Flexinawak

Le « flexitarisme », c’est un mot qui a été inventé au début des années 2010 parce que… on ne sait pas. Ca a été inventé, en tout cas. Ca sert à désigner le fait d’être végétarien.ne, mais pas tout le temps.
Pas tout le temps… Donc ça pose certaines questions…
Quelles sont les motivations ? A quelle fréquence peut-on s’autoriser de manger de la viande pour mériter l’étiquette de flexitarien.ne ? Quels animaux s’autorise-t-on à manger ?
Sous quelles contraintes cédons-nous à la consommation de viande ? Pression sociale ? Faim et impossibilité de trouver des alternatives dans l’immédiat ? Simple envie ? Dès qu’on on en a sous les yeux ?
Est-on flexitarien.ne si on mange de la viande une fois par mois ? Une fois par semaine ? Trois fois par semaine ? A seulement deux repas par jour (au lieu de trois) ?
Si un mangeur de viande invite un flexitarien à manger chez moi ou au resto, ou s’il l’invite chez lui, est-ce qu’il doit prendre en compte son végétarisme partiel ou est-ce qu’il doit se rappeler que le flexitarien est flexible et le pousser à manger/cuisiner de la viande ? A priori, la flexibilité doit servir à quelque chose…
Toutes ces questions restent entières, il semble que chaque flexitarien.ne ait ses propres réponses.

Bref, concrètement, le/la flexitarien.ne, c’est quelqu’un qui ne mange pas de la viande à tous les repas.
Et si tout le monde sur Terre était flexitarien, ce serait une transformation tellement radicale de la société et de nos comportements de consommateurs que… tout serait très exactement identique à la situation actuelle.
C’est un concept formidable.
Grâce au flexitarisme, la révolution est en marche !
Ah tiens, ça y est, elle vient juste de se terminer.

Voilà…

—-

Et maintenant quelque chose de complètement différent :
En ce qui me concerne, je tiens à dire que je ne suis pas un défenseur de la peine de mort. Je pense que les défenseurs de la peine de mort sont des fous dangereux, qui menacent la société avec des idées violentes et néfastes. La violence entraîne la violence, la haine entraîne la haine. Je ne peux pas accepter qu’on légitime la peine de mort, qu’on punisse le meurtre par le meurtre, qu’on se transforme collectivement en meutriers. Défendre la peine de mort est immoral.

Par contre, je pense aussi que s’opposer radicalement à la peine de mort est trop extrême. C’est un extrême de la non-violence dans lequel je ne me reconnais pas. C’est dogmatique et moralisateur. Tout n’est pas noir ou blanc. Il faut rester modéré et raisonnable. Ne pas céder à l’hypersensibilité ou à la phobie de la mort.

Je suis contre la peine de mort, sauf une fois de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal. Face à la peine de mort, je suis flexi-abolitionniste.

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(Ami.e lecteurice, du sarcasme se cache quelque part dans ce texte. Sauras-tu le retrouver ?)

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7 réponses à Flexinawak

  1. S dit :

    je suis flexi abolitionniste… et si je le suis c’est qu’il est existe d’autres, beaucoup, sans doute…

    • Personne dit :

      Je suis au regret de vous dire que le flexi abolitionnisme n’existe pas.

      Vous êtes pour le rétablissement de la peine de mort, telle qu’elle existait avant son abolition, tout simplement.
      Accessoirement, vous êtes d’une époque finie et complètement dépassée. Et je n’ai vraiment pas beaucoup de sympathie pour votre conception de la justice.

  2. S dit :

    J’ai sûrement dû constaté que les personnes les plus sympas avec moi ou entres elles n’étaient pas forcément véganes abolitionnistes au sens que vous l’entendez.

    • Personne dit :

      Bon, alors déjà, quand vous dites « Je suis flexi abolitionniste », vous parliez de l’abolition de la peine de mort (pour les humains), puisque dans cet article, le mot « abolitionniste » n’est utilisé que pour parler de l’abolition de la peine de mort, et non pas de l’abolition de l’exploitation animale.
      Donc je vous réponds que l’abolition de la peine de mort n’existe pas en version « flexi ». Si on milite pour un petit peu la peine de mort mais pas tout le temps (qu’il faut quand même garder la peine de mort pour certains crimes), on est pour la peine de mort. En France, lorsque la peine de mort n’avait pas été abolie, elle n’était plus que très rarement exécutée sur les dernières décennies. Ca n’empêchait pas des militants de revendiquer son abolition. Et les « flexi abolitionnistes » auraient tout simplement été ceux qui auraient argumenté POUR le maintien de la peine de mort.

      Comme j’avais compris que vous étiez favorable au rétablissement de la peine de mort, c’est ce qui m’a fâché.
      Je ne parlais absolument pas de « véganes abolitionnistes ».

      Ensuite, ce texte a un an et demi. Donc c’est chiant à re-commenter.

      Et enfin, il y a tout un tas de choses à dire sur le mot « abolitionniste » pour parler de l’abolition de l’exploitation animale. Ne pas confondre les francionistes (adeptes de Gary Francione) et les abolitionnistes. Les francionistes se sont appropriés le mot à leur sauce. Alors qu’il est également possible de revendiquer l’abolition de l’exploitation animale, et se retrouver ponctuellement à manger de la viande pour x ou y raison (pression sociale, pression financière, ou autre), sans pour autant défendre le maintien de ce « droit ».
      Là, le terme « flexitarisme », je le vois (voyais) surtout comme la volonté de se donner comme identité le fait de manger peu de viande, mais toujours un peu, et refuser l’éventualité d’en arriver un jour à ne plus jamais en manger. Donc refuser l’abolition. Refuser une société qui arrêterait de tuer. Et ne pas voir où est le problème dans le fait de tuer un individu sensible qui veut vivre. S’imaginer que si on tue moins, il n’y a plus de question morale à se poser.

      Maintenant, c’était mon interprétation de l’époque, et après tout, on peut aussi être « flexitarien » dans les faits dans la société actuelle, tout en souhaitant l’abolition.

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      Puisqu’on est parti là-dessus, voilà quelque chose que j’ai écrit aujourd’hui, ailleurs :

      « Il faut arrêter de céder le mot « abolitionniste » aux francionistes. Les personnes qui font la promotion du site de Francione « The Abolitionist Approach » et qui réutilisent son vocabulaire et ses idées, ce sont des francionistes, c’est tout. Pas des abolitionnistes, juste des francionistes.
      L’abolitionnisme, c’est purement et simplement de revendiquer l’abolition. Toute personne qui revendique à un moment ou un autre l’abolition est abolitionniste.
      Et même un.e mangeur/se de viande occasionnel, voire un.e éleveur/se ou un.e travailleur/se de l’industre de la viande pour une raison ou pour une autre (pression sociale, pression professionnelle, pression financière, difficultés de s’informer, etc.), si il/elle revendique l’abolition (donc l’abolition du meurtre des animaux et l’abolition de leur enfermement, chasse, pêche, élevage, abattoirs) est abolitionniste. Il n’y a rien d’autre à faire pour être abolitionniste que de revendiquer l’abolition, la souhaiter, en faire la demande politique, argumenter en défense de l’abolition. C’est la pure définition.
      Donc si un.e francioniste utilise le terme « abolitionniste » pour décrire son francionisme et réquisitionner le terme, il ne faut pas laisser faire. Il faut corriger « Tu es francioniste, c’est tout. Le mot ‘abolitionniste’ ne t’appartient pas. ». Il faut rétablir la définition du terme « abolitionniste » et ne pas refuser de l’utiliser pour soi-même.
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      Et il ne faut pas non plus se laisser avoir par la fausse opposition « réformiste » / « abolitionniste ».
      Francione a fait un goubiboulga absurde en inventant le mot « welfarisme » pour désigner le réformisme et le mettre en opposition avec l’abolitionnisme, alors que c’est un raccourci d’une mauvaise foi assez puante. Pour un philosophe, un tel manque de rigueur intellectuelle, ça craint beaucoup…
      Etre réformiste, c’est faire campagne pour des réformes de la condition animale. Mais ça n’implique pas de refuser de revendiquer l’abolition.
      Le contraire de « réformiste », c’est « anti-réformiste ».
      Et le contraire de « abolitionniste », c’est « anti-abolitionniste ».
      - On peut refuser l’abolition et refuser les réformes => les carnistes et spécistes de lvl max, les industriels/travailleurs de la viande qui veulent juste faire du fric
      - On peut souhaiter des réformes de la condition animale et refuser l’abolition, on est alors réformiste anti-abolitionniste => Les mangeurs de viande qui veulent continuer mais se sentent coupables, les carnistes et spécistes qui souhaitent qu’on tue un peu moins méchamment, les gentils éleveurs qui sont « hors système », les « c’était mieux avant »… (La majorité des gens, à mon avis.)
      - On peut souhaiter l’abolition et refuser les réformes, on est alors abolitionniste anti-réformiste. => francionistes
      - On peut revendiquer l’abolition et penser qu’il est utile (et à peu près inévitable) de passer par des réformes (progressives et de plus en plus ambitieuses), on est alors abolitionniste réformiste => la majorité des militants des droits des animaux dans le monde »

  3. Vincent Berraud dit :

    Si tout le monde devenait flexitarien, les consequences seraient gigantesques – bien plus d’alternatives vege partout et moins d’animaux tues. Deja maintenant, c’est, a mon avis, en grande partie grace aux flexitariens que ces alternatives se developpent.

    Rien que de renoncer a manger des oiseaux, meme si on remplace la part de viande par du cochon ou de la vache, reduit le nombre d’animaux typiquement tues par an de maniere significante.

    Il est important que la consommation de produits animaux baissent et je pense qu’en appreciant les pas en avant, on y arrivera plus facilement.

    Pour les animaux epargnes, il n’y a pas de difference si la personne est flexitarienne ou vegane.

    Enfin, un flexitarien ayant deja en partie change sa pratique pourra logiquement etre plus facile a convaincre de faire un peu plus pour les animaux qu’un mangeur de viande typique, il me semble.

    :)

    Vincent

    PS – site « Reducetarian » que je trouve excellent: http://reducetarian.org/

    • Personne dit :

      Le sens de ce texte, c’est que d’après la définition du mot, tout le monde est DEJA flexitarien.

      Diminuer la consommation et le nombre d’animaux tués, c’est très bien. Connaître les chiffres exacts pour cette diminution, c’est très bien aussi. Mais le terme flexitarien en lui-même ne signifie rien. Je suis complètement d’accord pour qu’on milite pour réduire la consommation du nombre d’animaux, qu’on multiplie les alternatives pour que les gens mangent moins de produits animaux, qu’on fasse la promotion du lundi sans viande ou du jeudi sans viande. Ce que je dis (disais), c’est que le mot « flexitarien », lui, n’a probablement pas grand avenir. Parce qu’on ne peut pas poser une définition ou une identité (puisque c’est un peu le besoin de l’identité, là, qui a provoqué la naissance du mot « flexitarien ») sur ce mot. On va se retrouver avec des flexitariens qui mangent de la viande seulement chez les amis, une fois par mois, et des flexitariens qui ne mangent pas de viande le jeudi midi mais à tous les autres repas de la semaine. Des flexitariens qui ne mangent pas de poulet, et des flexitariens qui ne mangent que du poulet. Et on n’aura avancé nulle part.

  4. Personne dit :

    Et puis ce texte s’adressait aussi aux « flexitariens par conviction », les personnes qui refusent d’imaginer qu’on arrête un jour de tuer, qui refusent l’abolition, et qui déclarent que le véganisme et le végétarisme sont trop extrêmes, et que pour rester modéré, il faut continuer à tuer.

    Il y a une grosse différence entre :
    - établir des stratégies pour avoir un impact massif sur les consommateurs, et amener à une réduction collective de la consommation de produits animaux, sans prôner spécifiquement le véganisme (parce que ça n’est pas forcément le plus efficace), pour avoir un impact concret immédiat sur l’industrie de la viande
    - reconnaître que ça n’est pas forcément facile au quotidien d’être végétarien strict ou végane, selon les contraintes (variables) auxquelles on est exposé, reconnaître que la difficulté n’est pas la même pour tout le monde, reconnaître qu’il vaut mieux faire de son mieux que ne rien faire du tout
    - et s’adresser directement aux arguments qui sont utilisés par l’ensemble de la société pour défendre le carnisme/spécisme, pour décrédibiliser les arguments moraux du végétarisme/véganisme et refuser d’envisager l’abolition de l’exploitation animale

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