Quand un carniste débat avec un végéta*ien éthique, ça prend généralement la forme :
1) Carniste : Je t’envoie un sophisme de déculpabilisation, qui se démonterait en 10 secondes si j’osais y réfléchir.
2) Végéta*ien éthique : Je te démonte (sans r) le sophisme en 2 secondes, parce que j’ai osé y réfléchir, et surtout parce que je le connais par coeur.
3) Carniste : Je t’envoie une idée toute faite, de l’ordre de la légende urbaine, censée induire la nécessité de la viande, mais qui se démonterait en quelques minutes si j’osais me renseigner.
4) Végéta*ien éthique : Je te renvoie les informations argumentées et sourcées qui démontent ton idée toute faite, parce que j’ai osé me renseigner pendant des heures et des jours, et parce que je la connais par coeur.
5) Carniste : Je répète les étapes 1 et 3 (presque) indéfiniment parce que j’ai effacé de ma mémoire toutes tes réponses 2 et 4 aussitôt après les avoir comprises et admises, étant donné qu’elles m’étaient insupportables à entendre.
6) Végéta*ien éthique : Je suis extrêmement patient et je répète (presque) indéfiniment les réponses 2 et 4, parce que je sais que tu les effaces à mesure que tu les entends étant donné qu’elles te sont insupportables à entendre, mais qu’il en reste malgré tout des traces et qu’à force tu finiras bien par les enregistrer entièrement ou accepter a) d’y réfléchir, b) de te renseigner.
(Edit du 01/01/2014 : Pour compléter sa culture et comprendre ce que j’entends par « sophismes carnistes », on pourra à peu près tous les retrouver ici : http://vegfaq.org/
Tous les sophismes carnistes entrent bel et bien dans cette liste : http://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Raisonnement_fallacieux )
Au bout d’un moment, il arrive assez souvent que le débat prenne fin, le carniste étant finalement épuisé de se battre contre sa conscience, et qu’il en arrive à conclure : « Oui, tu as raison… Mais moi, je ne pourrais jamais… »
A partir de cette phase, commence alors une autre étape, encore plus longue mais pourtant moins usante, où le travail -enfin- n’est plus de convaincre le zoophage de l’absurdité du carnisme, mais de l’accompagner psychologiquement pour qu’il comprenne comment « il pourrait « .
J’ai dit « il arrive assez souvent« … Car il arrive assez souvent aussi que le débat prenne fin d’une toute autre façon… Il arrive, après que les étapes 1 à 6 aient été suivies, ou après que la lecture d’un article de journal, la vue d’une émission télévisée très complète sur une grande chaîne culturelle, l’écoute d’une émission de radio de même acabit, la lecture d’une grande enquête sous forme de livre journalistique, la somme de tout ça, ou de tout autre support, s’en soient chargés pour nous… Il arrive, après, donc, que toutes les justifications carnistes aient été éliminées une à une… Il arrive que le carniste conclue, même après avoir admis qu’il a de l’empathie, ou mieux, un profond amour pour les autres animaux, après avoir admis que la souffrance provoquée par le fait de manger de la viande est réelle mais qu’il ne supporterait pas d’en prendre conscience, même après avoir admis que tous les arguments qui lui ont été opposés l’énervent mais restent totalement valables et solides, il arrive donc qu’il conclue :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
(Le LOL étant la cerise sur le gâteau qui rend tout ça si magnifique.)
Et là… Il ne reste plus rien à ajouter. L’Argument Ultime a été invoqué : J’en ai Rien A Foutre. Le carniste est vainqueur par KO. Il a effectué sans hésitation le coup mortel, la combo impossible à esquiver, impossible à parer : J’en ai Rien A Foutre.
J’en ai Rien A Foutre… L’Argument Ultime, vous dis-je…
Souvenez-vous…
Antiquité. Quelques siècles avant Jésus Christ. Grêce.
Pythagore, mathématicien de son état, déclare : « J’en déduis que le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. »
Georges, badaud qui passait par là, déclare alors : « C’est faux. »
Pythagore de renchérir : « Je viens pourtant d’en faire la démonstration. »
Et Georges de conclure : « J’en ai rien à foutre. »
Sur ces mots irréfutables, ce théorème ridicule est immédiatement condamné à l’oubli, et les triangles rectangles deviennent géométriquement impossibles.
1633. Italie.
Gallilée, astronome, déclare que la Terre tourne.
Urbain VIII, pape, lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
La Terre s’arrête alors de tourner.
1860. USA
Abraham Lincoln est élu et promet l’abolition de l’esclavage, par respect pour la condition humaine.
Jefferson Davis lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
Pris au dépourvu et à court d’arguments, les abolitionnistes admettent leurs torts, Abraham Lincoln démissionne, et laisse le pouvoir aux mains de Jefferson Davis.
Novembre 1945. Nuremberg.
Hermann Wilhelm Göring est jugé pour crime contre l’humanité.
La liste des accusations est énoncée pendant des heures, les témoins et les documents s’enchaînent. Le débat porte surtout sur la façon dont il sera condamné à être dépecé.
Lorsque la parole lui est enfin laissée, Göring se lève et déclare : « J’en ai rien à foutre. »
Le silence se fait. Le juge déclare aussitôt son acquittement. Göring quitte la salle sous les applaudissements. Il mourra en 1983 après avoir vécu une belle et longue vie remplie d’amours et de succès divers.
Juin 2012. Chez moi.
Je reçois un coup de fil. Je décroche. C’est mon propriétaire, il me fait remarquer que j’ai trois mois de loyer de retard. Je lui fais remarquer que j’en ai rien à foutre. Il s’excuse, m’explique qu’il ne m’ennuiera plus et raccroche.
Le soir, je prends ma voiture. Devant moi, à une centaine de mètres, le feu passe au rouge. Je ne ralentis pas, j’ouvre ma fenêtre et je hurle que j’en ai rien à foutre. Je grille le feu rouge, les voitures m’évitent et s’encastrent les unes dans les autres.
Je vais dans un bar, je vois une fille qui me plaît. Je l’aborde et lui explique que je vais la violer dans les toilettes. Elle me dit qu’elle n’est pas d’accord. Je lui réponds que j’en ai rien à foutre. Elle me suit calmement, en silence. Je fais mon affaire, elle n’a pas l’air d’apprécier, je suis un peu triste pour elle mais j’en ai rien à foutre.
Quelques jours plus tard, chez moi, je reçois un groupe de policiers qui me font savoir que je suis accusé d’avoir provoqué un carambolage, ainsi que d’avoir perpétré un viol, et qu’ils aimeraient que je les suive sans faire d’histoire. Je leur rappelle que je me suis déjà expliqué sur ces affaires, que j’en ai rien à foutre ! Ils s’excusent, me disent qu’on ne les avait pas prévenus, ils ne savaient pas, ils vont s’en occuper. Ils repartent.
2013. Un jour. Quelque part.
Je débats avec un carniste. Je réponds calmement à toutes ses questions et affirmations. Je suis extrêmement patient et empli d’empathie à son égard. Je lui montre de nombreux documents, variés, bien sourcés, illustrés de nombreuses études. Il admet que j’ai raison. Il admet même qu’il est incohérent.
Il conclut :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
Je prends ma batte de baseball et je lui explose littéralement la tête.
Moi non plus, j’en ai rien à foutre.
Ah oui… « LOL. »
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PS : Par contre, si tu réussis à lui montrer Earthlings, les vidéos de L214, Le Sang des Bêtes, ou des choses du même genre, il se souvient soudain qu’il en a quand même un peu quelque chose à foutre, le carniste… Encore faut-il qu’il accepte de regarder…
Lol.
N’est-ce pas ?
Excellent, imparable…
Merci de lui exploser quand même la tête à la fin, histoire de finir en beauté.
Je découvre seulement ton blog (que j’aime bcp). Je lis tes articles avec beauuuucoup de retard. J’écris donc un commentaire sur un article de janvier mais j’en ai rien à foutre
LOL
Merci.
L’article démarrait de façon intéressante, mais la fin…
Faire mine de justifier le viol, l’esclavagisme etc… par un argument foireux censé être celui de tous les non végéta*iens, c’est malhonnête et/ou stupide. Et surtout ça enlève toute crédibilité au discours.
Il n’y pas de meilleur moyen que d’essayer implicitement de faire passer l’idée que les mangeurs de viandes sont des esclavagistes, violeurs, nazis, créationnistes pour discréditer en 2 secondes l’argumentation.
Tant qu’à faire, dans l’autre sens, on peut faire la même chose :
« il parait qu’Hitler était végétarien…je voudrais pas devenir nazi alors je continue les cotes de porc »
« Ted bundy s’est converti au végétarisme la dernière année avant son exécution…ne pas manger des animaux, c’est un truc de serial killer »
« Charles Manson, ce fieffé salaud était végétarien. si c’est pour devenir aussi taré…oui, je reprendrais bien un peu de gigot d’agneau, merci ».
ça parait idiot. Non?
Dénoncer le sophisme pour tomber dans un travers encore pire. Drôle de façon de « servir la cause ». Et certainement très peu efficace.
Il faudrait voir à ne pas lire tout de travers.
Tu es choqué par le fait que je compare le carniste à tout ça.
Mais est-ce que tu es choqué par le fait que je compare entre eux :
- Un « négationniste » de Pythagore
- Un défenseur du géocentrisme
- Un esclavagiste
- Un nazi
- Quelqu’un qui refuse de payer son loyer
- Quelqu’un qui grille les feux rouges
- Un violeur
- Quelqu’un qui envoie chier la police ?
N’est-ce pas affreux de déclarer que refuser de payer son loyer est aussi grave que commettre des crimes nazis ?…
Non, puisque ce n’est pas ce que j’ai écrit.
Si j’ai multiplié les comparaisons, c’est précisément parce qu’elles ont toutes le même intérêt : Montrer que « J’en ai rien à foutre. » ne modifie en rien la réalité physique ou éthique, et que c’est en soi une déclaration absurde.
Je compare le fait qu’on réponde « J’en ai rien à foutre. » aux constats de réalités logiques ou à des réflexions d’ordre éthique. Ca ne veut pas dire qu’il y a ou qu’il n’y a pas de degrés dans l’horreur, ça n’est juste pas la question. Ca veut dire que ces réflexions sont d’ordre éthique et qu’y répondre « J’en ai rien à foutre. » ne change absolument rien à la réalité éthique de la réflexion.
On peut débattre éternellement sur le fait qu’on peut avoir un comportement non-éthique sans pour autant acccepter l’idée que ce qu’on fait est mal, parce qu’on n’est pas quelqu’un de méchant… Mais dans ce cas-là, c’est qu’on n’a pas bien compris ce qu’était une réflexion éthique.
Oui, tout le monde est capable d’être dans l’erreur, et d’avoir un comportement qui n’est pas éthiquement justifiable. Surtout quand il s’agit d’un comportement soutenu par la majorité et qui a perduré suffisamment longtemps pour se justifier de lui-même (par la tradition, par l’habitude, par la norme, par la banalisation, par l’appel aux ancêtres, etc.), et donc pour échapper à la remise en question sans plus besoin d’argumentation logique.
Mais la plus grosse difficulté, c’est d’être capable de reconnaître la gravité du problème, et d’évoluer. C’est comme ça que fonctionne la société humaine depuis des millénaires : On reconnaît ses erreurs, et la société évolue moralement. On reconnaît de nouveaux droits aux groupes d’individus jusque là opprimés, et on abolit les pratiques injustes.
Et avant d’en prendre conscience, le principe, c’est qu’on n’en a pas conscience, et qu’on refuse de déclarer que c’est mal, vu qu’on le fait justement parce qu’on n’a pas conscience que c’est mal, et qu’on ne le ferait pas si on avait conscience que c’est mal. Logique, non ?…
(Avant l’abolition de l’esclavage, tout le monde refusait d’imaginer que l’esclavage était moralement condamnable. Incroyable, non ? Est-ce que tout le monde était méchant ?… Dans les pays où la prostitution infantile est légale, tout le monde refuse de croire que la prostitution infantile est moralement condamnable. Etonnant, n’est-ce pas ? Est-ce qu’ils sont tous méchants ?…)
D’où l’intérêt de la réflexion éthique, et l’intérêt d’accepter que la conclusion de la réflexion puisse être : « J’avais tort, ce que j’ai fait/je fais est VRAIMENT mal. ».
Si on refuse à l’avance la possibilité de cette conclusion, ça n’est même pas la peine d’envisager la réflexion ou la remise en cause. La réflexion est d’emblée interdite…
(Et dans ce cas-là, ça n’est pas même pas la peine d’espérer voir le monde évoluer et les problèmes se résoudre, quels qu’ils soient, même entre humains, puisque les réactions des responsables seront toujours du même ordre : Refus des responsables d’admettre la réalité du problème, d’envisager leurs propres erreurs et d’accepter le jugement moral.)
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Quant aux exemples que tu cites, ce sont effectivement des sophismes carnistes, qui n’ont absolument aucun rapport avec la réflexion de cet article. Ici, il ne s’agit pas d’amalgames à partir d’un personnage méprisable censé représenter le sujet en entier (reductio ad Hitlerum => http://fr.wikipedia.org/wiki/Reductio_ad_Hitlerum ), mais d’expliquer au moyen d’une démonstration par l’absurde que « J’en ai rien à foutre. » n’est pas une réponse acceptable à une réflexion éthique.
Conclure « J’en ai rien à foutre. » après une réflexion éthique parce qu’on n’a plus d’arguments à avancer, c’est juste nier la réalité et refuser dès le départ la réflexion, donc ça n’a aucun sens.
Par contre, ton mode de raisonnement, j’en parle ici :
http://pangolincariboukoala.free.fr/?p=2417
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Je te conseille également de te pencher là-dessus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram
Et surtout cette vidéo (extrêmement stimulante intellectuellement) : http://www.ted.com/talks/lang/fr/philip_zimbardo_on_the_psychology_of_evil.html
J’admire ta patience et surtout ton talent à formuler les réponses.