Archives de catégorie : Les personnes qui ne se mangent pas.

Les êtres sensibles, sentients, qui ont le désir de vivre, une existence mentale, un système nerveux et un cerveau, c’est-à-dire une individualité. Donc les personnes. Autrement dit les animaux.

Le puits   

Le problème de la souffrance et la mort infligées par les humains aux autres animaux est très exactement celui-ci : Elles sont incommensurables, mais on peut chacun y faire quelque chose. Pour les souffrances et morts infligées par la prédation … Continuer la lecture

Le problème de la souffrance et la mort infligées par les humains aux autres animaux est très exactement celui-ci : Elles sont incommensurables, mais on peut chacun y faire quelque chose.

Pour les souffrances et morts infligées par la prédation entre animaux non humains, ou par des événements indépendants de l’activité humaine,… c’est assez simple : Individuellement, on ne peut pas y faire grand chose. Donc inutile de se tracasser avec ça. On peut éventuellement y réfléchir de manière théorique, penser à une évolution très lointaine dans un futur hypothétique. Mais concrètement, y consacrer trop de temps aujourd’hui n’apportera pas de changement.

Mais souffrances et morts infligées par les humains,… c’est tellement simple d’arrêter soi-même de faire ce qui peut être évité simplement. Et, étant humain, c’est tellement simple d’en parler aux autres humains, et de les amener progressivement à prendre conscience qu’ils en sont aussi capables. Tellement simple de faire quelque chose de concret, soi-même, pour réduire peu à peu ces maux.

Mais souffrance et mort infligées par les humains,… c’est tellement gigantesque, innombrable. Ça n’a pas de fin. On peut y passer sa vie. Et s’il faut faire quelque chose, alors oui, on devrait y passer sa vie, y consacrer sa vie pour amener le monde à évoluer le plus rapidement possible. Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça s’arrête.

Militer pour mettre fin aux souffrances et morts infligées par les autres humains, c’est un trou noir. Ça peut devenir un trou noir. Ça peut faire relativiser sur tout le reste, réduire tout le reste à des futilités. Le problème de l’altruisme, commun à l’humanitarisme, à l’animalisme, à tous les militantismes peut-être : Ce puits sans fond, qui vous avale tout entier, parce qu’il doit être comblé, parce qu’il n’y a pas le choix.

Un puits sans fond, parce qu’un tas de crétins a décidé un jour de creuser d’abord un petit trou, qui est devenu un petit puits, un moins petit puits, un encore plus grand puits, un très grand puits, et puis de plus en plus profond, de plus en plus vite, sans raison, sans savoir pourquoi, peut-être dans le seul but d’atteindre les Enfers. Ou peut-être dans le but de creuser tellement profond qu’on ne puisse plus imaginer le reboucher. Faire le plus grand mal possible pour qu’il devienne de plus en plus difficile d’imaginer arrêter.

Un puits que continue à se creuser parce que vous êtes l’un des seuls à voir leur folie de creuseurs,  l’un des seuls à essayer de les convaincre d’arrêter, et de vous aider à convaincre les autres d’en faire autant.

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Glissement   

Petite réflexion menée à l’instant (initiée par le souvenir d’un échange récent, et qui n’est pas non plus sans rapport avec ça) : Dans un débat avec un carniste, on va partir d’un argument avancé par le carniste, qu’on va … Continuer la lecture

Petite réflexion menée à l’instant (initiée par le souvenir d’un échange récent, et qui n’est pas non plus sans rapport avec ça) :

Dans un débat avec un carniste, on va partir d’un argument avancé par le carniste, qu’on va démonter méthodiquement soit par une réflexion simple, soit en livrant des informations sourcées dont il n’avait pas connaissance. Décontenancé, le carniste va aussitôt rebondir sur un autre argument balancé spontanément, soit de manière visible si celui-ci n’a aucun rapport avec le premier, soit subtilement s’il s’y apparente tout en le déformant. Or il arrive toujours un moment où un nouvel argument est en contradiction totale avec l’un des précédents. Et il arrive également régulièrement qu’après un moment un peu plus long, on retombe sur l’un des arguments avancés plus tôt et déjà annulé.
En fait, l’erreur habituelle, en tant que végé militant, c’est de répondre à la volée à chaque nouvel argument avancé, sans faire valider qu’il s’agit d’un nouvel argument dépourvu de lien logique avec le précédent, et surtout sans faire valider que la carniste a implicitement reconnu que le premier argument était faux (Ce qui lui permet donc d’y retourner plus tard sans même s’en apercevoir.).

Donc Note pour plus Tard : Dans un débat avec un carniste, toujours prendre le temps d’avancer calmement, et de lui faire confirmer lui-même explicitement l’invalidité de l’argument avancé, à chaque nouvelle étape atteinte, avant de répondre au suivant.

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Y a pire ailleurs.   

Parfois, y a des gens qui reprochent aux militants pour la cause animale ou aux militants vegans de s’occuper de la souffrance des animaux alors qu’ailleurs des humains souffrent aussi. Y en a même qui reprochent aux végés militants de … Continuer la lecture

Parfois, y a des gens qui reprochent aux militants pour la cause animale ou aux militants vegans de s’occuper de la souffrance des animaux alors qu’ailleurs des humains souffrent aussi. Y en a même qui reprochent aux végés militants de lutter contre la production de gaz à effet de serre provoquée à hauteur de 18% par l’élevage, alors qu’il y en a 82% qui proviennent d’autres sources.

J’imagine que ces mêmes gens vont faire les mêmes reproches aux organismes humanitaires qui viennent en aide aux malades du SIDA alors qu’il y a des femmes lapidées dans d’autres pays, ou aux organismes qui luttent pour la liberté de la presse alors qu’il y a des enfants qui font la guerre ailleurs, ou aux associations qui offrent de la nourriture aux SDF en France alors que des enfants ne vont pas à l’école dans des pays du tiers monde, ou aux écologistes qui veulent remplacer les transports les plus producteurs de gaz à effet de serre alors qu’il y a des femmes violées en France… Oui, j’imagine qu’ils font ça, juste avant d’aller s’affaler dans leur canapé avec un plat de lasagnes réchauffé au micro-onde et une bonne bière pour regarder le match à la télé, après une dure journée de travail qui leur a permis de gagner juste assez d’argent pour acheter leur nouvel iPhone.

Ces gens-là, ils me font penser à un bateau. Un bateau parti en mer qui, après un choc, aurait vu apparaître dix trous dans la coque, et qui serait en train de se remplir d’eau. Sur chaque trou, il y aurait quelqu’un qui serait en train de travailler à le reboucher, avec une planche, un marteau et des clous. Et qui s’y prendrait plutôt pas mal.
Et pendant ce temps-là, y aurait un gros con les bras ballants qui viendrait faire chier, l’une après l’autre, les dix personnes affairées à reboucher leur trou, en leur criant à chacune d’arrêter tout de suite parce qu’il y a neuf autres trous dans la coque. Et lui aussi s’y prendrait plutôt pas mal.

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La gentillesse   

Parfois, selon la réaction et l’opinion de certains zoophages (pas tous, loin de là), ce qu’on reproche aux végétariens/vegans, ça n’est pas d’avoir raison, puisque là-dessus on est d’accord, ils ont raison. Non, ce qu’on leur reproche, c’est la façon … Continuer la lecture

Parfois, selon la réaction et l’opinion de certains zoophages (pas tous, loin de là), ce qu’on reproche aux végétariens/vegans, ça n’est pas d’avoir raison, puisque là-dessus on est d’accord, ils ont raison. Non, ce qu’on leur reproche, c’est la façon de dire qu’ils ont raison. On préfèrerait qu’ils nous montrent involontairement qu’ils ont raison, mais sans le dire, par humilité, vous voyez, qu’on puisse leur dire à leur place que si, si, non, mais ils n’ont pas à avoir honte d’avoir raison, on sait qu’ils ont raison. Mais faut pas le dire.

Me le dis pas, sois humble, fais semblant de croire que tu as tort, c’est moi qui dois te le dire, que tu as raison, OK ? Mets-toi à genoux et baisse les yeux, par respect pour moi, puis laisse-moi te relever le menton. Alors je t’écouterai.

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Cachez ce film que je ne saurais voir.   

Comment vendre Earthlings à vos amis carnistes, qui trouveront des tas de bonnes excuses pour ne jamais le regarder en se faisant croire qu’ils ne sont pas terrifiés à cette idée ? (Earthlings ou, en plus Français, les vidéos de … Continuer la lecture

Comment vendre Earthlings à vos amis carnistes, qui trouveront des tas de bonnes excuses pour ne jamais le regarder en se faisant croire qu’ils ne sont pas terrifiés à cette idée ?

(Earthlings ou, en plus Français, les vidéos de L214, ou Le Sang des Bêtes… Ou autre, si vous avez autre chose. Pour moi, ce sont les références, pour le moment.)

Pas facile, pas facile.

J’ai pensé à quelques slogans :

« EarthlingsBienvenue dans le Monde Des Bisounours ;)  »
« EarthlingsUn concentré d’idées cuisine !  »
« EarthlingsA un moment, y a des femmes à poil. »
« EarthlingsMOI, je l’ai maté en entier. Tapette. »
« EarthlingsMoins cher qu’un tatouage. »
« EarthlingsAh ouais, t’as fait ton service militaire ? Ah, ah, petit joueur… »
« EarthlingsJ’ai tenu 45 minutes. Essaie de me battre ! »
« EarthlingsEncore plus gore que Saw 7 »
« EarthlingsEncore plus triste que Moulin Rouge »
« EarthlingsNon, mais on s’en fout, en fait. »
« EarthlingsC’est pas si terrible… »
« EarthlingsParce que la viande, c’est TROP BON. »
« EarthlingsUne bonne tranche de rigolade. »
« EarthlingsÇa m’a redonné goût à la viande ! »
« EarthlingsJe l’ai vu deux fois. Couille molle. »
« EarthlingsFaut avouer que c’est cucu… »
« EarthlingsOn voit bien que c’est que des acteurs… »
« EarthlingsNon, mais ça se passe pas comme ça, en vrai… »
« EarthlingsFaut pas être extrême… »
« EarthlingsLes animaux ne ressentent rien, c’est ce qu’y faut se dire… »
« EarthlingsLes animaux n’existent pas, les animaux n’existent pas. Les animaux n’existent pas ! »
« EarthlingsLe même film, mais avec des carottes, ça ferait le même effet ?  »
« EarthlingsAu moins après ça, tu seras sûr.e que tu aimes VRAIMENT la viande. »
« EarthlingsLa fin est trop LOL ! »
« EarthlingsC’est comme Memento, en fait. On comprend tout à la dernière scène. »
« EarthlingsIl y a quelques films cultes qui font énormément réfléchir et qui vous marquent. Celui-ci m’a retourné la cervelle à tout jamais. »
« EarthlingsAssume. »

Excellente qualité, mais manquent quelques sous-titres.

Qualité pas top, mais tous les sous-titres.

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Le coup de gueule du soir…   

Hé, les carnistes ! Pourquoi vous adoptez des chats, des chiens, des lapins, des cobayes, etc. pour leur faire des mimis, des pioupious, des câlins ?… Je veux dire… Est-ce que vous êtes cons ?! [Ouais, y a des moments … Continuer la lecture

Hé, les carnistes ! Pourquoi vous adoptez des chats, des chiens, des lapins, des cobayes, etc. pour leur faire des mimis, des pioupious, des câlins ?… Je veux dire… Est-ce que vous êtes cons ?!

[Ouais, y a des moments où j'ai besoin de me défouler, de manière brute. De me vider. D'évacuer. Et sur mon blog personnel, c'est un peu le lieu idéal.]

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Le changement de paradigme   

Quand j’étais gamin, j’avais un problème d’ego. Pas comme aujourd’hui. Aujourd’hui, je manque terriblement de confiance en moi, je me sens nul, ignorant, lâche, fainéant, incapable (souvent même incapable de survivre), et si je me sens capable de mener des … Continuer la lecture

Quand j’étais gamin, j’avais un problème d’ego.

Pas comme aujourd’hui. Aujourd’hui, je manque terriblement de confiance en moi, je me sens nul, ignorant, lâche, fainéant, incapable (souvent même incapable de survivre), et si je me sens capable de mener des raisonnements corrects, logiques, que d’autres ne font pas, j’ai plus l’impression que c’est grâce à une certaine rigueur et honnêteté intellectuelle. Je ne refuse aucune explication à rien, je ne cherche pas à ménager mon ego et j’accepte donc les conclusions les plus désagréables sur ma personne, je ne doute pas une seule seconde qu’on puisse trouver cachées en moins les pires abjections. J’ai certainement en moi du sexisme, du racisme, de l’homophobie, du spécisme. Peut-être même, un peu plus profond, de la pédophilie, des pulsions incestueuses, sadiques, masochistes, meurtrières et autres. Je n’en suis pas fier, je ne les arbore pas, mais j’accepte leur existence malheureuse. Donc je ne me ménage pas, je nie et refoule le minimum de choses, je m’efforce de ne pas laisser mon ego contrôler mes raisonnements par des voies inconscientes. Et je m’efforce d’avancer pas à pas, sans foncer sur la conclusion. Je pense être capable de mener des raisonnements corrects. Et je pense même être capable de remettre en cause mes raisonnements s’ils ont été influencés par des émotions inconscientes sur le moment. Mais je ne me sens pas intelligent. Je crois que n’importe qui est capable de mener ces raisonnements, s’il en prend le temps et s’il accepte d’avoir la même honnêteté.

Mais quand j’étais gamin, je me prenais pour un génie… J’avais besoin d’être un génie, d’être plus intelligent que les autres. Donc j’étais motivé pour être le meilleur de la classe, et donc pendant un certain nombre d’années, je suis resté le meilleur de la classe (dans la plupart des matières, en tout cas). J’avais un complexe de supériorité. Et j’avais besoin de sortir du lot, d’être différent, exceptionnel. Bien sûr, je ne l’étais pas, mais je le croyais. Donc je m’intégrais mal aux groupes (ce qui tombe bien puisque j’étais également phobique social depuis aussi loin que remonte mes souvenirs). Et j’avais surtout une grande facilité pour ne pas voir les conventions sociales, les concepts dans lesquels je berçais, comme des « vérités immuables ». J’aimais changer de paradigme. J’aimais me dire que les humains n’étaient pas les maîtres du monde. J’aimais me dire que les humains n’étaient finalement rien de plus que des hommes préhistoriques en mieux habillés. J’aimais me demander pourquoi les filles se comportaient comme des filles et les garçons comme des garçons, et si au fond, je n’aurais pas pu naître dans un corps de fille, et me retrouver avec une personnalité de fille… Voire dans le corps d’un autre animal. J’aimais me dire que j’aurais pu tomber amoureux d’une fille, et puis penser que finalement, elle n’était pas si différente d’un garçon, et qu’elle aurait pu être un garçon. J’aimais me dire que finalement, nous autres, nous ne sommes que des cerveaux, des masses gélatineuses, même si nos véhicules sont en forme d’humanoïdes, le vrai nous, c’était plutôt le cerveau, pas l’ensemble des organes sensoriels collés sur la boîte qui nous contient. J’aimais changer de paradigme. J’aimais remettre en cause tout, tout le temps.

Remettre en cause la viande n’a pas été pour moi un problème. J’ai toujours trouvé gênant de savoir qu’un jeune animal avait été tué pour me donner sa chair. Le seul argument qui m’ait jamais empêché de devenir végétarien, c’était la pression de mes parents, qui m’assuraient que je n’aurais pas pu survivre sans en manger, et qui me menaçaient de m’envoyer à l’hôpital sous perfusion si j’arrêtais de manger. Je ne voyais pas d’issue. Je ne pouvais pas arrêter la viande avant ma majorité. Il se trouve que vers 15 ans, j’ai croisé un végétarien, et j’ai vu que ça n’était pas si dangereux que ça. Ou du moins que c’était possible. Peut-être que si je n’avais jamais fait cette rencontre, j’aurais oublié mon désir de végétarisme. En tout cas, j’ai diminué ma consommation de viande dès que j’ai pu (dès que j’ai mangé le midi au lycée), dès que je me suis senti la force d’affronter la pression sociale, et je me suis déclaré végétarien dès ma majorité, quand mes parents n’avaient plus autorité pour m’en empêcher (avec quelques ratés dûs à la pression sociale la première année). J’ai eu bien sûr la peur du manque du goût de la viande (ou de certaines viandes) comme tous les carnistes, j’ai eu un peu les pétoches avant ma majorité en me disant que j’allais me priver de ça pour la vie, mais ça n’a pas duré.

Je n’ai jamais eu besoin d’une immense remise en cause, parce que je n’ai jamais eu un immense besoin de m’intégrer à la société (d’autant plus que j’ai toujours une immense difficulté à m’y essayer). La société n’a jamais été pour moi une presse destinée à me formater l’esprit. Du moins pas autant que la plupart. Donc je n’ai pas perdu de vue que la viande était de la chair animale, et je n’ai pas eu à déconstruire d’immenses constructions mentales faites pour me maintenir dans le carnisme. Oh, bien sûr, les fameux sophismes, je les connaissais bien, surtout ceux destinés à nous démotiver (« Ça ne sert à rien, ça ne changera rien, je n’ai aucun impact sur le système… »), mais la plupart d’entre eux ne m’ont jamais convaincu (Le lion et la gazelle ne m’ont jamais convaincu que je devais en faire autant… Ils me plongeaient simplement dans une infinie tristesse de savoir que les animaux s’entretuaient… Et quand j’entends aujourd’hui ma mère me dire que manger du poisson n’est pas « grave » parce que « Les poissons se mangent entre eux, mais pourtant ils sont gentils, les poissons ! »… Je me dis que mon dieu, mon dieu, mon dieu… Dans quelle fange intellectuelle accepte-t-on de s’enfoncer pour obéir au carnisme…). Je n’ai pas eu grand chose à déconstruire. Parce que j’avais depuis longtemps l’habitude de déconstruire. Et j’ai continué à le faire toute ma vie. Déconstruire, analyser, ne rien tenir pour acquis, douter de tout.
Déconstruire, c’est jouer au légo, ça m’occupe, ça m’amuse, et c’est pas si terrible.

Et comprendre qu’il est éthique, et donc nécessaire d’arrêter de manger les animaux, c’est bien ça, le fameux « changement de paradigme ». Changer sa vision du monde, défaire tout ce qu’on nous a inculqué depuis l’enfance pour ne pas comprendre que faire souffrir inutilement est mal même si la victime finit dans notre bouche. Car la souffrance est la souffrance. La mort est la mort. La question n’est que de savoir si on peut les éviter, et rien d’autre. Et si on le peut, alors on le doit. Et pour être capable de ré-ouvrir les yeux, revoir la simplicité de ce constat, il faut démonter tout ça, toute cette folie collective qu’on nous enseigne méticuleusement, à coup de punitions, d’affirmations indémontrables, de rhétorique fallacieuse, de menaces, de peur, de formatage, et finalement par la mise en place de l’habitude. La force de l’habitude, la force la plus puissante au monde. Puis la terreur de changer ses habitudes si bien ancrées. Et la terreur de comprendre que tout était faux. Terreurs qui entraînent le besoin de perpétuation et de reproduction, pour un cycle sans fin… Terreurs qui entraînent les réactions les plus folles, insensées, absurdes, brutales quand on est incité à essayer de déconstruire.

Je n’ai jamais eu besoin de déconstruire tout ça, car moi, je n’ai jamais cru que les humains, et encore moins ma société, étaient les détenteurs de La Vérité.

Le changement de paradigme, pour moi, c’est une banalité. C’est comme changer de chaussettes.
Le changement de paradigme, pour un carniste, c’est inimaginable. C’est comme changer de cerveau.

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RAF : L’Argument Ultime   

Quand un carniste débat avec un végéta*ien éthique, ça prend généralement la forme : 1) Carniste : Je t’envoie un sophisme de déculpabilisation, qui se démonterait en 10 secondes si j’osais y réfléchir. 2) Végéta*ien éthique : Je te démonte … Continuer la lecture

Quand un carniste débat avec un végéta*ien éthique, ça prend généralement la forme :
1) Carniste : Je t’envoie un sophisme de déculpabilisation, qui se démonterait en 10 secondes si j’osais y réfléchir.
2) Végéta*ien éthique : Je te démonte (sans r) le sophisme en 2 secondes, parce que j’ai osé y réfléchir, et surtout parce que je le connais par coeur.
3) Carniste : Je t’envoie une idée toute faite, de l’ordre de la légende urbaine, censée induire la nécessité de la viande, mais qui se démonterait en quelques minutes si j’osais me renseigner.
4) Végéta*ien éthique : Je te renvoie les informations argumentées et sourcées qui démontent ton idée toute faite, parce que j’ai osé me renseigner pendant des heures et des jours, et parce que je la connais par coeur.
5) Carniste : Je répète les étapes 1 et 3 (presque) indéfiniment parce que j’ai effacé de ma mémoire toutes tes réponses 2 et 4 aussitôt après les avoir comprises et admises, étant donné qu’elles m’étaient insupportables à entendre.
6) Végéta*ien éthique : Je suis extrêmement patient et je répète (presque) indéfiniment les réponses 2 et 4, parce que je sais que tu les effaces à mesure que tu les entends étant donné qu’elles te sont insupportables à entendre, mais qu’il en reste malgré tout des traces et qu’à force tu finiras bien par les enregistrer entièrement ou accepter a) d’y réfléchir, b) de te renseigner.

(Edit du 01/01/2014 : Pour compléter sa culture et comprendre ce que j’entends par « sophismes carnistes », on pourra à peu près tous les retrouver ici : http://vegfaq.org/
Tous les sophismes carnistes entrent bel et bien dans cette liste : http://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Raisonnement_fallacieux )

Au bout d’un moment, il arrive assez souvent que le débat prenne fin, le carniste étant finalement épuisé de se battre contre sa conscience, et qu’il en arrive à conclure : « Oui, tu as raison… Mais moi, je ne pourrais jamais…  »
A partir de cette phase, commence alors une autre étape, encore plus longue mais pourtant moins usante, où le travail -enfin- n’est plus de convaincre le zoophage de l’absurdité du carnisme, mais de l’accompagner psychologiquement pour qu’il comprenne comment « il pourrait « .

J’ai dit « il arrive assez souvent« … Car il arrive assez souvent aussi que le débat prenne fin d’une toute autre façon… Il arrive, après que les étapes 1 à 6 aient été suivies, ou après que la lecture d’un article de journal, la vue d’une émission télévisée très complète sur une grande chaîne culturelle, l’écoute d’une émission de radio de même acabit, la lecture d’une grande enquête sous forme de livre journalistique, la somme de tout ça, ou de tout autre support, s’en soient chargés pour nous… Il arrive, après, donc, que toutes les justifications carnistes aient été éliminées une à une… Il arrive que le carniste conclue, même après avoir admis qu’il a de l’empathie, ou mieux, un profond amour pour les autres animaux, après avoir admis que la souffrance provoquée par le fait de manger de la viande est réelle mais qu’il ne supporterait pas d’en prendre conscience, même après avoir admis que tous les arguments qui lui ont été opposés l’énervent mais restent totalement valables et solides, il arrive donc qu’il conclue :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
(Le LOL étant la cerise sur le gâteau qui rend tout ça si magnifique.)

Et là… Il ne reste plus rien à ajouter. L’Argument Ultime a été invoqué : J’en ai Rien A Foutre. Le carniste est vainqueur par KO. Il a effectué sans hésitation le coup mortel, la combo impossible à esquiver, impossible à parer : J’en ai Rien A Foutre.

J’en ai Rien A Foutre… L’Argument Ultime, vous dis-je…

Souvenez-vous…
Antiquité. Quelques siècles avant Jésus Christ. Grêce.
Pythagore, mathématicien de son état, déclare : « J’en déduis que le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. »
Georges, badaud qui passait par là, déclare alors : « C’est faux. »
Pythagore de renchérir : « Je viens pourtant d’en faire la démonstration. »
Et Georges de conclure : « J’en ai rien à foutre. »
Sur ces mots irréfutables, ce théorème ridicule est immédiatement condamné à l’oubli, et les triangles rectangles deviennent géométriquement impossibles.

1633. Italie.
Gallilée, astronome, déclare que la Terre tourne.
Urbain VIII, pape, lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
La Terre s’arrête alors de tourner.

1860. USA
Abraham Lincoln est élu et promet l’abolition de l’esclavage, par respect pour la condition humaine.
Jefferson Davis lui répond : « J’en ai rien à foutre. »
Pris au dépourvu et à court d’arguments, les abolitionnistes admettent leurs torts, Abraham Lincoln démissionne, et laisse le pouvoir aux mains de Jefferson Davis.

Novembre 1945. Nuremberg.
Hermann Wilhelm Göring est jugé pour crime contre l’humanité.
La liste des accusations est énoncée pendant des heures, les témoins et les documents s’enchaînent. Le débat porte surtout sur la façon dont il sera condamné à être dépecé.
Lorsque la parole lui est enfin laissée, Göring se lève et déclare : « J’en ai rien à foutre. »
Le silence se fait. Le juge déclare aussitôt son acquittement. Göring quitte la salle sous les applaudissements. Il mourra en 1983 après avoir vécu une belle et longue vie remplie d’amours et de succès divers.

Juin 2012. Chez moi.
Je reçois un coup de fil. Je décroche. C’est mon propriétaire, il me fait remarquer que j’ai trois mois de loyer de retard. Je lui fais remarquer que j’en ai rien à foutre. Il s’excuse, m’explique qu’il ne m’ennuiera plus et raccroche.
Le soir, je prends ma voiture. Devant moi, à une centaine de mètres, le feu passe au rouge. Je ne ralentis pas, j’ouvre ma fenêtre et je hurle que j’en ai rien à foutre. Je grille le feu rouge, les voitures m’évitent et s’encastrent les unes dans les autres.
Je vais dans un bar, je vois une fille qui me plaît. Je l’aborde et lui explique que je vais la violer dans les toilettes. Elle me dit qu’elle n’est pas d’accord. Je lui réponds que j’en ai rien à foutre. Elle me suit calmement, en silence. Je fais mon affaire, elle n’a pas l’air d’apprécier, je suis un peu triste pour elle mais j’en ai rien à foutre.
Quelques jours plus tard, chez moi, je reçois un groupe de policiers qui me font savoir que je suis accusé d’avoir provoqué un carambolage, ainsi que d’avoir perpétré un viol, et qu’ils aimeraient que je les suive sans faire d’histoire. Je leur rappelle que je me suis déjà expliqué sur ces affaires, que j’en ai rien à foutre ! Ils s’excusent, me disent qu’on ne les avait pas prévenus, ils ne savaient pas, ils vont s’en occuper. Ils repartent.

2013. Un jour. Quelque part.
Je débats avec un carniste. Je réponds calmement à toutes ses questions et affirmations. Je suis extrêmement patient et empli d’empathie à son égard. Je lui montre de nombreux documents, variés, bien sourcés, illustrés de nombreuses études. Il admet que j’ai raison. Il admet même qu’il est incohérent.
Il conclut :
« OK, d’accord… Mais je continuerai quand même à manger ma viande, j’en ai rien à foutre ! LOL »
Je prends ma batte de baseball et je lui explose littéralement la tête.
Moi non plus, j’en ai rien à foutre.

Ah oui… « LOL. »

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PS : Par contre, si tu réussis à lui montrer Earthlings, les vidéos de L214, Le Sang des Bêtes, ou des choses du même genre, il se souvient soudain qu’il en a quand même un peu quelque chose à foutre, le carniste… Encore faut-il qu’il accepte de regarder…

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Le péché sempiternel   

Je ne crois pas en Dieu (ou si Dieu existe, alors c’est moi). Mais s’il y avait un Dieu, un Dieu qui testerait le libre-arbitre, la capacité des individus à choisir entre le Bien et le Mal, alors à sa … Continuer la lecture

Je ne crois pas en Dieu (ou si Dieu existe, alors c’est moi).

Mais s’il y avait un Dieu, un Dieu qui testerait le libre-arbitre, la capacité des individus à choisir entre le Bien et le Mal, alors à sa place, j’aurais fait un petit test simple. J’aurais créé un mal évident à ne pas commettre, un mal évident et simple que tout le serait capable d’éviter sans aucun effort. Un mal que tout le monde serait également capable de reconnaître et identifier avec le strict minimum de réflexion et d’empathie. Et j’y aurais juste ajouté une petite subtilité : Je n’aurais donné aucune règle explicite écrite ou orale, aucun ordre pour éviter de commettre ce mal. Je l’aurais laissé libre à tout un chacun, et j’y aurais même rajouté suffisamment de tentations et d’astuces pour se déculpabiliser de ce mal avec facilité, je l’aurais intégré dans la Norme, dans l’Ordre des Choses. Un mal identifiable, et aussi facile à commettre qu’à éviter. De sorte que oui, chacun aurait été pleinement libre de choisir ou non de commettre ce mal.

Si j’avais été Dieu, je n’aurais pas posé une Pomme en donnant l’Ordre tonitruant et menaçant de ne pas la manger. Ou serait le libre-arbitre si toutes les règles sont déjà explicitement données ? « Vous avez le choix entre obéir à ces règles, ou être inévitablement châtié par une souffrance éternelle qui dépassera infiniment le plaisir furtif que vous pourriez avoir à transgresser ces règles. » ?… Ça n’aurait aucun sens. N’importe quel idiot, même le plus cruel, le plus vil et le plus égoïste, choisirait la seule option raisonnable. Seul un fou choisirait l’inverse, or un fou n’est pas responsable, n’a pas de libre-arbitre, ne peut pas être jugé.
Non, si j’avais été Dieu, je n’aurais pas écrit de commandements. Et probablement aucun texte non plus. Si j’avais été Dieu, dès le départ, j’aurais remplacé la possibilité de manger la Pomme par autre chose, j’aurais laissé visible bien en évidence la conséquence néfaste de l’acte, et j’aurais simplement dit : « Faites comme vous voulez, absolument rien ne vous l’interdit. Vous ne perdrez rien. Personne ne vous jugera jamais. ».

N’importe quel Dieu capable d’inventer le libre-arbitre, le péché, la tentation, la damnation et l’Enfer serait suffisamment tordu et sournois pour imaginer un truc pareil.

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Spectres   

Tout à l’encre, et toutes petites retouches à la gouache blanche. Réalisé à partir de photos, en un mois… (Toujours le même flemmard.)

Tout à l’encre, et toutes petites retouches à la gouache blanche.
Réalisé à partir de photos, en un mois… (Toujours le même flemmard.)

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Expérience   

Expérience amusante à faire vous-mêmes (testée par mes soins) : En vous promenant dans la rue, regardez les gens, et postulez qu’ils sont végétariens, voire végétaliens (encore plus efficace). Puis examinez leur état de santé… Et bien, vous allez rire, … Continuer la lecture

Expérience amusante à faire vous-mêmes (testée par mes soins) :
En vous promenant dans la rue, regardez les gens, et postulez qu’ils sont végétariens, voire végétaliens (encore plus efficace). Puis examinez leur état de santé… Et bien, vous allez rire, mais tout de suite, pour chacun d’entre eux, la mauvaise santé saute aux yeux (maigreur et/ou mine triste et/ou teint pâle, etc… et même carences. Juste des Carences, comme ça, qui irradient, on ne sait pas trop comment.).

Expérience additionnelle :
Regardez à nouveau les mêmes passants, et imaginez maintenant qu’ils viennent de se remettre à manger de la viande.
Immédiatement, ils semblent aller beaucoup mieux.

Etonnant, non ?

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Irréversible   

Je viens de me rendre compte à l’instant (même si je crois qu’il m’était déjà arrivé au cours de ma vie d’effleurer cette idée sans jamais m’y arrêter suffisamment), qu’il existe un blocage plus grand que tous les autres vis-à-vis … Continuer la lecture

Je viens de me rendre compte à l’instant (même si je crois qu’il m’était déjà arrivé au cours de ma vie d’effleurer cette idée sans jamais m’y arrêter suffisamment), qu’il existe un blocage plus grand que tous les autres vis-à-vis du végéta*isme, et qui n’est jamais énoncé clairement : Le principe d’irréversibilité.

L’idée est simple. Si on en vient à adopter le végéta*isme éthique, c’est qu’on admet que la vie de l’animal non-humain a une importance pour elle-même, en tant qu’individu sentient (sensible, mentalement existant), et on en vient à acquérir l’interdit de le manger (puisque ça n’est pas nécessaire et facilement évitable) avec une intensité égale à l’interdit de tuer un être humain. En pratique, bien sûr, on tuera toujours des tas de petits animaux par divers actes quotidiens, involontairement ou indirectement, mais en tout cas, l’interdit d’en manger volontairement reste. Pas par souci de pureté, mais juste parce qu’il est du même ordre que l’interdit d’homicide.

Or il restera toujours, de manière sourde, la peur, même infime, que la vie sans viande conduise à une baisse progressive de l’état de santé, ou que la vie sans viande conduise à une baisse progressive de notre capacité à jouïr de la vie. Peurs d’autant plus grandes qu’on n’a jamais rien connu d’autre que la vie avec viande. Et on aura beau lire et entendre toutes sortes de déclarations, études et témoignages inverses, savoir qu’il suffit de faire un bilan sanguin annuel pour se rassurer, le fait reste que dans notre cas tout à fait personnel, il est possible que ça ne soit pas applicable. Il est possible qu’on soit une de ces personnes improbables qui ne peuvent pas vivre une vie entière agréable et en bonne santé sans manger de viande.

Ça ne serait pas grave en soi, si on pouvait se dire que la porte de sortie est toujours là, qu’il ne s’agit que d’une pratique alimentaire comme une autre, si les implications mentales étaient légères, comme elles le sont lorsqu’on choisit le végéta*isme par souci écologique ou de santé. Mais si on en vient à considérer le végéta*isme éthique, il faut bien admettre que la porte de sortie est beaucoup plus difficile à réouvrir.

Le fait est que quelques-uns, anciens végés (et plus souvent végétaliens) la réouvrent, fatigués par la pression sociale, par des soucis de santé liés ou non à leur régime (relativement bien ou mal géré) ou à leur constitution particulière, voire à un problème préexistant, ou par une lassitude du « goût des végétaux », n’ayant pas réussi à faire le deuil de leur vie viandarde au milieu des autres viandards. Et donc ils se contentent d’effacer délicatement leurs principes éthiques en acceptant les sophismes carnistes qui leur faciliteront la vie. (Au lieu de simplement accepter que la réalité éthique est restée la même, mais qu’ils ne savent plus comment faire, et donc que pour eux la nécessité a repris le dessus.) Mais le fait est aussi que quelques autres, confrontés aux mêmes problèmes, aussi mal gérés, pourront décider que leurs principes éthiques sont plus solides que ça, et continueront à vivre avec ces désagréments malgré tout. Ou du moins se forceront à les supporter plus longtemps.

Il est donc vrai que la peur de l’irréversibilité a un fond de légitimité. Et c’est ce qui entraîne tous ces comportements bizarres de vrais végétariens qui refusent d’accorder de l’importance à la vie des animaux qu’ils ne mangent plus, et de faux végétariens qui refusent d’être « radicaux », « extrémistes », et se forcent à manger au moins un peu de chair animale tous les x mois, pour ne pas embrasser une vision du monde qui leur semble dangereuse (même avec un risque minime), parce que difficile à abandonner par la suite. (Des comportements qui toutefois s’estompent souvent avec le temps, avec les mois et les années, à mesure que leur expérience leur prouve de mieux en mieux que les risques -dont la peur est désormais quasi inconsciente- sont nuls. Et que l’irréversibilité de la vision éthique peut alors être envisagée sans danger.)

Et c’est sans doute cette peur sourde qui amène si souvent les omnis à comparer le végétarisme éthique avec la religion, les sectes, les extrémismes, etc.

Une peur jamais clairement énoncée, ni par les végés parce qu’admettre la difficulté de la réversibilité ne fait que renforcer la peur chez les omnis, ni par les omnis parce qu’il leur faudrait alors admettre que la force de cette conviction se fonde sur le constat d’une réalité (puisqu’ils craignent eux-mêmes de pouvoir être convaincus).

Le problème de tout ça, c’est sans doute que le végéta*isme repose sur un principe simple et évident « Il est mal de torturer/tuer sans nécessité. », alors que la « nécessité » est elle beaucoup plus difficile à mesurer. Elle n’est certainement pas dans le niveau de consommation actuel des produits animaux par les occidentaux. Elle est très probablement nulle pour la quasi-totalité des êtres humains (comme le rappellent les innombrables études diététiques sur le sujet), mais comment la reconnaître dans le cas improbable où elle se présenterait (ou pas) « à moi » en particulier ?

Bien sûr, si le végéta*isme était plus développé, en offrant plus de choix et de variété facilement visibles et accessibles, s’il était mieux intégré dans la société, mieux reconnu par le milieu médical, on pourrait certainement passer outre, on pourrait régler facilement ces rares désagréments, détecter correctement les problèmes de chacun et leur trouver des solutions concrètes, et donc rendre caduque cette peur. Mais tant qu’on n’en est pas là (et pour en arriver là), chacun doit encore les affronter seul, ou presque.

Tout ça est bien emmerdant. Avec des trouillards pareils, c’est pas demain la veille qu’ils seront libérés, les animaux…

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C’est brillant.   

Tout à l’heure, je pensais au fait que Doctor Who est une excellente série, mais que c’est tellement triste de réaliser que le Docteur est en adoration pour l’espèce humaine, sans jamais vraiment s’intéresser aux autres animaux terrestres (sauf épisodes … Continuer la lecture

Tout à l’heure, je pensais au fait que Doctor Who est une excellente série, mais que c’est tellement triste de réaliser que le Docteur est en adoration pour l’espèce humaine, sans jamais vraiment s’intéresser aux autres animaux terrestres (sauf épisodes exceptionnels). Et sans jamais se poser de question sur l’exploitation animale, alors qu’il passe son temps à sauver le monde ou des individus humanoïdes partout dans l’univers. (Même si c’est au fond bien normal, puisque c’est écrit par des humains de la société actuelle.) Je me disais surtout que c’était bien triste, cette éternelle omniprésence de l’anthropocentrisme dans tous les films, séries, livres du monde, qui ne peuvent pas s’empêcher de glorifier tout ce qui ressemble de près ou de loin à l’homme, y compris les histoires fantastiques ou de SF, dans lesquels les seuls personnages importants, y compris non-humains, sont ceux qui peuvent être comparés aux hommes, au moins dans leur manière de communiquer, penser, réagir, etc. En règle générale, on a les espèces supérieures, dites « intelligentes », et les autres. Les autres étant, bien sûr, plutôt des sortes d’objets animés de seconde zone. (Au mieux, on accordera un peu d’importance aux individus d’espèces pouvant être comparées à des chiens, chats ou autres animaux de compagnie « proches de l’homme ». Bref, des individus utiles aux héros.)

Et je me disais que j’aimerais bien voir, juste une fois, une histoire, plutôt de SF, dont la société connaîtrait quelques différences avec la nôtre actuelle (ces différences étant le sujet de l’histoire), mais qui aurait comme particularité, anecdotique par rapport à l’histoire, d’être totalement végétalienne et intégrant un véritable respect des autres espèces animales. Je me disais que cette même caractéristique pourrait d’ailleurs être intégrée dans une histoire plantée dans notre société actuelle, puisque dans n’importe quelle fiction, rien n’interdit de s’arranger avec la réalité et l’Histoire, poser ça et là quelques uchronies. Ça me plairait bien. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu/lu un jour une histoire ancrée dans une société totalement végétarienne. (A la réflexion, ça doit nécessairement être le cas dans Brazil et Dark City, mais ça passe totalement inaperçu. Dans Soleil Vert aussi, d’une certaine façon… Mais ce ne sont pas des exemples très folichons pour le véganisme, tout ça. Si on peut même parler de « véganisme », puisque c’est par nécessité…)

Et donc, au cours de cette réflexion, je me suis rendu compte qu’un des épisodes de Dr Who est tout à fait intéressant du point de vue végé : The Beast Below (« La Bête des bas-fonds » en français). L’épisode 2 de la saison 5 (Dr Who 2005), avec Amy Pond et le 11ème Docteur (Matt Smith), qui se passe sur le Starship UK, une sorte de ville cargo errant dans l’espace en transportant une colonie terrienne, surveillée par des sortes de pantins-androïdes souriants en boîtes. Je ne peux pas le spoiler, mais au fond, pour qui l’a vu, c’est une excellente métaphore (certainement involontaire) de l’un des ressorts du carnisme, ou de l’exploitation animale.

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Simple plan   

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La pétoche des jetons de trouille   

Quand on n’est pas végétarien, qu’on a un peu réfléchi à la question et qu’on est plutôt d’accord, il reste que faire le grand saut, ça fout la chair de poule (Spéciste !), les boules (Sexiste !)… peur. Ça fout … Continuer la lecture

Quand on n’est pas végétarien, qu’on a un peu réfléchi à la question et qu’on est plutôt d’accord, il reste que faire le grand saut, ça fout la chair de poule (Spéciste !), les boules (Sexiste !)… peur. Ça fout trop peur.
Quand on n’est pas végétarien, qu’on n’a pas osé y réfléchir, et donc qu’on est plutôt pas du tout d’accord, c’est aussi parce qu’on a peur, mais ça reste inconscient.

Aux Estivales de la Question Animale, Isabelle Dudouet Bercegeay, ancienne directrice de l’Association Végétarienne de France en a fait une conférence sur le sujet. J’ai trouvé ça tout à fait intéressant, même si pour la plupart de ce qu’elle a dit, il s’agissait de choses auxquelles j’avais déjà réfléchi, mais l’avantage était surtout qu’elle avait pour sa part moultes années d’expériences et d’échanges concrets pour illustrer et clarifier son propos. Et donc, la voir formuler clairement et distinctement tout ça, et voir qu’il s’agissait de choses qui se vérifiaient parfaitement dans la pratique, ça m’a tout à fait réjoui. Voir qu’il s’agissait d’une bonne personne, antispéciste bien que le site de l’AVF ne dégage pas du tout cette image, donc sensible à l’argument premier (souvent inavoué) du végétarisme (C’est-à-dire la souffrance animale et le respect de leur vie.), mais « pourtant » réaliste, rationnelle et psychologue m’a fait un bien fou.

La retranscription de la conférence est donc disponible sur le lien ci-dessus, mais j’aurais bien aimé avoir accès à ses PDF ou un enregistrement audio aussi (J’ai eu la flemme de prendre des notes détaillées, même si ça m’a beaucoup intéressé… ). Tant pis.

Grosso modo, en résumé, elle avait décomposé les choses en un certain nombre de peurs (qu’elle avait regroupeés en blocs un peu schématiques, mais trop artificiels à mon goût. Je vais donc les éluder.). Des peurs qui empêchent les carnistes¹ ou omnivores d’admettre la justesse morale du végétarisme (donc d’y réfléchir). Ou bien qu’ayant réfléchi et senti sa justesse morale, des peurs qui empêchent de le mettre en pratique.

Les voici :
- remise en question personnelle
- peur d’exclusion
- conflit de loyauté avec les parents
- plaisir gustatif et convivialité
- difficulté de changer les habitudes
- vie sociale
- idées reçues concernant la santé

Bon, pour être honnête, je ne me souviens plus du contenu exact de sa conférence (Je ne sais pas si la retranscription écrite est très fidèle. Ça n’était évidemment pas facile pour la personne de tout retranscrire en temps réel.), mais j’ai l’impression qu’il y a une ou deux redondances. Je vais simplifier, à ma sauce, et dans un autre ordre :

1) Peur santé
Ça, clairement, puisque toute la société Française (ou presque) s’est liguée pour dire que les protéines n’existent que dans la viande (ou exceptionnellement dans le lait et les œufs), et que bref, le végétarisme (et encore plus le végétalisme²) sont dangereux pour la santé, notamment parce que, schématiquement, Ministère de la Santé et Ministère de l’Agriculture sont bons copains… (Et d’autres trucs, qu’on peut lire dans Bidoche de Fabrice Nicolino, par exemple. Mais faut pas le dire parce que ça fait conspirationniste… Enfin, suffit de jeter un coup d’œil à l’étranger pour se rendre compte qu’y a quand même des trucs bizarres dans la façon dont l’information nous arrive aux oreilles…)… Ben forcément, la peur santé, quand on n’a pas pris le temps de chercher plus d’infos, on l’a. Je ne vais pas m’étendre une énième fois. (Céréales, légumineuses, oléagineux, fruits et légumes variés, AVF, ADA, etc.)

2) Peur vis à vis des parents
Je préfère regrouper ici tout ce qui concerne les parents. Devenir végétarien, c’est forcément remettre en cause l’éducation morale que nous ont donnée nos parents, voire plus si leurs professions, pratiques et traditions sont directement liées à l’exploitation animale. C’est donc les accuser. C’est entamer l’image idéalisée qu’on a d’eux, les blesser, leur faire mal et se faire mal à soi aussi. Et c’est risquer bien sûr, le clash, la colère envers eux ou la colère de leur part. C’est un risque, donc une peur. Passer au végétarisme (au végétalisme, au véganisme) peut effectivement provoquer une crise familiale grave, surtout si le végé est profondément touché par la condition animale (et qu’il ressent donc comme une urgence de mettre fin à cette injustice où qu’elle soit commise, y compris dans sa famille) et/ou si les parents sont franchement c… conservateurs. Bref, c’est un risque, donc une peur. Ça ne m’est pas arrivé. Ça n’a pas provoqué de grand drame familial (juste quelques « irritations » au début, le temps pour eux de comprendre, de voir que j’étais sérieux et que « pas de viande », ça veut dire « pas de viande du tout »)… Je crois que ça s’était plutôt passé en douceur… Mais je dois avouer que ça commence à remonter à loin et que je commence à ne plus trop m’en souvenir. Mon coming out végétalien a été plus tendu, je crois (surtout de la part de mon frère, bizarrement…), mais là aussi, en quelques jours et quelques liens internet, c’était compris, réglé et accepté. (J’aurais peut-être dû commencer par ça, d’ailleurs. Imprimer les infos, et les avoir sur moi au moment du « coming out », plutôt que d’essayer de le faire passer en douce…). Bref, c’est chiant sur le coup, mais ça se fait, avec une famille ouverte et intelligente. J’ai eu des témoignages de végés, qui le sont devenus plus jeunes, et pour qui ça ne s’est pas passé aussi bien. Donc il y a un risque. Donc il y a une peur. C’est injuste, c’est nul, c’est un frein de plus pour une société plus éthique basé sur des motifs purement égoïstes, mais il existe. C’est triste, c’est comme ça. D’où la peur. Une peur naturelle, qui peut être dépassée si on sait à quoi on doit se préparer, et comment s’y préparer. (Informations, compréhension, psychologie, diplomatie, etc.)

3) Peur du rejet social
La peur de se démarquer, d’acquérir devant les autres l’image qu’on se faisait des végétariens : fous, hypersensibles, irrationnels, manipulés par une secte (Même pas besoin de donner un nom de secte ou de gourou : Dans l’imaginaire collectif, le végétarisme/végétalisme est une secte en soi…), déconnectés de la réalité (« sens commun = réalité »), extrêmes, ascètes, chieurs, malades, etc.
La peur des petits conflits réguliers, du besoin de se justifier (et de ne pas trouver les arguments, les premières fois), du risque de choquer, de blesser. La peur de ne plus pouvoir manger en société, au resto, ou chez les autres.
Personnellement, je m’en faisais tout un plat, mais finalement, petit à petit, par étapes, à force, on apprend à refuser la viande, et à expliquer pourquoi (et même à avertir qu’on n’en prendra pas). On assume, et on renverse l’image vers quelque chose de positif : On est quelqu’un qui a mené une vraie réflexion, qui a une foule d’arguments, qui a des valeurs morales, un certaine force de caractère, et qui a pris ses responsabilités. Et bien sûr, la durée du végétarisme appuie de plus en plus cette image. Plus le temps passe, plus ça devient simple. En 16 ans de végétarisme, oralement, je crois que je n’ai vraiment été insulté qu’une seule fois (d’une manière totalement idiote et sans colère). Trois ou quatre débats assez chiants dont je me souvienne. C’est à peu près tout.
(Pour être tout à fait honnête, je dois avouer que je n’ai pas avoué mon végétalisme à toutes mes connaissances. Officiellement -mis à part pour ma famille proche-, je ne suis toujours que végétarien. Ne parlons même pas du véganisme, personne ne connaît le mot…)

4) Peur de manque du goût de la viande
C’est vrai, la viande, y en a partout. Steak, jambon, pâtés, saucissons, blanc de poulet, miettes de thon, filet de machin et tout le bazar. Y en a partout, une demie douzaine d’animaux, mais des dizaines de préparations possibles… Et parmi tout ça, des trucs qu’on aime beaucoup. Donc quand on pense « Plus de viande ? », on pense aussi « PLUS RIEN DE TOUT CA ?!! MAIS JE VAIS MOURIR DE TRISTESSE !! ». Forcément.
Je vais vous apprendre un truc : Même sans viande, on peut encore manger ÉNORMÉMENT DE CHOSES. Et de bonnes choses. Des liens au hasard : Paf, pef, pif, pouf, puf… (J’en découvre en même temps, c’est cool… A vous de chercher la suite. Google est votre ami.)
Et je vais vous apprendre un autre truc : On n’est pas non plus obligé de cuisiner comme des dieux et tout le temps… Personnellement, hé ben… Du riz, des lentilles (différentes sortes), des pâtes (différentes sortes aussi), du tofu, du seitan, de l’houmous, du pain, des tomates, des patates, du chou, de l’aubergine, de l’avocat, des graines germées, des abricots secs, des pruneaux, des cacahouètes, des noix, des algues, des germes de blés, des laits végétaux, divers légumes, divers fruits… des tas de trucs, ce qui passe à ma portée, je mélange. Et c’est bon. Et quand je mangeais du lait et des oeufs, ben… Une pizza quatre chaussures, ça faisait bien l’affaire aussi.
Et je vais encore vous apprendre un autre truc : Si on a très peur de pas reconnaître son assiette sans le bout de viande qui doit aller sur le côté droit, on peut même y ajouter QUAND MÊME des bouts de « viande ». (Allez, oui, j’utilise le mot « viande ». Si « viande » est un mot qui permet d’enlever toute référence à l’animale, je ne vois pas ce qui empêcherait de l’utiliser pour des aliments de même texture mais végétaux.) DE LA VIANDE. Des similicarnés, comme on appelle ça, aussi. Des textures viandeuses à base de soja, de tofu, de tempeh, de seitan (pâte de blé sans amidon)… Des pâtés végétaux… Des saucisses… Et le reste.
(Et pour info, si vous vous décidez un jour, plus tard, à passer à l’étape suivante, c’est-à-dire le végétalisme, on vous rejoue la même avec les laits végétaux et les faux-mages.)
Et je vais encore encore vous apprendre un autre autre truc : Le goût s’apprend. Le goût évolue. Découvrir de nouvelles saveurs… Se passer de celles qu’on croyait gravées en nous, mêlées à tout un imaginaire, un univers inconscient qu’on avait construit autour… Un univers inconscient qui va prendre un autre parfum lorsque, dégagé de l’addiction, on aura la force de remplacer cette image par ce qui est VRAIMENT associé à la viande : La souffrance et la mort d’un animal. L’éthique remplace finalement sans problème la gloutonnerie incontrôlable. La viande perd son intérêt. Aujourd’hui, l’aspect et l’odeur de n’importe quelles viandes ne me font plus mais alors plus du tout envie.
Et je vais encore encore encore vous apprendre un autre autre autre truc : Vous êtes votre seul maître. Personne ne vous oblige à arrêter toutes les viandes d’un coup. Aucun juge spirituel ne sera là pour vous condamner à la pénitence. C’est à vous de savoir où vous allez, et à quelle vitesse. Vous voulez continuer à manger des poissons ? Vous ne voulez pas encore abandonner votre cuisse de poulet ? Pas encore, pas tout de suite… Hé bien, soit. Personne ne pourra vous en empêcher. Certainement pas les omnivores qui vous entourent. Pas même les poissons et poulets désignés. C’est comme ça, tant pis. Allez à votre vitesse. N’oubliez pas ce que vous avez décidé, ni pourquoi vous l’avez décidé, et la dernière marche sera sans doute beaucoup plus facile à monter que la première.
En ce qui me concerne, j’avais peur d’abandonner le poulet, le surimi, le thon et les sardines en boîte… Quelques jours avant mes 18 ans, je me suis autorisé un morceau de rillettes, un peu honteux mais « C’est tellement bon… ». Finalement, le poulet ne m’a pas manqué. Le surimi, je crois que je n’en ai jamais acheté. Une fois du thon ou des sardines, je crois (quand je me demandais encore si c’était si grave que ça de manger les poissons…). Pas deux, juste une. J’avais arrêté tout le reste, donc ça, ça m’a paru un petit pas grand chose, et qui était important. Au cours des deux années qui ont suivi, peut-être une demie douzaine de fois, j’en encore mangé de la viande (poulet, bœuf…) : Au resto, il n’y avait pas de choix, et je n’avais pas osé insister pour qu’on change de resto… Pression sociale… Et pendant 15 ans, j’ai continué à manger des coquillages quand mes parents m’en servaient, peut-être 3 ou 4 fois l’an. Très rarement acheté. Je n’ai jamais réussi à savoir si la sentience (sans connaître le mot, à l’époque) des coquillages posait un vrai doute. Je ne sais toujours pas. Mais puisque j’ai appris qu’ils ont des yeux, que j’ai moins peur pour ma santé, et que je me suis plus affirmé, je n’en mangerai plus.
Donc oui, ça fait 15 ans que je me suis désigné abusivement par « végétarien ». Mais vous avouerez que c’est tout de même plus facile… Et sans pression sociale, c’est bien végétarien complet que j’aurais été. (Et quoi qu’il en soit, sur les bivalves, j’ai toujours le doute de la sentience. Et je suis loin d’être le seul végane à l’avoir.)
Lancez-vous, allez à votre rythme, sachez ce que vous voulez et pourquoi vous le voulez, et vous verrez bien…

5) Peur de changer les habitudes
C’est vrai, il faut changer les habitudes. Tout changement d’habitudes, toute réorganisation fait peur.
Au resto, il faut vérifier la carte, chercher les quelques plats végétariens, et parfois même demander directement au serveur s’ils n’ont rien de végé. (Et parfois vérifier qu’ils ont bien compris que le poisson est un animal.)
Quand on se fait inviter à un repas, il faut prévenir qu’on ne mange pas d’animaux.
Quand on fait ses courses, il faut éviter le rayon bidoche et vérifier la liste d’ingrédients sur tous les plats préparés… Bon, alors là, faut que j’explique : Au début, on ne le fait pas. On regarde l’image et le nom du produit marqué en gros, et on se dit instantanément « Ah oui, ben OK, peut pas y avoir d’animal, là-dedans… ». Et au bout d’une demie douzaine de jurons (une fois chez soi devant la boîte ouverte en faisant sa popotte), on comprend que SI, les producteurs alimentaires sont des gros fils de $µ%ù£¤ de leur ~#@£¤ de £µ%§£¤$ et que OUI, on trouve des morceaux d’animaux tués, un peu partout sans aucune raison, balancés comme ça au hasard, pour le fun, parce que l’animal n’est désormais que de la matière première. Donc on prend le pli de vérifier la liste d’ingrédients avant d’acheter. Et ça devient un réflexe tout simple qu’on fait de manière automatique, inconsciemment. Et on s’en porte mieux. (S’il y avait, par exemple, écrit en tout petit dans la liste d’ingrédients : « Eau, beurre, sel, sucre, cyanure… Avertissement : Tu vas crever, mais on t’aura prévenu, tant pis pour ta gueule. », hé bien le végétarien, lui, il le sait… Et il rigole bien dans sa barbe en voyant l’omnivore d’à côté mettre la boîte dans son caddie.)
Et donc, on ne mange plus de viande. Ça veut dire que dans son frigo, on n’a plus de viande. On a quand même énormément d’autres choses, dans le frigo, mais plus de viande.
Et finalement, ben… On s’habitue et ça ne change pas grand chose.

6) Peur de la remise en question
La peur de la remise en question, c’est d’après moi le plus compliqué. C’est le plus compliqué, parce qu’on peut presque s’en passer. Mais si on s’en passe, alors on passe à côté de plein de choses, notamment de comprendre exactement pourquoi on est devenu végé. Et sans cette compréhension, parfois, on peut abandonner et se remettre à manger des animaux. On peut s’en passer en s’appuyant sur les arguments secondaires (santé, écologie, gaspillage…) et en abordant vite fait de manière abstraite la maltraitance animale. Sans réfléchir au fait de tuer, par exemple. Parce qu’on n’a pas trop envie d’y réfléchir, parce que c’est pesant, et parce que ça transformerait totalement notre vision de monde, de l’Homme et de l’éthique…
Certains omnivores la remarquent d’ailleurs tout-de-suite, cette grosse remise en question effrayante, et directement se jettent dessus pour aller jusqu’au reductio ad absurdum (Merci les Cahiers Antispécistes pour m’avoir appris ce terme…), en démontrant par des exemples absurdes qu’il est impossible d’avoir un comportement éthiquement parfait… Sauf que ces omnivores ne font que remarquer que l’univers est injuste et extrêmement complexe, pas que leur éthique actuelle est bonne et juste, pas même qu’il leur est impossible de changer simplement un de leur comportement pour rendre le monde meilleur et plus juste. Ils utilisent simplement des arguments permettant de relativiser la gravité de n’importe quel crime (ou acte d’oppression). A quoi ça sert d’arrêter d’être un salaud avec certains puisqu’on ne peut pas sauver tout le monde ?
Bref, cette porte ouverte sur la réflexion fait peur (bien qu’elle dénonce une injustice réelle et évidente), parce que l’issue de la réflexion n’est pas connue… Et c’est vrai. L’issue de la réflexion n’est pas connue. Potentiellement, pour la mise en pratique de cette réflexion, je dirais qu’elle est même infinie. Comme toutes les sciences, en fait… Non, l’homme ne saura jamais tout, mais ça ne l’empêche pas de continuer à chercher. Et l’antispécisme, accepter d’accorder de l’importance aux vies des animaux non-humains, c’est tout simplement une forme de science, de réflexion, de recherche éthique… (Sauf que contrairement aux sciences, en éthique l’Homme a la flemme de continuer à chercher. Ça ne l’arrange pas, c’est fatiguant et ça ne lui apporte à lui rien de concret.) Une recherche qui n’aura sans doute jamais de fin, mais dont l’objectif est de rendre le monde meilleur et plus juste. En commençant par les évidences : L’Homme peut se nourrir sans torturer et tuer. Sans torturer et tuer des animaux dont on observe facilement et manifestement la souffrance, le désir de vivre et l’existence mentale. Des animaux qui ont un cerveau et un système nerveux, et dont les études éthologiques prouvent de mieux en mieux leur existence mentale. Ce sont des évidences, donc commençons par celles-ci.
Mais cette remise en question, c’est aussi une remise en question terrifiante parce qu’atrocement culpabilisante : Si tuer un animal sans raison est un meurtre, alors nous sommes tous des meurtriers. Des monstres. Des serial killers psychopathes. Notre société, notre culture entière, sont basées sur le massacre de masse. Et la fameuse « nature » est elle aussi un lieu de massacres. Tout est massacre, tout est horreur. Le bien absolu n’est pas possible. Seul le mieux est réalisable. Ce serait tout de même bien plus sécurisant de considérer que la mort et la souffrance des animaux non humains sont anodines, et que seule la vie des humains (dont on fait partie, qu’on peut recenser, et qu’on arrive à soigner et protéger bien plus facilement) est sacrée. L’éthique spéciste est intellectuellement simple, facile à intégrer, rassurante, et nous offre la protection à nous-même et à nos proches³. Quand bien même elle nie la réalité. Quand bien même elle ne tient plus la route lorsqu’on se retrouve directement face à un animal non humain, un vertébré, un mammifère de préférence, les yeux dans les yeux, qu’on voit hurler, souffrir ou mourir, ou qu’on peut sauver ou éviter de tuer.
Mais remettre tout ça en cause, relativiser sur l’humanité, revoir tout ce qu’on a appris, revisiter toute l’opinion qu’on a de soi-même, et accepter l’incertitude sur ce qu’on pensait être un absolu, c’est terrifiant. Le déni et la schizophrénie empathique peuvent encore sembler préférables.
Face à la peur de la remise en question, je n’ai pas de solution à donner. Pour certains, la culpabilité et le constat flagrant de la réalité sont suffisants pour passer outre. Pour d’autres, c’est beaucoup trop lourd. Ils devront faire un autre chemin, se trouver d’autres motivations pour essayer le végétarisme en contournant cette culpabilité et cette remise en question… Et c’est plus tard, avec un peu de chance, lorsque leur pratique sera déjà en accord avec leur éthique, qu’ils seront capables de réfléchir, de réaliser et d’accepter, sans trop en souffrir.

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J’en rajoute une couche, à tous mes amis et lecteurs végé-friendly, qui se disent : « Oui, d’accord, tu as totalement raison, c’est vrai, c’est sûr… Mais moi, je pourrai jamais… J’y arriverai pas… Je suis nul-le… Mais quand même, je fais des efforts, je diminue ma consommation de viande. Et surtout du bio. »

Faire des efforts, c’est bien. Ça diminue l’impact environnemental, le gâchis. Et ça tue moins d’animaux. Et si c’est du bio (ou Label Rouge ou je ne sais quoi), ça les torture moins. Moins souvent ou moins fort. (Ça les tue quand même. Et pas gentiment. Personne n’utilise d’injection de morphine. Personne ne se contente de tuer des animaux très vieux et très fatigués, « en fin de vie ».)
C’est mieux que rien.

Sauf que devenir végétarien, ça n’est pas seulement ça. Ça n’est pas seulement diminuer sa consommation de chair animale (même si c’est le cas dans un premier temps, durant la phase de transition), et faire moins de mal. Ça n’est pas (que) réduire son impact négatif, sa culpabilité, de manière toute personnelle.
Être végétarien, devenir officiellement végétarien, le faire savoir, l’affirmer, c’est impacter la société. C’est utiliser son statut de référent moral.
Et là, j’utilise un terme que je viens d’inventer, je crois, qui est sans doute moche et con, mais que je vais expliquer : Ce que j’appelle « référent moral », c’est l’image morale de chacun d’entre nous qui sert d’exemple comportemental à l’ensemble des personnes qui nous entourent. Chaque omnivore est un référent moral qui défend le carnisme. Les enfants mangent de la viande et n’y voient pas (trop) de mal parce que leurs parents, et toute leur famille, et tous leurs amis à l’école mangent de la viande. Le comportement devient une norme morale. Ça vaut également pour tout un tas d’autres comportements : Le tri des déchets, l’économie d’énergie, la politesse, l’intérêt pour certaines causes humanitaires mais pas pour le SDF dans la rue, etc. (Mais je pourrais aussi prendre comme exemples toutes les mutations morales passées de la société : Les droits des enfants, des femmes, etc.) Tous les comportements qu’on observe chez les autres, ou que les autres affirment avoir, nous servent à nous définir moralement dans l’échelle « bon/méchant », et si besoin à nous recadrer vers la moyenne. Ne pas trop être méchant, mais ne pas trop sacrifier (ou menacer) ses intérêts personnels. La société nous sert de jauge morale. Et donc, chaque élément de la société est par lui-même un référent moral. Un référent moral qui peut d’ailleurs avoir plus ou moins d’importance selon le degré de proximité affective qu’on a avec lui, ou selon sa popularité, l’image positive ou négative qu’il dégage, etc. Dans un groupe, un végétarien affirmé, connu, visible, est donc un référent moral qui met en valeur l’idée de végétarisme et amenuise la légitimité de la morale carniste. Deux végétariens ont encore plus de poids. Trois… Quatre… Il y a fort à parier qu’à partir de 50%, la transition totale est imminente. C’est d’ailleurs ce qu’on observe : Dans notre société carniste, le passage au végétarisme d’un individu « pris de doutes » isolé prend des années. Mais plus le nombre augmente, plus le végétarisme se fait connaître, plus le nombre de végétariens dans la société semble augmenter, plus l’état d’esprit de la société change… On se met à réfléchir, le discours anti-viande prend sa place dans les médias… Tous les omnivores, presque sans exception, reconnaissent qu’il devient nécessaire de diminuer sa consommation de viande… Les végétariens sont mieux pris en compte par la restauration… Les alternatives à la viande se multiplient (simili-carnés, laits végétaux)… C’est d’ailleurs déjà bien plus avancé qu’en France dans des pays comme les USA, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume Uni, les Pays Bas, etc 4… Je ne parle même pas de l’Inde, qui est le paradis des végétariens… Et à terme : Dans un univers à tendance végétarienne (dans le milieu punk par exemple), la situation s’inverse, c’est l’omnivore qui prend les autres comme référents, se met à réfléchir plus facilement et plus vite, et fait la transition.

Bref, chaque végétarien compte, a un impact social et fait pencher la balance du bon côté.
On a besoin de vous.

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¹ Je crois que je ne l’ai pas encore explicité dans mes articles, alors que j’emploie souvent le terme (avec une once de mépris, faut reconnaître, même si c’est pas très gentil), mais le terme « carniste » n’est pas censé être péjoratif. Ça se réfère à l’idéologie du « carnisme » qui pose comme croyance que manger de la viande est quelque chose de « normal, nécessaire, naturel », même dans des conditions de vie où ça n’est manifestement pas nécessaire à la survie. Mélanie Joy, sociologue/psychologue américaine, a défini le terme en 2001, et en parle assez clairement ici. (Même si au fond, l’idée était déjà dans l’air avant ça, puisque j’ai lu dans un papier de 1989 des antispécistes Français, le terme « viandiste » qui prenait visiblement la même définition, notamment le principe d’idéologie.). Puisque le végétarisme est l’idéologie qui dit qu’on ne doit pas tuer un animal pour le manger si ça n’est indispensable à la survie, il est nécessaire d’employer un mot pour désigner l’idéologie adverse, majoritaire, dans laquelle elle baigne, pour pouvoir distinguer celle-ci malgré son omniprésence.
² B12 (Je suis du genre hyper prudent pour mes lecteurs potentiels…)
³ Elle est d’autant plus pratique qu’elle permet à loisir de sacrifier les autres animaux, leur infliger tortures et morts sans aucune limite -à condition de ne pas les exposer publiquement-, pour les plus anodins de nos caprices.
4 Mais faut reconnaître que La France est vachement plus au point que tous les autres pays cités pour la végéphobie.
Publié dans Gribouillis, Les personnes qui ne se mangent pas. | 8 commentaires