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Archives mensuelles : août 2012
La pétoche des jetons de trouille ▼▲
Quand on n’est pas végétarien, qu’on a un peu réfléchi à la question et qu’on est plutôt d’accord, il reste que faire le grand saut, ça fout la chair de poule (Spéciste !), les boules (Sexiste !)… peur. Ça fout … Continuer la lecture
Quand on n’est pas végétarien, qu’on a un peu réfléchi à la question et qu’on est plutôt d’accord, il reste que faire le grand saut, ça fout la chair de poule (Spéciste !), les boules (Sexiste !)… peur. Ça fout trop peur.
Quand on n’est pas végétarien, qu’on n’a pas osé y réfléchir, et donc qu’on est plutôt pas du tout d’accord, c’est aussi parce qu’on a peur, mais ça reste inconscient.
Aux Estivales de la Question Animale, Isabelle Dudouet Bercegeay, ancienne directrice de l’Association Végétarienne de France en a fait une conférence sur le sujet. J’ai trouvé ça tout à fait intéressant, même si pour la plupart de ce qu’elle a dit, il s’agissait de choses auxquelles j’avais déjà réfléchi, mais l’avantage était surtout qu’elle avait pour sa part moultes années d’expériences et d’échanges concrets pour illustrer et clarifier son propos. Et donc, la voir formuler clairement et distinctement tout ça, et voir qu’il s’agissait de choses qui se vérifiaient parfaitement dans la pratique, ça m’a tout à fait réjoui. Voir qu’il s’agissait d’une bonne personne, antispéciste bien que le site de l’AVF ne dégage pas du tout cette image, donc sensible à l’argument premier (souvent inavoué) du végétarisme (C’est-à-dire la souffrance animale et le respect de leur vie.), mais « pourtant » réaliste, rationnelle et psychologue m’a fait un bien fou.
La retranscription de la conférence est donc disponible sur le lien ci-dessus, mais j’aurais bien aimé avoir accès à ses PDF ou un enregistrement audio aussi (J’ai eu la flemme de prendre des notes détaillées, même si ça m’a beaucoup intéressé… ). Tant pis.
Grosso modo, en résumé, elle avait décomposé les choses en un certain nombre de peurs (qu’elle avait regroupeés en blocs un peu schématiques, mais trop artificiels à mon goût. Je vais donc les éluder.). Des peurs qui empêchent les carnistes¹ ou omnivores d’admettre la justesse morale du végétarisme (donc d’y réfléchir). Ou bien qu’ayant réfléchi et senti sa justesse morale, des peurs qui empêchent de le mettre en pratique.
Les voici :
- remise en question personnelle
- peur d’exclusion
- conflit de loyauté avec les parents
- plaisir gustatif et convivialité
- difficulté de changer les habitudes
- vie sociale
- idées reçues concernant la santé
Bon, pour être honnête, je ne me souviens plus du contenu exact de sa conférence (Je ne sais pas si la retranscription écrite est très fidèle. Ça n’était évidemment pas facile pour la personne de tout retranscrire en temps réel.), mais j’ai l’impression qu’il y a une ou deux redondances. Je vais simplifier, à ma sauce, et dans un autre ordre :
1) Peur santé
Ça, clairement, puisque toute la société Française (ou presque) s’est liguée pour dire que les protéines n’existent que dans la viande (ou exceptionnellement dans le lait et les œufs), et que bref, le végétarisme (et encore plus le végétalisme²) sont dangereux pour la santé, notamment parce que, schématiquement, Ministère de la Santé et Ministère de l’Agriculture sont bons copains… (Et d’autres trucs, qu’on peut lire dans Bidoche de Fabrice Nicolino, par exemple. Mais faut pas le dire parce que ça fait conspirationniste… Enfin, suffit de jeter un coup d’œil à l’étranger pour se rendre compte qu’y a quand même des trucs bizarres dans la façon dont l’information nous arrive aux oreilles…)… Ben forcément, la peur santé, quand on n’a pas pris le temps de chercher plus d’infos, on l’a. Je ne vais pas m’étendre une énième fois. (Céréales, légumineuses, oléagineux, fruits et légumes variés, AVF, ADA, etc.)
2) Peur vis à vis des parents
Je préfère regrouper ici tout ce qui concerne les parents. Devenir végétarien, c’est forcément remettre en cause l’éducation morale que nous ont donnée nos parents, voire plus si leurs professions, pratiques et traditions sont directement liées à l’exploitation animale. C’est donc les accuser. C’est entamer l’image idéalisée qu’on a d’eux, les blesser, leur faire mal et se faire mal à soi aussi. Et c’est risquer bien sûr, le clash, la colère envers eux ou la colère de leur part. C’est un risque, donc une peur. Passer au végétarisme (au végétalisme, au véganisme) peut effectivement provoquer une crise familiale grave, surtout si le végé est profondément touché par la condition animale (et qu’il ressent donc comme une urgence de mettre fin à cette injustice où qu’elle soit commise, y compris dans sa famille) et/ou si les parents sont franchement c… conservateurs. Bref, c’est un risque, donc une peur. Ça ne m’est pas arrivé. Ça n’a pas provoqué de grand drame familial (juste quelques « irritations » au début, le temps pour eux de comprendre, de voir que j’étais sérieux et que « pas de viande », ça veut dire « pas de viande du tout »)… Je crois que ça s’était plutôt passé en douceur… Mais je dois avouer que ça commence à remonter à loin et que je commence à ne plus trop m’en souvenir. Mon coming out végétalien a été plus tendu, je crois (surtout de la part de mon frère, bizarrement…), mais là aussi, en quelques jours et quelques liens internet, c’était compris, réglé et accepté. (J’aurais peut-être dû commencer par ça, d’ailleurs. Imprimer les infos, et les avoir sur moi au moment du « coming out », plutôt que d’essayer de le faire passer en douce…). Bref, c’est chiant sur le coup, mais ça se fait, avec une famille ouverte et intelligente. J’ai eu des témoignages de végés, qui le sont devenus plus jeunes, et pour qui ça ne s’est pas passé aussi bien. Donc il y a un risque. Donc il y a une peur. C’est injuste, c’est nul, c’est un frein de plus pour une société plus éthique basé sur des motifs purement égoïstes, mais il existe. C’est triste, c’est comme ça. D’où la peur. Une peur naturelle, qui peut être dépassée si on sait à quoi on doit se préparer, et comment s’y préparer. (Informations, compréhension, psychologie, diplomatie, etc.)
3) Peur du rejet social
La peur de se démarquer, d’acquérir devant les autres l’image qu’on se faisait des végétariens : fous, hypersensibles, irrationnels, manipulés par une secte (Même pas besoin de donner un nom de secte ou de gourou : Dans l’imaginaire collectif, le végétarisme/végétalisme est une secte en soi…), déconnectés de la réalité (« sens commun = réalité »), extrêmes, ascètes, chieurs, malades, etc.
La peur des petits conflits réguliers, du besoin de se justifier (et de ne pas trouver les arguments, les premières fois), du risque de choquer, de blesser. La peur de ne plus pouvoir manger en société, au resto, ou chez les autres.
Personnellement, je m’en faisais tout un plat, mais finalement, petit à petit, par étapes, à force, on apprend à refuser la viande, et à expliquer pourquoi (et même à avertir qu’on n’en prendra pas). On assume, et on renverse l’image vers quelque chose de positif : On est quelqu’un qui a mené une vraie réflexion, qui a une foule d’arguments, qui a des valeurs morales, un certaine force de caractère, et qui a pris ses responsabilités. Et bien sûr, la durée du végétarisme appuie de plus en plus cette image. Plus le temps passe, plus ça devient simple. En 16 ans de végétarisme, oralement, je crois que je n’ai vraiment été insulté qu’une seule fois (d’une manière totalement idiote et sans colère). Trois ou quatre débats assez chiants dont je me souvienne. C’est à peu près tout.
(Pour être tout à fait honnête, je dois avouer que je n’ai pas avoué mon végétalisme à toutes mes connaissances. Officiellement -mis à part pour ma famille proche-, je ne suis toujours que végétarien. Ne parlons même pas du véganisme, personne ne connaît le mot…)
4) Peur de manque du goût de la viande
C’est vrai, la viande, y en a partout. Steak, jambon, pâtés, saucissons, blanc de poulet, miettes de thon, filet de machin et tout le bazar. Y en a partout, une demie douzaine d’animaux, mais des dizaines de préparations possibles… Et parmi tout ça, des trucs qu’on aime beaucoup. Donc quand on pense « Plus de viande ? », on pense aussi « PLUS RIEN DE TOUT CA ?!! MAIS JE VAIS MOURIR DE TRISTESSE !! ». Forcément.
Je vais vous apprendre un truc : Même sans viande, on peut encore manger ÉNORMÉMENT DE CHOSES. Et de bonnes choses. Des liens au hasard : Paf, pef, pif, pouf, puf… (J’en découvre en même temps, c’est cool… A vous de chercher la suite. Google est votre ami.)
Et je vais vous apprendre un autre truc : On n’est pas non plus obligé de cuisiner comme des dieux et tout le temps… Personnellement, hé ben… Du riz, des lentilles (différentes sortes), des pâtes (différentes sortes aussi), du tofu, du seitan, de l’houmous, du pain, des tomates, des patates, du chou, de l’aubergine, de l’avocat, des graines germées, des abricots secs, des pruneaux, des cacahouètes, des noix, des algues, des germes de blés, des laits végétaux, divers légumes, divers fruits… des tas de trucs, ce qui passe à ma portée, je mélange. Et c’est bon. Et quand je mangeais du lait et des oeufs, ben… Une pizza quatre chaussures, ça faisait bien l’affaire aussi.
Et je vais encore vous apprendre un autre truc : Si on a très peur de pas reconnaître son assiette sans le bout de viande qui doit aller sur le côté droit, on peut même y ajouter QUAND MÊME des bouts de « viande ». (Allez, oui, j’utilise le mot « viande ». Si « viande » est un mot qui permet d’enlever toute référence à l’animale, je ne vois pas ce qui empêcherait de l’utiliser pour des aliments de même texture mais végétaux.) DE LA VIANDE. Des similicarnés, comme on appelle ça, aussi. Des textures viandeuses à base de soja, de tofu, de tempeh, de seitan (pâte de blé sans amidon)… Des pâtés végétaux… Des saucisses… Et le reste.
(Et pour info, si vous vous décidez un jour, plus tard, à passer à l’étape suivante, c’est-à-dire le végétalisme, on vous rejoue la même avec les laits végétaux et les faux-mages.)
Et je vais encore encore vous apprendre un autre autre truc : Le goût s’apprend. Le goût évolue. Découvrir de nouvelles saveurs… Se passer de celles qu’on croyait gravées en nous, mêlées à tout un imaginaire, un univers inconscient qu’on avait construit autour… Un univers inconscient qui va prendre un autre parfum lorsque, dégagé de l’addiction, on aura la force de remplacer cette image par ce qui est VRAIMENT associé à la viande : La souffrance et la mort d’un animal. L’éthique remplace finalement sans problème la gloutonnerie incontrôlable. La viande perd son intérêt. Aujourd’hui, l’aspect et l’odeur de n’importe quelles viandes ne me font plus mais alors plus du tout envie.
Et je vais encore encore encore vous apprendre un autre autre autre truc : Vous êtes votre seul maître. Personne ne vous oblige à arrêter toutes les viandes d’un coup. Aucun juge spirituel ne sera là pour vous condamner à la pénitence. C’est à vous de savoir où vous allez, et à quelle vitesse. Vous voulez continuer à manger des poissons ? Vous ne voulez pas encore abandonner votre cuisse de poulet ? Pas encore, pas tout de suite… Hé bien, soit. Personne ne pourra vous en empêcher. Certainement pas les omnivores qui vous entourent. Pas même les poissons et poulets désignés. C’est comme ça, tant pis. Allez à votre vitesse. N’oubliez pas ce que vous avez décidé, ni pourquoi vous l’avez décidé, et la dernière marche sera sans doute beaucoup plus facile à monter que la première.
En ce qui me concerne, j’avais peur d’abandonner le poulet, le surimi, le thon et les sardines en boîte… Quelques jours avant mes 18 ans, je me suis autorisé un morceau de rillettes, un peu honteux mais « C’est tellement bon… ». Finalement, le poulet ne m’a pas manqué. Le surimi, je crois que je n’en ai jamais acheté. Une fois du thon ou des sardines, je crois (quand je me demandais encore si c’était si grave que ça de manger les poissons…). Pas deux, juste une. J’avais arrêté tout le reste, donc ça, ça m’a paru un petit pas grand chose, et qui était important. Au cours des deux années qui ont suivi, peut-être une demie douzaine de fois, j’en encore mangé de la viande (poulet, bœuf…) : Au resto, il n’y avait pas de choix, et je n’avais pas osé insister pour qu’on change de resto… Pression sociale… Et pendant 15 ans, j’ai continué à manger des coquillages quand mes parents m’en servaient, peut-être 3 ou 4 fois l’an. Très rarement acheté. Je n’ai jamais réussi à savoir si la sentience (sans connaître le mot, à l’époque) des coquillages posait un vrai doute. Je ne sais toujours pas. Mais puisque j’ai appris qu’ils ont des yeux, que j’ai moins peur pour ma santé, et que je me suis plus affirmé, je n’en mangerai plus.
Donc oui, ça fait 15 ans que je me suis désigné abusivement par « végétarien ». Mais vous avouerez que c’est tout de même plus facile… Et sans pression sociale, c’est bien végétarien complet que j’aurais été. (Et quoi qu’il en soit, sur les bivalves, j’ai toujours le doute de la sentience. Et je suis loin d’être le seul végane à l’avoir.)
Lancez-vous, allez à votre rythme, sachez ce que vous voulez et pourquoi vous le voulez, et vous verrez bien…
5) Peur de changer les habitudes
C’est vrai, il faut changer les habitudes. Tout changement d’habitudes, toute réorganisation fait peur.
Au resto, il faut vérifier la carte, chercher les quelques plats végétariens, et parfois même demander directement au serveur s’ils n’ont rien de végé. (Et parfois vérifier qu’ils ont bien compris que le poisson est un animal.)
Quand on se fait inviter à un repas, il faut prévenir qu’on ne mange pas d’animaux.
Quand on fait ses courses, il faut éviter le rayon bidoche et vérifier la liste d’ingrédients sur tous les plats préparés… Bon, alors là, faut que j’explique : Au début, on ne le fait pas. On regarde l’image et le nom du produit marqué en gros, et on se dit instantanément « Ah oui, ben OK, peut pas y avoir d’animal, là-dedans… ». Et au bout d’une demie douzaine de jurons (une fois chez soi devant la boîte ouverte en faisant sa popotte), on comprend que SI, les producteurs alimentaires sont des gros fils de $µ%ù£¤ de leur ~#@£¤ de £µ%§£¤$ et que OUI, on trouve des morceaux d’animaux tués, un peu partout sans aucune raison, balancés comme ça au hasard, pour le fun, parce que l’animal n’est désormais que de la matière première. Donc on prend le pli de vérifier la liste d’ingrédients avant d’acheter. Et ça devient un réflexe tout simple qu’on fait de manière automatique, inconsciemment. Et on s’en porte mieux. (S’il y avait, par exemple, écrit en tout petit dans la liste d’ingrédients : « Eau, beurre, sel, sucre, cyanure… Avertissement : Tu vas crever, mais on t’aura prévenu, tant pis pour ta gueule. », hé bien le végétarien, lui, il le sait… Et il rigole bien dans sa barbe en voyant l’omnivore d’à côté mettre la boîte dans son caddie.)
Et donc, on ne mange plus de viande. Ça veut dire que dans son frigo, on n’a plus de viande. On a quand même énormément d’autres choses, dans le frigo, mais plus de viande.
Et finalement, ben… On s’habitue et ça ne change pas grand chose.
6) Peur de la remise en question
La peur de la remise en question, c’est d’après moi le plus compliqué. C’est le plus compliqué, parce qu’on peut presque s’en passer. Mais si on s’en passe, alors on passe à côté de plein de choses, notamment de comprendre exactement pourquoi on est devenu végé. Et sans cette compréhension, parfois, on peut abandonner et se remettre à manger des animaux. On peut s’en passer en s’appuyant sur les arguments secondaires (santé, écologie, gaspillage…) et en abordant vite fait de manière abstraite la maltraitance animale. Sans réfléchir au fait de tuer, par exemple. Parce qu’on n’a pas trop envie d’y réfléchir, parce que c’est pesant, et parce que ça transformerait totalement notre vision de monde, de l’Homme et de l’éthique…
Certains omnivores la remarquent d’ailleurs tout-de-suite, cette grosse remise en question effrayante, et directement se jettent dessus pour aller jusqu’au reductio ad absurdum (Merci les Cahiers Antispécistes pour m’avoir appris ce terme…), en démontrant par des exemples absurdes qu’il est impossible d’avoir un comportement éthiquement parfait… Sauf que ces omnivores ne font que remarquer que l’univers est injuste et extrêmement complexe, pas que leur éthique actuelle est bonne et juste, pas même qu’il leur est impossible de changer simplement un de leur comportement pour rendre le monde meilleur et plus juste. Ils utilisent simplement des arguments permettant de relativiser la gravité de n’importe quel crime (ou acte d’oppression). A quoi ça sert d’arrêter d’être un salaud avec certains puisqu’on ne peut pas sauver tout le monde ?
Bref, cette porte ouverte sur la réflexion fait peur (bien qu’elle dénonce une injustice réelle et évidente), parce que l’issue de la réflexion n’est pas connue… Et c’est vrai. L’issue de la réflexion n’est pas connue. Potentiellement, pour la mise en pratique de cette réflexion, je dirais qu’elle est même infinie. Comme toutes les sciences, en fait… Non, l’homme ne saura jamais tout, mais ça ne l’empêche pas de continuer à chercher. Et l’antispécisme, accepter d’accorder de l’importance aux vies des animaux non-humains, c’est tout simplement une forme de science, de réflexion, de recherche éthique… (Sauf que contrairement aux sciences, en éthique l’Homme a la flemme de continuer à chercher. Ça ne l’arrange pas, c’est fatiguant et ça ne lui apporte à lui rien de concret.) Une recherche qui n’aura sans doute jamais de fin, mais dont l’objectif est de rendre le monde meilleur et plus juste. En commençant par les évidences : L’Homme peut se nourrir sans torturer et tuer. Sans torturer et tuer des animaux dont on observe facilement et manifestement la souffrance, le désir de vivre et l’existence mentale. Des animaux qui ont un cerveau et un système nerveux, et dont les études éthologiques prouvent de mieux en mieux leur existence mentale. Ce sont des évidences, donc commençons par celles-ci.
Mais cette remise en question, c’est aussi une remise en question terrifiante parce qu’atrocement culpabilisante : Si tuer un animal sans raison est un meurtre, alors nous sommes tous des meurtriers. Des monstres. Des serial killers psychopathes. Notre société, notre culture entière, sont basées sur le massacre de masse. Et la fameuse « nature » est elle aussi un lieu de massacres. Tout est massacre, tout est horreur. Le bien absolu n’est pas possible. Seul le mieux est réalisable. Ce serait tout de même bien plus sécurisant de considérer que la mort et la souffrance des animaux non humains sont anodines, et que seule la vie des humains (dont on fait partie, qu’on peut recenser, et qu’on arrive à soigner et protéger bien plus facilement) est sacrée. L’éthique spéciste est intellectuellement simple, facile à intégrer, rassurante, et nous offre la protection à nous-même et à nos proches³. Quand bien même elle nie la réalité. Quand bien même elle ne tient plus la route lorsqu’on se retrouve directement face à un animal non humain, un vertébré, un mammifère de préférence, les yeux dans les yeux, qu’on voit hurler, souffrir ou mourir, ou qu’on peut sauver ou éviter de tuer.
Mais remettre tout ça en cause, relativiser sur l’humanité, revoir tout ce qu’on a appris, revisiter toute l’opinion qu’on a de soi-même, et accepter l’incertitude sur ce qu’on pensait être un absolu, c’est terrifiant. Le déni et la schizophrénie empathique peuvent encore sembler préférables.
Face à la peur de la remise en question, je n’ai pas de solution à donner. Pour certains, la culpabilité et le constat flagrant de la réalité sont suffisants pour passer outre. Pour d’autres, c’est beaucoup trop lourd. Ils devront faire un autre chemin, se trouver d’autres motivations pour essayer le végétarisme en contournant cette culpabilité et cette remise en question… Et c’est plus tard, avec un peu de chance, lorsque leur pratique sera déjà en accord avec leur éthique, qu’ils seront capables de réfléchir, de réaliser et d’accepter, sans trop en souffrir.
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J’en rajoute une couche, à tous mes amis et lecteurs végé-friendly, qui se disent : « Oui, d’accord, tu as totalement raison, c’est vrai, c’est sûr… Mais moi, je pourrai jamais… J’y arriverai pas… Je suis nul-le… Mais quand même, je fais des efforts, je diminue ma consommation de viande. Et surtout du bio. »
Faire des efforts, c’est bien. Ça diminue l’impact environnemental, le gâchis. Et ça tue moins d’animaux. Et si c’est du bio (ou Label Rouge ou je ne sais quoi), ça les torture moins. Moins souvent ou moins fort. (Ça les tue quand même. Et pas gentiment. Personne n’utilise d’injection de morphine. Personne ne se contente de tuer des animaux très vieux et très fatigués, « en fin de vie ».)
C’est mieux que rien.
Sauf que devenir végétarien, ça n’est pas seulement ça. Ça n’est pas seulement diminuer sa consommation de chair animale (même si c’est le cas dans un premier temps, durant la phase de transition), et faire moins de mal. Ça n’est pas (que) réduire son impact négatif, sa culpabilité, de manière toute personnelle.
Être végétarien, devenir officiellement végétarien, le faire savoir, l’affirmer, c’est impacter la société. C’est utiliser son statut de référent moral.
Et là, j’utilise un terme que je viens d’inventer, je crois, qui est sans doute moche et con, mais que je vais expliquer : Ce que j’appelle « référent moral », c’est l’image morale de chacun d’entre nous qui sert d’exemple comportemental à l’ensemble des personnes qui nous entourent. Chaque omnivore est un référent moral qui défend le carnisme. Les enfants mangent de la viande et n’y voient pas (trop) de mal parce que leurs parents, et toute leur famille, et tous leurs amis à l’école mangent de la viande. Le comportement devient une norme morale. Ça vaut également pour tout un tas d’autres comportements : Le tri des déchets, l’économie d’énergie, la politesse, l’intérêt pour certaines causes humanitaires mais pas pour le SDF dans la rue, etc. (Mais je pourrais aussi prendre comme exemples toutes les mutations morales passées de la société : Les droits des enfants, des femmes, etc.) Tous les comportements qu’on observe chez les autres, ou que les autres affirment avoir, nous servent à nous définir moralement dans l’échelle « bon/méchant », et si besoin à nous recadrer vers la moyenne. Ne pas trop être méchant, mais ne pas trop sacrifier (ou menacer) ses intérêts personnels. La société nous sert de jauge morale. Et donc, chaque élément de la société est par lui-même un référent moral. Un référent moral qui peut d’ailleurs avoir plus ou moins d’importance selon le degré de proximité affective qu’on a avec lui, ou selon sa popularité, l’image positive ou négative qu’il dégage, etc. Dans un groupe, un végétarien affirmé, connu, visible, est donc un référent moral qui met en valeur l’idée de végétarisme et amenuise la légitimité de la morale carniste. Deux végétariens ont encore plus de poids. Trois… Quatre… Il y a fort à parier qu’à partir de 50%, la transition totale est imminente. C’est d’ailleurs ce qu’on observe : Dans notre société carniste, le passage au végétarisme d’un individu « pris de doutes » isolé prend des années. Mais plus le nombre augmente, plus le végétarisme se fait connaître, plus le nombre de végétariens dans la société semble augmenter, plus l’état d’esprit de la société change… On se met à réfléchir, le discours anti-viande prend sa place dans les médias… Tous les omnivores, presque sans exception, reconnaissent qu’il devient nécessaire de diminuer sa consommation de viande… Les végétariens sont mieux pris en compte par la restauration… Les alternatives à la viande se multiplient (simili-carnés, laits végétaux)… C’est d’ailleurs déjà bien plus avancé qu’en France dans des pays comme les USA, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume Uni, les Pays Bas, etc 4… Je ne parle même pas de l’Inde, qui est le paradis des végétariens… Et à terme : Dans un univers à tendance végétarienne (dans le milieu punk par exemple), la situation s’inverse, c’est l’omnivore qui prend les autres comme référents, se met à réfléchir plus facilement et plus vite, et fait la transition.
Bref, chaque végétarien compte, a un impact social et fait pencher la balance du bon côté.
On a besoin de vous.
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¹ Je crois que je ne l’ai pas encore explicité dans mes articles, alors que j’emploie souvent le terme (avec une once de mépris, faut reconnaître, même si c’est pas très gentil), mais le terme « carniste » n’est pas censé être péjoratif. Ça se réfère à l’idéologie du « carnisme » qui pose comme croyance que manger de la viande est quelque chose de « normal, nécessaire, naturel », même dans des conditions de vie où ça n’est manifestement pas nécessaire à la survie. Mélanie Joy, sociologue/psychologue américaine, a défini le terme en 2001, et en parle assez clairement ici. (Même si au fond, l’idée était déjà dans l’air avant ça, puisque j’ai lu dans un papier de 1989 des antispécistes Français, le terme « viandiste » qui prenait visiblement la même définition, notamment le principe d’idéologie.). Puisque le végétarisme est l’idéologie qui dit qu’on ne doit pas tuer un animal pour le manger si ça n’est indispensable à la survie, il est nécessaire d’employer un mot pour désigner l’idéologie adverse, majoritaire, dans laquelle elle baigne, pour pouvoir distinguer celle-ci malgré son omniprésence.
² B12 (Je suis du genre hyper prudent pour mes lecteurs potentiels…)
³ Elle est d’autant plus pratique qu’elle permet à loisir de sacrifier les autres animaux, leur infliger tortures et morts sans aucune limite -à condition de ne pas les exposer publiquement-, pour les plus anodins de nos caprices.
4 Mais faut reconnaître que La France est vachement plus au point que tous les autres pays cités pour la végéphobie.
Cherche pas… ▼▲
Ma mère, par exemple, était devenue végétarienne parce que, attablée à la terrasse d’un restaurant, elle avait « soudain vu des langoustes qui agonisaient en plein soleil, prises d’atroces soubresauts ». Cette scène l’avait profondément choquée, d’autant plus que la souffrance de … Continuer la lecture
Ma mère, par exemple, était devenue végétarienne parce que, attablée à la terrasse d’un restaurant, elle avait « soudain vu des langoustes qui agonisaient en plein soleil, prises d’atroces soubresauts ».
Cette scène l’avait profondément choquée, d’autant plus que la souffrance de ces bêtes était alors entrée directement en résonance avec sa propre douleur : ma mère était à cette époque atteinte d’une pathologie névralgique aiguë rare, non soignée.
Plus tard, après neuf années de végétarisme, lorsqu’elle se mit à gravement manquer de fer et à souffrir de maux de ventre, son mode d’alimentation fut aussitôt questionné. Ma mère m’a récemment écrit – les échanges épistolaires sont notre mode de communication privilégié :
[...] le médecin n’a pas accusé formellement mon régime pour le manque de fer. Il pensait que ce pouvait avoir une influence. Il ne m’a pas obligée à réintroduire la viande; il disait seulement que ce serait plus sage et m’a fait toute une description des avantages de manger de la viande. [...]
Selon elle, le plus pénible, au cours de sa période végétarienne (printemps 2000 à juillet 2009), ne fut pas les réactions du corps médical, mais le scepticisme constant de son entourage – amis, famille et connaissances -, et les manœuvres de certains pour tenter de la ramener à plus de lucidité, c’est-à-dire à un mode alimentaire ne les remettant pas en cause d’aucune façon -ça, c’est moi qui l’ajoute !
Ma mère réintroduisit les fruits de mer, puis la charcuterie.
Plus tard, beaucoup trop tard d’ailleurs, puisque maintenant, elle va probablement en mourir, on découvrit que son anémie avait pour origine une perte de sang due à un cancer de l’intestin grêle dont les métastases avaient essaimé un peu partout, le rendant incurable.
Ma mère ne s’était pas beaucoup documentée, et a toujours eu des difficultés à argumenter, à défendre ses choix : l’Autre l’impressionne vite. Elle a cependant eu un cran extraordinaire, pour tenir bon pendant environ neuf ans, dans son petit village de Haute-Savoie, pays de charcuteries et de gibiers.
Elle est de nouveau végétarienne, depuis le printemps 2010.
Sandrine Delorme, Le Cri de la Carotte 2011
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En France, être parent végétalien, c’est automatiquement faire preuve de maltraitance envers ses enfants. Donc les médecins ne vous donnent aucun conseil ni aucune information ¹ (puisqu’ils n’ont de toute façon pas la formation pour vous en donner), ils se contenteront de vous maudire, et s’ils agissent ce sera pour vous envoyer les services sociaux.
D’ailleurs, je suis sûr que si je vous dis « enfant végétalien », vous visualisez déjà un petit cadavre…
Au Canada, la Société Canadienne de Pédiatrie vous dira ceci.
La différence entre les deux discours est affolante… On a 30 ans de retard…
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Décompte ▼▲
J’ai mangé de la viande jusqu’à mes 18 ans, j’ai donc tué un peu moins de : – 1 ou 2 boeufs (ou vaches) – 7 moutons – 5 porcs – 190 poulets Probablement moins puisqu’un enfant mange moins qu’un … Continuer la lecture
J’ai mangé de la viande jusqu’à mes 18 ans, j’ai donc tué un peu moins de :
- 1 ou 2 boeufs (ou vaches)
- 7 moutons
- 5 porcs
- 190 poulets
Probablement moins puisqu’un enfant mange moins qu’un adulte. (Et le décompte de moutons est sans doute mauvais, j’ai toujours détesté la chair de mouton.)
Il doit manquer quelques autres espèces (oies, canards, lapins ?…).
Il n’y a pas non plus le compte de poissons (et autres animaux marins) qui doit être de quelques milliers. Sans compter les morts indirectes (pourcentage de perte avant d’atteindre l’âge d’abattage, viande jetée, poussins mâles étouffés/gazés/broyés à la naissance, etc.).
J’ai sacrifié plusieurs milliers d’années de vie d’autres animaux, inutilement, en seulement 18 de mes propres années.
Ces chiffres sont totalement abstraits, tellement élevés qu’ils ne peuvent retransmettre aucune réalité palpable à mon pauvre cerveau.
Les animaux étaient des individus réels, ils vivaient, ressentaient, n’avaient pas envie de mourir, et sont morts dans la souffrance.
(Note : L’image provient d’une tentative de campagne de Sodexo de Juin en faveur de la diminution de la consommation de viande à base d’affiches se contentant de citer des chiffres officiels; lequel Sodexo s’est ensuite rétracté après les protestations des agriculteurs de la trop effrayante FNSEA.)
Meuh ? ▼▲
Je crois qu’il est temps de faire un bilan. J’ai la cervelle qui fait des noeuds, et je n’ai pas grand chose à quoi me rattacher. Alors donc bilan. Bilan : Ma vie est proprement merdique. Ou salement merdique. En … Continuer la lecture
Je crois qu’il est temps de faire un bilan. J’ai la cervelle qui fait des noeuds, et je n’ai pas grand chose à quoi me rattacher. Alors donc bilan.
Bilan :
Ma vie est proprement merdique. Ou salement merdique. En tout cas, merdique. Tout autant professionnelle, qu’amoureuse ou sociale. Je méprise mon boulot, je n’ai pas de projet de vie, et je n’arrive plus vraiment à croire aux liens entre individus.
Quand je dis que je n’arrive plus à croire aux liens : Si vous êtes un de mes amis, n’y voyez pas une insulte, hein… J’apprécie certainement beaucoup les échanges que j’ai avec vous. Mais je sais parfaitement que les liens sont illusoires et furtifs. Les autres ne sont que des images pour soi-même. On les modélise, on leur donne une représentation déformée, très éloignée de la réalité. On les aime bien, avec l’image qu’on leur accorde, et on pense qu’ils ont de l’importance, qu’on tient à eux, et tout ça… Mais un jour où l’autre, on s’éloigne, on s’oublie, et les deux individus n’ont plus aucune importance l’un pour l’autre. Que ça soit la « faute » de l’un ou de l’autre, peu importe…. C’est comme ça, c’est illusoire. Les petits mondes propres à chacun sont toujours déconnectés les uns des autres. Ils n’interagissent qu’indirectement, brièvement. Ils sont, en vérité, totalement indépendants les uns des autres. En dehors de soi, rien n’existe vraiment, tout n’est que perçu, sporadiquement. Les liens n’existent pas.
Sans compter que, de toute façon, des liens, j’ai jamais été vraiment capable d’en créer et d’en entretenir, même illusoirement et furtivement.
Je ne crois plus aux liens, et je n’ai pas de projet. Je ne souhaite pas grand chose, je crois que je ne veux rien. Pas même mon bonheur. Pas même réussir ma vie. De toute façon, je ne sais pas ce que ça veut dire, « réussir sa vie ». Je crois surtout qu’on ne réussit sa vie, que quand on réussit à se faire croire qu’on l’a réussie. Mais quand je vois la plupart des « vies réussies », j’éprouve de la pitié. Je trouve les humains vraiment médiocres et limités, tous autant qu’ils sont, même les génies, mêmes des gens maintes fois plus intelligents que moi. J’ai l’impression qu’ils perdent tous ou ont tous perdu leur temps, et qu’il n’y a aucun moyen d’y échapper. J’ai l’impression qu’il faut juste faire preuve d’une infinie prétention ou d’une infinie naïveté pour croire l’inverse.
Et je ne souhaite pas mon bonheur, parce que mon bonheur, comparé à l’horreur incommensurable que vivent la majorité des êtres sensibles, serait totalement insignifiant. La majorité des êtres sensibles meurt effroyablement tôt. La majorité des êtres sensibles (humains ou non humains) connaît des souffrances que je ne serai probablement jamais capable d’imaginer. (Mais ne crions pas victoire trop tôt, il peut encore m’arriver pas mal de surprises… Ma mort se fera peut-être dans une souffrance intense, sait-on jamais.)
Bon… Dessiner, et même écrire des conneries, c’était bien, ça n’avait pas besoin de justification, ça faisait un petit univers qui se suffisait à lui-même. Ça me plaisait bien. Mais j’ai plus d’idées, je suis un effroyable flemmard, je n’arrive pas à maintenir une motivation constante qui me permettrait de progresser.
Et avec mes noeuds dans la tête qui ne cessent de progresser, ça ne va pas en s’arrangeant.
Bref, je crois que je ne veux rien.
La question que je me suis donc posée, c’est : Si je ne VEUX rien, est-ce que, pourtant, je DOIS quelque chose ?
Si je DOIS quelque chose, la question, c’est qu’est-ce qu’on peut « devoir » ? Qu’est-ce qui est de nature à être nécessaire par soi-même ? Dans l’absolu, rien n’est nécessaire. Les choses ne sont nécessaires que pour atteindre un but. Et dans l’absolu, le temps s’écoule toujours, un but n’est que passager, et il viendra même un jour où le monde s’éteindra…
Et pourtant, il peut exister quelque chose qui soit un but en soi, qui soit nécessaire de par soi-même. Et cette chose nécessaire, ce but, ce devoir, ça ne peut être que de nature éthique. Si on accepte qu’il y ait un but qui surpasse tout, ça doit être éthique. (Du moins, si mon égoïsme n’a plus aucune importance. Egoïsme que j’ai réfuté un peu plus haut. Donc pour moi, il ne doit bien rester que l’éthique.)
Bref… Je me suis dit, puisque je ne veux rien, puisqu’il faut que je sache ce que je dois faire de ma vie, que ce soit la détruire ou la poursuivre, par exemple, alors ce que je dois faire de ma vie, peut-être, c’est de l’optimiser éthiquement. C’est bien sûr tout à fait compliqué. Infiniment compliqué. Je ne sais pas, et je ne saurai probablement jamais comment l’optimiser totalement, parce que mon intelligence est limitée. Et il faut bien avouer que mon tempérament, ma personnalité fuyante est déjà un lourd handicap pour optimiser cette vie (que ça soit éthiquement, et même égoïstement si c’était ce que j’avais choisi). Mais ce que je peux voir, c’est qu’il y a déjà un puits de souffrances et de morts tout à fait futile, dispensable, et qui me semble relativement facile à réduire : L’élevage des animaux exploités par l’homme. Je suis capable de communiquer avec les hommes, je dois donc être capable d’en convaincre une partie d’arrêter de torturer et tuer inutilement, avec quelques arguments rationnels simples. Espérons. J’en doute encore, bien sûr, étant donné mon handicap relationnel. Mais si je n’essaie pas, alors je suis sûr de ne pas réussir. Donc il faut que j’essaie. Même si je n’y ai jamais trop cru, et même s’il est possible qu’un jour, je me mette à être à nouveau convaincu que j’en suis incapable. Pour le moment, je dois essayer.
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Mais trève de blabla :
Dans cette optique, depuis plusieurs mois, je lis des tas de choses sur la condition animale, le carnisme, le végétarisme, le végétalisme, le véganisme, la végéphobie, l’antispécisme, etc. dans le but d’amasser un maximum d’informations pour argumenter (principalement via internet pour le moment), et transmettre ces informations, et faire évoluer les mentalités. Je crois énormément à l’effet internet, sa vitesse de propagation sans commune mesure des informations, son effet catalyseur dans l’évolution fulgurante des idées, des mèmes sociétaux. (Je sais pas si ma phrase est très claire ou juste pompeuse, mais vous voyez l’idée…) Les idées se font leur propre chemin, sans pouvoir être contrôlées par un émetteur central. Elles sont traitées et retransmises par tous. C’est l’intelligence collective qui les fait évoluer. Je crois vraiment qu’internet peut tout changer, et casser le système de « traditions et habitudes » carnistes qui jusqu’alors se maintenait uniquement parce que les voix demandeuses de justice, qui s’y opposaient, étaient isolées et donc inaudibles.
Donc je me renseigne. Je lis. Et je regarde des vidéos, parfois. Je ne l’avais jamais fait, je me suis forcé à le faire, et ça m’a permis de comprendre pas mal de choses. Ça m’a permis de comprendre que l’image donne un peu de réalité à ce qui n’est qu’abstraction. Ça m’a permis de comprendre que le « chemin du végétarisme », ça n’est pas qu’une simple prise de conscience entre « Je dois/je peux manger de la viande. » et « Je dois arrêter de tuer inutilement, parce que je PEUX arrêter. », mais plutôt une infinité de niveaux de prises de consciences qui se succèdent. Et qui régressent un peu, parfois, avant de repartir. Prendre conscience de la réalité de l’impact de ses actes, impacts et actes qui sont multiples, et de… d’un entrelacs sans fin de réflexions autour de ce problème. En un sens, c’est infiniment passionnant.
J’ai lu tout le blog de l’Elfe, qui est généralement passionnant, mais qui m’a surtout permis de comprendre qu’on peut être végétarien (végétalien/végane) et intelligent, qu’il n’y a donc pas à en avoir vaguement honte, et surtout que le traitement qu’on fait subir aux animaux exploités est objectivement mauvais et injuste. Qu’il faut donc le faire cesser.
J’ai découvert L’AVF, qui est l’Association Végétarienne de France, qui fait donc la promotion du végétarisme en France, comme le souhaite au plus profond de lui-même n’importe quel végétarien normalement constitué… non pas pour gagner des sous, parce que s’il s’agissait de gagner des sous, y a des moyens infiniment plus simples que de faire la promotion du végétarisme, surtout en France… ni même pour diriger une secte, parce que c’est pas en faisant publiquement la promotion d’une pratique alimentaire simple, que n’importe qui peut pratiquer chez lui par lui-même, sans rien acheter, sans jamais rencontrer personne d’autre qui la pratique, qu’on réussit à former une secte et profiter du pouvoir que ça procure. (Non, pour monter une secte, il faut quand même savoir définir ce qu’on veut vendre, à qui, le nombre de membres qu’on veut diriger, les idées tordues qu’on veut répandre, les congrès qu’on veut organiser, la ou les communauté(s) fermée(s) qu’ont veut gérer. Bref, pour former un secte, on ne laisse pas les membres vaquer librement à leurs occupations dans le monde, sans jamais rien leur demander, en leur demandant juste d’arrêter de manger des animaux, s’il vous plaît, parce que c’est méchant….)… Non, l’Association Végétarienne de France ne fait la promotion du végétarisme que pour une seule raison : Parce que c’est bien, et parce que c’est juste, et parce que les animaux n’ont pas demandé à être tués et torturés. L’AVF vous donnera évidemment plusieurs autres arguments agréables (humanitaire, santé, environnement) qui sont vrais aussi et qui ne gâchent rien, mais au fond, on sait bien, une fois qu’on accepte de l’entendre, que le critère primordial, c’est essentiellement qu’on n’a pas besoin de torturer et tuer pour se nourrir.
J’ai découvert L214, qui est une association incroyablement couillue (ou « gonadée » si l’on préfère une expression moins sexiste) et intelligente. Intelligente dans sa stratégie. Couillue dans le fait que ses militants, profondément convaincus que torturer et tuer des animaux non humains est un mal, et qui ne peuvent donc rester insensibles devant la souffrance animale, des militants au moins végétariens (mais très probablement tous véganes), osent affronter directement les situations de tortures animales là où elles sont, c’est-à-dire partout, mais à l’abri du regard des « consommateurs », pour en témoigner, en tirer des images, des vidéos, des études, des compilations exhaustives d’informations réelles sur ce qui se pratique, ce qui existe aujourd’hui, principalement en France. Pour le moment, c’est l’association Française qui me convainc le plus. (Même si je tire aussi mon chapeau à toutes les autres.)
J’ai découvert les Cahiers Antispécistes, dont j’ai découvert progressivement quelques articles, puis commandé quelques numéros… puis commandé l’intégralité des 35 numéros parus depuis 1991. Pour le moment, j’en ai lu un tiers (le début et la fin). C’est complet, c’est diversifié, c’est rationnel, c’est cohérent, c’est intelligent. C’est écrit par des gens, par exemple, diplômés de l’Ecole Normale Supérieure, ou diplômés de tas d’autres choses. Des gens cultivés et gravement intelligents, en tout cas. On y trouvera souvent des références et traductions de sociologues, ou de philosophes anglo-saxons précurseurs célèbres de l’Ethique Animale, tels Peter Singer et Tom Regan. (La philosophie morale, une discipline à peu près inconnue en France… Même avec 20 ans de retard…)
Pour résumer rapidement : Le spécisme, un mot inconnu qui fait peur, c’est le fait de considérer arbitrairement que l’espèce est en soi un critère suffisant pour discriminer des individus par rapport aux autres. L’antispécisme, c’est le fait de combattre cette vision du monde, et de déclarer que le critère arbitraire de l’espèce ne justifie rien. Les philosophes antispécistes proposent aux contraires plusieurs théories, variées, qui dépassent le critère de l’espèce sans pour autant aboutir chacune aux mêmes conclusions.
Peter Singer, par exemple, probablement le plus connu d’entre eux, propose une Théorie Utilitariste des choses, qui consiste à dire que ce qui définit l’éthique, c’est le respect des intérêts de chaque individu, sachant que les intérêts varient immanquablement selon chaque individu, un ours n’ayant pas les mêmes intérêts qu’une poule ou qu’un homme… mais sachant aussi que tous les êtres sentients (capables de ressentir des sensations, la souffrance, le plaisir…) ont un intérêt à ne pas souffrir, et donc que le plaisir de manger un animal vertébré (forcément sentient) ne peut pas justifier la souffrance infligée à cet animal, d’autant plus qu’après une frustration passagère, ce plaisir gustatif peut être entièrement remplacé par le plaisir de manger des plats à base de végétaux.
Tom Regan, quant à lui, avec sa Théorie des Droits, considère que les intérêts ne sont pas suffisants pour définir l’éthique, et propose de considérer que chaque vie doit avoir une valeur en elle-même, qui lui offre des droits. On ne pourra donc pas considérer qu’un seul individu a le droit (que c’est juste) de tuer un autre individu pour récupérer le total de plaisirs du premier et l’ajouter au sien. Un individu avec une certaine somme de plaisir, n’est pas simplement l’équivalent de deux individus se partageant la moitié de plaisir chacun. Chacun a des droits.
Quoi qu’il en soit, peu importe la théorie et la direction que prennent les réflexions des philosophes antispécistes, tous commencent toujours par la première conclusion pratique évidente : Il n’est pas juste/moral de manger d’autres animaux si on peut s’en passer.
(Je pourrais encore développer pour mes lecteurs qui ne comprendraient pas encore en quoi consiste l’antispécisme, en leur expliquant que l’intelligence supposée des humains n’est pas non plus un critère suffisant pour justifier la discrimination envers les autres animaux, en prenant le cas particuliers des nourrissons et des handicapés mentaux profonds, que la conscience de soi ne l’est pas non plus, pour les mêmes raisons, ainsi que par le fait que les études en éthologie tendent de plus en plus à prouver que nombreux sont les animaux -porcs compris- à posséder la conscience de soi, et que la conscience de soi n’est de toute façon pas quelque chose de parfaitement défini, et aussi binaire, carré, délimité, que le suppose de manière simpliste la vision spéciste… mais si vous voulez en savoir plus lisez donc les Cahiers, ou même les philosophes et études d’éthologie directement à la source…)
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Hého, on a dit qu’on arrêtait le blabla :
Quand je me suis inscrit comme membre donateur à L214 (ou quand j’ai commandé l’intégrale des Cahiers, je ne sais plus), j’ai reçu une publicité pour les Estivales de la Question Animale. Et puis j’ai un peu fouillé sur le site.
Plus tard, en vagabondant sur des forums végés, j’ai à nouveau reçu un pub pour les Estivales.
Ensuite, via Facebook, j’ai vu la page des Estivales.
(Ceci est l’avatar des Estivales sur Facebook, et c’est sacrément bath.)
Au bout d’un long moment de réflexion, j’ai fini par poser des vacances à cette période, et me dire que j’allais envoyer chier pendant quelques jours ma végéphobie toujours latente et surtout ma phobie sociale incurable, et m’y rendre, à ces Estivales, ne serait-ce que pour voir en quoi ça consiste.
(Une vache qui pose une question, ça fait « Meuh ? », c’est donc une question animale, c’est pour ça, c’est très drôle, d’où le titre de cet article. C’est fin, c’est subtil. Applaudissements.)
Les Estivales de La Question Animale, ça existe depuis dix ans. Ça consiste en une semaine complète de conférences de philosophie, éthologie, sociologie et autres, sur le sujet donc, des animaux, du rapport des hommes aux animaux, et de la place des animaux dans la société. Symboliquement, philosophiquement, c’est ouvert à n’importe qui s’intéressant à la question. Je trouve ça normal et intelligent, et rassurant. Donc un éleveur, un chasseur, un boucher, s’ils s’intéressent à la question, auraient le droit d’y assister. Je crois que c’est arrivé quelques rares fois. En tout cas, il n’y a pas que des végétariens à y assister.
Maintenant, forcément, je m’attendais bien à y rencontrer une majorité de végétariens, une bonne partie de militants de la cause animale, et dans le tas, pas mal de véganes. (Ah oui, au cas où vous ne le sauriez pas, je précise qu’un végane, c’est un végétalien qui s’efforce autant que possible de ne pas exploiter non plus les animaux en dehors de l’alimentation, par exemple en évitant le cuir, la laine, les produits testés sur les animaux, et diverses choses… Mais je ne vais pas m’étendre. Ça n’est, en tout cas, pas si contraignant qu’on se le fantasme. Les véganes peuvent avoir un métier, une maison, une voiture et un ordinateur, comme « tout le monde ». Le but véritable du végane, c’est une transformation en profondeur de la société, bien avant la recherche de perfection personnelle.)
Mais en fait, je crois que je ne m’attendais pas à rencontrer 95% de militants, 95% de véganes et 95% d’antispécistes. Ce qui ne me dérangeait pas vraiment au fond, puisque je crois que je suis globalement végane (d’autant que le végane absolu n’existe pas), que j’ai probablement toujours été plus ou moins antispéciste (puisque depuis tout môme, j’ai presque toujours -et en tout cas de plus en plus- fait attention à ne pas tuer, autant que possible, les petites bêtes, et que si je n’ai mangé des animaux jusqu’à mes 18 ans, ça n’est que parce que j’avais le sentiment de ne pas avoir le choix, que si je n’ai abandonné le lait et les oeufs que récemment, c’est probablement pour la même raison… et qu’en fait, je n’ai jamais eu, je crois, de mépris envers les végétariens, ni vraiment les végétaliens, bien que j’aie, comme tout le monde, baigné dans l’idée propagée par la société et mes proches qu’il s’agissait de fous et de sectes… En ce qui me concerne, la seule question que je me posais sur le sujet, c’était : Est-ce oui ou non, physiquement possible ?).
Bref, j’étais presque dans mon élément, si ce n’est, bien sûr, que je suis phobique social, et que je n’ai donc jamais milité concrètement, en face à face avec des inconnus. Et que donc, je ne faisais pas partie des 95% de militants. Et que j’en suis encore, toujours, à me demander, si le militantisme, la distribution de tract, le contact avec les passants… si tout ça, c’est bien efficace, si ça sert à quelque chose, s’il n’y aurait pas une stratégie plus intelligente, rapide, rentable, productive… et si, en fait, je ne suis pas tout simplement trop lâche pour juste affronter la peur du ridicule, de l’incompréhension, de m’impliquer, de me fatiguer, de m’organiser, dans un but pourtant tout à fait louable : Tenter de mettre fin à la souffrance et de rendre justice aux animaux non humains… Si ça n’est pas, comme d’habitude, ma lâcheté et ma phobie sociale qui m’offrent sur un plateau tous les arguments invérifiables pour ne pas m’impliquer.
Durant cette semaine, donc, j’ai assisté à 9 conférences/débats, dont 4 au moins étaient tout à fait passionnantes, le reste étant en tout cas très intéressant, ne serait-ce que parce que je savais exactement pourquoi j’étais là, que toute information sur le sujet est bonne à prendre, et parce que, aussi, les débats avaient toujours quelque chose à apporter. Plus j’en saurai, et plus j’aurai d’outils et de matières pour agir.
Durant cette semaine, j’ai surtout rencontré des gens admirables. Des gens qui croient ce qu’ils font. Et ce qu’ils font, c’est consacrer leur vie à essayer de changer le monde, en mieux. Une bonne partie de leur vie, en tout cas. J’ai vu des véganes qui le sont devenus comme ça, tout jeunes, ados, en claquant des doigts, en se révoltant, sans trop savoir forcément ce qu’ils faisaient (au début) mais en refusant de continuer à tuer d’autres animaux. Personnellement, ado, j’ai pas eu ce courage, cette abnégation. J’ai vu des gens qui ont considéré que le combat contre cette injustice valait le coup de sacrifier leur vie sociale, d’accepter le conflit avec leurs proches, et de perdre, parfois, justement, les liens avec leurs proches. J’ai vu des gens touchants et sensibles. Je ne dis pas qu’on a besoin d’être touchant et sensible pour être végétarien/végétalien/végane, je dis que ceux-là, des militants presque innés, certains d’entre eux en tout cas, l’étaient. J’ai aussi vu des gens « drogués » au militantisme : anti-spécisme mais aussi anti-sexisme, anti-pub, anti-homophobie, anti-nucléaire… des gens dont le militantisme est la passion; mais des gens qui y consacrent toutes leurs ressources, leur temps, qui mettent aussi parfois leur santé en danger pour leurs luttes, et qui y ont visiblement consacré plusieurs années de leur vie (Combien ?…). J’ai vu des gens de tous âges (de 4 ans à 70 ? 80 ans ?), de toutes classes sociales (punks, profs, avocats, ingénieurs, étudiants, chômeurs, laborantins…). Même si en moyenne, beaucoup de jeunes, faut bien avouer. Et tous dans une espèce d’alchimie sociale totalement hors norme, décontractée, paisible, aimable. On mangeait végane tous les jours, à tous les repas, pas besoin d’angoisser. On avait notre dose de B12. Y avait pas de chefs, beaucoup d’autogestion. On était bien. Moi, le phobique social, j’ai discuté avec des gens, des inconnus. J’ai beaucoup écouté, mais j’ai aussi discuté. Pas beaucoup, mais un peu, et c’est déjà énorme.
Je ne dis pas que je me sentais parfaitement dans mon élément. Je ne me sentirai jamais dans mon élement, nulle part. Je suis phobique social, ça fait partie de moi. J’ai peur des gens. Je ne peux jamais faire totalement confiance. Et si je suis dans un groupe relativement homogène sur un aspect, j’aurai toujours besoin de me différencier de cet aspect. Et donc, là, oui, bizarrement, j’avais la sensation confuse, parfois, de ne pas faire partie du groupe, de me dire qu’ils croyaient trop en leur cause, que je ne saurais jamais m’y consacrer autant qu’eux, même si je devrais, je crois. J’avais à la fois peur et honte, parfois. J’ai donc eu besoin, à cette occasion, de remettre en question quelque chose en quoi je crois depuis tout petit, pour me sentir différent, paradoxalement. (Et aussi, il faut bien le dire, j’ai toujours besoin, tout le temps, de tout remettre en doute, de me demander « Et si je me gourais complètement ? ». Donc oui, continuellement, malgré tout ce que je lis, compulse, additionne et conjugue, je n’abandonne jamais complètement l’idée « Et si je me gourais complètement ? » pour chacun des points qu’implique le véganisme. « Et si le végétalisme n’était pas viable ? », « Et si je faisais plus de mal que de bien ? »… Mais c’est sans doute ce besoin et cette aptitude à ne jamais écarter la remise en question, dans n’importe quel sens, qui font que je serai toujours infiniment plus honnête et cohérent que n’importe quel carniste.)
Mais dans l’ensemble, je dois quand même dire que je m’y suis senti bien, que j’ai eu l’impression d’être parti un mois, et que j’aurais voulu que ça dure six mois de plus, et que ça m’a fait un gros pincement au coeur, de partir, de devoir partir, et de ne pas savoir comment partir. Et donc de partir en coup de vent.
Ces gens-là, je crois en eux, et je les admire.
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Un truc en apparté
Au cours des Estivales, je me suis rendu compte que David Olivier avait une vision très Singerienne de l’éthique au sens où il n’accorde d’importance qu’à la souffrance, mais pas vraiment à la vie en elle-même, et qu’en fait, le texte La personne et le tunnel de verre l’avait visiblement beaucoup marqué dans sa façon de penser. Je viens de me rendre compte que c’est normal que ça l’ait marqué, puisque c’est lui qui l’a écrit. En fait, je dirais même que sa vision des choses rejoint de banales constatations purement matérielles, un peu à la façon de Douglas Hoffstader (dont j’ai encore le bouquin, que je n’ai toujours pas lu…), comme quoi, finalement « l’essence de soi », ça n’existe pas.
(Note : Tout cet aparté va faire référence à des trucs que j’ai déjà dit des tas de fois, par exemple dans mes verbiages 1, 2 et 3, voire aux liens en commentaires de « J’ai Pas de Titre » que je n’ai pas compris parce que c’est trop compliqué pour moi.)
En gros, il part du fait que le monde est logique et matériel, que la continuité de l’individu ne peut pas être démontrée (elle s’observe seulement de proche en proche), et qu’il serait même possible de faire croire à un individu qui vient de naître qu’il a toujours été, tandis qu’on ferait disparaître auparavant l’individu dont il aurait les souvenirs, pour en déduire que, puisqu’on ne peut pas démontrer l’existence de l’unité individuelle, et que l’individu lui-même n’est pas capable de se la démontrer, alors elle n’existe pas.
Passons le fait que ça revient simplement à retomber sur toutes les questions que tout le monde se pose à peu près vers l’adolescence (plus ou moins quelques années), et auxquelles personne n’a jamais trouvé de réponse…
Sauf que moi, je vois énormément de raccourcis, et donc de failles, dans sa réflexion :
1) Il pose que la réalité est forcément logique.
Mais quelle démonstration parfaitement logique pourra me démontrer que toute démonstration parfaitement logique est forcément vraie ?
2) Il pose qu’on peut décider que certaines choses « existent » ou « n’existent pas », sans que soi-même, on soit pour autant obligé d’exister.
A partir de quels concepts peut-on définir le concept « exister » si on ne pose pas d’abord que c’est tout simplement « moi » qui suis la définition de « exister » ?
3) Il cherche à décomposer ce qui est « soi », par la personnalité, les souvenirs, la sentience, etc.
Pour étudier et décomposer « soi », on utilise quel outil ?… Soi. Pour étudier « soi », on utilise forcément « soi » comme outil d’analyse de base. Soi qui s’étudie soi pour savoir ce qu’est soi… On risque d’y passer quelques éternités avant d’arriver à un résultat…
4) Il parle du remplacement progressif de chaque atome du corps au cours de la vie. Mais il ne précise pas si la totalité des neurones sont vraiment tous remplacés au cours de la vie. Il pourrait suffire qu’un seul neurone subsiste toute la vie pour qu’on puisse admettre d’y loger « rationnellement » une âme, une individualité continue.
5) Il pose une expérience de pensée tout à fait théorique qui ne pourra jamais être réalisée. Il utilise l’exemple de la téléportation pour conclure que, puisqu’on ne serait pas capable de dire s’il s’agit d’une mort suivie d’une naissance, ou plutôt d’une continuation du même individu, et puisque personne, aucun observateur, pas même celui (ou ceux) directement impliqué(s) ne pourrait le démontrer, alors la continuité n’existe pas. Or, ça prouve seulement que c’est impossible à observer, détecter, mesurer et prouver. Ça ne prouve absolument pas que ça n’existe pas. (Sinon, il peut aussi se permettre de démontrer de la même manière que le monde n’existe pas quand il ferme les yeux.) Ma conviction d’être et de ne pas avoir cessé d’être moi est profonde, essentielle, impossible à remettre en question, mais aussi impossible à démontrer par un syllogisme, certes. Mais son expérience théorique ne démontre pas pour autant que cette conviction est fausse.
6) Ayant considéré qu’il a brillamment démontré que l’identité/l’individu n’existe pas, alors ça signifie que tout ressenti se vaut, tous sont équivalents et s’entrecroisent, indépendamment des individus. Pourtant, je suis désolé de le dire, mais cette idée ne correspond à rien. Je n’ai encore jamais de ma vie pu entrer dans autre chose que ma propre tête, pu accéder à autre chose que mes propres souvenirs (même si estompés par le temps).
7) Il oublie tout simplement qu’il n’est pas possible de supposer des ressentis, sensations, idées, etc. sans supposer un observateur pour les vivre. Il ne pense pas aux qualias. -Un terme bien pratique que j’ai découvert récemment pour désigner cette représentation interne qui n’a aucun lien concret avec la réalité extérieure-. Les dimensions visuelles, auditives, etc. sont des choses entièrement créées par le cerveau, uniquement observées par l’observateur « soi ». Elles n’ont rien de matériel, rien de quantifiable, de mesurable scientifiquement, mais elles existent pourtant et il est impossible de remettre leur existence en question. Et si elles existent, alors il faut qu’elles soient vécues par un observateur, qui doit exister lui aussi.
Il ne pense pas non plus au fait que le sens des informations ne prend de sens que s’il y a un observateur final, un soi, pour les comprendre, comme dans la chambre chinoise.
Il n’a pas compris que toute réflexion sur le soi est forcément source d’une infinité de paradoxes absurdes, comme je l’ai expliqué plus haut, puisque le soi est le postulat primordial indémontrable nécessaire à toute réflexion.
Et malheureusement, il finit en faisant l’erreur de croire que sa théorie ouvre une nouvelle réflexion vers une meilleure empathie entre tous les êtres vivants, alors qu’elle ne fait que nier la réalité des êtres vivants (sentients, « étants »). S’il était tout à fait honnête, d’après sa théorie, la mort n’aurait plus d’importance, pas plus que la vie, et les sensations ne seraient plus que des choses ponctuelles, instantanées et flottantes, indépendantes de tout, sans lien avec aucun individu, puisque les individus n’existeraient pas. Selon sa théorie, la souffrance et le plaisir ne seraient plus que des choses évanescentes dont on peut tout simplement se foutre royalement sans aucun remord. Selon sa théorie, rien n’a d’importance. Sa théorie ne devrait donc pas du tout du tout lui permettre de conclure que le véganisme, l’antispécisme, l’éthique et la justice envers tous les être sentients soient des choses nécessaires, mais plutôt que bien et mal n’existent pas, que tout est chaos, et que la mort et la souffrance, même de soi-même (qui n’existe pas) sont inintéressantes, indifférentes.
Alors qu’au contraire, ce qui permet de croire au respect d’autrui, à la justice, à l’antispécisme, c’est bien de comprendre que je suis, que je suis moi, que ma vie et ma souffrance ont de l’importance parce que je suis moi, et que la probabilité que les autres individus (dotés d’un cerveau ou d’un système nerveux centralisé) « soient » également me semble suffisamment grande pour admettre que je leur dois autant de considération que j’en porte à moi-même (du moins autant que je puisse leur en donner sans mourir ou devenir fou).
Son erreur, c’est tout simplement d’avoir fait preuve, comme presque (presque ?) tous les êtres humains, d’une infinie prétention en croyant que l’intellect, la raison (ou même toute autre forme de croyance ou réflexion humaines) est capable de tout analyser avec une acuité parfaite.
Malheureusement, la « raison » (ou l’esprit humain) n’est qu’un tout petit détail de « tout », elle est un élément de « tout » et non l’inverse¹. C’est la bouche du crocodile qui veut manger le crocodile entier.
(¹ à moins d’admettre le solipsisme. Le solipsisme pourrait effectivement être une réponse tout à fait logique. Je serais inconsciemment le créateur de tout, mon esprit -dont sa part inconsciente- SERAIT tout, donc il pourrait savoir et comprendre tout… Mais jusqu’à présent, tous mes efforts répétés pour effacer l’univers ont échoué. Donc je vais continuer à supposer que le monde existe en dehors de moi.)
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T’as pas bientôt fini, non ?
Et donc, et donc… Malgré tout, avec toutes ces réflexions et ressentis qui m’ont complètement tourneboulé la tête (comme d’habitude, peut-être), j’en suis arrivé à des conclusions qui limitent en quelque sorte la théorie de l’antispécisme. (Je dis « arrivé à des conclusions », pour simplifier. Mais ce sont probablement des pensées qui sont en moi depuis bien longtemps. Disons que je les ai plus clairement formulées et résumées.)
D’abord, qu’on soit bien clairs, je suis végé et rien ne me fera jamais changer ça. Je n’ai aucune raison de tuer pour manger. Je doute parfois, souvent, de tout, de la réalité du monde et de la possibilité objective du bien et du mal, OK… mais au pire, rester végé, ça ne fait ni bien ni mal, et au mieux, ça évite de causer de grands maux. Donc je resterai toujours végé. Si j’abandonnais ça, je crois que j’abandonnerais aussi toute autre forme d’éthique. Si l’éthique n’existe pas, il ne reste plus que l’égoïsme absolu.
Bref… Ce que je voulais dire, c’est que malgré tout, l’antispécisme (et les théories antispécistes) a (ont) des limites. Pas des limites rationnelles, de cohérence de raisonnement. Tenir compte des intérêts des individus, de leur sentience, admettre qu’on ne peut pas être sûr que tous les animaux ont une sentience, poser qu’il est infiniment peu probable que les plantes en ait une, mais sait-on jamais… Tout ça, c’est correct, ça se tient. Et en déduire que la première conséquence pratique à faire, c’est d’arrêter de manger les animaux quand ça ne met pas notre vie en danger, c’est correct aussi.
C’est correct aussi de dire que si l’abolition de la viande se faisait, et même l’abolition de toute exploitation animale (volontaire) on pourrait peut-être se mettre à penser à d’autres applications pour généraliser le respect des individus. On pourrait donner des droits aux animaux sauvages, chercher à en sauver un maximum, transformer, si on en trouve le moyen, les animaux prédateurs, pour que les espèces cohabitent sans heurts… ou peut-être tout simplement, qu’on n’n serait pas capables, que ça ne serait physiquement pas possible, mais que l’essentiel, c’est d’être capable d’y penser et de réduire au mieux la souffrance sur Terre… Et on peut même dire qu’en fait, toutes ces questions n’ont pas encore de réponse, mais que ça n’est pas l’objectif d’aujourd’hui d’y répondre. Et que l’objectif d’aujourd’hui, c’est simplement de faire comprendre à tous les humains que l’antispécisme est une nécessité.
Tout ça reste parfaitement cohérent.
Mais la limite, la vraie limite de tout ça, elle est psychologique. Et elle se pose de manière évidente pour les insectes et autres petits arthropodes. Les insectes, quand on discute avec un anti-spéciste, on se rend bien compte que de temps à autre, il en tient compte. Les antispécistes ne marchent pas volontairement sur les insectes. Ils évitent de les écraser. Ils ne raffolent pas des insecticides. Ils théorisent sur leur probable sentience. Moi-même, depuis très jeune, depuis que je me suis mis à attraper les sauterelles dans mes mains pour leur parler, en essayant de ne pas les blesser, j’ai fait attention aux insectes. En tout cas, de plus en plus. J’ai dû arrêter vers l’adolescence de tuer les petits arthropodes qui me faisaient peur (guêpes et araignées, par exemple).
Bref, les antispécistes tiennent compte des insectes. Et ils ont probablement raison, parce que les insectes sont vifs, s’adaptent aux situations, ont des sens exacerbés, communiquent entre eux, sont extrêmement complexes. Même si leur esprit est certainement très lointain des mammifères et autres vertébrés, les insectes ressentent très probablement la douleur, ont une forme de raisonnement. Très probablement, ils sont « sentients » et donc ils « sont ».
On pourrait relativiser sur la valeur de la vie des insectes de par leur longévité.
La longévité, c’est d’ailleurs un point qui est rarement abordé pour déterminer la valeur de la vie des animaux, mais c’est pourtant à moi un point qui me semble essentiel. Si une vie a de la valeur en soi au delà de la souffrance (par la théorie des Droits, ou par ma point de vue que j’ai expliqué plus haut, par exemple)… et si la valeur de cette vie est d’ailleurs, virtuellement infinie, puisque quiconque existe ne perçoit le monde qu’à travers sa propre vie. (Pour tout être sentient, sa propre vie est la chose la plus importante qui soit, sa propre vie, c’est l’univers.)… si la valeur de cette vie est infinie, elle est pourtant, aussi, délimitée par son espérance de vie, la durée qu’elle peut encore espérer.
J’explique : La vie est d’une valeur infinie, et donc la mort est le mal absolu, la peur ultime. Soit.
Mais parfois, la mort se présente comme inéluctable, imminente, et l’individu n’a alors plus d’autre chose que de l’admettre, cette mort qui s’approche. Et alors la mort ne devient plus un mal absolu, juste un point du temps qui limite la vie, et limite donc cette valeur de la vie. La vie possède donc aussi, paradoxalement, une valeur quantifiable de par sa longévité.
La mort d’un enfant est plus grave que la mort d’un vieillard. L’enfant pouvait espérer profiter plus longtemps de sa vie. Le vieillard a déjà vécu. Tuer un jeune animal est plus grave que tuer un vieil animal mourant. On ôte à l’un de très longues années de vie qu’il aurait pu apprécier, mais seulement quelques mois à l’autre.
(Note : Malgré ce problème de longévité, je n’entre pas dans un débat sur l’avortement, qui fait entrer d’autres facteurs à prendre en compte.)
La longévité est importante. Et on peut se rassurer en se disant que les insectes, arthropodes, et autres petits animaux ont une très courte espérance de vie. Mais ça n’est pas toujours le cas. Certains ne peuvent vivre que quelques jours, ou quelques semaines, mais d’autres plusieurs années. Et ils sont vraisemblablement sentients.
C’est donc un dilemme, un grave dilemme. Leur mort est un drame, mais… ils sont petits, trop petits, nombreux, trop nombreux… Notre capacité d’empathie et d’attention envers eux, même avec une vraie considération antispéciste rationnelle, et même sincère quand on observe de près l’un d’entre eux, ne peut être que proportionnelle à leur taille, et inversement proportionnelle à la distance qui nous en sépare ainsi qu’à leur nombre. On utilise des transports motorisés sans pour autant pleurer, malgré le nombre d’insectes qu’on tue à chaque voyage. Plus on en tue, moins c’est grave. Plus ils sont petits, moins c’est grave. Plus ils sont loin des yeux, et moins c’est grave.
Alors que c’est toujours aussi grave, mais le cerveau ne peut pas assimiler de telles informations, il en est incapable. L’intégrer serait un suicide mental.
Et c’est un point tellement tendu, tellement difficile à comprendre, que si on le garde trop à l’esprit, on peut se mettre à relativiser sur la valeur de la vie et de la souffrance des vertébrés. La sentience des gros animaux est plus probable, évidente. L’empathie est flagrante… Mais quoi ? Et si les deux sont réels ?…
(Ces trois derniers mois, j’ai écrasé au moins six gastéropodes, en marchant dessus par inattention. Je trouve ça sincèrement atroce. Je ne sais pas si j’ai marché sur des fourmis. Je ne sais pas combien ma voiture a tué d’insectes.)
Et pourtant, malgré la souffrance et la mort inquantifiable des tout petits animaux, ça n’enlève pas qu’en évitant de torturer les gros, on diminue globalement la souffrance et la mort sur Terre. Ça n’enlève pas qu’en refusant de tenir compte de la souffrance et de la vie des gros animaux, on rabaisse à rien l’éthique, quelle qu’elle soit, envers les hommes ou envers les autres animaux, parce que la confrontation directe avec la valeur de la vie d’un vertébré est toujours totalement évidente, flagrante, aussi forte que face à un humain, tellement forte qu’on n’a pas le droit de se permettre de l’ignorer. A moins de décider de choisir comme philosophie de vie l’égoïsme absolu.
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Allez, on va conclure ?
Je vais conclure en disant que cette semaine des Estivales de la Question Animale, que je ne regrette pas du tout d’avoir vécue, et qui, j’espère, aura énormément de conséquences sur ma vie, m’a permis de rencontrer des gens que je crois formidables, qui sortent de la norme, d’un système social de pensée basé sur une idée fondamentalement injuste, et qui met en relief des tas de processus psychologiques fascinants…
Il y a bien sûr toutes les formes de folies carnistes, dont je parle beaucoup (et dont je parlerai encore), qui servent à justifier et accepter de perpétuer une situation que tout le monde, j’en suis certain, ressent comme absurde ne serait-ce qu’au niveau inconscient. Il y a le fait que ces processus mentaux fonctionnent par couches de déni. Oui, des couches. Pas une simple forme de déni, mais des couches de dénis, qu’on élimine petit à petit, face à une quantité monstrueuse d’informations, désinformations et croyances. Des formes de dénis et des niveaux de prise de conscience, un enchevêtrement dont on ne sort jamais totalement, qu’on soit omnivore, flexitarien, végétarien, végétalien, végane… La prise de conscience totale, le destruction totale du déni, ce serait tout simplement de ressentir pleinement et constamment toute la souffrance du monde, mourir des milliards de milliards de fois, et comprendre de manière absolue l’impact réel de tous nos actes, et donc d’agir toujours au mieux de ce qui peut être… Ce serait être dieu. Mais on ne peut que nager, en faisant autant d’efforts qu’on peut, en acceptant de prendre conscience d’un maximum de choses du monde qui nous entoure, de nos limites, et des horreurs inconscientes qui font aussi parti de nous, pour agir à peu près au mieux.
Passer au végétarisme ou même végétalisme, c’est pas compliqué, intellectuellement. Ce qui est compliqué, c’est de vivre dans une société qui refuse de comprendre cette évidence éthique, de voir le mal qu’elle provoque. Ce qui est compliqué, c’est de vivre dans le conflit interne (ou externe).
Certains, beaucoup (et moi aussi la plupart du temps) décident de refuser le conflit, de ne pas affronter l’horreur de la société. En évitant une remise en cause totale. En restant omnivore, par exemple. Ou même en restant flexitarien (pour ne pas considérer que manger un animal est un meurtre gratuit, un mal absolu, même si l’effort de diminuer le mal est déjà présent en soi). Ou en restant végétarien (pour ne pas comprendre que lait et oeufs participent aussi à la mort et à la souffrance), mais pas végétalien. Ou en se choisissant des raisons plus douces, moins lourdes, moins conflictuelles, qui ne posent pas immédiatement la viande en meurtre objectif, telle que la santé, l’écologie… On verra aussi des végétariens « spirituels » qui voient leur refus de tuer comme un choix mystique de pureté personnelle qu’ils n’ont donc pas le droit d’imposer aux autres… Un moyen de transformer la mort et la souffrance en concepts abstraits… Et aussi, bien sûr, on verra des véganes à peu près cohérents avec eux-mêmes, mais démotivés, déprimés, fatigués d’avance, se croyant (ou se laissant croire) condamnés à vivre dans un monde immuable, et qui donc accepteront de pratiquer leur véganisme en silence plutôt que de militer… A l’opposé, on verra aussi des gens totalement impliqués, totalement militants, prêt à dépenser toute leur énergie pour ne pas se laisser aller à la « non-assistance à personne en danger », un peu effrayants peut-être par leur investissement, leur besoin de chercher à faire changer les comportements, mais des gens aussi qui croient en l’absolu de leur combat, qui voient le mal comme un mal objectif, et ont, parfois peut-être (pas toujours heureusement), perdu cette capacité à entrer dans la tête de ceux qui sont à l’autre extrême de l’échelle, une capacité de « schizophrénie mesurée » qui pourrait pourtant leur être bien pratique pour comprendre qu’on peut « pratiquer le mal » sans « être le mal », et qu’il faut déjà être capable de voir et accepter le mal pour ce qu’il est, avant d’accepter de changer.
Bref, merci système inique et horrifique, merci carnisme, merci à toi pour nous condamner tous autant que nous sommes à la folie pure.
Publié dans Les personnes qui ne se mangent pas.
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