Parfois, selon la réaction et l’opinion de certains zoophages (pas tous, loin de là), ce qu’on reproche aux végétariens/vegans, ça n’est pas d’avoir raison, puisque là-dessus on est d’accord, ils ont raison. Non, ce qu’on leur reproche, c’est la façon de dire qu’ils ont raison. On préfèrerait qu’ils nous montrent involontairement qu’ils ont raison, mais sans le dire, par humilité, vous voyez, qu’on puisse leur dire à leur place que si, si, non, mais ils n’ont pas à avoir honte d’avoir raison, on sait qu’ils ont raison. Mais faut pas le dire.
Me le dis pas, sois humble, fais semblant de croire que tu as tort, c’est moi qui dois te le dire, que tu as raison, OK ? Mets-toi à genoux et baisse les yeux, par respect pour moi, puis laisse-moi te relever le menton. Alors je t’écouterai.
Ca marche pour absolument tout type de débat. (viande/pas viande, 220/110 volts, pro-vie / pro-choix, structure béton / structure acier). Les gens préfèrent toujours penser que c’est eux qui ont changé d’avis plutôt que les autres qui les ont convaincus. Plutôt que de faire l’étonné, feriez mieux de vous plonger dans un de ces horribles bouquins de négociation généralistes (et pas du tout spécifiquement vegan-focused) que je vous ai conseillé.
Il n’y a vraiment rien de spécifique là-dessous [je ne parle pas en terme de finalité (arrêter d’exploiter des animaux), mais en terme de méthodologie. Vous vous heurtez encore et toujours à la dissonance cognitive comme plein d’autres gens avant vous sur plein de sujets différents.
J’ai lu un de ces horribles bouquins que vous me conseillez. Et j’applique déjà (à votre insu, sans doute). Mais ça n’aide pas à ne pas prendre les gens de haut, quand on apprend à les voir mécaniquement. Au contraire, ça finit par vous pourrir la cervelle. On ne pense plus qu’à ça, on n’agit plus qu’en fonction de ça. Ça rend fou.
Mais je compte quand même en lire d’autres.
Quant à mon exemple, je parle de personnes qui sont DEJA d’accord. Qui le reconnaissent, qui le disent : « Oui, vous avez raison. » et ajoutent « Mais vous êtes un con, taisez-vous ! ». (Exemple, avec toutes les incohérences déprimantes qu’on connait.)
Plutôt que de lire « vous êtes un con », je pense qu’il vaudrait mieux lire « Tactiquement c’est mal joué. Essaie encore. ».
Oui, la pensée positive, sur le sujet, je maîtrise, ne vous inquiétez pas. (J’arrête pas de la vendre à tous les végés que je croise.)
Et après un petit incident, je n’hésite pas en général à réessayer autrement, plus tard (Et par « petit incident », j’entends des choses vraiment très larges…). C’est souvent payant.
Sauf que dans certains cas, avec certaines personnes, vous admettrez que quand c’est raté, c’est définitivement raté… (A moins de procéder à un enlèvement, séquestration, etc.)
Cool, ça je sais faire j’ai pris des cours (obligatoires) de négociations, et je possède donc « Getting to yes » & « Getting past No ». Pour l’instant ça a pas fonctionné des masses, je vous tiens au courant.
Oh, oh, intéressant…
Si t’as des conseils précis qui te reviennent en tête, ça peut être intéressant aussi.
Pour convaincre, la seule chose que j’ai mise en pratique dans la vraie vie c’est lorsque j’avais un stage vente (2 mois) et comme j’étais très désintéressée (stage = non salaire) je ne voulais pas influencer les clients sur le produit le plus cher mais sur le bon produit. Et je pense que ça se ressent quand on pousse pas inutilement les gens vers quelque chose d’inutile.
Donc, de la même manière, il faut dire « vraiment je force personne, c’est mon choix pour telle et telle raison, je n’en vis pas plus mal d’ailleurs ça ne change rien à mon quotidien » résultat : chez moi on ne mange plus de viande (c’est venu petit à petit et personne n’a remarqué héhé) et ceux qui le souhaitent vraiment en prenne à l’extérieur. Ça s’appelle la force tranquille =)
On ne mange plus de viande ? Plus du tout du tout ? Ou quand même un petit peu ?
Bonjour à tous/toutes. Je me permets de faire une petite remarque au sujet du commentaire de Lainie. Je trouve problématique de dire « c’est mon choix personnel ». Ce serait ok si l’on parlait de quelque chose de beaucoup moins grave (ou qui regarde en effet personnellement l’interlocuteur ; pratique néfaste pour sa santé, etc), mais la viande implique la maltraitance, la torture et le meurtre d’individus. S’il s’agissait d’animaux humains, invoquer le choix personnel – par exemple : « Moi, je ne tabasse pas ma compagne, mais c’est mon éthique personnel, je n’ai pas à vous dire ce que vous devriez faire et je respecte votre choix de tabasser votre amie » – ça la ficherait moche.
C’est sûr, c’est compliqué de dire à quelqu’un que ce qu’il fait est mal mais que ce n’est pas pour autant qu’on le traite de mauvaise personne. Ce qui fait que l’on ne considère pas a priori que c’est une mauvaise personne, c’est parce qu’elle n’a pas pris la mesure de la gravité de ce qu’elle fait. Or, si on lui dit que ce qu’elle fait relève d’un choix personnel, il me semble que ça ne l’aidera pas à prendre la mesure de la gravité de ce qu’elle fait.
Oui, oui, je suis conscient de tout ça. Ainsi que la majorité des gens à qui j’en parle et qui 1) Ne mangent plus d’animaux, 2) Sont dans la dynamique de ne plus manger d’animaux.
Sauf que :
- Utiliser « torture » quand tu expliques ça => Blocage défensif/agressif immédiat (Même s’il m’arrive aussi d’utiliser le terme, malheureusement). L’interlocuteur érige un mur mental, et est incapable de comprendre la suite du discours. C’est trop connoté, trop culpabilisateur (Peut-être parce qu’il y a la notion d’acte volontaire.). Il va donc se défendre en te répondant qu’il n’y a pas volonté de faire souffrir juste pour le plaisir de faire souffrir. Le résultat est le même, mais dans sa tête, ça change tout. Mieux vaut utiliser le terme « souffrance ». Ce qui signifie la même chose.
- Utiliser « meurtre », même chose. Même blocage, même mur mental. Même culpabilisation refusée. L’interlocuteur va se défendre en te répondant que « meurtre », ça s’applique aux humains, et que c’est un terme juridique, et que le « tuage » des animaux est légalement autorisé donc ça n’est pas un meurtre. Mieux vaut parler de « mise à mort ». Ce qui signifie la même chose.
- La comparaison avec les injustices/souffrances humaines => Même chose. C’est un tabou. Bug. Error. Réflexion interdite. Avant de pouvoir faire une telle comparaison, il faut poser tout un développement philosophique en dix pages pour expliquer que les animaux non humains sentients sont sujets d’une vie, qu’ils ont peur de la mort, et que leur souffrance est réelle. Le plus simple, c’est encore d’éviter aussi longtemps que possible la comparaison avec les humains et d’amener l’interlocuteur lui-même à poser spontanément la comparaison. Il y a, je pense, quelques petites astuces possibles pour le faire, mais en règle générale, en faisant durer le débat suffisamment longtemps, il y viendra de lui-même quand on s’y attendra le moins (quand il ne se sentira plus jugé, donc moins sur la défensive).
Quand on dit à quelqu’un qu’il fait le mal, il n’y a que deux options possibles :
- Soit on considère qu’il en est pleinement conscient, qu’il est pleinement responsable. (Ce n’est pas mon cas. Je suis convaincu que personne n’a pleinement conscience du mal qu’il commet, pas même les tueurs en série, les violeurs, les tortionnaires… Ils ont tous une « explication », un forme modèle de pensée pour justifier leurs actes. Et ça n’est pas immuable.) Donc on le traite de salopard et/ou de lâche.
- Soit on considère qu’il n’en est pas conscient, alors que toutes les informations sont à sa disposition. Donc on le traite d’imbécile.
D’une manière ou d’une autre, en déclarant la vérité telle qu’elle est, on est coincé, on l’insulte. Sauf à considérer que les actes ne sont pas une nature, que chacun est capable d’évoluer. Mais quand on parle à quelqu’un qui a déjà décidé de poser la conclusion de sa réflexion (« Je mangerai toujours des animaux ! », « Je SUIS un mangeur d’animaux ! ») avant même d’entamer la réflexion (« Dois-je manger des animaux ? »), donc qui a décidé de ne jamais évoluer, de ne jamais envisager de se priver de cet acte, il ne pourra que se sentir insulté dans ce qu’il a décidé de figer comme sa propre « nature ». Je me place en position de « lâche/salopard/idiot » face à la réalité, et je m’insurge qu’on me traite comme un « lâche/salopard/idiot » qui refuse de bouger, plutôt que d’aller négocier avec la réalité… C’est le mec qui se plante debout sur la voie ferrée alors qu’un train arrive à pleine vitesse, et qui t’engueule quand tu menaces sa liberté et le traites de crétin au lieu de faire dévier le train…
Mais bon, petit à petit, ça finit par bouger… Les idées, les réflexions et les informations finissent par rentrer, quand même… On se rend bien compte que toutes ces excuses face à tout choix moral (qu’il s’agisse d’éthique animale ou autre) sont toujours les mêmes, toujours aussi absurdes…
Peux-tu dire ce que tu penses de l’approche de Gary Francione?
Merci
Si ta question est en rapport avec ce petit post-ci, je ne vois pas trop de quoi tu parles.
Si c’est de manière générale, je n’ai pas énormément lu Francione (peut-être deux articles sur son site), juste un peu à travers Les Cahiers (mais pas encore d’extraits « complets » non plus). De lui, j’ai juste lu des reproches injustifiés (à la limite, irrationnels) qu’il a faits à Singer (même si des reproches envers Singer, j’en ai d’autres à faire… La façon dont il se vautre désormais dans le welfarisme, entre autre.). Mais s’il se place dans la même approche que Tom Regan, je serais plutôt dans la même optique (puisque ce que j’ai lu de Tom Regan me plaît bien).
Ma question a été motivée par ton post du 02/04 à 17h41 qui m’a fait penser à l’éducation végane non violente préconisée par Gary L Francione dont les idées me plaisent (et que je découvre tout doucement).
De façon plus large, ton blog ayant un lien avec la question animale sur le plan éthique, je me demandais quel rôle l’approche de Francione pouvait éventuellement avoir chez un végéta*ien visiblement confirmé.
Merci de m’avoir répondu.
Euh…et pourquoi ma question? Tout simplement pour l’entraide solidaire entre les végé.e.s apprenti.e.s et ceux/celles plus expérimenté.e.s.
Quand j’ai dit « Si ta question est en rapport avec ce petit post-ci, je ne vois pas trop de quoi tu parles. », ça n’était pas un reproche, c’était juste pour situer ta question. Mais donc, je ne connais pas énormément Francione (mais je suis un train de lire un article de lui, pas eu le temps de finir), et j’ai encore des tonnes de choses à lire, livres sur l’éthique animale, Cahiers Antispécistes (me reste 15 ou 20 Cahiers à lire) et autres. J’aurai peut-être un avis plus clair dans quelques mois.
Ok, pas de problème. Merci.
Pour répondre à ton commentaire du 02 :
Dans les commentaires, j’ai parlé de meurtre, de torture et fait une comparaison avec les humains pour expliquer ici pourquoi je pensais qu’il était hasardeux de dire que manger ou ne pas manger d’animaux était une question de choix personnel. Avec d’autres interlocuteurs, c’est vrai qu’il est souvent préférable d’utiliser d’autres termes si l’on pense qu’ils vont se braquer. Mais on est bien obligé de parler au minimum de conditions de vie et de traitements qui génèrent des souffrances, et aussi de mise à mort. Et à partir du moment où une pratique nuit fortement et va même jusqu’à coûter la vie à un être sensible, on est en droit de poser la question du droit (moral) de chacun à conserver cette pratique. Je ne dit pas non plus qu’il faut dans tous les cas mettre d’entrée de jeu sur la tapis la question de la légitimité de la consommation de viande, mais dire : « Je suis végétalienne, mais c’est mon choix…chacun fait selon ses convictions », revient à dire que finalement tout ça n’est pas bien grave.
>>> D’une manière ou d’une autre, en déclarant la vérité telle qu’elle est, on est coincé, on l’insulte
Ben oui, à moins que l’interlocuteur se contre-fiche de ce dont on parle. Le fait de se fermer quand quelqu’un vous dit – même avec des gants et moults euphémismes – qu’un comportement (qui s’avère être le vôtre) cause des souffrances, sans aucune nécessité, à autrui, est une réaction assez « naturelle ». Mais se braquer sur le moment ne veut pas dire que la question ne va pas vous travailler plus tard, et vous incitez à examiner votre comportement loin du regard de celui qui l’a critiqué.
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Je suis bien d’accord et j’avais bien compris. Je ne faisais que des remarques d’ordre général sur la façon d’aborder le sujet.
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Pour la deuxième partie, je n’en sais rien. Je crois que les réactions différent et que ça se joue sur un coup de poker. Jouer sur la « culpabilisation » pour donner un coup de fouet immédiat, ou être mis de côté pour être réutilisé plus tard, ou créer un effet de blocage qui retardera au contraire longtemps la vraie réflexion (D’après ce dont se souviennent certaines personnes aujourd’hui végés par éthique qui connaissaient des végés « trop durs » qui les ont braqués pendant longtemps.) . Parfois, c’est la mise en pratique elle-même qui permet d’entamer librement la réflexion : Essayer le végétarisme « pour voir », et en se rendant compte que c’est possible et simple, se retrouver libre d’esprit et capable d’entamer la réflexion éthique.
Et le fait que si on ne comprend vraiment pas ce qu’on nous reproche, la « culpabilisation » brute peut nous passer totalement au-dessus de la tête. Si je pense à des contraintes (jugées comme) morales d’ordre personnel ou irrationnel imposées par diverses religions ou courants (tels que les Straight Edge), si l’un d’entre eux venait à me faire la morale de manière appuyée, je pense que je les enverrais gentiment se…
Bref, je n’ai pas d’avis bien tranché sur ces questions. J’attends de voir un peu plus précisément comment réagit mon entourage sur le long terme. (Et j’essaie un peu tout.)