rejet, mais au contraire sa volonté d’y rester intégré pour la faire évoluer.

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Voilà pour la liste des qualificatifs du végétarien/vegan, que tout militant végé a déjà entendu des dizaines de fois, voire plus. Mais j’en ai sûrement oubliés.
Je dois avouer une petite malhonnêteté, imprécision. Je suis parti, au début de mon texte, sur l’idée de la « nature végétarienne » vs la « nature carnivore/omnivore », qui permet de modéliser un mur infranchissable, inné, entre les deux personnes, entre les deux choix. Et j’ai dérivé vers la qualificatifs attribués aux végétariens par les carnistes végéphobes. Ces qualificatifs ne sont pas forcément vus comme des « natures », plutôt comme des insultes utilisées pour repousser l’autre, justifier notre colère, notre répulsion, notre mépris à son égard. Etant doté de tous ces critères, il devient inintéressant, impossible à écouter avec neutralité. On salit la personne pour décrédibiliser ses arguments, plutôt que de les étudier indépendamment, et constater que même en effaçant le personnage la réalité, elle, ne change pas. Hitler était végétarien ? Soit. Et malgré tout, les animaux d’élevage restent des individus sensibles qui sont tués sans nécessité, simplement par plaisir. Rien ne change.
La deuxième petite malhonnêteté, c’est que je n’ai cité dans ma liste de qualificatifs que des attributs à connotation péjorative (plus ou moins forte). Ailleurs qu’en France, ou chez les personnes végétalisantes, intéressées par le végétarisme sans avoir encore franchi le pas, on pourra en trouver d’autres : Admirable, Exemplaire, Gentil, Respectable, Vertueux, etc. Ces qualificatifs dénotent au moins que les arguments sont reconnus comme valables. Malheureusement, avec de tels adjectifs, l’illusion reste présente, s’il y a un désir d’en faire autant, une forme de jalousie, on reste dans l’idée d’une différence, un mur entre soi et l’autre. L’autre est doué d’une sorte de « force », de « volonté » qu’on n’a pas, qu’on aimerait avoir, mais qu’on n’aura jamais. L’autre est autre, et c’est pour cette raison qu’il a « réussi ». Alors qu’on n’a pas essayé, alors qu’on n’a pas toutes les informations en mains, qu’on n’a pas encore vu, lu, entendu, expérimenté, tout ce qu’il a vu, lu, entendu, expérimenté. Alors qu’on n’a pas encore compris qu’il n’y a pas de différence entre soi et l’autre.

Le carniste de base pose la conclusion avant la réflexion : Il ne changera jamais, il mangera toujours de la viande. Et puisqu’il a posé la conclusion, il sera condamné (du moins, pendant un certain temps…) à refuser toutes les informations et réflexions qui pourraient remettre en cause cette conclusion. Ces informations et réflexions ne peuvent pas exister puisqu’elles impliqueraient logiquement qu’il change, or il sait déjà qu’il ne changera jamais. (Même s’il ne sait pas Pourquoi il a décidé a priori qu’il ne changerait jamais.)
Le presque-plus zoophage végétalisant, lui, a déjà eu accès à la plupart de ces informations et réflexions, ou du moins un certain nombre, mais il est toujours dans l’inquiétude. Il n’arrive pas à identifier clairement ce qui le bloque, cette petite peur irrationnelle du changement complet, les petites contraintes, la pression sociale et autres. Il n’a pas encore vu les solutions. Donc il pose malgré tout encore la conclusion qu’il n’y arrivera pas. Et s’il n’y arrive pas, ça n’est pas parce que le végétarien a tort, puisqu’il sait désormais clairement qu’il n’a pas tort. Non, juste que l’autre est « plus fort », « mieux », une petite idée irrationnelle pour expliquer la peur, un petit mur entre les « natures », plutôt que de voir qu’on est déjà en train de « devenir autre »…

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Le puits

Le problème de la souffrance et la mort infligées par les humains aux autres animaux est très exactement celui-ci : Elles sont incommensurables, mais on peut chacun y faire quelque chose.

Pour les souffrances et morts infligées par la prédation entre animaux non humains, ou par des événements indépendants de l’activité humaine,… c’est assez simple : Individuellement, on ne peut pas y faire grand chose. Donc inutile de se tracasser avec ça. On peut éventuellement y réfléchir de manière théorique, penser à une évolution très lointaine dans un futur hypothétique. Mais concrètement, y consacrer trop de temps aujourd’hui n’apportera pas de changement.

Mais souffrances et morts infligées par les humains,… c’est tellement simple d’arrêter soi-même de faire ce qui peut être évité simplement. Et, étant humain, c’est tellement simple d’en parler aux autres humains, et de les amener progressivement à prendre conscience qu’ils en sont aussi capables. Tellement simple de faire quelque chose de concret, soi-même, pour réduire peu à peu ces maux.

Mais souffrance et mort infligées par les humains,… c’est tellement gigantesque, innombrable. Ça n’a pas de fin. On peut y passer sa vie. Et s’il faut faire quelque chose, alors oui, on devrait y passer sa vie, y consacrer sa vie pour amener le monde à évoluer le plus rapidement possible. Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça s’arrête.

Militer pour mettre fin aux souffrances et morts infligées par les autres humains, c’est un trou noir. Ça peut devenir un trou noir. Ça peut faire relativiser sur tout le reste, réduire tout le reste à des futilités. Le problème de l’altruisme, commun à l’humanitarisme, à l’animalisme, à tous les militantismes peut-être : Ce puits sans fond, qui vous avale tout entier, parce qu’il doit être comblé, parce qu’il n’y a pas le choix.

Un puits sans fond, parce qu’un tas de crétins a décidé un jour de creuser d’abord un petit trou, qui est devenu un petit puits, un moins petit puits, un encore plus grand puits, un très grand puits, et puis de plus en plus profond, de plus en plus vite, sans raison, sans savoir pourquoi, peut-être dans le seul but d’atteindre les Enfers. Ou peut-être dans le but de creuser tellement profond qu’on ne puisse plus imaginer le reboucher. Faire le plus grand mal possible pour qu’il devienne de plus en plus difficile d’imaginer arrêter.

Un puits que continue à se creuser parce que vous êtes l’un des seuls à voir leur folie de creuseurs,  l’un des seuls à essayer de les convaincre d’arrêter, et de vous aider à convaincre les autres d’en faire autant.

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Glissement

Petite réflexion menée à l’instant (initiée par le souvenir d’un échange récent, et qui n’est pas non plus sans rapport avec ça) :

Dans un débat avec un carniste, on va partir d’un argument avancé par le carniste, qu’on va démonter méthodiquement soit par une réflexion simple, soit en livrant des informations sourcées dont il n’avait pas connaissance. Décontenancé, le carniste va aussitôt rebondir sur un autre argument balancé spontanément, soit de manière visible si celui-ci n’a aucun rapport avec le premier, soit subtilement s’il s’y apparente tout en le déformant. Or il arrive toujours un moment où un nouvel argument est en contradiction totale avec l’un des précédents. Et il arrive également régulièrement qu’après un moment un peu plus long, on retombe sur l’un des arguments avancés plus tôt et déjà annulé.
En fait, l’erreur habituelle, en tant que végé militant, c’est de répondre à la volée à chaque nouvel argument avancé, sans faire valider qu’il s’agit d’un nouvel argument dépourvu de lien logique avec le précédent, et surtout sans faire valider que la carniste a implicitement reconnu que le premier argument était faux (Ce qui lui permet donc d’y retourner plus tard sans même s’en apercevoir.).

Donc Note pour plus Tard : Dans un débat avec un carniste, toujours prendre le temps d’avancer calmement, et de lui faire confirmer lui-même explicitement l’invalidité de l’argument avancé, à chaque nouvelle étape atteinte, avant de répondre au suivant.

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Y a pire ailleurs.

Parfois, y a des gens qui reprochent aux militants pour la cause animale ou aux militants vegans de s’occuper de la souffrance des animaux alors qu’ailleurs des humains souffrent aussi. Y en a même qui reprochent aux végés militants de lutter contre la production de gaz à effet de serre provoquée à hauteur de 18% par l’élevage, alors qu’il y en a 82% qui proviennent d’autres sources.

J’imagine que ces mêmes gens vont faire les mêmes reproches aux organismes humanitaires qui viennent en aide aux malades du SIDA alors qu’il y a des femmes lapidées dans d’autres pays, ou aux organismes qui luttent pour la liberté de la presse alors qu’il y a des enfants qui font la guerre ailleurs, ou aux associations qui offrent de la nourriture aux SDF en France alors que des enfants ne vont pas à l’école dans des pays du tiers monde, ou aux écologistes qui veulent remplacer les transports les plus producteurs de gaz à effet de serre alors qu’il y a des femmes violées en France… Oui, j’imagine qu’ils font ça, juste avant d’aller s’affaler dans leur canapé avec un plat de lasagnes réchauffé au micro-onde et une bonne bière pour regarder le match à la télé, après une dure journée de travail qui leur a permis de gagner juste assez d’argent pour acheter leur nouvel iPhone.

Ces gens-là, ils me font penser à un bateau. Un bateau parti en mer qui, après un choc, aurait vu apparaître dix trous dans la coque, et qui serait en train de se remplir d’eau. Sur chaque trou, il y aurait quelqu’un qui serait en train de travailler à le reboucher, avec une planche, un marteau et des clous. Et qui s’y prendrait plutôt pas mal.
Et pendant ce temps-là, y aurait un gros con les bras ballants qui viendrait faire chier, l’une après l’autre, les dix personnes affairées à reboucher leur trou, en leur criant à chacune d’arrêter tout de suite parce qu’il y a neuf autres trous dans la coque. Et lui aussi s’y prendrait plutôt pas mal.

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La gentillesse

Parfois, selon la réaction et l’opinion de certains zoophages (pas tous, loin de là), ce qu’on reproche aux végétariens/vegans, ça n’est pas d’avoir raison, puisque là-dessus on est d’accord, ils ont raison. Non, ce qu’on leur reproche, c’est la façon de dire qu’ils ont raison. On préfèrerait qu’ils nous montrent involontairement qu’ils ont raison, mais sans le dire, par humilité, vous voyez, qu’on puisse leur dire à leur place que si, si, non, mais ils n’ont pas à avoir honte d’avoir raison, on sait qu’ils ont raison. Mais faut pas le dire.

Me le dis pas, sois humble, fais semblant de croire que tu as tort, c’est moi qui dois te le dire, que tu as raison, OK ? Mets-toi à genoux et baisse les yeux, par respect pour moi, puis laisse-moi te relever le menton. Alors je t’écouterai.

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Cachez ce film que je ne saurais voir.

Comment vendre Earthlings à vos amis carnistes, qui trouveront des tas de bonnes excuses pour ne jamais le regarder en se faisant croire qu’ils ne sont pas terrifiés à cette idée ?

(Earthlings ou, en plus Français, les vidéos de L214, ou Le Sang des Bêtes… Ou autre, si vous avez autre chose. Pour moi, ce sont les références, pour le moment.)

Pas facile, pas facile.

J’ai pensé à quelques slogans :

« EarthlingsBienvenue dans le Monde Des Bisounours ;)  »
« EarthlingsUn concentré d’idées cuisine !  »
« EarthlingsA un moment, y a des femmes à poil. »
« EarthlingsMOI, je l’ai maté en entier. Tapette. »
« EarthlingsMoins cher qu’un tatouage. »
« EarthlingsAh ouais, t’as fait ton service militaire ? Ah, ah, petit joueur… »
« EarthlingsJ’ai tenu 45 minutes. Essaie de me battre ! »
« EarthlingsEncore plus gore que Saw 7 »
« EarthlingsEncore plus triste que Moulin Rouge »
« EarthlingsNon, mais on s’en fout, en fait. »
« EarthlingsC’est pas si terrible… »
« EarthlingsParce que la viande, c’est TROP BON. »
« EarthlingsUne bonne tranche de rigolade. »
« EarthlingsÇa m’a redonné goût à la viande ! »
« EarthlingsJe l’ai vu deux fois. Couille molle. »
« EarthlingsFaut avouer que c’est cucu… »
« EarthlingsOn voit bien que c’est que des acteurs… »
« EarthlingsNon, mais ça se passe pas comme ça, en vrai… »
« EarthlingsFaut pas être extrême… »
« EarthlingsLes animaux ne ressentent rien, c’est ce qu’y faut se dire… »
« EarthlingsLes animaux n’existent pas, les animaux n’existent pas. Les animaux n’existent pas ! »
« EarthlingsLe même film, mais avec des carottes, ça ferait le même effet ?  »
« EarthlingsAu moins après ça, tu seras sûr.e que tu aimes VRAIMENT la viande. »
« EarthlingsLa fin est trop LOL ! »
« EarthlingsC’est comme Memento, en fait. On comprend tout à la dernière scène. »
« EarthlingsIl y a quelques films cultes qui font énormément réfléchir et qui vous marquent. Celui-ci m’a retourné la cervelle à tout jamais. »
« EarthlingsAssume. »

Excellente qualité, mais manquent quelques sous-titres.

Qualité pas top, mais tous les sous-titres.

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Le coup de gueule du soir…

Hé, les carnistes ! Pourquoi vous adoptez des chats, des chiens, des lapins, des cobayes, etc. pour leur faire des mimis, des pioupious, des câlins ?… Je veux dire… Est-ce que vous êtes cons ?!

[Ouais, y a des moments où j'ai besoin de me défouler, de manière brute. De me vider. D'évacuer. Et sur mon blog personnel, c'est un peu le lieu idéal.]

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Le changement de paradigme

Quand j’étais gamin, j’avais un problème d’ego.

Pas comme aujourd’hui. Aujourd’hui, je manque terriblement de confiance en moi, je me sens nul, ignorant, lâche, fainéant, incapable (souvent même incapable de survivre), et si je me sens capable de mener des raisonnements corrects, logiques, que d’autres ne font pas, j’ai plus l’impression que c’est grâce à une certaine rigueur et honnêteté intellectuelle. Je ne refuse aucune explication à rien, je ne cherche pas à ménager mon ego et j’accepte donc les conclusions les plus désagréables sur ma personne, je ne doute pas une seule seconde qu’on puisse trouver cachées en moins les pires abjections. J’ai certainement en moi du sexisme, du racisme, de l’homophobie, du spécisme. Peut-être même, un peu plus profond, de la pédophilie, des pulsions incestueuses, sadiques, masochistes, meurtrières et autres. Je n’en suis pas fier, je ne les arbore pas, mais j’accepte leur existence malheureuse. Donc je ne me ménage pas, je nie et refoule le minimum de choses, je m’efforce de ne pas laisser mon ego contrôler mes raisonnements par des voies inconscientes. Et je m’efforce d’avancer pas à pas, sans foncer sur la conclusion. Je pense être capable de mener des raisonnements corrects. Et je pense même être capable de remettre en cause mes raisonnements s’ils ont été influencés par des émotions inconscientes sur le moment. Mais je ne me sens pas intelligent. Je crois que n’importe qui est capable de mener ces raisonnements, s’il en prend le temps et s’il accepte d’avoir la même honnêteté.

Mais quand j’étais gamin, je me prenais pour un génie… J’avais besoin d’être un génie, d’être plus intelligent que les autres. Donc j’étais motivé pour être le meilleur de la classe, et donc pendant un certain nombre d’années, je suis resté le meilleur de la classe (dans la plupart des matières, en tout cas). J’avais un complexe de supériorité. Et j’avais besoin de sortir du lot, d’être différent, exceptionnel. Bien sûr, je ne l’étais pas, mais je le croyais. Donc je m’intégrais mal aux groupes (ce qui tombe bien puisque j’étais également phobique social depuis aussi loin que remonte mes souvenirs). Et j’avais surtout une grande facilité pour ne pas voir les conventions sociales, les concepts dans lesquels je berçais, comme des « vérités immuables ». J’aimais changer de paradigme. J’aimais me dire que les humains n’étaient pas les maîtres du monde. J’aimais me dire que les humains n’étaient finalement rien de plus que des hommes préhistoriques en mieux habillés. J’aimais me demander pourquoi les filles se comportaient comme des filles et les garçons comme des garçons, et si au fond, je n’aurais pas pu naître dans un corps de fille, et me retrouver avec une personnalité de fille… Voire dans le corps d’un autre animal. J’aimais me dire que j’aurais pu tomber amoureux d’une fille, et puis penser que finalement, elle n’était pas si différente d’un garçon, et qu’elle aurait pu être un garçon. J’aimais me dire que finalement, nous autres, nous ne sommes que des cerveaux, des masses gélatineuses, même si nos véhicules sont en forme d’humanoïdes, le vrai nous, c’était plutôt le cerveau, pas l’ensemble des organes sensoriels collés sur la boîte qui nous contient. J’aimais changer de paradigme. J’aimais remettre en cause tout, tout le temps.

Remettre en cause la viande n’a pas été pour moi un problème. J’ai toujours trouvé gênant de savoir qu’un jeune animal avait été tué pour me donner sa chair. Le seul argument qui m’ait jamais empêché de devenir végétarien, c’était la pression de mes parents, qui m’assuraient que je n’aurais pas pu survivre sans en manger, et qui me menaçaient de m’envoyer à l’hôpital sous perfusion si j’arrêtais de manger. Je ne voyais pas d’issue. Je ne pouvais pas arrêter la viande avant ma majorité. Il se trouve que vers 15 ans, j’ai croisé un végétarien, et j’ai vu que ça n’était pas si dangereux que ça. Ou du moins que c’était possible. Peut-être que si je n’avais jamais fait cette rencontre, j’aurais oublié mon désir de végétarisme. En tout cas, j’ai diminué ma consommation de viande dès que j’ai pu (dès que j’ai mangé le midi au lycée), dès que je me suis senti la force d’affronter la pression sociale, et je me suis déclaré végétarien dès ma majorité, quand mes parents n’avaient plus autorité pour m’en empêcher (avec quelques ratés dûs à la pression sociale la première année). J’ai eu bien sûr la peur du manque du goût de la viande (ou de certaines viandes) comme tous les carnistes, j’ai eu un peu les pétoches avant ma majorité en me disant que j’allais me priver de ça pour la vie, mais ça n’a pas duré.

Je n’ai jamais eu besoin d’une immense remise en cause, parce que je n’ai jamais eu un immense besoin de m’intégrer à la société (d’autant plus que j’ai toujours une immense difficulté à m’y essayer). La société n’a jamais été pour moi une presse destinée à me formater l’esprit. Du moins pas autant que la plupart. Donc je n’ai pas perdu de vue que la viande était de la chair animale, et je n’ai pas eu à déconstruire d’immenses constructions mentales faites pour me maintenir dans le carnisme. Oh, bien sûr, les fameux sophismes, je les connaissais bien, surtout ceux destinés à nous démotiver (« Ça ne sert à rien, ça ne changera rien, je n’ai aucun impact sur le système… »), mais la plupart d’entre eux ne m’ont jamais convaincu (Le lion et la gazelle ne m’ont jamais convaincu que je devais en faire autant… Ils me plongeaient simplement dans une infinie tristesse de savoir que les animaux s’entretuaient… Et quand j’entends aujourd’hui ma mère me dire que manger du poisson n’est pas « grave » parce que « Les poissons se mangent entre eux, mais pourtant ils sont gentils, les poissons ! »… Je me dis que mon dieu, mon dieu, mon dieu… Dans quelle fange intellectuelle accepte-t-on de s’enfoncer pour obéir au carnisme…). Je n’ai pas eu grand chose à déconstruire. Parce que j’avais depuis longtemps l’habitude de déconstruire. Et j’ai continué à le faire toute ma vie. Déconstruire, analyser, ne rien tenir pour acquis, douter de tout.
Déconstruire, c’est jouer au légo, ça m’occupe, ça m’amuse, et c’est pas si terrible.

Et comprendre qu’il est éthique, et donc nécessaire d’arrêter de manger les animaux, c’est bien ça, le fameux « changement de paradigme ». Changer sa vision du monde, défaire tout ce qu’on nous a inculqué depuis l’enfance pour ne pas comprendre que faire souffrir inutilement est mal même si la victime finit dans notre bouche. Car la souffrance est la souffrance. La mort est la mort. La question n’est que de savoir si on peut les éviter, et rien d’autre. Et si on le peut, alors on le doit. Et pour être capable de ré-ouvrir les yeux, revoir la simplicité de ce constat, il faut démonter tout ça, toute cette folie collective qu’on nous enseigne méticuleusement, à coup de punitions, d’affirmations indémontrables, de rhétorique fallacieuse, de menaces, de peur, de formatage, et finalement par la mise en place de l’habitude. La force de l’habitude, la force la plus puissante au monde. Puis la terreur de changer ses habitudes si bien ancrées. Et la terreur de comprendre que tout était faux. Terreurs qui entraînent le besoin de perpétuation et de reproduction, pour un cycle sans fin… Terreurs qui entraînent les réactions les plus folles, insensées, absurdes, brutales quand on est incité à essayer de déconstruire.

Je n’ai jamais eu besoin de déconstruire tout ça, car moi, je n’ai jamais cru que les humains, et encore moins ma société, étaient les détenteurs de La Vérité.

Le changement de paradigme, pour moi, c’est une banalité. C’est comme changer de chaussettes.
Le changement de paradigme, pour un carniste, c’est inimaginable. C’est comme changer de cerveau.

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Message personnel

Cher homoncule en moi,

Tu sers à rien, et tu fais que de la merde.
Alors ferme ta gueule.
A tout jamais.

Merci.

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RAF : L’Argument Ultime

Quand un carniste débat avec un végéta*ien éthique, ça prend généralement la forme :
1) Carniste : Je t’envoie un sophisme de déculpabilisation, qui se démonterait en 10 secondes si j’osais y réfléchir.
2) Végéta*ien éthique : Je te démonte (sans r) le sophisme en 2 secondes, parce que j’ai osé y réfléchir, et surtout parce que je le connais par coeur.
3) Carniste : Je t’envoie une idée toute faite, de l’ordre de la légende urbaine, censée induire la nécessité de la viande, mais qui se démonterait en quelques minutes si j’osais me renseigner.
4) Végéta*ien éthique : Je te renvoie les informations argumentées et sourcées qui démontent ton idée toute faite, parce que j’ai osé me renseigner pendant des heures et des jours, et parce que je la connais par coeur.
5) Carniste : Je répète les étapes 1 et 3 (presque) indéfiniment parce que j’ai effacé de ma mémoire toutes tes réponses 2 et 4 aussitôt après les avoir comprises et admises, étant donné qu’elles m’étaient insupportables à entendre.
6) Végéta*ien éthique : Je suis extrêmement patient et je répète (presque) indéfiniment les réponses 2 et 4, parce que je sais que tu les effaces à mesure que tu les entends étant donné qu’elles te sont insupportables à entendre, mais qu’il en reste malgré tout des traces et qu’à force tu finiras bien par les enregistrer entièrement ou accepter a) d’y réfléchir, b) de te renseigner.

(Edit du 01/01/2014 : Pour compléter sa culture et comprendre ce que j’entends par « sophismes carnistes », on pourra à peu près tous les retrouver ici : http://vegfaq.org/
Tous les sophismes carnistes entrent bel et bien dans cette liste : http://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Raisonnement_fallacieux )

Au bout d’un moment, il arrive assez souvent que le débat prenne fin, le carniste étant finalement épuisé de se battre contre sa conscience, et qu’il en arrive à conclure : « Oui, tu as raison… Mais moi, je ne pourrais jamais…  »
A partir de cette phase, commence alors une autre étape, encore plus longue mais pourtant moins usante, où le travail -enfin- n’est plus de convaincre le zoophage de l’absurdité du carnisme, mais de l’accompagner psychologiquement pour qu’il comprenne comment « il pourrait « .

J’ai dit « il arrive assez souvent« … Car il arrive assez souvent aussi que le débat prenne fin d’une toute autre façon… Il arrive, après que les étapes 1 à 6 aient été suivies, ou après que la lecture d’un article de journal, la vue d’une émission télévisée très complète sur une grande chaîne culturelle, l’écoute d’une émission de radio de même acabit, la lecture d’une grande enquête sous forme de livre journalistique, la somme de tout ça, ou de tout autre support, s’en soient chargés pour nous… Il arrive, après, donc, que toutes les justifications carnistes aient été éliminées une à une… Il arrive que le carniste conclue, même après avoir admis qu’il a de l’empathie, ou mieux, un profond amour pour les autres animaux, après avoir admis que la souffrance provoquée par le fait de manger de la viande est réelle mais qu’il ne supporterait pas d’en prendre conscience, même après avoir admis que tous les arguments qui lui ont été opposés l’énervent mais restent totalement valables et solides, il arrive donc qu’il conclue :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
(Le LOL étant la cerise sur le gâteau qui rend tout ça si magnifique.)

Et là… Il ne reste plus rien à ajouter. L’Argument Ultime a été invoqué : J’en ai Rien A Foutre. Le carniste est vainqueur par KO. Il a effectué sans hésitation le coup mortel, la combo impossible à esquiver, impossible à parer : J’en ai Rien A Foutre.

J’en ai Rien A Foutre… L’Argument Ultime, vous dis-je…

Souvenez-vous…
Antiquité. Quelques siècles avant Jésus Christ. Grêce.
Pythagore, mathématicien de son état, déclare : « J’en déduis que le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. »
Georges, badaud qui passait par là, déclare alors : « C’est faux. »
Pythagore de renchérir : « Je viens pourtant d’en faire la démonstration. »
Et Georges de conclure : « J’en ai rien à foutre. »
Sur ces mots irréfutables, ce théorème ridicule est immédiatement condamné à l’oubli, et les triangles rectangles deviennent géométriquement impossibles.

1633. Italie.
Gallilée, astronome, déclare que la Terre tourne.
Urbain VIII, pape, lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
La Terre s’arrête alors de tourner.

1860. USA
Abraham Lincoln est élu et promet l’abolition de l’esclavage, par respect pour la condition humaine.
Jefferson Davis lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
Pris au dépourvu et à court d’arguments, les abolitionnistes admettent leurs torts, Abraham Lincoln démissionne, et laisse le pouvoir aux mains de Jefferson Davis.

Novembre 1945. Nuremberg.
Hermann Wilhelm Göring est jugé pour crime contre l’humanité.
La liste des accusations est énoncée pendant des heures, les témoins et les documents s’enchaînent. Le débat porte surtout sur la façon dont il sera condamné à être dépecé.
Lorsque la parole lui est enfin laissée, Göring se lève et déclare : « J’en ai rien à foutre. »
Le silence se fait. Le juge déclare aussitôt son acquittement. Göring quitte la salle sous les applaudissements. Il mourra en 1983 après avoir vécu une belle et longue vie remplie d’amours et de succès divers.

Juin 2012. Chez moi.
Je reçois un coup de fil. Je décroche. C’est mon propriétaire, il me fait remarquer que j’ai trois mois de loyer de retard. Je lui fais remarquer que j’en ai rien à foutre. Il s’excuse, m’explique qu’il ne m’ennuiera plus et raccroche.
Le soir, je prends ma voiture. Devant moi, à une centaine de mètres, le feu passe au rouge. Je ne ralentis pas, j’ouvre ma fenêtre et je hurle que j’en ai rien à foutre. Je grille le feu rouge, les voitures m’évitent et s’encastrent les unes dans les autres.
Je vais dans un bar, je vois une fille qui me plaît. Je l’aborde et lui explique que je vais la violer dans les toilettes. Elle me dit qu’elle n’est pas d’accord. Je lui réponds que j’en ai rien à foutre. Elle me suit calmement, en silence. Je fais mon affaire, elle n’a pas l’air d’apprécier, je suis un peu triste pour elle mais j’en ai rien à foutre.
Quelques jours plus tard, chez moi, je reçois un groupe de policiers qui me font savoir que je suis accusé d’avoir provoqué un carambolage, ainsi que d’avoir perpétré un viol, et qu’ils aimeraient que je les suive sans faire d’histoire. Je leur rappelle que je me suis déjà expliqué sur ces affaires, que j’en ai rien à foutre ! Ils s’excusent, me disent qu’on ne les avait pas prévenus, ils ne savaient pas, ils vont s’en occuper. Ils repartent.

2013. Un jour. Quelque part.
Je débats avec un carniste. Je réponds calmement à toutes ses questions et affirmations. Je suis extrêmement patient et empli d’empathie à son égard. Je lui montre de nombreux documents, variés, bien sourcés, illustrés de nombreuses études. Il admet que j’ai raison. Il admet même qu’il est incohérent.
Il conclut :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
Je prends ma batte de baseball et je lui explose littéralement la tête.
Moi non plus, j’en ai rien à foutre.

Ah oui… « LOL. »

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PS : Par contre, si tu réussis à lui montrer Earthlings, les vidéos de L214, Le Sang des Bêtes, ou des choses du même genre, il se souvient soudain qu’il en a quand même un peu quelque chose à foutre, le carniste… Encore faut-il qu’il accepte de regarder…

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Le péché sempiternel

Je ne crois pas en Dieu (ou si Dieu existe, alors c’est moi).

Mais s’il y avait un Dieu, un Dieu qui testerait le libre-arbitre, la capacité des individus à choisir entre le Bien et le Mal, alors à sa place, j’aurais fait un petit test simple. J’aurais créé un mal évident à ne pas commettre, un mal évident et simple que tout le serait capable d’éviter sans aucun effort. Un mal que tout le monde serait également capable de reconnaître et identifier avec le strict minimum de réflexion et d’empathie. Et j’y aurais juste ajouté une petite subtilité : Je n’aurais donné aucune règle explicite écrite ou orale, aucun ordre pour éviter de commettre ce mal. Je l’aurais laissé libre à tout un chacun, et j’y aurais même rajouté suffisamment de tentations et d’astuces pour se déculpabiliser de ce mal avec facilité, je l’aurais intégré dans la Norme, dans l’Ordre des Choses. Un mal identifiable, et aussi facile à commettre qu’à éviter. De sorte que oui, chacun aurait été pleinement libre de choisir ou non de commettre ce mal.

Si j’avais été Dieu, je n’aurais pas posé une Pomme en donnant l’Ordre tonitruant et menaçant de ne pas la manger. Ou serait le libre-arbitre si toutes les règles sont déjà explicitement données ? « Vous avez le choix entre obéir à ces règles, ou être inévitablement châtié par une souffrance éternelle qui dépassera infiniment le plaisir furtif que vous pourriez avoir à transgresser ces règles. » ?… Ça n’aurait aucun sens. N’importe quel idiot, même le plus cruel, le plus vil et le plus égoïste, choisirait la seule option raisonnable. Seul un fou choisirait l’inverse, or un fou n’est pas responsable, n’a pas de libre-arbitre, ne peut pas être jugé.
Non, si j’avais été Dieu, je n’aurais pas écrit de commandements. Et probablement aucun texte non plus. Si j’avais été Dieu, dès le départ, j’aurais remplacé la possibilité de manger la Pomme par autre chose, j’aurais laissé visible bien en évidence la conséquence néfaste de l’acte, et j’aurais simplement dit : « Faites comme vous voulez, absolument rien ne vous l’interdit. Vous ne perdrez rien. Personne ne vous jugera jamais. ».

N’importe quel Dieu capable d’inventer le libre-arbitre, le péché, la tentation, la damnation et l’Enfer serait suffisamment tordu et sournois pour imaginer un truc pareil.

Publié dans Chaos, Grandissime, Les personnes qui ne se mangent pas. | 8 commentaires

Spectres

Tout à l’encre, et toutes petites retouches à la gouache blanche.
Réalisé à partir de photos, en un mois… (Toujours le même flemmard.)

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Expérience

Expérience amusante à faire vous-mêmes (testée par mes soins) :
En vous promenant dans la rue, regardez les gens, et postulez qu’ils sont végétariens, voire végétaliens (encore plus efficace). Puis examinez leur état de santé… Et bien, vous allez rire, mais tout de suite, pour chacun d’entre eux, la mauvaise santé saute aux yeux (maigreur et/ou mine triste et/ou teint pâle, etc… et même carences. Juste des Carences, comme ça, qui irradient, on ne sait pas trop comment.).

Expérience additionnelle :
Regardez à nouveau les mêmes passants, et imaginez maintenant qu’ils viennent de se remettre à manger de la viande.
Immédiatement, ils semblent aller beaucoup mieux.

Etonnant, non ?

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Irréversible

Je viens de me rendre compte à l’instant (même si je crois qu’il m’était déjà arrivé au cours de ma vie d’effleurer cette idée sans jamais m’y arrêter suffisamment), qu’il existe un blocage plus grand que tous les autres vis-à-vis du végéta*isme, et qui n’est jamais énoncé clairement : Le principe d’irréversibilité.

L’idée est simple. Si on en vient à adopter le végéta*isme éthique, c’est qu’on admet que la vie de l’animal non-humain a une importance pour elle-même, en tant qu’individu sentient (sensible, mentalement existant), et on en vient à acquérir l’interdit de le manger (puisque ça n’est pas nécessaire et facilement évitable) avec une intensité égale à l’interdit de tuer un être humain. En pratique, bien sûr, on tuera toujours des tas de petits animaux par divers actes quotidiens, involontairement ou indirectement, mais en tout cas, l’interdit d’en manger volontairement reste. Pas par souci de pureté, mais juste parce qu’il est du même ordre que l’interdit d’homicide.

Or il restera toujours, de manière sourde, la peur, même infime, que la vie sans viande conduise à une baisse progressive de l’état de santé, ou que la vie sans viande conduise à une baisse progressive de notre capacité à jouïr de la vie. Peurs d’autant plus grandes qu’on n’a jamais rien connu d’autre que la vie avec viande. Et on aura beau lire et entendre toutes sortes de déclarations, études et témoignages inverses, savoir qu’il suffit de faire un bilan sanguin annuel pour se rassurer, le fait reste que dans notre cas tout à fait personnel, il est possible que ça ne soit pas applicable. Il est possible qu’on soit une de ces personnes improbables qui ne peuvent pas vivre une vie entière agréable et en bonne santé sans manger de viande.

Ça ne serait pas grave en soi, si on pouvait se dire que la porte de sortie est toujours là, qu’il ne s’agit que d’une pratique alimentaire comme une autre, si les implications mentales étaient légères, comme elles le sont lorsqu’on choisit le végéta*isme par souci écologique ou de santé. Mais si on en vient à considérer le végéta*isme éthique, il faut bien admettre que la porte de sortie est beaucoup plus difficile à réouvrir.

Le fait est que quelques-uns, anciens végés (et plus souvent végétaliens) la réouvrent, fatigués par la pression sociale, par des soucis de santé liés ou non à leur régime (relativement bien ou mal géré) ou à leur constitution particulière, voire à un problème préexistant, ou par une lassitude du « goût des végétaux », n’ayant pas réussi à faire le deuil de leur vie viandarde au milieu des autres viandards. Et donc ils se contentent d’effacer délicatement leurs principes éthiques en acceptant les sophismes carnistes qui leur faciliteront la vie. (Au lieu de simplement accepter que la réalité éthique est restée la même, mais qu’ils ne savent plus comment faire, et donc que pour eux la nécessité a repris le dessus.) Mais le fait est aussi que quelques autres, confrontés aux mêmes problèmes, aussi mal gérés, pourront décider que leurs principes éthiques sont plus solides que ça, et continueront à vivre avec ces désagréments malgré tout. Ou du moins se forceront à les supporter plus longtemps.

Il est donc vrai que la peur de l’irréversibilité a un fond de légitimité. Et c’est ce qui entraîne tous ces comportements bizarres de vrais végétariens qui refusent d’accorder de l’importance à la vie des animaux qu’ils ne mangent plus, et de faux végétariens qui refusent d’être « radicaux », « extrémistes », et se forcent à manger au moins un peu de chair animale tous les x mois, pour ne pas embrasser une vision du monde qui leur semble dangereuse (même avec un risque minime), parce que difficile à abandonner par la suite. (Des comportements qui toutefois s’estompent souvent avec le temps, avec les mois et les années, à mesure que leur expérience leur prouve de mieux en mieux que les risques -dont la peur est désormais quasi inconsciente- sont nuls. Et que l’irréversibilité de la vision éthique peut alors être envisagée sans danger.)

Et c’est sans doute cette peur sourde qui amène si souvent les omnis à comparer le végétarisme éthique avec la religion, les sectes, les extrémismes, etc.

Une peur jamais clairement énoncée, ni par les végés parce qu’admettre la difficulté de la réversibilité ne fait que renforcer la peur chez les omnis, ni par les omnis parce qu’il leur faudrait alors admettre que la force de cette conviction se fonde sur le constat d’une réalité (puisqu’ils craignent eux-mêmes de pouvoir être convaincus).

Le problème de tout ça, c’est sans doute que le végéta*isme repose sur un principe simple et évident « Il est mal de torturer/tuer sans nécessité. », alors que la « nécessité » est elle beaucoup plus difficile à mesurer. Elle n’est certainement pas dans le niveau de consommation actuel des produits animaux par les occidentaux. Elle est très probablement nulle pour la quasi-totalité des êtres humains (comme le rappellent les innombrables études diététiques sur le sujet), mais comment la reconnaître dans le cas improbable où elle se présenterait (ou pas) « à moi » en particulier ?

Bien sûr, si le végéta*isme était plus développé, en offrant plus de choix et de variété facilement visibles et accessibles, s’il était mieux intégré dans la société, mieux reconnu par le milieu médical, on pourrait certainement passer outre, on pourrait régler facilement ces rares désagréments, détecter correctement les problèmes de chacun et leur trouver des solutions concrètes, et donc rendre caduque cette peur. Mais tant qu’on n’en est pas là (et pour en arriver là), chacun doit encore les affronter seul, ou presque.

Tout ça est bien emmerdant. Avec des trouillards pareils, c’est pas demain la veille qu’ils seront libérés, les animaux…

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Mister Mind


Dans Mystery Men, Invisible Boy est doté du super-pouvoir d’invisibilité conditionnelle. C’est-à-dire qu’il peut se rendre invisible à condition que personne ne le regarde. C’est un super-pouvoir qui reste intéressant dans certaines circonstances très particulières.

En ce qui me concerne, j’ai un super-pouvoir un peu similaire. Je suis capable de me rendre intelligent, mais uniquement quand personne ne me regarde. C’est assez chiant.

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