Indubitablement

Démonstration en trois temps :
- Seuls les suicidaires savent qu’ils vivront un jour le seul rêve qu’on ne peut pas regretter ni détruire.
- Tous les autres savent qu’ils vivront un jour le seul drame dont on ne peut pas se relever.
- Donc les suicidaires sont certainement les personnes les plus heureuses au monde.

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5 réponses à Indubitablement

  1. Ça impliquerait que pour être heureux, il faut simplement être sûr que la chose qu’on espère le plus finira par se réaliser.

  2. En fait, les suicidaires seraient un peu comme des croyants.
    Au lieu d’avoir foi en la vie éternelle, ils sont sûrs de mourir.
    Dans les deux cas, ça les rend… heureux, sereins, ou autre.

  3. Personne dit :

    En vérité, mon raisonnement est volontairement biaisé :
    - Les suicidaires sont généralement poussés à vouloir mourir parce que la vie leur est insupportable, donc poussés par la souffrance, donc pas spécialement heureux à la base. La souffrance et le « malheur » sont donc intimement liés à ce souhait de mourir. Sans souffrance, en étant heureux, il n’y a plus de raison d’avoir un tel souhait. (En fait si, il peut y avoir d’autres raisons, mais la souffrance est généralement la raison essentielle.)
    - Savoir qu’ils vont mourir, quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas, devrait calmer un peu leur souffrance. Ce n’est pas le cas, parce que la mort ne résout pas tout (Elle ne résout pas la situation des survivants, si le suicidaire a encore un peu d’affection pour eux, ou si le souvenir qu’ils vont garder de lui lui importe.), et parce que l’attente jusqu’à la mort n’est pas agréable, voire cause de souffrance. (Lorsqu’on souffre physiquement intensément, même si on sait que c’est passager, on ne se sent pourtant pas heureux…)
    - Personne ne sait ce qu’est la mort. Personne ne peut l’imaginer. On ne peut pas souhaiter réellement la mort puisqu’on ne peut pas réaliser ce que la mort signifie. On souhaite quelque chose qui a la silhouette de la mort. On peut se donner la mort sans savoir ce qu’on fait, peut-être sans y penser. Donc la plupart (tous ?) des suicidaires veulent mourir, mais gardent au fond d’eux une part de peur et l’envie de ne pas mourir. Le cerveau n’est pas une chose binaire. Donc on peut vouloir (sincèrement) mourir, savoir qu’on va mourir, et être malheureux de devoir mourir.

    Mais n’empêche que lorsqu’on est suicidaire, en grosse phase de déprime, savoir que la mort viendra forcément, et même que le temps s’écoule quoi qu’on fasse, ça permet de relativiser face au reste et de reprendre un peu pied (et donc de presque reprendre goût à la vie).

    Au fond, on pourrait même en faire un système ondulatoire :
    J’aime la vie -> J’ai peur de mourir; Or je vais mourir -> Je suis malheureux -> Je veux mourir; Or je vais mourir -> Je suis heureux -> J’aime la vie…
    Et le plus drôle, c’est que je crois que ça arrive en fait à pas mal de monde… (J’ai connu une dépressive qui était suicidaire parce qu’elle était terrorisée par la mort. Et je me demande si les bipolaires n’ont pas ce genre de schéma de pensée…)

    Et en ce qui concerne les croyants, je me demande si, au fond, ils ne savent pas qu’il n’y a rien après la mort. Je me demande seulement, je ne sais pas. Mais il y a énormément de choses qu’on admet par facilité, pour vivre, tout en ayant conscience, au fond, qu’elles n’ont pas de base sérieuse, pas de raison concrète, ou même que c’est un flagrant mensonge. (Exemples : J’admets que le monde existe et que les autres existent. J’admets qu’il faut vivre coûte que coûte. J’admets que je ne suis pas un monstre, que je mérite de faire partie de la fraction d’êtres vivants hyper privilégiés. J’admets que l’amour est une vérité. J’admets que faire un enfant est une belle chose. J’admets que je peux profiter de mon confort même si le monde court à sa perte. J’admets qu’en règle générale, quand plusieurs opinions/idées/cultures s’opposent, c’est moi qui suis du bon côté.).
    C’est juste plus simple, et parfois obligatoire.
    La religion est une de ces choses, elle simplifie la vie. Mais parfois, on l’abandonne, ou on change de religion. On bien on va vers elle quand on en a besoin, alors que jusque là, on n’y avait jamais cru. Pourquoi choisir une religion plutôt qu’une autre ? Sur quels arguments vérifiables ? Et pour y rester, on ne se base que sur une chose, une espèce de loyauté irrationnelle qu’on s’interdit de remettre en question : La foi. Ou même on fait des concessions, on tolère les croyances ou non-croyances des autres. (Alors que c’est dans la nature même de la religion qu’il y a nécessité de convaincre les autres qu’on a raison. L’enjeu est trop important. Ne pas essayer de les convaincre, c’est les laisser à la damnation. Et pour cette raison, je comprends tout à fait les fanatiques de tous bords… C’est terrible, mais ils n’ont moralement pas le choix s’ils y croient vraiment. C’est l’inverse qui me semble étonnant.). Pour moi, tout ça pourrait être un indice qu’on fond, les croyants savent, inconsciemment, que c’est un peu de l’auto-persuasion. (Mais je ne fais que supposer, je ne sais pas.)

  4. On peut croire sincèrement, et adhérer à une religion tout en se disant qu’elle n’est pas universelle, mais qu’il faut en choisir une alors comme on est attaché à celle là culturellement…
    Bon c’est un truc que j’ai du mal à comprendre, la religion. Je peux concevoir qu’on s’imagine qu’il y ait un Dieu, au sens d’entité transcendante, ou un truc du genre, mais l’idée d’un Dieu qui s’occuperait de nous me semble complètement absurde, donc idem pour les religions. Je suppose que la croyance est une tambouille personnelle. Mais si on ressent le besoin de communier avec d’autres gens pour atteindre un je-ne-sais-quoi spirituel, alors faut bien rejoindre un groupe revendiquant un corpus d’idées pré-définies. Donc j’imagine qu’on peut adhérer à une religion tout en relativisant, se plier à ses rites tout en s’imaginant que s’il y a un Dieu miséricordieux il ne damnera peut-être pas tous les non-baptisés. D’ailleurs ils sont censés, s’ils sont justes, rejoindre le premier cercle des enfers, où il sont simplement voués à une vie éternelle sans désir et sans plaisir, si je me souviens bien. C’est pas si terrible.
    Enfin je me base, pour imaginer ça, sur ce que je peux concevoir qu’on puisse croire. Après pour ceux qui croient en un vieux barbu qui dirigerait nos destins, ça me semble dépasser le bon sens, donc je n’irai pas chercher une logique ou une cohérence derrière.

  5. Personne dit :

    (Je crois que j’avais beaucoup de choses à répondre, mais comme j’ai attendu deux semaines avant de m’atteler à la tâche, j’ai tout oublié…)
    Oui, concernant la religion, le plus que j’ai pratiqué, ce sont quelques cérémonies de mariages et enterrements catholiques, je n’ai jamais cru en dieu, mes parents étaient déjà athées (même si pratiquants dans leur jeunesse), et je crois que je n’ai jamais cru au Père Noël non plus… Donc, tout comme toi, difficile de me mettre dans la peau d’un croyant…
    Mais alors, juste, concernant les cercles des enfers… Déjà, je crois que le principe des enfers n’est plus trop en vogue chez les catholiques de nos jours, mais il reste que pour entrer au Paradis, il faut être baptisé. Sinon ?… Je ne sais pas ce qui est convenu. Soit c’est le purgatoire, soit l’âme est désintégrée, je ne sais pas. Normalement, le purgatoire est là pour racheter certains péchés pas trop graves, dans une espèce d’attente neutre et simplement chiante qui dure… x dizaines ou centaines d’années selon les péchés. Pour le non baptisés, je ne sais pas. Et en fait, je ne suis pas sûr non plus que le purgatoire soit encore enseigné.
    Ensuite, les cercles des enfers, je crois que c’est seulement Dante qui s’est amusé à décomposer l’enfer de cette façon, en 9 cercles. Il me semble que pour ses contemporains, l’enfer n’était qu’un seul lieu, plus ou moins homogène, où vont tous les méchants non repentis, pour y subir une souffrance pas bien définie pour l’éternité.


    Bon, après recherches, finalement :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Enfer#Selon_le_christianisme
    J’ai pas tout lu, mais depuis 2007, c’est officiel, le pape a validé que n’importe qui peut aller au paradis, baptisé ou pas, pourvu qu’il se repente de ses péchés.
    Pour moi, ça ira. Dieu, je l’emmerde, mais comme je regrette sincèrement chacun de mes gestes, chacune de mes paroles, et chacune de mes pensées depuis ma naissance, ça devrait faire l’affaire.

    Non, en fait, je mens, je n’emmerde pas Dieu :
    Si Dieu existe, il faut qu’il soit tout. S’il n’était pas tout, il ne serait qu’une créature extrêmement puissante (mais pas omnipotente) qui dirigerait le monde dans lequel j’évolue, dans certaines limites. Ce ne serait donc qu’un être fini, qui appartiendrait à l’univers au lieu de le contenir, qui ne l’aurait donc pas créé, et qui n’aurait donc aucun intérêt en tant que « réponse à tout ». Une telle créature peut exister, mais elle ne sert à rien, conceptuellement. Elle n’est pas « Dieu ». Il lui faudrait un supérieur, un sur-Dieu, pour expliquer tout le reste. Pour que Dieu soit Dieu, il faut qu’il soit tout. S’il est tout, il est moi aussi. Et s’il est moi, je suis Dieu.
    Donc si Dieu existe, c’est moi.
    J’avoue que ça ne m’arrangerait pas beaucoup… Si je suis Dieu, je suis actuellement dans un état second, je me crois humain, je limite ma connaissance, je me manipule, je laisse mon inconscient gérer « l’univers ». Mais je dois être capable de récupérer la conscience de mon omnipotence et de mon omniscience. Mais si je suis Dieu, quel intérêt d’exister et d’agir ?… Tout n’est que moi, donc rien n’a d’utilité, rien ne me dépasse, je ne peux pas avoir le moindre objectif, tout ce que je veux peut (ou pourrait) être immédiatement réalisé, donc je ne peux rien vouloir, et je serai éternellement seul, autant tout effacer…
    Mais au moins, ça prouve que je n’ai pas besoin de perdre mon temps à me vénérer.