Le puits

Le problème de la souffrance et la mort infligées par les humains aux autres animaux est très exactement celui-ci : Elles sont incommensurables, mais on peut chacun y faire quelque chose.

Pour les souffrances et morts infligées par la prédation entre animaux non humains, ou par des événements indépendants de l’activité humaine,… c’est assez simple : Individuellement, on ne peut pas y faire grand chose. Donc inutile de se tracasser avec ça. On peut éventuellement y réfléchir de manière théorique, penser à une évolution très lointaine dans un futur hypothétique. Mais concrètement, y consacrer trop de temps aujourd’hui n’apportera pas de changement.

Mais souffrances et morts infligées par les humains,… c’est tellement simple d’arrêter soi-même de faire ce qui peut être évité simplement. Et, étant humain, c’est tellement simple d’en parler aux autres humains, et de les amener progressivement à prendre conscience qu’ils en sont aussi capables. Tellement simple de faire quelque chose de concret, soi-même, pour réduire peu à peu ces maux.

Mais souffrance et mort infligées par les humains,… c’est tellement gigantesque, innombrable. Ça n’a pas de fin. On peut y passer sa vie. Et s’il faut faire quelque chose, alors oui, on devrait y passer sa vie, y consacrer sa vie pour amener le monde à évoluer le plus rapidement possible. Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça s’arrête.

Militer pour mettre fin aux souffrances et morts infligées par les autres humains, c’est un trou noir. Ça peut devenir un trou noir. Ça peut faire relativiser sur tout le reste, réduire tout le reste à des futilités. Le problème de l’altruisme, commun à l’humanitarisme, à l’animalisme, à tous les militantismes peut-être : Ce puits sans fond, qui vous avale tout entier, parce qu’il doit être comblé, parce qu’il n’y a pas le choix.

Un puits sans fond, parce qu’un tas de crétins a décidé un jour de creuser d’abord un petit trou, qui est devenu un petit puits, un moins petit puits, un encore plus grand puits, un très grand puits, et puis de plus en plus profond, de plus en plus vite, sans raison, sans savoir pourquoi, peut-être dans le seul but d’atteindre les Enfers. Ou peut-être dans le but de creuser tellement profond qu’on ne puisse plus imaginer le reboucher. Faire le plus grand mal possible pour qu’il devienne de plus en plus difficile d’imaginer arrêter.

Un puits que continue à se creuser parce que vous êtes l’un des seuls à voir leur folie de creuseurs,  l’un des seuls à essayer de les convaincre d’arrêter, et de vous aider à convaincre les autres d’en faire autant.

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