Verbiages 4

Socrate aurait dit : « Je sais que je ne sais rien. » voire « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. »

Logiquement, les deux sont incorrects :
- S’il sait qu’il ne sait rien, il ne sait pas rien.
- S’il sait une chose, il ne sait pas rien.

La phrase correcte aurait dû être : « Je ne sais rien à part ceci. »
Ou éventuellement : « Je ne sais qu’une chose. »
En ce qui concerne la deuxième phrase, il reste une incertitude. Quelle chose sait-il ? Par déduction, on peut dire que la chose qu’il sait, c’est qu’il ne sait qu’une chose. Seulement, il est encore possible d’imaginer que même en énonçant « Je ne sais qu’une chose. », il ne sait pas « Je ne sais qu’une chose. » (Il saurait alors autre chose que « Je ne sais qu’une chose. »). Par exemple, s’il fait appel à son inconscient pour l’énoncer. La phrase est donc logiquement exacte, mais manque de précision sur la dite chose sue.

On retombe donc sur « Je ne sais rien à part ceci. ». Logiquement, c’est correct.
Sauf qu’en vérité, la phrase est incompréhensible. Pour que l’esprit appréhende réellement ce qui est entendu par « ceci », on est obligé de relire la phrase, de retomber sur le terme « ceci », et donc de relire la phrase, et de retomber… Bref, de relire la phrase à l’infini. Sinon, on ne fait qu’accepter un modèle simplifié.
(« Je ne sais qu’une chose, ceci. » sera également exacte, mais devra également être lue à l’infini.)

Ceci dit, le problème de « savoir » posera toujours cette mise en abîme à l’infini. On peut par exemple poser le problème dans l’autre sens :
Admettons que je sache quelque chose, dont j’ai la certitude. (Bon, par exemple, que j’existe.)
En sachant cette chose, je sais également que je la sais.
En sachant que je la sais, je sais également que je sais que je la sais.
En sachant que je sais que je la sais, je sais également que je sais que je sais que je la sais…
Bref, pour énoncer la totalité de ce qu’implique ma connaissance de la chose, je suis obligé de faire un énoncé infini, alors que mon acte de savoir semble parfaitement simple, défini et ponctuel.

Ce qui est finalement un problème inévitable chaque fois qu’on énonce une pensée qui porte sur la pensée… La pensée, à l’origine, est faite pour fonctionner dans un contexte limité, et étudier ce qu’on perçoit, c’est à dire l’extérieur proche, par pour s’étudier soi-même et créer des systèmes fermés instables…

En fait Socrate aurait mieux fait de dire « Je ne dis que des bêtises. », on aurait gagné du temps.

Passionnant, n’est-ce pas ?

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Bon, allez, promis, j’arrête.
Je vais reprendre mes dessins. Faut juste que je finisse cette maquette de pyramide qui doit me servir de modèle. Oui, je suis comme ça, moi, quand un dessin m’angoisse trop, je fais n’importe quoi.

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