Archives mensuelles : mars 2015

Je suis usé.   

J’ai mangé des animaux jusqu’en 1996, jusqu’à mes 18 ans. Et j’ai arrêté complètement quand j’ai trouvé la force de m’opposer à la pression sociale, à ma famille, à la peur du rejet, de l’exclusion. Ca m’a permis progressivement d’aborder … Continuer la lecture

J’ai mangé des animaux jusqu’en 1996, jusqu’à mes 18 ans. Et j’ai arrêté complètement quand j’ai trouvé la force de m’opposer à la pression sociale, à ma famille, à la peur du rejet, de l’exclusion. Ca m’a permis progressivement d’aborder le monde avec de nouvelles réflexions que je n’arrivais pas à articuler parfaitement avant ça. Mais ça ne change pas grand chose au problème, finalement.

Ces temps-ci, je suis usé, fatigué par une société composée de psychopathes. Je pèse complètement mes mots. Il n’y a aucune hyperbole dans le fait de dire que je vis dans une société composée de psychopathes. Ca n’est pas de l’extrémisme (qui est un mot fourre-tout qui ne veut plus rien dire), ça n’est pas de l’intégrisme (qui est un mot qui veut dire exactement le contraire de ce pour quoi on l’emploie généralement : intégriste = réactionnaire), ça n’est pas de la violence, je n’ai pas de colère à l’esprit quand je dis que c’est une société de psychopathes, c’est juste un constat. Un psychopathe, c’est quelqu’un qui a un trouble de l’empathie, l’incapacité d’utiliser ses neurones miroir pour ressentir de la compassion envers autrui et d’agir en conséquence.

Alors soyons bien clairs, tout le monde, absolument tout le monde sait qu’un animal doté d’un cerveau a des sensations, des sentiments, une perception individuelle du monde, des facultés intellectuelles, qu’il n’aime pas souffrir, qu’il aime vivre, qu’il a des interactions avec les autres individus, voire des relations sociales riches, et même une culture (il est capable d’apprendre, et il échange des connaissances avec les autres individus de son entourage). Tout le monde sait que les animaux dotés d’un cerveau veulent vivre, aiment être libres, n’aiment pas être mutilés, aiment découvrir, jouer, évoluer au sein du monde. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ça fonctionne aussi quand on parle des humains : Ce sont également des animaux dotés d’un cerveau. (Du moins, c’est ce qu’ils affirment, pour le cerveau.)

Foutredieu, tout le monde le sait.

A peu près tout le monde est également capable de chercher un tout petit peu à s’informer pour se rendre compte qu’on est parfaitement capables de vivre heureux et parfaitement bien sans manger, enfermer et tuer d’autres animaux.
(Et quand je dis « un tout petit peu s’informer », je ne suis pas en train de parler de chercher des sources douteuses, improbables, inquiétantes ou je ne sais quoi… Je parle d’ouvrir un bouquin d’Histoire pour se rendre compte qu’il y a 150 ans, dans son propre pays, la viande était un produit rare, luxueux et exceptionnel, de comparer sa propre consommation de viande avec celle des humains du reste du monde, d’avoir deux ou trois notions de géographie pour savoir que la moitié des habitants d’Inde sont végétariens, et qu’on totalise un milliard de végétariens dans le monde, de consulter les sites de recommandations santé officielles, nationales des USA, du Canada, du Royaume Uni, les plus grandes associations de diététiciens du monde, même les associations de pédiatres, qui expliquent comment suivre un régime végétarien ou végane, à n’importe quelle époque de sa vie, sans risque pour la santé et même en en tirant des bénéfices… Un niveau d’information à peu près basique, quoi…)

Si les humains inséminent, mutilent, enferment, tuent, lobotomisent, électrocutent, broient, égorgent, étouffent, dépècent les autres animaux, ça n’est pas parce qu’ils ont longuement réfléchi au meilleur choix possible, ça n’est pas parce qu’ils ne savent pas tout ça, c’est juste qu’ils préfèrent se convaincre qu’ils n’en savent rien. Parce que ça ne leur retombe pas sur leur petite gueule à eux. Parce qu’ils n’en ont rien à foutre. Parce que ce sont des crevards.
(Oui, alors je le concède, « crevard » n’est pas un mot tout à fait aussi neutre que « psychopathe ». Au temps pour moi.)

Alors sachant tout ça, ça me fatigue de devoir faire -et entendre- du militantisme pour le végétarisme, pour le véganisme, pour l’antispécisme, de devoir user de psychologie, de diplomatie, de patience… de devoir endurer les discours welfaristes et même abolitionnistes, les guéguerres internes entre militants humains… alors que tout ça se place à un niveau d’absurdité tellement dingue…

Si j’assiste un jour à une agression d’un tueur en série cannibale sur une personne plus faible, voilà exactement comment je ne vais pas réagir :
« Monsieur, dites, s’il-vous-plaît, arrêtez de frapper cette personne… S’il-vous-plaît, ne la découpez pas… S’il-vous-plaît, allez… Bon… Ok… Là, c’est trop tard. Je suis obligé de respecter votre choix, je n’y peux rien… Ok, elle est morte, vous pouvez la manger maintenant, ça ne change plus rien… Mais… NON ! Mais n’attaquez pas cette autre personne, ça suffit maintenant ! MAIS ! Vous pouvez manger autre chose, c’est tout aussi bon, et tout aussi sain, regardez ! Regardez ces bons petits plats sans matières humaines… Et c’est écologique ! [NDLR : Je ne sais pas si c'est écologique d'épargner les humains, puisqu'on n'en pratique pas l'élevage. Mais admettons que je puisse utiliser l'argument de l'écologie pour le convaincre d'arrêter.]… Allez, s’il-vous-plait… Mais non enfin, je ne suis pas trop sensible. Je crois simplement que vous ne faites pas la connexion, vous ne vous rendez pas compte que vos victimes souffrent et qu’elles veulent vivre… Je ne vous juge pas, mais… Discutons pendant que vous tuez votre prochaine victime… »

Et d’ailleurs voici aussi exactement comment je ne réagirais pas :
« CONNARD ! CONNARD ! T’ES QU’UN CONNARD ! Si tu tues cette personne, t’es qu’un CONNARD ! T’ES UN TUEUR ! LE FAIS PAS, SALAUD !… Ah, zut, tu l’as tuée quand même… BEN T’ES UN SALAUD !… Quoi, tu vas tuer l’autre aussi ?! DOUBLE SALAUD ! Si tu la tues aussi, t’es UN VRAI GROS SALAUD !… Ah, tu l’as tuée aussi, et tu la manges… ORDURE ! NON MAIS CA SUFFIT ORDURE, ARRETE ! JE CONTINUERAI A T’INSULTER A CHAQUE VICTIME ! »

Voilà plutôt comment je réagirais : J’attraperais un truc lourd et solide et je frapperais, je frapperais, je frapperais jusqu’à ce que le cannibale lâche son arme, que ça lui casse la main ou le bras, ou les jambes, qu’il tombe, qu’il perde connaissance. Et peut-être même que, par prudence (parce que j’ai vu suffisamment de films d’horreur) je continuerais à frapper et je le tuerais pour m’assurer qu’il est vraiment hors d’état de nuire. Et les victimes potentielles pourraient alors s’enfuir.

Non seulement c’est de cette manière que je réagirais, mais c’est également de cette manière que les victimes réagiraient elles-mêmes si elles en avaient la possibilité. C’est de cette manière que n’importe qui réagirait pour sauver sa peau, ou pour sauver la peau d’un innocent.
Ce serait la réaction saine, sensée, juste, parfaitement rationnelle de n’importe qui. Je serais non seulement innocenté, mais même acclamé par tout le monde, si je sauvais les victimes. Et même les victimes seraient considérées comme héroïques si elles réussissaient à s’en sortir d’elles-mêmes de cette manière. Tout le monde serait admiratif qu’on ait pu arrêter ce fou dangereux.
(Et pourtant, un psychopathe, ça se soigne et ça peut guérir, aussi, ça n’est pas complètement de sa faute si c’est un psychopathe.)

Mais voilà, je n’agis pas de cette manière pour les mille milliards de victimes annuelles d’une société composée majoritairement de psychopathes. Parce que ça n’est pas un fou dangereux qu’il faudrait affronter, mais plusieurs milliards de fous dangereux. Parce que je suis lâche, je n’ai pas envie de risquer ma liberté ou ma vie.
Parce que j’ai le sentiment que ça ne suffirait pas, que ça serait contre-productif. Alors que partout dans le monde des opprimés menacés de mort n’hésitent pas à prendre les armes pour se défendre ou vendre chèrement leur peau.
Parce que je fais partie du groupe des oppresseurs, donc je peux me permettre d’être passif puisque je ne suis pas celui qui se fait enfermer/mutiler/tuer, je ne suis pas celui qui est hyper motivé par l’idée d’éviter la torture qu’on m’inflige au quotidien, la mort dont on me menace à brève échéance, motivé par la peur, par la colère pour mettre fin à une frellnick poukram d’injustice de la taille de l’Etoile Noire.

Alors tout ce que je fais, c’est que je débats gentiment avec des milliards de psychopathes, en me tenant la tête à deux mains.

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Les débats dans la vie de tous les jours.   

Soient deux personnes endossant les rôles A et B. Soient deux énoncés, deux propositions, deux croyances qui semblent distinctes et incompatibles, voire opposées que nous appelleront rond et carré. – A : « Je te dis que c’est carré qui est … Continuer la lecture

Soient deux personnes endossant les rôles A et B.
Soient deux énoncés, deux propositions, deux croyances qui semblent distinctes et incompatibles, voire opposées que nous appelleront rond et carré.

- A : « Je te dis que c’est carré qui est vrai ! »
- B : « Non ! C’est rond qui est vrai ! »

Parfois survient une troisième personne, qui par une inspiration subite, prend le rôle C.
- C : « Je crois comprendre les arguments qui permettent de penser que c’est carré qui est vrai. J’y vois beaucoup de choses convaincantes. Je crois également comprendre les arguments qui permettent de penser que c’est rond qui est vrai. J’y vois beaucoup de choses convaincantes aussi. Et je pense voir des failles dans chacun des deux raisonnements. Je ne suis pas en état de décider si carré est vrai, si rond est vrai, ou si c’est quelque chose d’autre qui n’a pas été envisagé. Ca me semble une question très compliquée, je pense que ça peut être intéressant d’y réfléchir plus longuement. En l’état actuel des choses, j’affirme que je ne sais pas. »

- A et B, s’adressant simultanément à C : « TRAITRE, ORDURE, VILEBREQUIN ! TU CROIS QUE C’EST », A : « ROND ! » et B : « CARRE ! »

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Epilogue :
- C, in petto : « Donc c’est bien ça. Ce sont vraiment tou.te.s des abruti.e.s. »

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Post-épilogue en commentaire.

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Pourquoi le spécisme   

Si une seule espèce d’animaux non-humains acquiérait la capacité de se fédérer, d’établir des stratégies complexes ou d’utiliser la force physique pour menacer les intérêts des humains, alors les humain.e.s les écouteraient. Les humain.e.s cèderaient, iels déclareraient que les individus … Continuer la lecture

Si une seule espèce d’animaux non-humains acquiérait la capacité de se fédérer, d’établir des stratégies complexes ou d’utiliser la force physique pour menacer les intérêts des humains, alors les humain.e.s les écouteraient. Les humain.e.s cèderaient, iels déclareraient que les individus de cette espèce ont une individualité, une subjectivicité, le droit de vivre libres.
Iels le feraient parce que c’est de cette manière que tous les combats pour la libération des opprimé.e.s, humain.e.s parmi les humain.e.s, ont toujours été menés pour atteindre leur objectif. Lorsque les esclaves noir.e.s ont pris les armes. Lorsque les femmes sont descendues dans la rue pour réclamer leurs droits. Etc.
Et parce que c’est toujours lorsque le rapport de forces n’était pas suffisant pour menacer les oppresseurs, pas suffisant pour que les oppresseurs reconnaissent l’individualité, la subjectivité et le droit de vivre de leurs victimes, que les opprimé.e.s ont subi leur oppression durablement, et souvent même jusqu’à l’oppression totale, jusqu’à leur invisibilisation absolue : l’extermination physique.

Si une seule espèce d’animaux non-humains acquiérait cette force suffisante pour nous faire reculer de peur, pour se libérer de notre joug, tous les sophismes de défense du spécisme et du carnisme s’annuleraient d’eux-mêmes. « La nature », « La chaîne alimentaire », « Ils se tuent entre eux », « On l’a toujours fait », « Ils sont stupides », « Ils ne sentent rien », « Y a plus grave », etc. Tout se révèlerait immédiatement absurde, faux, honteux. Tout s’évaporerait. Toute l’hypocrisie, tout le déni, toute la mauvaise foi, tout le cynisme, toute la passivité, tout l’égocentrisme.

Et on se sentirait alors tellement vertueux de leur laisser la paix, de leur céder la liberté par pur altruisme, par éthique, grâce à notre Force Morale et notre Puissance Intellectuelle tellement uniques, qui nous auraient permis de leur reconnaître le droit de vivre libres. Enfin.

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Edit du 19/03/2015

Au passage, si ça n’apparait pas assez dans ce qui précède : Les animaux (autres qu’humains) luttent aussi pour se libérer de la domination humaine, tout autant que les groupes humains opprimés luttent contre leurs oppressions respectives.
Ils luttent en essayant de fuir quand on les enferme, quand on limite leur liberté, au point qu’on doive inventer des technologies qui les retiennent dans leurs enclos électrifiés, dans leurs cages en métal verrouillées, dans leurs entrepôts. Les mères luttent quand on les sépare de leurs petits, elles hurlent, elles tentent de les suivre. Elles les cachent des humains, parfois, si elles en ont l’occasion. Les animaux chassés fuient, se cachent. Les jeunes en élevage castrés, écornés, ébecqués luttent, tentent d’échapper à la poigne des humains, crient. Les animaux pêchés tentent de se dégager des mailles, se débattent à l’air libre. Les animaux poussés dans des bétaillères freinent des quatre pattes, gémissent, se laissent tomber. Les animaux conduits jusqu’aux chaînes d’abattage en font autant, cherchent avec les moyens dont ils disposent à échapper aux humains, jusqu’à la dernière seconde de leur vie.
Ils luttent parce que c’est évidemment ce que fait n’importe quel individu sensible, conscient face à la souffrance ou la mort qu’on lui impose.

La seule différence entre les luttes humaines qui parviennent à des résultats et les luttes des autres animaux pour leur vie et leur liberté, c’est la quantité de pouvoir dont chacun dispose, les outils physiques, intellectuels, stratégiques qu’ils ont pour s’opposer au pouvoir des dominants. Suffisants ou pas.
Et les groupes humains opprimés ne disposent pas systématiquement non plus d’une quantité de pouvoir suffisante pour faire reculer leur oppression (Même si l’intérêt des dominants est toujours de croire et de faire croire que ce rapport de forces n’est pas suffisant, ce qui a pour effet à la fois de démotiver les opprimés de mener eux-mêmes leur lutte et de pouvoir détourner leur lutte en faveur des dominants, il se trouve que dans certaines situations et circonstances précises, c’est factuellement et manifestement vrai.).
Avoir accès à plus ou mois de pouvoir pour lutter contre sa propre oppression ne rend pas la lutte plus ou moins légitime, ni l’oppression plus ou moins grave.

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Madame Vastra   

Doctor Who (2005) – Saison 8 Episode 1 – Deep Breath


Doctor Who (2005) – Saison 8 Episode 1 – Deep Breath

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L’humaine humilité   

Manifestement, la pensée la plus complexe, la plus épuisante, la plus terrifiante, la plus impensable, la plus ignoble, la plus douloureuse, la plus destructrice, la plus inacceptable d’entres toutes pour un cerveau humain, quel qu’il soit, a toujours été et … Continuer la lecture

Manifestement, la pensée la plus complexe, la plus épuisante, la plus terrifiante, la plus impensable, la plus ignoble, la plus douloureuse, la plus destructrice, la plus inacceptable d’entres toutes pour un cerveau humain, quel qu’il soit, a toujours été et restera pour toujours : « Je ne sais pas. »
Tout, n’importe quoi plutôt que ça. Jamais.

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