Esprit de Noël

C’est quoi, la meilleure mort ?
- Mourir sans s’y attendre et sans s’en rendre compte, sans jamais pouvoir « faire le point », sans pouvoir se dire « j’ai vécu » ?
- Mourir trop vieux ou souffrant, déprimé, las ou malheureux, et donc soulagé de pouvoir enfin mettre fin à ce calvaire ?
- Mourir contre sa volonté, en voulant vivre, dans un paroxysme d’horreur, enragé et terrifié par l’impensable ?

Quand j’avais 13 ans, à la période de Noël (la veille ou le lendemain, je ne sais plus), je m’étais dit que le but de la vie, c’était sans doute d’apprendre à ne plus avoir peur de la mort. (Par ailleurs, quelques heures plus tard, j’avais « réglé » le problème en me disant que finalement, naître à partir de rien -et savoir que j’avais des cousins pas encore conçus qui allaient naître-, c’est tout aussi impensable et monstrueux que mourir.)
Mais je me demande si c’est possible. On peut ne pas être terrifié par la mort dans l’absolu, sans pourtant en refouler la pensée, mais je ne suis pas sûr qu’on puisse affronter l’instant précis de la mort sans aucune peur, à moins peut-être d’avoir l’esprit très embrumé à ce moment-là.
Et je me demande s’il a existé un jour une personne sur Terre à avoir pensé, à son dernier instant : « J’ai eu une belle vie, je ne regrette rien, et je suis heureux de mourir maintenant. Pouët. ». J’en doute. Je ne crois pas qu’il y ait de bonne mort.

Le plus chiant dans tout ça, c’est que l’instant le plus terrifiant de la vie se situe très exactement à sa fin. Pas moyen de s’en débarrasser avant, pour pouvoir souffler et construire ensuite. Le dernier instant gâche tout.
Le seul avantage de mourir tôt, c’est peut-être d’éviter de vivre la mort des autres.

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2 réponses à Esprit de Noël

  1. C’est vrai qu’il y a des moments qui sont gâchés par le fait de savoir qu’une échéance désagréable nous attend, à plus ou moins court terme. Je n’avais jamais songé à la mort de cette façon. Merci, tu viens de gâcher tout le reste de ma vie.
    En fait, comme j’ai a priori encore quelques décennies devant moi, malgré l’accélération du temps, je crois que je pourrai continuer à ressentir parfois des moments de sérénité.

    • Personne dit :

      Gâcher la vie des gens, c’est le but de mon blog. Donc c’est cool, merci du compliment.

      Enfin, je pense que des moments de sérénité, on en a toujours, on ne peut pas passer son temps à se projeter dans le dernier instant de sa vie, ça finit par être fatiguant.
      Et au fond, peut-être que la fin n’est pas si terrible que ça, que, souvent, on meurt dans une espèce d’indifférence à tout, et puis voilà.