Un monde sans viande ?

Il paraît qu’il ne faut surtout pas devenir végétarien.
Il ne faut surtout pas devenir végétarien, parce que d’abord, c’est hypocrite. Dans le monde actuel, les animaux d’élevage qui produisent du lait sont abattus dès qu’ils ne sont plus capables de produire du lait, et de toute façon, pour produire du lait, il faut qu’ils mettent bas, donc il faut tuer la surproduction d’animaux, notamment les mâles. Et dans le monde actuel, les poules pondeuses sont elles aussi abattues dès qu’elles ne pondent plus, et les mâles des filières pondeuses sont aussi inutiles, donc ils sont eux tués beaucoup plus tôt (Poussins gazés, broyés ou entassés dans des poubelles à étouffer tranquillement. C’est selon. Au mieux en filière bio, ils doivent être tués très tôt mais moins tôt pour la chair, bien que je n’en sois pas sûr du tout.).
Sans compter que la majorité de ces animaux d’élevage vivent une vie de maltraitances et/ou souffrance.
(Anecdote : Dans le jargon de l’élevage, les animaux qui ne produisent plus assez, on a appelle ça des animaux « de réforme » . Ça ne veut pas dire qu’il vont pouvoir profiter paisiblement de leur retraite, c’est juste un euphémisme crypté pour dire qu’ils ne sont plus rentables, et qu’il faut les tuer. Logique implacable.)

Il serait envisageable que ça ne se passe pas comme ça, qu’aucun animal ne soit maltraité et abattu pour la production de lait ou d’oeufs, dans un monde totalement différent, où l’économie ne serait pas reine, où l’éthique serait primordiale, et avec une consommation de produits animaux très très réduite. Mais dans le monde actuel, où les animaux d’élevage sont des machines à produire et non pas des êtres sensibles avec qui on collabore, ça ne se passe jamais comme ça.

Donc il ne faut surtout pas devenir végétarien, parce que si on participe à la diminution de la consommation/production de viande (Par exemple, de tous les animaux qui ne produisent pas de lait ou d’oeufs), sans sauver tous les animaux, alors ça n’est pas bien. On fait beaucoup moins de mal, mais pas complètement totalement zéro mal, donc c’est hypocrite, donc il ne faut surtout pas devenir végétarien.

Bien sûr, pour les raisons précédemment citées, il existe aussi des gens qui, après être passés par le végétarisme, décident de devenir végétaliens. Mais d’abord, tout le monde sait que devenir végétalien, ça n’est pas possible*. Et ensuite, ils sont aussi hypocrites, parce que d’un manière ou d’une autre, ils tuent au moins des insectes sans faire exprès, et des plantes, et on sait bien que les plantes sont des êtres hyper sensibles (même sans système nerveux, et bien que leur structure ne permette pas d’imaginer où se trouverait leur « centre nerveux », leur « conscience », leur individualité, puisque chaque partie coupée est susceptible de se régénérer indépendamment pour créer un autre ensemble). Mais bon, ils font encore énormément moins de mal, et tout ce qu’ils peuvent pour en faire le minimum, mais eux non plus, ils n’arrivent pas à faire absolument aucun mal, donc ce sont aussi des hypocrites.

(Ah oui, juste pour rappel, la plupart des végétaliens, et je pense, des végétariens aussi, sont de toute façon orientés « véganisme », pas de cuir, voire pas de laine, éviter les produits testés sur des animaux… Et ce, souvent, bien avant de se mettre au végétarisme. L’alimentation est bien plus problématique que le reste. Evitons donc tout de suite un argument à la con de plus.)

Donc il ne faut surtout pas devenir végétarien ou végétalien, parce que c’est infiniment plus hypocrite que de déclarer aimer les animaux tout en continuant à les maltraiter et tuer inutilement en masse pour satisfaire un plaisir gustatif remplaçable.

Bon, déjà, ça, c’est réglé.

Mais en plus, il ne faut surtout pas devenir végétarien ou végétalien, parce que c’est une fausse bonne idée, parce qu’un monde sans viande est impossible.
Alors… Bon, là, moi, j’ai un peu de mal à suivre… J’avoue qu’il me manque un élément pour comprendre comment le fait que toi, ou moi, ou mon voisin, ou même toute ma famille, devenions végétarien(s) ou végétalien(s) entraîne une réaction en chaîne incontrôlable de type nucléaire qui transformerait en quelques secondes toute l’humanité en végétaliens, de sorte qu’immédiatement on se trouverait dans une situation impossible qui ferait exploser l’environnement et condamnerait aussitôt des humains à la mort. Non, moi, j’aurais tendance à penser que s’il y a des endroits où se priver de viande (par chasse ou élevage) est effectivement impossible sans en mourir, ben ces gens-là continueront à faire comme ils ont toujours fait : Un petit peu de chasse ou un petit peu d’élevage (sans comparaison avec la consommation maladive des occidentaux). C’est ce que je me dis, je ne pense pas qu’ils iront se convertir au végétarisme si ça les oblige à mourir. Et je ne pense pas que le fait que le reste du monde (soyons fous) ait abandonné l’exploitation des animaux y changerait quelque chose. Je peux me tromper…
Un peu comme, vous voyez, le fait qu’il y ait une Déclaration Universelle des Droits de L’Homme et que des tas de pays s’en tamponnent le coquillard. Sauf que là, bien sûr, aucun végétarien n’a jamais osé dire qu’il fallait écrire une Déclaration Universelle de l’Interdiction de Manger de La Chair Animale Meme Si Tu Vis Dans Des Conditions Extremes Ou T’es Obligé De Tuer Pour Survivre.
Notez que, en ce qui concerne la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme et même l’interdiction de tuer dans beaucoup de pays du monde, puisque la guerre existera toujours, qu’il y aura toujours des gens à se faire tuer et torturer partout dans le monde, ou à mourir pour des conneries (du genre affamer des pays du Tiers Monde pour des intérêts économiques, ou laisser mourir les SDF dans la rue, et d’autres trucs), ben interdire l’homicide, c’est vraiment idiot, quand même. Ça ne sert à rien. En plus, ça serait bien pratique de l’autoriser, pour quand mon voisin fait vraiment chier. Enfin bon, je dis ça comme ça…

Mais bon, il paraît aussi que l’élevage est indispensable à des tas de cycles naturels comme des trucs avec les pâturages, même si bien sûr l’immense majorité de la production de viande actuelle n’entre absolument plus dans ces cycles naturels, et sert plutôt à raser l’Amazonie pour cultiver des céréales pour nourrir le bétail, notamment européen. Et même si la diminution de l’élevage entraînerait de fait la diminution de l’espace mondial utilisé pour les cultures, et que donc ces pâturages (réservés aux élevages de bovins et ovins, pas du tout aux porcs et oiseaux qui n’ont rien à voir avec ça, et dont l’élevage n’a donc aucune vague excuse écologique) ne se transformeraient pas en surfaces de culture, mais en surfaces boisées. Et apparemment, trop de reboisement, c’est problématique, parce qu’on ne sait pas couper les arbres pour les exploiter et recréer des espaces déboisés.
Visiblement, on n’est pas non plus capables d’imaginer de laisser vivre quelques ruminants qui entretiendraient ces pâturages essentiels, et qu’on déciderait bizarrement de ne pas tuer et de laisser vivre tranquillement, sans avoir besoin de les nourrir de céréales, puisqu’il est dit que ces animaux peuvent vivre en se contentant de paître. Parce que visiblement, tout animal non humain qui ose exister doit absolument être tué pour être mangé, comme par exemple, les taupes, les renards, les chats, les furets, les cygnes, les mouettes, les limaces, les écureuils, les hérissons, etc.

Quant à la chasse (qui, au demeurant, n’est en rien un argument pour l’élevage, ni pour la consommation de viande du consommateur lambda de bovins, ovins, cochons, oiseaux, lapins, poissons…) c’est obligatoire, parce qu’il faut réguler les animaux. On ne chasse d’ailleurs que pour réguler les animaux. Pas plus, pas moins. Et y a jamais de lâchers d’animaux domestiques pour qu’ils se mêlent aux animaux sauvages et dopent un peu la population à chasser, non, non. D’ailleurs, y a des cantons en Suisse où la chasse est interdite, hé ben, on est obligés de désigner des responsables pour tuer les animaux en surpopulation.
Enfin, bon, je ne sais pas, imaginer de remplacer les balles des fusils par des seringues hypodermiques pour assommer les animaux au lieu de les tuer, pour ensuite, en allant récupérer l’animal, se contenter de le stériliser au lieu de le découper pour le manger, ça doit être totalement fou. Pas la peine d’y penser.

Bref, que toi, moi, ou des tas de gens comme toi et moi, on décide de devenir végéta*iens, pour qu’il existe un peu plus de végéta*iens que le nombre actuellement insignifiant, ça n’est pas possible, parce qu’un monde sans viande, ça n’est pas possible.

Un monde sans viande ?
Non, ça n’est pas possible.

L’humanité est capable de consacrer toute son énergie, de se fatiguer pendant des décennies voire des siècles à réfléchir, parfois au prix de lourds sacrifices, à des problèmes tordus, absurdes, totalement dingues, apparemment insolubles, dans le but de :
- se déplacer à des vitesses des dizaines de fois supérieures à sa capacité de course
- voler (en groupe ou en solitaire)
- se déplacer sous l’eau à des pressions de plusieurs dizaines d’atmosphères
- aller dans l’espace, sur la lune, envisager de coloniser Mars
- s’immuniser face aux virus
- ou créer de nouveaux virus
- se faire greffer des organes, des mains, un visage
- étudier et opérer le cerveau humain
- créer des êtres métalliques, électroniques, qui auraient une autonomie et une intelligence leur permettant d’apprendre et de se comporter comme des humains
- essayer de capter des signaux provenant d’êtres qui pourraient peut-être vivre à des années-lumière, quelque part
- cloner des êtres vivants complexes, des mammifères ou autres
- jouer avec le génome de végétaux et d’animaux, sans trop s’inquiéter
- fissionner l’atome pour obtenir de nouvelles sources d’énergie incontrôlables, et de nouveaux moyens de destruction massive
- perfectionner toutes sortes de technologies militaires permettant de s’entretuer encore plus efficacement
- multiplier en 50 ans la production animale jusqu’à des rendements ahurissants, par croisements génétiques, inséminations artificielles, études de nouvelles techniques d’engraissement, de traitement, d’abattage, etc.
- toutes sortes d’avancées technologiques améliorant toujours un peu plus le confort des humains les plus riches au détriment des humains les plus pauvres, des animaux non humains, de l’environnement, de la biodiversité et du reste
- etc.

L’homme est capable de consacrer sa vie, corps et âme, à imaginer l’impossible, dans tous les domaines.

Mais un monde sans viande, un monde où l’on épargnerait les êtres sensibles non humains, non. Ca n’est pas possible. Pas la peine d’y penser, d’y réfléchir, d’imaginer, d’essayer de se poser la question. De faire un début d’effort. Non. Ça, c’est VRAIMENT impossible.

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* B12 et le reste

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