Comme vous l’aurez remarqué (si vous lisez ces lignes), je ne dessine plus et je n’écris plus trop non plus. La raison en est que depuis quelques mois :
- Je me suis rendu compte que se passer de viande n’était pas suffisant pour que l’élevage (et l’abattage) diminue véritablement. Après 15 ans de végétarisme, je suis donc devenu presque exclusivement végétalien (presque, parce que je ne peux pas contrôler parfaitement tout ce que je mange, la façon dont c’est cuisiné, surtout en resto d’entreprise), après m’être suffisamment informé (même si ça faisait quand même un ou deux ans que je commençais à m’en informer. Et pour info, le mot magique, le seul vrai grand secret est « B12« . Je répète « B12« .)
- Je me suis mis à m’informer de plus en plus souvent sur des sites végétariens (Notamment suite à des « débats » lassants avec des collègues omnivores. Ce qui ne m’était plus arrivé depuis quelques années.)
- Je me suis rendu compte que tous les végétariens n’étaient pas des gens hyper-sensibles et naïfs (loin de là), et que je n’étais pas le seul végétarien rationnel (Je serais même plutôt con, dans mon genre…)
- J’ai fini par tomber sur le forum Vegeweb, Les Cahiers Anti-Spécistes, le blog de L’Elfe, et des tas d’autres trucs. (A l’occasion, je me suis payé une perfusion quasi-continue du blog de L’Elfe pendant quelques semaines, pour en lire la totalité)
Et du coup, j’ai pris conscience d’un truc :
Ça fait 15 ans que je vois mon végétarisme comme un choix tout personnel, avec l’idée plus ou moins consciente que je n’avais été capable de faire ce choix que parce que je suis quelqu’un d’exceptionnel (en bien ou en mal), ce qui m’a, la plupart du temps, permis d’éviter les conflits avec les omnivores (surtout ceux que j’apprécie) en les défendant par l’idée que nous sommes de natures différentes, puisque l’un des arguments que j’ai parfois entendu, c’est : « Ah oui, le végétarisme, c’est bien… Mais moi, je pourrais pas… » (Et c’est l’une des plus agréables réponses qu’on ait la chance d’entendre en tant que végétarien, puisque ça se présente comme un compliment sincère… Donc, quand on l’entend, ça fait plaisir. Mais c’est fort malheureux, en vérité.).
Bref, j’étais quelqu’un d’exceptionnel, et j’avais donc toutes les raisons de pardonner aux omnivores puisque ça n’était qu’une question de nature personnelle… Tout ce que j’avais à faire, c’était de démontrer ma grande ouverture d’esprit en n’abordant jamais le sujet.
De fait, je n’avais besoin de justifier mon choix que face aux quelques omnivores se sentant agressés par mon existence, qui remettait en cause leur propre éthique, et les poussait donc à essayer de démontrer l’absurdité de… hé bien, de mon existence, finalement. (Un végétarien, qui ne mange pas de viande, et qui est sain de corps et d’esprit, prouve qu’on peut manger sans tuer. Manger de la viande devient donc un meurtre sans légitime défense… Et quand on a le végétarien directement sous les yeux, ça devient difficile à réfuter…) Des omnivores faisant preuve d’une réaction, en fait, tout à fait cohérente : L’existence du végétarien est bel et bien une remise en cause directe de l’omnivore.
Bref, tout ça restait pour moi une affaire de choix personnel. J’avais juste oublié que mon choix personnel, fait il y a 15 ans, je ne l’avais pas fait pour moi, mais pour arrêter de tuer. Et tuer, c’est pas vraiment personnel. J’avais parfaitement réussi à me rendre supportable la vie en société en entretenant cette barrière intellectuelle qui me permet de penser que manger de la viande, c’est tuer un animal quand ça se passe dans mon assiette, mais que dans l’assiette des autres, c’est… autre chose. Cette même barrière qui permet aux omnivores de voir d’un côté la viande comme de la matière première, et de l’autre côté un animal vivant sous leurs yeux comme un être sensible (avec lequel il est même possible de communiquer), sans faire le lien entre les deux, ou en imaginant que les animaux dont vient la matière première sont, par pensée magique, des êtres d’une toute autre nature dénués de toute sensibilité, peut-être juste parce que ce qu’on ne voit pas n’existe pas.
Et donc… à force d’y penser, de refaire tourner ça en boucle, et de lire des témoignages, j’ai compris que :
- Ce n’est pas parce que j’ai arrêté de manger de la viande (et des oeufs et du lait, donc) que le massacre s’est pour autant arrêté.
- Ce n’est pas parce que j’étais si fier d’être si exceptionnel que ça voulait dire que je devais le rester… avec ma fierté toute égoïste.
- Ce n’est pas parce que la machine apparaît comme si grosse, si gigantesque et si immuable qu’il ne faut pas faire tout mon possible pour la freiner et la démanteler. Le machine est si grosse, si gigantesque et si immuable PARCE QUE je ne fais rien pour la freiner et la démanteler. C’est-à-dire parce que le végétarien, en règle générale, s’imagine qu’il n’a pas le droit ni le pouvoir d’essayer de convaincre, simplement en informant, et donc d’essayer de changer les choses.
- Ce n’est pas parce que moi, j’ai toujours eu le sentiment (peut-être idéalisé) que j’étais voué à devenir végétarien, et que je n’ai pas eu besoin de plus d’un argument (« Manger de la viande tue. » Point.) pour faire mon choix… (J’ai simplement pu rencontrer un végétarien adulte en bonne santé -sans jamais débattre du sujet avec lui-, donc avoir la preuve que c’était possible, obtenir de mon entourage l’information -niveau 0- que les protéines nécessaires se trouvaient dans le lait et les oeufs, et décider à ma majorité que c’était bon, je pouvais faire mon choix en toute légitimité et affronter « comme un homme » les critiques de ma famille et de la société…)… ce n’est pas pour cette raison, donc, que ça signifie qu’on naît végétarien ou omnivore, et qu’on le reste condamné à vie. Ce n’est d’ailleurs pas du tout le cas. Dans la plupart des cas (que j’ai pu lire), on devient végétarien à n’importe quel âge, dans n’importe quel milieu, suite à une accumulation d’informations, d’échanges ou d’expériences, qui permettent, tout simplement… de franchir le mur de désinformation et de sortir du cocon de déculpabilisation naïve dans lequel on est noyé depuis tout petit…
Bref, j’ai compris que tout le monde (ou en tout cas la majorité des gens) peut devenir végétarien. Et qu’on devient végétarien par choix. Et qu’il n’y a rien de mal à fournir les informations nécessaires à ceux qui peuvent les entendre pour qu’ils fassent leur choix, et décident, en toute rationalité, en toute connaissance de cause de devenir eux aussi végétariens.
(D’autant plus, que, de toute façon, c’est ce qui attend l’humanité dans quelques dizaines d’années puisqu’il est physiquement impossible d’étendre la consommation de viande actuelle des pays riches à l’ensemble des pays en voie de développement… Et c’est pourtant la tendance que prennent ces derniers… Bref, le choix est entre la dévastation totale de la planète -pour un objectif impossible à atteindre- ou un peu de bon sens…)
J’ai surtout compris que ce qui empêche le végétarisme de se répandre, surtout en France (qui est une société fondamentalement charcutière, et dont l’industrie de l’élevage est si merveilleusement défendue par… Bah, je vais même développer…), c’est le manque d’information, et le REFUS de s’informer. La peur de l’information. La peur d’être convaincu de devoir changer.
Qui s’informe sur le végétarisme ? Qui accepte même qu’un végétarien lui expose ses arguments, lui transmette ses sources ? (Et là, oh, non, ne parlons même pas de ces VIDEOS si CHOQUANTES… On veut bien discuter un peu, éventuellement, mais voir et être choqué, ça non. Parce que ce qui est choquant n’est jamais la réalité. La réalité, c’est le monde des Teletubbies, hein, tout le monde le sait. Par exemple, la guerre, la famine et les violations des droits de l’homme, ça n’existe pas. Heureusement qu’il n’y a pas de journalistes pour en faire des reportages, ça pourrait devenir choquant et déformer la réalité.)
Bien peu de monde, parce que le végétarisme fait peur. Moins aujourd’hui, soit. Mais il y a à peine dix ou vingt ans… D’ailleurs, aujourd’hui, le végétarisme ne fait pas peur, il est moqué ou méprisé. Ignoré. Ce qui revient au même. Toujours le refus de s’informer.
Alors que des sources, il y en a. Partout. Trois mots tapés dans Google (« végétarisme », « viande » ou ce que vous voulez), on tombe sur des centaines de liens, de toutes sources possibles. Oui, même des scientifiques, même des totalement neutres et totalement fiables. Même Greenpeace. Même Wikipedia. Même l’OMS. Même la FAO. Même des associations internationales de diététiciens et de médecins. Même des non-végétariens*. Même l’IFN… Même de tout, quoi. Mais pour ça, il faut accepter de se renseigner, chercher, et dépasser le niveau 0 de la mésinformation, du bouche-à-oreille et de la légende urbaine (qui font office de bon sens en France).
Tiens, même regarder Arte, ça peut suffire.
Ou lire des livres, tels que Bidoche (écrit par un journaliste non-végétarien et non-défenseur de la cause animale -en tout cas à l’époque où il a écrit le bouquin- si ça peut vous rassurer). Ça peut faire réfléchir. C’est un peu obligé que ça fasse réfléchir, en fait.
Depuis que je m’informe, j’en apprends tous les jours. Et plus j’en apprends, plus je me dis que ça doit cesser. Et que ça ne cessera que si tout le monde accepte d’en prendre conscience.
J’ai appris, par exemple, qu’en 2007 ont été tués en France : 18000 chevaux, 5 millions de bovins, 6 millions d’ovins, 40 millions de lapins, 25 millions de porcs et 1 milliard de volailles. Pour se faire un début d’idée. Un tout tout petit début d’idée. (Et ce n’est pas cette information qui vous convaincra. Il y en a des centaines d’autres.)
Je me suis rendu compte aussi que « Je pourrais jamais m’en passer… », « Oui, mais la viande, c’est trop bon… », « C’est un besoin instinctif, c’est dans ma nature… » sont de super arguments que (souvenez-vous, on est bien en train de parler d’un choix éthique) tous les criminels du monde devraient servir à leur procès. « C’est pas de ma faute, c’est trop bon, c’est dans ma nature, je peux pas me contrôler. ». Ça convaincrait tous les jurés, aucun doute.
C’est surtout un super argument pour ne même pas essayer de s’informer.
Bon, effectivement, moi, j’ai eu un bol monstre de naître avec un libre arbitre et une volonté de fer qui me permettent de me contrôler. D’ailleurs, c’est ce qui me permet de diriger si bien ma vie et… Ah non, merde, je suis phobique social et j’ai une vie de merde… Zut, ça fonctionne pas… Alors je ne sais pas. Nous ne voyons pas d’autre explication.
Bref, tout ça pour dire que j’y pense beaucoup, à tout ça. De plus en plus. Et que tout ça est inacceptable.
*(Puisque le végétarien est fourbe par essence, et qu’il essaie de contrôler les esprits et de tout interdire, comme un nazi. D’ailleurs, le végétarien EST nazi. Ou adepte d’une secte, dans le meilleur des cas. De toute façon, il est fou. Et puis c’est une tapette.)
Note : Le meilleur lien que j’aie cité dans cet article, c’est certainement celui-ci.
Ce que tu dis est valable bien au delà de la viande. Il y a des tas de choses aberrantes et nocives, parfois on fait quelque chose à notre échelle, parfois non, par habitude, par renoncement, par désintérêt… Tu peux n’acheter que du bio, que du commerce équitable, ne plus manger de viande, cultiver tes propres légumes, te passer des tas d’objets électroniques inutiles qui meublent notre quotidien, ne plus prendre la voiture, et encore moins l’avion, ne plus acheter d’objets fabriqués par des gens exploités, etc… Si tes actes sont en cohérence avec tes idées, c’est bien, mais concrètement tu n’as pas une grand influence sur l’immensité de tout ça, je ne sais pas comment on peut ne pas être découragé.
Ou alors il faut faire du prosélytisme, essayer en permanence se convaincre des gens qui te voient comme un alien, ça doit être épuisant.
Je ne vois aucune raison pour que tout ça change, à part arriver au bout de la logique, avoir brûlé tout le pétrole possible, avoir pollué toutes les ressources, avoir pourri tous les sols, avoir coupé tous les arbres, etc… Ce qui n’est pas souhaitable pour autant, personnellement je n’ai pas envie de vivre Mad Max.
La différence entre manger de la viande et tout le reste, c’est que :
Le rapport viande->animal est direct. Je mange de la viande d’un animal, je tue cet animal (Un certain pourcentage de cet animal, en tout cas. Un français moyen tue 15 volailles par an. Donc en mangeant du poulet pendant trois semaines -avec la fréquence habituelle- il tue un poulet.) Tandis que toute autre action bénéfique ou refus d’action négative a un impact difficile à quantifier. Manger de la viande tue, directement. Il y a peu d’autres choix de vie dont on peut dire concrètement qu’ils tuent. On sait juste qu’ils font du mal, d’une manière complexe.
Et si ce rapport direct ne nous apparaît pas quand on mange de la viande, ce n’est pas parce que c’est « normal ». C’est au contraire parce que la société s’est muée en moins d’un siècle en un système où le meurtre et la maltraitance de l’animal sont complètement invisibles au consommateur, qu’on peut désormais manger de la viande sans jamais prendre conscience du fait qu’on tue un animal (ce qui a permis le développement de l’élevage industriel pour satisfaire l’explosion de la consommation). Dans un contexte « normal », on serait en contact avec l’animal, et on aurait conscience de ce qu’on mange, et donc du meurtre que ça implique. Et on éviterait, autant que faire se peut.
Arrêter de manger de la viande, c’est un acte concret, facile à faire. J’arrête la viande, je continue à manger d’autres choses (et probablement du lait et des oeufs, dans un premier temps. Et même, généralement, dans un tout premier temps, on n’arrête pas la viande, on diminue juste progressivement. Puis on arrête certaines viandes. Puis vient un moment où on ne garde quel le poisson. Et enfin, on arrête la viande.). On sait de quoi on doit se passer. On sait où ça commence, on sait où ça s’arrête.
(Et de toute façon, qu’on arrive jusqu’au bout de ce choix ou pas, qu’on arrive à se passer complètement de viande ou pas, décider de ne pas essayer, de ne pas commencer à faire d’effort parce qu’on n’arrivera jamais à le faire complètement, c’est un choix absurde. Chaque effort a un résultat concrètement bénéfique. On ne peut pas être parfait, mais il faut toujours essayer de faire de son mieux, autant que possible. Surtout quand c’est le premier pas qui coûte… Ici, l’Elfe parle du Tout ou Rien .)
Arrêter la viande, c’est un acte simplement d’inaction. Au lieu d’agir négativement, donc de manière active, on décide d’arrêter. On ne décide pas de faire le bien, mais de ne plus faire le mal. Tandis que la plupart des actes positifs (humanitaires ou militants) nécessitent une action et un investissement, en temps ou en argent. Là, on décide juste d’arrêter de faire le mal, sans investir quoi que ce soit. Au lieu de manger de la viande, je mange d’autres choses. Au pire, ça nécessite de prendre le temps de collecter un peu d’informations, et changer son mode de consommation (faire la migration vers les produits végétaux adéquats) pour être sûr d’éviter les éventuelles (et fameuses) carences. Mais si on en reste à l’ovo-lacto-végétarisme, le besoin d’information et de changement est quasi-nul. Et ça ne coûte pas plus d’argent. (Plutôt moins.) Ca ne prive pas de divertissements, de moyens de transport, de source d’informations, etc. Ca demande juste d’adapter un peu son goût. Ok, pendant les premiers mois, on peut avoir peur du « manque » du plaisir du goût de la viande, mais d’une part, on migre progressivement, et d’autre part, ça passe très vite. La viande, c’est pas non plus de l’héroïne…
Ca ne demande pas de payer plus cher, comme le bio ou des produits plus éthiques (Même si maintenant, je n’achète plus que du bio. Sauf quand je mange au resto… Et pour le commerce équitable… On ne trouve pas de l’équitable pour tous les produits, et on ne peut pas avoir à la fois du bio, du local et de l’équitable. Donc après, il faut bien se décider à choisir… Difficile alors d’évaluer le « meilleur bien ». Donc ça se fait à l’intuition. ). Et ça ne demande pas de se renseigner cas par cas de l’origine de tous les produits qu’on consomme.
Et ça ne demande pas de réorganiser complètement sa vie, de faire des choix complexes qu’on aura sans doute du mal à réaliser, de choisir de ne plus voir sa famille ou ses amis (pour moins voyager, moins prendre de transports), de changer de travail pour travailler plus près de chez soi (au risque de ne plus en retrouver), de déménager pour une maison avec jardin (plus loin de son boulot ou plus chère), de passer son temps à réfléchir à toutes les conséquences de tous ses choix, essayer de décider quel est le choix optimal et voir comment (et en combien d’années de sacrifices) il pourra être réalisable.
On part découragé parce qu’on vit dans une société omnivore. Et surtout en France, je le répète (La France comprend 2% de végétariens, contre 5% de végétariens en moyenne en Europe.). On vit dans une mentalité ambiante faite pour décourager le végétarisme et ridiculiser ce choix. Dans d’autres pays occidentaux, le végétarisme n’arrête pas de se développer ces dernières années (Canada, Etats-Unis, Grande Bretagne, Suisse, etc.). On est parmi les derniers, donc on ne s’en rend pas compte. Internet y a sans doute été pour beaucoup. Internet a permis de transmettre à une vitesse phénoménale les informations en faveur du végétarisme. Le simple fait que ça soit possible et sain, par exemple.
L’état de la société, la machine immuable d’élevage industriel (et de pêche industrielle, aussi) décourage, mais c’est malheureux parce que c’est la demande de chaque consommateur qui crée la machine… Pour chaque consommateur qui décide de ne plus participer, la machine est un peu affaiblie. Et en pratique, pour chaque consommateur qui ne mange plus de viande, ce sont plusieurs animaux qui ne sont plus maltraités, tués, torturés. On ne voit que la machine au lieu de voir le résultat concret du choix. Si le résultat était sous nos yeux (quelques animaux vivants, avec le choix de les tuer/manger ou pas), on n’hésiterait même pas.
J’avais posté un lien sur Facebook qui souligne cette idée : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article417#nb43.
Mais pourtant, c’est simple, si chaque végétarien est conscient et rationnellement convaincu de son choix (et est capable de transmettre ce qu’il sait et convaincre d’autres à devenir végétariens, plutôt que de rester dans son mutisme désespéré et honteux qu’il prend pour un choix personnel), tout peut changer. Il faut des gens pour y croire et pour défendre l’idée.(C’est comme ça que le monde change depuis des centaines ou milliers années. Comme ça que les Droits de l’Homme ont été inventés. Que des révolution ont eu lieu. Que l’esclavage a pris fin. Etc.)
Et avec un simple calcul optimiste, si un seul végétarien motivé pour convaincre les autres était présent sur Terre, il suffirait que chaque végétarien en convertisse un autre chaque année, pour que l’humanité entière devienne végétarienne en 33 ans.
Optimisme ou pessimisme face à la situation, c’est qu’une affaire de choix…
Je ne crois pas vraiment que la consommation de viande disparaîtra complètement de l’humanité, ça me semble trop gros, trop compliqué à mettre en place. Et il y aura toujours des environnements où ça sera pratiquement impossible. Mais avec un vrai développement mondial du végétarisme, ça peut au moins mettre fin à l’élevage industriel, à la pêche industrielle, à leurs graves conséquences écologiques, réduire l’élevage à quelque chose d’exceptionnel ou au moins de décent, dans des conditions où les animaux auront au moins le droit d’exister (avec une durée de vie acceptable), et recentrer la pensée humaine sur des choses importantes et altruistes, comme le respect de la vie animale (et donc, en particulier, celle des animaux humains), au lieu de simplement considérer que l’Homme a le droit arbitraire de possession et de destruction sur tout ce qui n’est pas Homme (et même un peu plus).
Le végétarisme à très grande échelle ne peut être que bénéfique. Et c’est nécessaire. Et urgent.
Maintenant, à part ça, personnellement, est-ce que je fais du prosélytisme, suis vu comme un alien, et suis épuisé… Ben, depuis quelques mois, oui, ça ne sort plus de ma tête… Je pense constamment à ces millions d’animaux tués chaque jour, pour une raison idiote, stupide, alors que tout le monde pourrait simplement décider d’arrêter, sans rien sacrifier… Et c’est tellement énorme en comparaison de toute le reste, de tous les plaisirs de la vie et toutes les injustices du monde, que j’ai vachement de mal à penser à autre chose…. Est-ce que je fais du prosélytisme en permanence ? Non. Parce que ça ne fonctionne pas. A l’oral, je suis incapable de convaincre. (Sauf exceptionnellement.) Je ne suis déjà pas à l’aise à l’oral pour des sujets anodins, alors pour un sujet aussi grave que celui-là et tellement ancré dans la mentalité… J’y arrive pas. Au mieux, je défends mon choix.
Ensuite, chaque fois qu’on essaie de convaincre quelqu’un qu’il est dans son tort, on prend le risque d’éroder un peu sa propre image. Et plus on perd en crédibilité. On prend le risque de passer pour un illuminé, un extrémiste, un moraliste borné. Mais si on n’essaie pas, on ne convainc pas non plus. C’est complexe. Il ne faut pas s’aliéner les autres, mais il ne faut pas se taire non plus. Et comme je le dis, on est face à un problème tellement lourd, tellement ancré, tellement défendu par tout un tas de mécanismes mentaux, et dans une société où chaque individu est là pour conforter et déculpabiliser son voisin… Le végétarien, et surtout le végétarien « prosélyte » se sent forcément faible face à ça… Mais ce qui rassure, c’est de voir que pourtant, ailleurs qu’en France, tout ça est en train de changer. Et plus le végétarisme sera présent et entendu en France, plus il aura la possibilité de se faire écouter, plus les barrières mentales s’affaibliront. Ça commence déjà.
Maintenant, moi, comment je m’y prends, et comment je vais m’y prendre… j’en sais rien. J’essaie un peu d’informer par Facebook, en sachant que je prends le risque de finir par passer pour un fou, donc je ne sais pas trop comment doser… J’en parle un peu ici, même si je sais que presque personne ne lit… Mais bon, je suis un peu perdu. Mais je lâcherai pas.
Ce qui me permet de tenir, c’est que quelque soit le point de vue par lequel on regarde le problème, il n’y AUCUNE raison pour défendre la viande, et que des points positifs à défendre le végétarisme. Et que je sois illuminé, borné ou pas n’y change rien. Je ne suis pas le seul à le dire et toutes les informations collectées, réelles, scientifiques, de sources fiables, réfléchies, sont là pour l’appuyer. Mon « prosélytisme » (qui consiste, la plupart du temps, à rediriger les gens vers des sources d’informations variées vers lesquelles ils ne vont pas spontanément) ne peut pas être une mauvaise chose.
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Et sinon, en guise de conclusion de ce commentaire, je le dis et je le répète, la seule raison, le seul argument pour ne pas se mettre au végétarisme, c’est bien le poids de la société, le système qui permet de (et incite continuellement à) manger de la viande en toute innocence, la peur de jugement des autres, le besoin de s’intégrer, le besoin d’être aimé par ses proches et donc de ne pas remettre en question leurs propres choix éthiques, et la façon qu’on a de faire ses propres choix éthiques en fonction de ce qui est jugé acceptable par notre entourage. Il n’y a aucun choix ou réflexion personnels là-dedans. Personne ne peut revendiquer d’avoir choisi l’omnivorisme envers et contre tout, après une longue réflexion sur ses implications et ses avantages et malgré l’avis de son entourage. C’est la société qui fait le choix de l’omnivorisme à la place de l’individu. Et c’est le système (la société qui nous entoure, et les besoins économiques de l’élevage et de la pêche industriels) qui entretient ce choix.
Pour moi, le problème de la viande n’est pas si singulier. Les conséquences ne sont pas si directes. Si tu achètes un paquet de jambon au supermarché, le porc a déjà été tué. En ne l’achetant pas, tu ne fais que réduire un peu la demande, et au bout d’un moment ça pourra éventuellement faire que la production soit diminuée. Ce qui pour moi revient au même (avec des conséquences différentes) que d’acheter ou pas un truc fabriqué dans une usine pourrie en chine ou ailleurs. Le truc est déjà fabriqué, les ouvriers ont déjà souffert dessus et continuent de souffrir pour en produire d’autre. En ne l’achetant pas, tu ne fais que réduire un peu la demande.
Je ne dis pas que c’est une raison pour ne rien faire. Je dis juste que ce un facteur de distance existe aussi pour la viande.
Quant aux sacrifices ou pas qu’implique ce choix, c’est pareil pour d’autres choses. Comme ne pas avoir de portable, à la base il s’agissait juste de ne pas faire le choix d’en avoir un. Mais on est devenus dépendants, par habitude, de tout un tas de trucs sans lesquels on ne serait, je suis sûr, pas plus malheureux. Se priver de portable ne serait pas non plus une révolution. Il faut juste prévoir les choses un peu à l’avance. Ça complique un peu nos habitudes, comme de réfléchir à ce qu’on va manger si on n’achète plus de viande, sans être un réel problème pour autant.
Bref, je ne dis pas qu’il faut rien faire, je ne dis pas que c’est bien de tuer des animaux, je ne dis pas que c’est mal de faire du prosélytisme, je dis juste que manger de la viande répond aux mêmes mécanismes que pas mal d’autres choses.
Le problème de voir ça comme « Le porc a déjà été tué. », c’est justement ce qui rend le système si abject. Parce que le porc a été déjà été tué POUR que tu le manges, parce qu’on savait que tu allais le manger, parce que tu à l’habitude d’en acheter telle quantité. Concrètement, tu as tué ce porc en achetant telle quantité de porc les fois précédentes. En achetant de la viande aujourd’hui, tu vas tuer « un certain pourcentage d’un porc ». (Pour un français moyen, en achetant du porc pendant 3 ans, tu tues un porc à toi tout seul. Avec la production actuelle : 15 poulets par an. Un ovin tous les 3 ans. Un lapin en un an et quelques mois. Un bovin tous les 10 ans. Plusieurs dizaines de poissons par an -1000 milliards de poissons pêchés par an dans le monde-. Tu diminues ou tu augmentes « un peu » la demande et donc la production sur telle ou telle viande, mais « un peu » quand on parle de millions ou milliards de vie, et quand on parle d’une consommation de viande qui a été multipliée en France par 4 ou 5 en moins de cent ans, ça fait plusieurs vies.)
Mais comme tout est « externalisé », comme on n’est plus dans un rapport direct, où l’on ne va plus voir l’éleveur pour lui dire « Je veux tu me vendes ce porc, que je tuerai pour la fête du village. », tout le monde peut à loisir se déresponsabiliser. Sauf que c’est vicieux et faux. Et c’est un des mécanismes mentaux fallacieux qui permettent au système de se maintenir, et d’augmenter la demande et la production à volonté.
En partant de ce principe, en y allant par étapes, en trouvant la bonne porte d’entrée, on pourrait presque imaginer instaurer une industrie de viande humaine (avec des condamnés à mort, par exemple, ou des gens qui vendraient leur corps pour nourrir leur famille… et puis pourquoi pas, plus tard, un élevage d’humains porteurs d’une grave déficience mentale héréditaire, qu’on pourrait donc reproduire et tuer à volonté sans choquer… ou autre). Le système se maintiendrait de lui-même puisque personne ne se sentirait responsable.
D’ailleurs, je crois avoir lu que des militants pour la cause animale font parfois de la distribution de viande humaine (fausse, évidemment), et que la moitié des passants la goûtent sans autre cas de conscience. Ça ne m’étonne pas spécialement. Faudrait que je retrouve ça… (Après vérification : Je l’ai lu sur le blog de l’Elfe. Mais elle en parle vite fait. Pas de vidéo.)
(A la différence des « Action Barquettes », où au contraire on empaquette un humain en barquette de viande, ou bien on donne une apparence de morceau humain à une fausse barquette de viande, dans le but de choquer – puis faire réfléchir – par le visuel.)
Le système de l’offre et de la demande est le même partout, soit. Mais personnellement, je fais attention à ma demande pour presque tout (En fait, je n’achète plus que bio, maintenant. Mais ça reste mon choix, c’est plus cher, et je comprends que tout le monde ne puisse pas se le permettre.).
Se priver de portable, ça devient difficile (Personnellement, c’est pour trouver du boulot et le garder, principalement, que j’en ai un. C’est sans doute la seule raison, d’ailleurs.). Et tous les objets qu’on achète sont liés à une certaine dose de souffrance, de gaspillage, de pollution. Et on peut se passer de la plupart, avec des efforts. Mais tous les objets qu’on achète ont une utilité et un intérêt réel. Par exemple, internet est un grand consommateur d’énergie, mais c’est aussi une révolution dans le domaine de l’échange d’informations. C’est quelque chose qui peut avoir un impact mondial, y compris bénéfique, à un niveau humanitaire et écologique. Alors que les bénéfices de la viande ?… Zéro.
Et tous les aspects négatifs des autres produits, je le répète sont très très éloignés de ce qu’on a avec la viande. On parle de souffrance humaine, mais de gens qui vivent, qui peuvent faire certains choix dans leur vie, qui ont la possibilité (limitée, mais quand même, qui existe) de se révolter, d’agir, qui peuvent au moins vivre quelques dizaines d’années. On parle d’impacts difficiles à quantifier. On parle surtout du souffrances morales (pas seulement, mais surtout). Pas de tortures physiques (à part l’épuisement, l’esclavagisme). Du moins pas au même niveau. Et on ne parle pas de meurtres délibérés à la chaîne, pour une industrie Basée sur ces meurtres à la chaîne. On parle de graves dysfonctionnements, plutôt que d’un principe de fonctionnement atroce à la base même dans sa théorie.
Contrairement à la viande.
Le principe de l’offre et de la demande est le même partout. Toutes les industries ont des conséquences et implications néfastes. Mais l’aspect monstrueux de la consommation de viande est directement visible et quantifiable (ou du moins, il l’est avec le minimum de réflexion que tout le monde devrait avoir). Et en ce sens, le choix de ne plus en manger est beaucoup plus simple et évident.
La preuve en est qu’il y a un mot pour le « végétarisme ». C’est quelque chose de clair, de défini, de facile à suivre et de documenté. C’est un mouvement, une philosophie, mondial et multi-millénaire. Je ne connais pas les mots pour les gens qui décident de se priver de tels ou tels objets produits par telle ou telle industrie.
La « Décroissance » ? Mais la décroissance, c’est un concept récent, qui implique beaucoup de réflexions et des choix de toutes sortes pour sortir de la croissance, pas un choix clair, commun à tous.
Et je ne dis pas non plus que la Décroissance est un mauvais concept, loin de là. (Mais le Végétarisme est, de toute façon, décroissant. Même si la Décroissance n’est pas forcément végétarienne.)