Des trucs de l'avenir du futur
-
Du sang neuf
Chronoscopie
juin 2025 L Ma Me J V S D « juin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Thématiques
- Non classé (2)
- Tout (210)
- Cérébralité (84)
- Chaos (56)
- Grandissime (28)
- Gribouillis (90)
- Morvif (34)
- Rientrospection (18)
- Rorschach (28)
- You Sock ! (7)
- Gribouillologie (9)
- Je l'ai lue. (3)
- Rien (5)
- Sans intérêt (13)
Archives de catégorie : Les personnes qui ne se mangent pas.
Cherche pas… ▼▲
Ma mère, par exemple, était devenue végétarienne parce que, attablée à la terrasse d’un restaurant, elle avait « soudain vu des langoustes qui agonisaient en plein soleil, prises d’atroces soubresauts ». Cette scène l’avait profondément choquée, d’autant plus que la souffrance de … Continuer la lecture
Ma mère, par exemple, était devenue végétarienne parce que, attablée à la terrasse d’un restaurant, elle avait « soudain vu des langoustes qui agonisaient en plein soleil, prises d’atroces soubresauts ».
Cette scène l’avait profondément choquée, d’autant plus que la souffrance de ces bêtes était alors entrée directement en résonance avec sa propre douleur : ma mère était à cette époque atteinte d’une pathologie névralgique aiguë rare, non soignée.
Plus tard, après neuf années de végétarisme, lorsqu’elle se mit à gravement manquer de fer et à souffrir de maux de ventre, son mode d’alimentation fut aussitôt questionné. Ma mère m’a récemment écrit – les échanges épistolaires sont notre mode de communication privilégié :
[...] le médecin n’a pas accusé formellement mon régime pour le manque de fer. Il pensait que ce pouvait avoir une influence. Il ne m’a pas obligée à réintroduire la viande; il disait seulement que ce serait plus sage et m’a fait toute une description des avantages de manger de la viande. [...]
Selon elle, le plus pénible, au cours de sa période végétarienne (printemps 2000 à juillet 2009), ne fut pas les réactions du corps médical, mais le scepticisme constant de son entourage – amis, famille et connaissances -, et les manœuvres de certains pour tenter de la ramener à plus de lucidité, c’est-à-dire à un mode alimentaire ne les remettant pas en cause d’aucune façon -ça, c’est moi qui l’ajoute !
Ma mère réintroduisit les fruits de mer, puis la charcuterie.
Plus tard, beaucoup trop tard d’ailleurs, puisque maintenant, elle va probablement en mourir, on découvrit que son anémie avait pour origine une perte de sang due à un cancer de l’intestin grêle dont les métastases avaient essaimé un peu partout, le rendant incurable.
Ma mère ne s’était pas beaucoup documentée, et a toujours eu des difficultés à argumenter, à défendre ses choix : l’Autre l’impressionne vite. Elle a cependant eu un cran extraordinaire, pour tenir bon pendant environ neuf ans, dans son petit village de Haute-Savoie, pays de charcuteries et de gibiers.
Elle est de nouveau végétarienne, depuis le printemps 2010.
Sandrine Delorme, Le Cri de la Carotte 2011
_______________________________________________________
En France, être parent végétalien, c’est automatiquement faire preuve de maltraitance envers ses enfants. Donc les médecins ne vous donnent aucun conseil ni aucune information ¹ (puisqu’ils n’ont de toute façon pas la formation pour vous en donner), ils se contenteront de vous maudire, et s’ils agissent ce sera pour vous envoyer les services sociaux.
D’ailleurs, je suis sûr que si je vous dis « enfant végétalien », vous visualisez déjà un petit cadavre…
Au Canada, la Société Canadienne de Pédiatrie vous dira ceci.
La différence entre les deux discours est affolante… On a 30 ans de retard…
________________________________________________________
Décompte ▼▲
J’ai mangé de la viande jusqu’à mes 18 ans, j’ai donc tué un peu moins de : – 1 ou 2 boeufs (ou vaches) – 7 moutons – 5 porcs – 190 poulets Probablement moins puisqu’un enfant mange moins qu’un … Continuer la lecture
J’ai mangé de la viande jusqu’à mes 18 ans, j’ai donc tué un peu moins de :
- 1 ou 2 boeufs (ou vaches)
- 7 moutons
- 5 porcs
- 190 poulets
Probablement moins puisqu’un enfant mange moins qu’un adulte. (Et le décompte de moutons est sans doute mauvais, j’ai toujours détesté la chair de mouton.)
Il doit manquer quelques autres espèces (oies, canards, lapins ?…).
Il n’y a pas non plus le compte de poissons (et autres animaux marins) qui doit être de quelques milliers. Sans compter les morts indirectes (pourcentage de perte avant d’atteindre l’âge d’abattage, viande jetée, poussins mâles étouffés/gazés/broyés à la naissance, etc.).
J’ai sacrifié plusieurs milliers d’années de vie d’autres animaux, inutilement, en seulement 18 de mes propres années.
Ces chiffres sont totalement abstraits, tellement élevés qu’ils ne peuvent retransmettre aucune réalité palpable à mon pauvre cerveau.
Les animaux étaient des individus réels, ils vivaient, ressentaient, n’avaient pas envie de mourir, et sont morts dans la souffrance.
(Note : L’image provient d’une tentative de campagne de Sodexo de Juin en faveur de la diminution de la consommation de viande à base d’affiches se contentant de citer des chiffres officiels; lequel Sodexo s’est ensuite rétracté après les protestations des agriculteurs de la trop effrayante FNSEA.)
Meuh ? ▼▲
Je crois qu’il est temps de faire un bilan. J’ai la cervelle qui fait des noeuds, et je n’ai pas grand chose à quoi me rattacher. Alors donc bilan. Bilan : Ma vie est proprement merdique. Ou salement merdique. En … Continuer la lecture
Je crois qu’il est temps de faire un bilan. J’ai la cervelle qui fait des noeuds, et je n’ai pas grand chose à quoi me rattacher. Alors donc bilan.
Bilan :
Ma vie est proprement merdique. Ou salement merdique. En tout cas, merdique. Tout autant professionnelle, qu’amoureuse ou sociale. Je méprise mon boulot, je n’ai pas de projet de vie, et je n’arrive plus vraiment à croire aux liens entre individus.
Quand je dis que je n’arrive plus à croire aux liens : Si vous êtes un de mes amis, n’y voyez pas une insulte, hein… J’apprécie certainement beaucoup les échanges que j’ai avec vous. Mais je sais parfaitement que les liens sont illusoires et furtifs. Les autres ne sont que des images pour soi-même. On les modélise, on leur donne une représentation déformée, très éloignée de la réalité. On les aime bien, avec l’image qu’on leur accorde, et on pense qu’ils ont de l’importance, qu’on tient à eux, et tout ça… Mais un jour où l’autre, on s’éloigne, on s’oublie, et les deux individus n’ont plus aucune importance l’un pour l’autre. Que ça soit la « faute » de l’un ou de l’autre, peu importe…. C’est comme ça, c’est illusoire. Les petits mondes propres à chacun sont toujours déconnectés les uns des autres. Ils n’interagissent qu’indirectement, brièvement. Ils sont, en vérité, totalement indépendants les uns des autres. En dehors de soi, rien n’existe vraiment, tout n’est que perçu, sporadiquement. Les liens n’existent pas.
Sans compter que, de toute façon, des liens, j’ai jamais été vraiment capable d’en créer et d’en entretenir, même illusoirement et furtivement.
Je ne crois plus aux liens, et je n’ai pas de projet. Je ne souhaite pas grand chose, je crois que je ne veux rien. Pas même mon bonheur. Pas même réussir ma vie. De toute façon, je ne sais pas ce que ça veut dire, « réussir sa vie ». Je crois surtout qu’on ne réussit sa vie, que quand on réussit à se faire croire qu’on l’a réussie. Mais quand je vois la plupart des « vies réussies », j’éprouve de la pitié. Je trouve les humains vraiment médiocres et limités, tous autant qu’ils sont, même les génies, mêmes des gens maintes fois plus intelligents que moi. J’ai l’impression qu’ils perdent tous ou ont tous perdu leur temps, et qu’il n’y a aucun moyen d’y échapper. J’ai l’impression qu’il faut juste faire preuve d’une infinie prétention ou d’une infinie naïveté pour croire l’inverse.
Et je ne souhaite pas mon bonheur, parce que mon bonheur, comparé à l’horreur incommensurable que vivent la majorité des êtres sensibles, serait totalement insignifiant. La majorité des êtres sensibles meurt effroyablement tôt. La majorité des êtres sensibles (humains ou non humains) connaît des souffrances que je ne serai probablement jamais capable d’imaginer. (Mais ne crions pas victoire trop tôt, il peut encore m’arriver pas mal de surprises… Ma mort se fera peut-être dans une souffrance intense, sait-on jamais.)
Bon… Dessiner, et même écrire des conneries, c’était bien, ça n’avait pas besoin de justification, ça faisait un petit univers qui se suffisait à lui-même. Ça me plaisait bien. Mais j’ai plus d’idées, je suis un effroyable flemmard, je n’arrive pas à maintenir une motivation constante qui me permettrait de progresser.
Et avec mes noeuds dans la tête qui ne cessent de progresser, ça ne va pas en s’arrangeant.
Bref, je crois que je ne veux rien.
La question que je me suis donc posée, c’est : Si je ne VEUX rien, est-ce que, pourtant, je DOIS quelque chose ?
Si je DOIS quelque chose, la question, c’est qu’est-ce qu’on peut « devoir » ? Qu’est-ce qui est de nature à être nécessaire par soi-même ? Dans l’absolu, rien n’est nécessaire. Les choses ne sont nécessaires que pour atteindre un but. Et dans l’absolu, le temps s’écoule toujours, un but n’est que passager, et il viendra même un jour où le monde s’éteindra…
Et pourtant, il peut exister quelque chose qui soit un but en soi, qui soit nécessaire de par soi-même. Et cette chose nécessaire, ce but, ce devoir, ça ne peut être que de nature éthique. Si on accepte qu’il y ait un but qui surpasse tout, ça doit être éthique. (Du moins, si mon égoïsme n’a plus aucune importance. Egoïsme que j’ai réfuté un peu plus haut. Donc pour moi, il ne doit bien rester que l’éthique.)
Bref… Je me suis dit, puisque je ne veux rien, puisqu’il faut que je sache ce que je dois faire de ma vie, que ce soit la détruire ou la poursuivre, par exemple, alors ce que je dois faire de ma vie, peut-être, c’est de l’optimiser éthiquement. C’est bien sûr tout à fait compliqué. Infiniment compliqué. Je ne sais pas, et je ne saurai probablement jamais comment l’optimiser totalement, parce que mon intelligence est limitée. Et il faut bien avouer que mon tempérament, ma personnalité fuyante est déjà un lourd handicap pour optimiser cette vie (que ça soit éthiquement, et même égoïstement si c’était ce que j’avais choisi). Mais ce que je peux voir, c’est qu’il y a déjà un puits de souffrances et de morts tout à fait futile, dispensable, et qui me semble relativement facile à réduire : L’élevage des animaux exploités par l’homme. Je suis capable de communiquer avec les hommes, je dois donc être capable d’en convaincre une partie d’arrêter de torturer et tuer inutilement, avec quelques arguments rationnels simples. Espérons. J’en doute encore, bien sûr, étant donné mon handicap relationnel. Mais si je n’essaie pas, alors je suis sûr de ne pas réussir. Donc il faut que j’essaie. Même si je n’y ai jamais trop cru, et même s’il est possible qu’un jour, je me mette à être à nouveau convaincu que j’en suis incapable. Pour le moment, je dois essayer.
————————
Mais trève de blabla :
Dans cette optique, depuis plusieurs mois, je lis des tas de choses sur la condition animale, le carnisme, le végétarisme, le végétalisme, le véganisme, la végéphobie, l’antispécisme, etc. dans le but d’amasser un maximum d’informations pour argumenter (principalement via internet pour le moment), et transmettre ces informations, et faire évoluer les mentalités. Je crois énormément à l’effet internet, sa vitesse de propagation sans commune mesure des informations, son effet catalyseur dans l’évolution fulgurante des idées, des mèmes sociétaux. (Je sais pas si ma phrase est très claire ou juste pompeuse, mais vous voyez l’idée…) Les idées se font leur propre chemin, sans pouvoir être contrôlées par un émetteur central. Elles sont traitées et retransmises par tous. C’est l’intelligence collective qui les fait évoluer. Je crois vraiment qu’internet peut tout changer, et casser le système de « traditions et habitudes » carnistes qui jusqu’alors se maintenait uniquement parce que les voix demandeuses de justice, qui s’y opposaient, étaient isolées et donc inaudibles.
Donc je me renseigne. Je lis. Et je regarde des vidéos, parfois. Je ne l’avais jamais fait, je me suis forcé à le faire, et ça m’a permis de comprendre pas mal de choses. Ça m’a permis de comprendre que l’image donne un peu de réalité à ce qui n’est qu’abstraction. Ça m’a permis de comprendre que le « chemin du végétarisme », ça n’est pas qu’une simple prise de conscience entre « Je dois/je peux manger de la viande. » et « Je dois arrêter de tuer inutilement, parce que je PEUX arrêter. », mais plutôt une infinité de niveaux de prises de consciences qui se succèdent. Et qui régressent un peu, parfois, avant de repartir. Prendre conscience de la réalité de l’impact de ses actes, impacts et actes qui sont multiples, et de… d’un entrelacs sans fin de réflexions autour de ce problème. En un sens, c’est infiniment passionnant.
J’ai lu tout le blog de l’Elfe, qui est généralement passionnant, mais qui m’a surtout permis de comprendre qu’on peut être végétarien (végétalien/végane) et intelligent, qu’il n’y a donc pas à en avoir vaguement honte, et surtout que le traitement qu’on fait subir aux animaux exploités est objectivement mauvais et injuste. Qu’il faut donc le faire cesser.
J’ai découvert L’AVF, qui est l’Association Végétarienne de France, qui fait donc la promotion du végétarisme en France, comme le souhaite au plus profond de lui-même n’importe quel végétarien normalement constitué… non pas pour gagner des sous, parce que s’il s’agissait de gagner des sous, y a des moyens infiniment plus simples que de faire la promotion du végétarisme, surtout en France… ni même pour diriger une secte, parce que c’est pas en faisant publiquement la promotion d’une pratique alimentaire simple, que n’importe qui peut pratiquer chez lui par lui-même, sans rien acheter, sans jamais rencontrer personne d’autre qui la pratique, qu’on réussit à former une secte et profiter du pouvoir que ça procure. (Non, pour monter une secte, il faut quand même savoir définir ce qu’on veut vendre, à qui, le nombre de membres qu’on veut diriger, les idées tordues qu’on veut répandre, les congrès qu’on veut organiser, la ou les communauté(s) fermée(s) qu’ont veut gérer. Bref, pour former un secte, on ne laisse pas les membres vaquer librement à leurs occupations dans le monde, sans jamais rien leur demander, en leur demandant juste d’arrêter de manger des animaux, s’il vous plaît, parce que c’est méchant….)… Non, l’Association Végétarienne de France ne fait la promotion du végétarisme que pour une seule raison : Parce que c’est bien, et parce que c’est juste, et parce que les animaux n’ont pas demandé à être tués et torturés. L’AVF vous donnera évidemment plusieurs autres arguments agréables (humanitaire, santé, environnement) qui sont vrais aussi et qui ne gâchent rien, mais au fond, on sait bien, une fois qu’on accepte de l’entendre, que le critère primordial, c’est essentiellement qu’on n’a pas besoin de torturer et tuer pour se nourrir.
J’ai découvert L214, qui est une association incroyablement couillue (ou « gonadée » si l’on préfère une expression moins sexiste) et intelligente. Intelligente dans sa stratégie. Couillue dans le fait que ses militants, profondément convaincus que torturer et tuer des animaux non humains est un mal, et qui ne peuvent donc rester insensibles devant la souffrance animale, des militants au moins végétariens (mais très probablement tous véganes), osent affronter directement les situations de tortures animales là où elles sont, c’est-à-dire partout, mais à l’abri du regard des « consommateurs », pour en témoigner, en tirer des images, des vidéos, des études, des compilations exhaustives d’informations réelles sur ce qui se pratique, ce qui existe aujourd’hui, principalement en France. Pour le moment, c’est l’association Française qui me convainc le plus. (Même si je tire aussi mon chapeau à toutes les autres.)
J’ai découvert les Cahiers Antispécistes, dont j’ai découvert progressivement quelques articles, puis commandé quelques numéros… puis commandé l’intégralité des 35 numéros parus depuis 1991. Pour le moment, j’en ai lu un tiers (le début et la fin). C’est complet, c’est diversifié, c’est rationnel, c’est cohérent, c’est intelligent. C’est écrit par des gens, par exemple, diplômés de l’Ecole Normale Supérieure, ou diplômés de tas d’autres choses. Des gens cultivés et gravement intelligents, en tout cas. On y trouvera souvent des références et traductions de sociologues, ou de philosophes anglo-saxons précurseurs célèbres de l’Ethique Animale, tels Peter Singer et Tom Regan. (La philosophie morale, une discipline à peu près inconnue en France… Même avec 20 ans de retard…)
Pour résumer rapidement : Le spécisme, un mot inconnu qui fait peur, c’est le fait de considérer arbitrairement que l’espèce est en soi un critère suffisant pour discriminer des individus par rapport aux autres. L’antispécisme, c’est le fait de combattre cette vision du monde, et de déclarer que le critère arbitraire de l’espèce ne justifie rien. Les philosophes antispécistes proposent aux contraires plusieurs théories, variées, qui dépassent le critère de l’espèce sans pour autant aboutir chacune aux mêmes conclusions.
Peter Singer, par exemple, probablement le plus connu d’entre eux, propose une Théorie Utilitariste des choses, qui consiste à dire que ce qui définit l’éthique, c’est le respect des intérêts de chaque individu, sachant que les intérêts varient immanquablement selon chaque individu, un ours n’ayant pas les mêmes intérêts qu’une poule ou qu’un homme… mais sachant aussi que tous les êtres sentients (capables de ressentir des sensations, la souffrance, le plaisir…) ont un intérêt à ne pas souffrir, et donc que le plaisir de manger un animal vertébré (forcément sentient) ne peut pas justifier la souffrance infligée à cet animal, d’autant plus qu’après une frustration passagère, ce plaisir gustatif peut être entièrement remplacé par le plaisir de manger des plats à base de végétaux.
Tom Regan, quant à lui, avec sa Théorie des Droits, considère que les intérêts ne sont pas suffisants pour définir l’éthique, et propose de considérer que chaque vie doit avoir une valeur en elle-même, qui lui offre des droits. On ne pourra donc pas considérer qu’un seul individu a le droit (que c’est juste) de tuer un autre individu pour récupérer le total de plaisirs du premier et l’ajouter au sien. Un individu avec une certaine somme de plaisir, n’est pas simplement l’équivalent de deux individus se partageant la moitié de plaisir chacun. Chacun a des droits.
Quoi qu’il en soit, peu importe la théorie et la direction que prennent les réflexions des philosophes antispécistes, tous commencent toujours par la première conclusion pratique évidente : Il n’est pas juste/moral de manger d’autres animaux si on peut s’en passer.
(Je pourrais encore développer pour mes lecteurs qui ne comprendraient pas encore en quoi consiste l’antispécisme, en leur expliquant que l’intelligence supposée des humains n’est pas non plus un critère suffisant pour justifier la discrimination envers les autres animaux, en prenant le cas particuliers des nourrissons et des handicapés mentaux profonds, que la conscience de soi ne l’est pas non plus, pour les mêmes raisons, ainsi que par le fait que les études en éthologie tendent de plus en plus à prouver que nombreux sont les animaux -porcs compris- à posséder la conscience de soi, et que la conscience de soi n’est de toute façon pas quelque chose de parfaitement défini, et aussi binaire, carré, délimité, que le suppose de manière simpliste la vision spéciste… mais si vous voulez en savoir plus lisez donc les Cahiers, ou même les philosophes et études d’éthologie directement à la source…)
——————-
Hého, on a dit qu’on arrêtait le blabla :
Quand je me suis inscrit comme membre donateur à L214 (ou quand j’ai commandé l’intégrale des Cahiers, je ne sais plus), j’ai reçu une publicité pour les Estivales de la Question Animale. Et puis j’ai un peu fouillé sur le site.
Plus tard, en vagabondant sur des forums végés, j’ai à nouveau reçu un pub pour les Estivales.
Ensuite, via Facebook, j’ai vu la page des Estivales.
(Ceci est l’avatar des Estivales sur Facebook, et c’est sacrément bath.)
Au bout d’un long moment de réflexion, j’ai fini par poser des vacances à cette période, et me dire que j’allais envoyer chier pendant quelques jours ma végéphobie toujours latente et surtout ma phobie sociale incurable, et m’y rendre, à ces Estivales, ne serait-ce que pour voir en quoi ça consiste.
(Une vache qui pose une question, ça fait « Meuh ? », c’est donc une question animale, c’est pour ça, c’est très drôle, d’où le titre de cet article. C’est fin, c’est subtil. Applaudissements.)
Les Estivales de La Question Animale, ça existe depuis dix ans. Ça consiste en une semaine complète de conférences de philosophie, éthologie, sociologie et autres, sur le sujet donc, des animaux, du rapport des hommes aux animaux, et de la place des animaux dans la société. Symboliquement, philosophiquement, c’est ouvert à n’importe qui s’intéressant à la question. Je trouve ça normal et intelligent, et rassurant. Donc un éleveur, un chasseur, un boucher, s’ils s’intéressent à la question, auraient le droit d’y assister. Je crois que c’est arrivé quelques rares fois. En tout cas, il n’y a pas que des végétariens à y assister.
Maintenant, forcément, je m’attendais bien à y rencontrer une majorité de végétariens, une bonne partie de militants de la cause animale, et dans le tas, pas mal de véganes. (Ah oui, au cas où vous ne le sauriez pas, je précise qu’un végane, c’est un végétalien qui s’efforce autant que possible de ne pas exploiter non plus les animaux en dehors de l’alimentation, par exemple en évitant le cuir, la laine, les produits testés sur les animaux, et diverses choses… Mais je ne vais pas m’étendre. Ça n’est, en tout cas, pas si contraignant qu’on se le fantasme. Les véganes peuvent avoir un métier, une maison, une voiture et un ordinateur, comme « tout le monde ». Le but véritable du végane, c’est une transformation en profondeur de la société, bien avant la recherche de perfection personnelle.)
Mais en fait, je crois que je ne m’attendais pas à rencontrer 95% de militants, 95% de véganes et 95% d’antispécistes. Ce qui ne me dérangeait pas vraiment au fond, puisque je crois que je suis globalement végane (d’autant que le végane absolu n’existe pas), que j’ai probablement toujours été plus ou moins antispéciste (puisque depuis tout môme, j’ai presque toujours -et en tout cas de plus en plus- fait attention à ne pas tuer, autant que possible, les petites bêtes, et que si je n’ai mangé des animaux jusqu’à mes 18 ans, ça n’est que parce que j’avais le sentiment de ne pas avoir le choix, que si je n’ai abandonné le lait et les oeufs que récemment, c’est probablement pour la même raison… et qu’en fait, je n’ai jamais eu, je crois, de mépris envers les végétariens, ni vraiment les végétaliens, bien que j’aie, comme tout le monde, baigné dans l’idée propagée par la société et mes proches qu’il s’agissait de fous et de sectes… En ce qui me concerne, la seule question que je me posais sur le sujet, c’était : Est-ce oui ou non, physiquement possible ?).
Bref, j’étais presque dans mon élément, si ce n’est, bien sûr, que je suis phobique social, et que je n’ai donc jamais milité concrètement, en face à face avec des inconnus. Et que donc, je ne faisais pas partie des 95% de militants. Et que j’en suis encore, toujours, à me demander, si le militantisme, la distribution de tract, le contact avec les passants… si tout ça, c’est bien efficace, si ça sert à quelque chose, s’il n’y aurait pas une stratégie plus intelligente, rapide, rentable, productive… et si, en fait, je ne suis pas tout simplement trop lâche pour juste affronter la peur du ridicule, de l’incompréhension, de m’impliquer, de me fatiguer, de m’organiser, dans un but pourtant tout à fait louable : Tenter de mettre fin à la souffrance et de rendre justice aux animaux non humains… Si ça n’est pas, comme d’habitude, ma lâcheté et ma phobie sociale qui m’offrent sur un plateau tous les arguments invérifiables pour ne pas m’impliquer.
Durant cette semaine, donc, j’ai assisté à 9 conférences/débats, dont 4 au moins étaient tout à fait passionnantes, le reste étant en tout cas très intéressant, ne serait-ce que parce que je savais exactement pourquoi j’étais là, que toute information sur le sujet est bonne à prendre, et parce que, aussi, les débats avaient toujours quelque chose à apporter. Plus j’en saurai, et plus j’aurai d’outils et de matières pour agir.
Durant cette semaine, j’ai surtout rencontré des gens admirables. Des gens qui croient ce qu’ils font. Et ce qu’ils font, c’est consacrer leur vie à essayer de changer le monde, en mieux. Une bonne partie de leur vie, en tout cas. J’ai vu des véganes qui le sont devenus comme ça, tout jeunes, ados, en claquant des doigts, en se révoltant, sans trop savoir forcément ce qu’ils faisaient (au début) mais en refusant de continuer à tuer d’autres animaux. Personnellement, ado, j’ai pas eu ce courage, cette abnégation. J’ai vu des gens qui ont considéré que le combat contre cette injustice valait le coup de sacrifier leur vie sociale, d’accepter le conflit avec leurs proches, et de perdre, parfois, justement, les liens avec leurs proches. J’ai vu des gens touchants et sensibles. Je ne dis pas qu’on a besoin d’être touchant et sensible pour être végétarien/végétalien/végane, je dis que ceux-là, des militants presque innés, certains d’entre eux en tout cas, l’étaient. J’ai aussi vu des gens « drogués » au militantisme : anti-spécisme mais aussi anti-sexisme, anti-pub, anti-homophobie, anti-nucléaire… des gens dont le militantisme est la passion; mais des gens qui y consacrent toutes leurs ressources, leur temps, qui mettent aussi parfois leur santé en danger pour leurs luttes, et qui y ont visiblement consacré plusieurs années de leur vie (Combien ?…). J’ai vu des gens de tous âges (de 4 ans à 70 ? 80 ans ?), de toutes classes sociales (punks, profs, avocats, ingénieurs, étudiants, chômeurs, laborantins…). Même si en moyenne, beaucoup de jeunes, faut bien avouer. Et tous dans une espèce d’alchimie sociale totalement hors norme, décontractée, paisible, aimable. On mangeait végane tous les jours, à tous les repas, pas besoin d’angoisser. On avait notre dose de B12. Y avait pas de chefs, beaucoup d’autogestion. On était bien. Moi, le phobique social, j’ai discuté avec des gens, des inconnus. J’ai beaucoup écouté, mais j’ai aussi discuté. Pas beaucoup, mais un peu, et c’est déjà énorme.
Je ne dis pas que je me sentais parfaitement dans mon élément. Je ne me sentirai jamais dans mon élement, nulle part. Je suis phobique social, ça fait partie de moi. J’ai peur des gens. Je ne peux jamais faire totalement confiance. Et si je suis dans un groupe relativement homogène sur un aspect, j’aurai toujours besoin de me différencier de cet aspect. Et donc, là, oui, bizarrement, j’avais la sensation confuse, parfois, de ne pas faire partie du groupe, de me dire qu’ils croyaient trop en leur cause, que je ne saurais jamais m’y consacrer autant qu’eux, même si je devrais, je crois. J’avais à la fois peur et honte, parfois. J’ai donc eu besoin, à cette occasion, de remettre en question quelque chose en quoi je crois depuis tout petit, pour me sentir différent, paradoxalement. (Et aussi, il faut bien le dire, j’ai toujours besoin, tout le temps, de tout remettre en doute, de me demander « Et si je me gourais complètement ? ». Donc oui, continuellement, malgré tout ce que je lis, compulse, additionne et conjugue, je n’abandonne jamais complètement l’idée « Et si je me gourais complètement ? » pour chacun des points qu’implique le véganisme. « Et si le végétalisme n’était pas viable ? », « Et si je faisais plus de mal que de bien ? »… Mais c’est sans doute ce besoin et cette aptitude à ne jamais écarter la remise en question, dans n’importe quel sens, qui font que je serai toujours infiniment plus honnête et cohérent que n’importe quel carniste.)
Mais dans l’ensemble, je dois quand même dire que je m’y suis senti bien, que j’ai eu l’impression d’être parti un mois, et que j’aurais voulu que ça dure six mois de plus, et que ça m’a fait un gros pincement au coeur, de partir, de devoir partir, et de ne pas savoir comment partir. Et donc de partir en coup de vent.
Ces gens-là, je crois en eux, et je les admire.
———————————-
Un truc en apparté
Au cours des Estivales, je me suis rendu compte que David Olivier avait une vision très Singerienne de l’éthique au sens où il n’accorde d’importance qu’à la souffrance, mais pas vraiment à la vie en elle-même, et qu’en fait, le texte La personne et le tunnel de verre l’avait visiblement beaucoup marqué dans sa façon de penser. Je viens de me rendre compte que c’est normal que ça l’ait marqué, puisque c’est lui qui l’a écrit. En fait, je dirais même que sa vision des choses rejoint de banales constatations purement matérielles, un peu à la façon de Douglas Hoffstader (dont j’ai encore le bouquin, que je n’ai toujours pas lu…), comme quoi, finalement « l’essence de soi », ça n’existe pas.
(Note : Tout cet aparté va faire référence à des trucs que j’ai déjà dit des tas de fois, par exemple dans mes verbiages 1, 2 et 3, voire aux liens en commentaires de « J’ai Pas de Titre » que je n’ai pas compris parce que c’est trop compliqué pour moi.)
En gros, il part du fait que le monde est logique et matériel, que la continuité de l’individu ne peut pas être démontrée (elle s’observe seulement de proche en proche), et qu’il serait même possible de faire croire à un individu qui vient de naître qu’il a toujours été, tandis qu’on ferait disparaître auparavant l’individu dont il aurait les souvenirs, pour en déduire que, puisqu’on ne peut pas démontrer l’existence de l’unité individuelle, et que l’individu lui-même n’est pas capable de se la démontrer, alors elle n’existe pas.
Passons le fait que ça revient simplement à retomber sur toutes les questions que tout le monde se pose à peu près vers l’adolescence (plus ou moins quelques années), et auxquelles personne n’a jamais trouvé de réponse…
Sauf que moi, je vois énormément de raccourcis, et donc de failles, dans sa réflexion :
1) Il pose que la réalité est forcément logique.
Mais quelle démonstration parfaitement logique pourra me démontrer que toute démonstration parfaitement logique est forcément vraie ?
2) Il pose qu’on peut décider que certaines choses « existent » ou « n’existent pas », sans que soi-même, on soit pour autant obligé d’exister.
A partir de quels concepts peut-on définir le concept « exister » si on ne pose pas d’abord que c’est tout simplement « moi » qui suis la définition de « exister » ?
3) Il cherche à décomposer ce qui est « soi », par la personnalité, les souvenirs, la sentience, etc.
Pour étudier et décomposer « soi », on utilise quel outil ?… Soi. Pour étudier « soi », on utilise forcément « soi » comme outil d’analyse de base. Soi qui s’étudie soi pour savoir ce qu’est soi… On risque d’y passer quelques éternités avant d’arriver à un résultat…
4) Il parle du remplacement progressif de chaque atome du corps au cours de la vie. Mais il ne précise pas si la totalité des neurones sont vraiment tous remplacés au cours de la vie. Il pourrait suffire qu’un seul neurone subsiste toute la vie pour qu’on puisse admettre d’y loger « rationnellement » une âme, une individualité continue.
5) Il pose une expérience de pensée tout à fait théorique qui ne pourra jamais être réalisée. Il utilise l’exemple de la téléportation pour conclure que, puisqu’on ne serait pas capable de dire s’il s’agit d’une mort suivie d’une naissance, ou plutôt d’une continuation du même individu, et puisque personne, aucun observateur, pas même celui (ou ceux) directement impliqué(s) ne pourrait le démontrer, alors la continuité n’existe pas. Or, ça prouve seulement que c’est impossible à observer, détecter, mesurer et prouver. Ça ne prouve absolument pas que ça n’existe pas. (Sinon, il peut aussi se permettre de démontrer de la même manière que le monde n’existe pas quand il ferme les yeux.) Ma conviction d’être et de ne pas avoir cessé d’être moi est profonde, essentielle, impossible à remettre en question, mais aussi impossible à démontrer par un syllogisme, certes. Mais son expérience théorique ne démontre pas pour autant que cette conviction est fausse.
6) Ayant considéré qu’il a brillamment démontré que l’identité/l’individu n’existe pas, alors ça signifie que tout ressenti se vaut, tous sont équivalents et s’entrecroisent, indépendamment des individus. Pourtant, je suis désolé de le dire, mais cette idée ne correspond à rien. Je n’ai encore jamais de ma vie pu entrer dans autre chose que ma propre tête, pu accéder à autre chose que mes propres souvenirs (même si estompés par le temps).
7) Il oublie tout simplement qu’il n’est pas possible de supposer des ressentis, sensations, idées, etc. sans supposer un observateur pour les vivre. Il ne pense pas aux qualias. -Un terme bien pratique que j’ai découvert récemment pour désigner cette représentation interne qui n’a aucun lien concret avec la réalité extérieure-. Les dimensions visuelles, auditives, etc. sont des choses entièrement créées par le cerveau, uniquement observées par l’observateur « soi ». Elles n’ont rien de matériel, rien de quantifiable, de mesurable scientifiquement, mais elles existent pourtant et il est impossible de remettre leur existence en question. Et si elles existent, alors il faut qu’elles soient vécues par un observateur, qui doit exister lui aussi.
Il ne pense pas non plus au fait que le sens des informations ne prend de sens que s’il y a un observateur final, un soi, pour les comprendre, comme dans la chambre chinoise.
Il n’a pas compris que toute réflexion sur le soi est forcément source d’une infinité de paradoxes absurdes, comme je l’ai expliqué plus haut, puisque le soi est le postulat primordial indémontrable nécessaire à toute réflexion.
Et malheureusement, il finit en faisant l’erreur de croire que sa théorie ouvre une nouvelle réflexion vers une meilleure empathie entre tous les êtres vivants, alors qu’elle ne fait que nier la réalité des êtres vivants (sentients, « étants »). S’il était tout à fait honnête, d’après sa théorie, la mort n’aurait plus d’importance, pas plus que la vie, et les sensations ne seraient plus que des choses ponctuelles, instantanées et flottantes, indépendantes de tout, sans lien avec aucun individu, puisque les individus n’existeraient pas. Selon sa théorie, la souffrance et le plaisir ne seraient plus que des choses évanescentes dont on peut tout simplement se foutre royalement sans aucun remord. Selon sa théorie, rien n’a d’importance. Sa théorie ne devrait donc pas du tout du tout lui permettre de conclure que le véganisme, l’antispécisme, l’éthique et la justice envers tous les être sentients soient des choses nécessaires, mais plutôt que bien et mal n’existent pas, que tout est chaos, et que la mort et la souffrance, même de soi-même (qui n’existe pas) sont inintéressantes, indifférentes.
Alors qu’au contraire, ce qui permet de croire au respect d’autrui, à la justice, à l’antispécisme, c’est bien de comprendre que je suis, que je suis moi, que ma vie et ma souffrance ont de l’importance parce que je suis moi, et que la probabilité que les autres individus (dotés d’un cerveau ou d’un système nerveux centralisé) « soient » également me semble suffisamment grande pour admettre que je leur dois autant de considération que j’en porte à moi-même (du moins autant que je puisse leur en donner sans mourir ou devenir fou).
Son erreur, c’est tout simplement d’avoir fait preuve, comme presque (presque ?) tous les êtres humains, d’une infinie prétention en croyant que l’intellect, la raison (ou même toute autre forme de croyance ou réflexion humaines) est capable de tout analyser avec une acuité parfaite.
Malheureusement, la « raison » (ou l’esprit humain) n’est qu’un tout petit détail de « tout », elle est un élément de « tout » et non l’inverse¹. C’est la bouche du crocodile qui veut manger le crocodile entier.
(¹ à moins d’admettre le solipsisme. Le solipsisme pourrait effectivement être une réponse tout à fait logique. Je serais inconsciemment le créateur de tout, mon esprit -dont sa part inconsciente- SERAIT tout, donc il pourrait savoir et comprendre tout… Mais jusqu’à présent, tous mes efforts répétés pour effacer l’univers ont échoué. Donc je vais continuer à supposer que le monde existe en dehors de moi.)
———————————-
T’as pas bientôt fini, non ?
Et donc, et donc… Malgré tout, avec toutes ces réflexions et ressentis qui m’ont complètement tourneboulé la tête (comme d’habitude, peut-être), j’en suis arrivé à des conclusions qui limitent en quelque sorte la théorie de l’antispécisme. (Je dis « arrivé à des conclusions », pour simplifier. Mais ce sont probablement des pensées qui sont en moi depuis bien longtemps. Disons que je les ai plus clairement formulées et résumées.)
D’abord, qu’on soit bien clairs, je suis végé et rien ne me fera jamais changer ça. Je n’ai aucune raison de tuer pour manger. Je doute parfois, souvent, de tout, de la réalité du monde et de la possibilité objective du bien et du mal, OK… mais au pire, rester végé, ça ne fait ni bien ni mal, et au mieux, ça évite de causer de grands maux. Donc je resterai toujours végé. Si j’abandonnais ça, je crois que j’abandonnerais aussi toute autre forme d’éthique. Si l’éthique n’existe pas, il ne reste plus que l’égoïsme absolu.
Bref… Ce que je voulais dire, c’est que malgré tout, l’antispécisme (et les théories antispécistes) a (ont) des limites. Pas des limites rationnelles, de cohérence de raisonnement. Tenir compte des intérêts des individus, de leur sentience, admettre qu’on ne peut pas être sûr que tous les animaux ont une sentience, poser qu’il est infiniment peu probable que les plantes en ait une, mais sait-on jamais… Tout ça, c’est correct, ça se tient. Et en déduire que la première conséquence pratique à faire, c’est d’arrêter de manger les animaux quand ça ne met pas notre vie en danger, c’est correct aussi.
C’est correct aussi de dire que si l’abolition de la viande se faisait, et même l’abolition de toute exploitation animale (volontaire) on pourrait peut-être se mettre à penser à d’autres applications pour généraliser le respect des individus. On pourrait donner des droits aux animaux sauvages, chercher à en sauver un maximum, transformer, si on en trouve le moyen, les animaux prédateurs, pour que les espèces cohabitent sans heurts… ou peut-être tout simplement, qu’on n’n serait pas capables, que ça ne serait physiquement pas possible, mais que l’essentiel, c’est d’être capable d’y penser et de réduire au mieux la souffrance sur Terre… Et on peut même dire qu’en fait, toutes ces questions n’ont pas encore de réponse, mais que ça n’est pas l’objectif d’aujourd’hui d’y répondre. Et que l’objectif d’aujourd’hui, c’est simplement de faire comprendre à tous les humains que l’antispécisme est une nécessité.
Tout ça reste parfaitement cohérent.
Mais la limite, la vraie limite de tout ça, elle est psychologique. Et elle se pose de manière évidente pour les insectes et autres petits arthropodes. Les insectes, quand on discute avec un anti-spéciste, on se rend bien compte que de temps à autre, il en tient compte. Les antispécistes ne marchent pas volontairement sur les insectes. Ils évitent de les écraser. Ils ne raffolent pas des insecticides. Ils théorisent sur leur probable sentience. Moi-même, depuis très jeune, depuis que je me suis mis à attraper les sauterelles dans mes mains pour leur parler, en essayant de ne pas les blesser, j’ai fait attention aux insectes. En tout cas, de plus en plus. J’ai dû arrêter vers l’adolescence de tuer les petits arthropodes qui me faisaient peur (guêpes et araignées, par exemple).
Bref, les antispécistes tiennent compte des insectes. Et ils ont probablement raison, parce que les insectes sont vifs, s’adaptent aux situations, ont des sens exacerbés, communiquent entre eux, sont extrêmement complexes. Même si leur esprit est certainement très lointain des mammifères et autres vertébrés, les insectes ressentent très probablement la douleur, ont une forme de raisonnement. Très probablement, ils sont « sentients » et donc ils « sont ».
On pourrait relativiser sur la valeur de la vie des insectes de par leur longévité.
La longévité, c’est d’ailleurs un point qui est rarement abordé pour déterminer la valeur de la vie des animaux, mais c’est pourtant à moi un point qui me semble essentiel. Si une vie a de la valeur en soi au delà de la souffrance (par la théorie des Droits, ou par ma point de vue que j’ai expliqué plus haut, par exemple)… et si la valeur de cette vie est d’ailleurs, virtuellement infinie, puisque quiconque existe ne perçoit le monde qu’à travers sa propre vie. (Pour tout être sentient, sa propre vie est la chose la plus importante qui soit, sa propre vie, c’est l’univers.)… si la valeur de cette vie est infinie, elle est pourtant, aussi, délimitée par son espérance de vie, la durée qu’elle peut encore espérer.
J’explique : La vie est d’une valeur infinie, et donc la mort est le mal absolu, la peur ultime. Soit.
Mais parfois, la mort se présente comme inéluctable, imminente, et l’individu n’a alors plus d’autre chose que de l’admettre, cette mort qui s’approche. Et alors la mort ne devient plus un mal absolu, juste un point du temps qui limite la vie, et limite donc cette valeur de la vie. La vie possède donc aussi, paradoxalement, une valeur quantifiable de par sa longévité.
La mort d’un enfant est plus grave que la mort d’un vieillard. L’enfant pouvait espérer profiter plus longtemps de sa vie. Le vieillard a déjà vécu. Tuer un jeune animal est plus grave que tuer un vieil animal mourant. On ôte à l’un de très longues années de vie qu’il aurait pu apprécier, mais seulement quelques mois à l’autre.
(Note : Malgré ce problème de longévité, je n’entre pas dans un débat sur l’avortement, qui fait entrer d’autres facteurs à prendre en compte.)
La longévité est importante. Et on peut se rassurer en se disant que les insectes, arthropodes, et autres petits animaux ont une très courte espérance de vie. Mais ça n’est pas toujours le cas. Certains ne peuvent vivre que quelques jours, ou quelques semaines, mais d’autres plusieurs années. Et ils sont vraisemblablement sentients.
C’est donc un dilemme, un grave dilemme. Leur mort est un drame, mais… ils sont petits, trop petits, nombreux, trop nombreux… Notre capacité d’empathie et d’attention envers eux, même avec une vraie considération antispéciste rationnelle, et même sincère quand on observe de près l’un d’entre eux, ne peut être que proportionnelle à leur taille, et inversement proportionnelle à la distance qui nous en sépare ainsi qu’à leur nombre. On utilise des transports motorisés sans pour autant pleurer, malgré le nombre d’insectes qu’on tue à chaque voyage. Plus on en tue, moins c’est grave. Plus ils sont petits, moins c’est grave. Plus ils sont loin des yeux, et moins c’est grave.
Alors que c’est toujours aussi grave, mais le cerveau ne peut pas assimiler de telles informations, il en est incapable. L’intégrer serait un suicide mental.
Et c’est un point tellement tendu, tellement difficile à comprendre, que si on le garde trop à l’esprit, on peut se mettre à relativiser sur la valeur de la vie et de la souffrance des vertébrés. La sentience des gros animaux est plus probable, évidente. L’empathie est flagrante… Mais quoi ? Et si les deux sont réels ?…
(Ces trois derniers mois, j’ai écrasé au moins six gastéropodes, en marchant dessus par inattention. Je trouve ça sincèrement atroce. Je ne sais pas si j’ai marché sur des fourmis. Je ne sais pas combien ma voiture a tué d’insectes.)
Et pourtant, malgré la souffrance et la mort inquantifiable des tout petits animaux, ça n’enlève pas qu’en évitant de torturer les gros, on diminue globalement la souffrance et la mort sur Terre. Ça n’enlève pas qu’en refusant de tenir compte de la souffrance et de la vie des gros animaux, on rabaisse à rien l’éthique, quelle qu’elle soit, envers les hommes ou envers les autres animaux, parce que la confrontation directe avec la valeur de la vie d’un vertébré est toujours totalement évidente, flagrante, aussi forte que face à un humain, tellement forte qu’on n’a pas le droit de se permettre de l’ignorer. A moins de décider de choisir comme philosophie de vie l’égoïsme absolu.
———————————————————
Allez, on va conclure ?
Je vais conclure en disant que cette semaine des Estivales de la Question Animale, que je ne regrette pas du tout d’avoir vécue, et qui, j’espère, aura énormément de conséquences sur ma vie, m’a permis de rencontrer des gens que je crois formidables, qui sortent de la norme, d’un système social de pensée basé sur une idée fondamentalement injuste, et qui met en relief des tas de processus psychologiques fascinants…
Il y a bien sûr toutes les formes de folies carnistes, dont je parle beaucoup (et dont je parlerai encore), qui servent à justifier et accepter de perpétuer une situation que tout le monde, j’en suis certain, ressent comme absurde ne serait-ce qu’au niveau inconscient. Il y a le fait que ces processus mentaux fonctionnent par couches de déni. Oui, des couches. Pas une simple forme de déni, mais des couches de dénis, qu’on élimine petit à petit, face à une quantité monstrueuse d’informations, désinformations et croyances. Des formes de dénis et des niveaux de prise de conscience, un enchevêtrement dont on ne sort jamais totalement, qu’on soit omnivore, flexitarien, végétarien, végétalien, végane… La prise de conscience totale, le destruction totale du déni, ce serait tout simplement de ressentir pleinement et constamment toute la souffrance du monde, mourir des milliards de milliards de fois, et comprendre de manière absolue l’impact réel de tous nos actes, et donc d’agir toujours au mieux de ce qui peut être… Ce serait être dieu. Mais on ne peut que nager, en faisant autant d’efforts qu’on peut, en acceptant de prendre conscience d’un maximum de choses du monde qui nous entoure, de nos limites, et des horreurs inconscientes qui font aussi parti de nous, pour agir à peu près au mieux.
Passer au végétarisme ou même végétalisme, c’est pas compliqué, intellectuellement. Ce qui est compliqué, c’est de vivre dans une société qui refuse de comprendre cette évidence éthique, de voir le mal qu’elle provoque. Ce qui est compliqué, c’est de vivre dans le conflit interne (ou externe).
Certains, beaucoup (et moi aussi la plupart du temps) décident de refuser le conflit, de ne pas affronter l’horreur de la société. En évitant une remise en cause totale. En restant omnivore, par exemple. Ou même en restant flexitarien (pour ne pas considérer que manger un animal est un meurtre gratuit, un mal absolu, même si l’effort de diminuer le mal est déjà présent en soi). Ou en restant végétarien (pour ne pas comprendre que lait et oeufs participent aussi à la mort et à la souffrance), mais pas végétalien. Ou en se choisissant des raisons plus douces, moins lourdes, moins conflictuelles, qui ne posent pas immédiatement la viande en meurtre objectif, telle que la santé, l’écologie… On verra aussi des végétariens « spirituels » qui voient leur refus de tuer comme un choix mystique de pureté personnelle qu’ils n’ont donc pas le droit d’imposer aux autres… Un moyen de transformer la mort et la souffrance en concepts abstraits… Et aussi, bien sûr, on verra des véganes à peu près cohérents avec eux-mêmes, mais démotivés, déprimés, fatigués d’avance, se croyant (ou se laissant croire) condamnés à vivre dans un monde immuable, et qui donc accepteront de pratiquer leur véganisme en silence plutôt que de militer… A l’opposé, on verra aussi des gens totalement impliqués, totalement militants, prêt à dépenser toute leur énergie pour ne pas se laisser aller à la « non-assistance à personne en danger », un peu effrayants peut-être par leur investissement, leur besoin de chercher à faire changer les comportements, mais des gens aussi qui croient en l’absolu de leur combat, qui voient le mal comme un mal objectif, et ont, parfois peut-être (pas toujours heureusement), perdu cette capacité à entrer dans la tête de ceux qui sont à l’autre extrême de l’échelle, une capacité de « schizophrénie mesurée » qui pourrait pourtant leur être bien pratique pour comprendre qu’on peut « pratiquer le mal » sans « être le mal », et qu’il faut déjà être capable de voir et accepter le mal pour ce qu’il est, avant d’accepter de changer.
Bref, merci système inique et horrifique, merci carnisme, merci à toi pour nous condamner tous autant que nous sommes à la folie pure.
Publié dans Les personnes qui ne se mangent pas.
8 commentaires
Au fond… ▼▲
… si on regarde les choses jusqu’au bout, l’argumentation des anti-végés/pro-viandes se résume très souvent à une seule chose « Je peux continuer à manger de la viande, parce je ne fais rien de mal. ». (Notez que l’argumentation porte sur « Je … Continuer la lecture
… si on regarde les choses jusqu’au bout, l’argumentation des anti-végés/pro-viandes se résume très souvent à une seule chose « Je peux continuer à manger de la viande, parce je ne fais rien de mal. ».
(Notez que l’argumentation porte sur « Je peux continuer… », et non pas sur « Je dois continuer… ». Il n’y a pas de motivation rationnelle au choix de continuer à manger de la chair animale. Il y a juste un « Je veux… » lié au goût, au plaisir tout égoïste, dont la réticence éthique est balayée par un « Je peux… ». Malheureusement, ce qui n’entre absolument pas en ligne de compte dans ce « Je veux », c’est que le goût s’apprend, se travaille, se modèle, se redécouvre, et donc évolue. Que se passer d’un plaisir gustatif ne condamne pas au manque et à la souffrance gustative jusqu’à la fin de ses jours. Et donc qu’un « Je veux » motivé par le goût est un « Je veux » tout à fait fugace, pour peu qu’on accepte de le laisser partir.)
« … parce que je ne fais rien de mal. » : Que ce soit parce que tuer est une obligation de la nature… parce que les animaux sont mis au même plan que les plantes… parce qu’on ne peut pas évaluer toutes les conséquences de tous nos actes… parce que le bien n’existe pas s’il n’est pas absolu (= le mal n’existe pas si on ne peut pas empêcher TOUT le mal)… parce que tout ce qui vit et meurt appartient au grand cycle de la vie et de la mort… parce que la mort n’a pas d’importance si elle est sans souffrance… et parfois même parce que la souffrance elle-même n’a pas d’importance…. Etc.
Quand on regarde un peu mieux ces arguments pour ce « Parce que je ne fais rien de mal. », on se rend compte que tous se réduisent en fait à « Parce que rien n’est mal./Personne ne peut faire le mal./Le mal n’existe pas. »
Donc on peut manger de la viande, parce que le mal n’existe pas.
Mais si le mal n’existe pas, on peut aussi faire à peu près tout ce qu’on veut à n’importe qui…
———————————————————————————————————————–
Et sauf que, effectivement, personne ne peut appréhender la totalité des conséquences de ses actes, leur impact total en bien ou en mal. Mais ce qui est certain, c’est que lorsque j’ai déjà directement sous les yeux, bien visible, un total de conséquences vraiment négatif (du genre « torturer et tuer alors que c’est manifestement dispensable »), la probabilité que cet acte soit vraiment mauvais est plutôt écrasante.
Par exemple, tuer quelqu’un dans la rue pour lui voler son porte-monnaie, c’est mal. Pourtant, ce quelqu’un dans la rue pourrait aussi bien être un serial killer, alors peut-être que si je le tue, je fais plus de bien que de mal, alors pourquoi je me gênerais pour le tuer ?… Ou alors peut-être que c’est quelqu’un qui a désigné une association humanitaire comme légataire universel, et que sa mort sauverait des tas de vies ?… Ou même, une fois dans la tombe ou ses cendres dispersées, ce quelqu’un nourrira des centaines ou des milliers d’insectes, des centaines ou des milliers de petites vies, et c’est pas rien, sans compter toutes les plantes… Et puis s’il meurt, ça fait aussi une personne de moins sur Terre pour participer à l’effet de serre… D’ailleurs, peut-être qu’il est dépressif et qu’il veut mourir… Et au fond, si je le tue par surprise, très vite, en lui brisant la nuque, ou en l’égorgeant après étourdissement il ne va pas souffrir, il n’aura même pas peur, il ne va même pas se rendre compte qu’il meurt, donc il n’y a rien de mal là-dedans… Surtout s’il vit seul, sans famille… Et puis de toute façon, la vie est tellement merdique, elle n’est que souffrance, au moins si je tue les gens par surprise, même des enfants, je leur évite de souffrir pendant des dizaines d’années… Si ça se trouve, ils seraient morts d’une maladie horrible, ou dans un accident de voiture, en plus… Et puis bah, de toute façon, tout le monde meurt.
Ça ira, là, ou vous en voulez d’autres, des démonstrations débiles du genre « pensée magique » pour justifier n’importe quel acte de cruauté ?
————————————————
Cadeau bonus
Ca se passe en France, en 1949, un jour comme les autres dans une entreprise comme les autres. C’est naturel, donc il n’y a rien de mal. Et je vous prie de regarder jusqu’au bout, les dernières minutes sont les meilleures.
Et si vous voulez plutôt voir comment ça se passe en France aujourd’hui, vous trouverez votre bonheur sur L214. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Publié dans Les personnes qui ne se mangent pas.
2 commentaires
Un monde sans viande ? ▼▲
Il paraît qu’il ne faut surtout pas devenir végétarien. Il ne faut surtout pas devenir végétarien, parce que d’abord, c’est hypocrite. Dans le monde actuel, les animaux d’élevage qui produisent du lait sont abattus dès qu’ils ne sont plus capables … Continuer la lecture
Il paraît qu’il ne faut surtout pas devenir végétarien.
Il ne faut surtout pas devenir végétarien, parce que d’abord, c’est hypocrite. Dans le monde actuel, les animaux d’élevage qui produisent du lait sont abattus dès qu’ils ne sont plus capables de produire du lait, et de toute façon, pour produire du lait, il faut qu’ils mettent bas, donc il faut tuer la surproduction d’animaux, notamment les mâles. Et dans le monde actuel, les poules pondeuses sont elles aussi abattues dès qu’elles ne pondent plus, et les mâles des filières pondeuses sont aussi inutiles, donc ils sont eux tués beaucoup plus tôt (Poussins gazés, broyés ou entassés dans des poubelles à étouffer tranquillement. C’est selon. Au mieux en filière bio, ils doivent être tués très tôt mais moins tôt pour la chair, bien que je n’en sois pas sûr du tout.).
Sans compter que la majorité de ces animaux d’élevage vivent une vie de maltraitances et/ou souffrance.
(Anecdote : Dans le jargon de l’élevage, les animaux qui ne produisent plus assez, on a appelle ça des animaux « de réforme » . Ça ne veut pas dire qu’il vont pouvoir profiter paisiblement de leur retraite, c’est juste un euphémisme crypté pour dire qu’ils ne sont plus rentables, et qu’il faut les tuer. Logique implacable.)
Il serait envisageable que ça ne se passe pas comme ça, qu’aucun animal ne soit maltraité et abattu pour la production de lait ou d’oeufs, dans un monde totalement différent, où l’économie ne serait pas reine, où l’éthique serait primordiale, et avec une consommation de produits animaux très très réduite. Mais dans le monde actuel, où les animaux d’élevage sont des machines à produire et non pas des êtres sensibles avec qui on collabore, ça ne se passe jamais comme ça.
Donc il ne faut surtout pas devenir végétarien, parce que si on participe à la diminution de la consommation/production de viande (Par exemple, de tous les animaux qui ne produisent pas de lait ou d’oeufs), sans sauver tous les animaux, alors ça n’est pas bien. On fait beaucoup moins de mal, mais pas complètement totalement zéro mal, donc c’est hypocrite, donc il ne faut surtout pas devenir végétarien.
Bien sûr, pour les raisons précédemment citées, il existe aussi des gens qui, après être passés par le végétarisme, décident de devenir végétaliens. Mais d’abord, tout le monde sait que devenir végétalien, ça n’est pas possible*. Et ensuite, ils sont aussi hypocrites, parce que d’un manière ou d’une autre, ils tuent au moins des insectes sans faire exprès, et des plantes, et on sait bien que les plantes sont des êtres hyper sensibles (même sans système nerveux, et bien que leur structure ne permette pas d’imaginer où se trouverait leur « centre nerveux », leur « conscience », leur individualité, puisque chaque partie coupée est susceptible de se régénérer indépendamment pour créer un autre ensemble). Mais bon, ils font encore énormément moins de mal, et tout ce qu’ils peuvent pour en faire le minimum, mais eux non plus, ils n’arrivent pas à faire absolument aucun mal, donc ce sont aussi des hypocrites.
(Ah oui, juste pour rappel, la plupart des végétaliens, et je pense, des végétariens aussi, sont de toute façon orientés « véganisme », pas de cuir, voire pas de laine, éviter les produits testés sur des animaux… Et ce, souvent, bien avant de se mettre au végétarisme. L’alimentation est bien plus problématique que le reste. Evitons donc tout de suite un argument à la con de plus.)
Donc il ne faut surtout pas devenir végétarien ou végétalien, parce que c’est infiniment plus hypocrite que de déclarer aimer les animaux tout en continuant à les maltraiter et tuer inutilement en masse pour satisfaire un plaisir gustatif remplaçable.
Bon, déjà, ça, c’est réglé.
Mais en plus, il ne faut surtout pas devenir végétarien ou végétalien, parce que c’est une fausse bonne idée, parce qu’un monde sans viande est impossible.
Alors… Bon, là, moi, j’ai un peu de mal à suivre… J’avoue qu’il me manque un élément pour comprendre comment le fait que toi, ou moi, ou mon voisin, ou même toute ma famille, devenions végétarien(s) ou végétalien(s) entraîne une réaction en chaîne incontrôlable de type nucléaire qui transformerait en quelques secondes toute l’humanité en végétaliens, de sorte qu’immédiatement on se trouverait dans une situation impossible qui ferait exploser l’environnement et condamnerait aussitôt des humains à la mort. Non, moi, j’aurais tendance à penser que s’il y a des endroits où se priver de viande (par chasse ou élevage) est effectivement impossible sans en mourir, ben ces gens-là continueront à faire comme ils ont toujours fait : Un petit peu de chasse ou un petit peu d’élevage (sans comparaison avec la consommation maladive des occidentaux). C’est ce que je me dis, je ne pense pas qu’ils iront se convertir au végétarisme si ça les oblige à mourir. Et je ne pense pas que le fait que le reste du monde (soyons fous) ait abandonné l’exploitation des animaux y changerait quelque chose. Je peux me tromper…
Un peu comme, vous voyez, le fait qu’il y ait une Déclaration Universelle des Droits de L’Homme et que des tas de pays s’en tamponnent le coquillard. Sauf que là, bien sûr, aucun végétarien n’a jamais osé dire qu’il fallait écrire une Déclaration Universelle de l’Interdiction de Manger de La Chair Animale Meme Si Tu Vis Dans Des Conditions Extremes Ou T’es Obligé De Tuer Pour Survivre.
Notez que, en ce qui concerne la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme et même l’interdiction de tuer dans beaucoup de pays du monde, puisque la guerre existera toujours, qu’il y aura toujours des gens à se faire tuer et torturer partout dans le monde, ou à mourir pour des conneries (du genre affamer des pays du Tiers Monde pour des intérêts économiques, ou laisser mourir les SDF dans la rue, et d’autres trucs), ben interdire l’homicide, c’est vraiment idiot, quand même. Ça ne sert à rien. En plus, ça serait bien pratique de l’autoriser, pour quand mon voisin fait vraiment chier. Enfin bon, je dis ça comme ça…
Mais bon, il paraît aussi que l’élevage est indispensable à des tas de cycles naturels comme des trucs avec les pâturages, même si bien sûr l’immense majorité de la production de viande actuelle n’entre absolument plus dans ces cycles naturels, et sert plutôt à raser l’Amazonie pour cultiver des céréales pour nourrir le bétail, notamment européen. Et même si la diminution de l’élevage entraînerait de fait la diminution de l’espace mondial utilisé pour les cultures, et que donc ces pâturages (réservés aux élevages de bovins et ovins, pas du tout aux porcs et oiseaux qui n’ont rien à voir avec ça, et dont l’élevage n’a donc aucune vague excuse écologique) ne se transformeraient pas en surfaces de culture, mais en surfaces boisées. Et apparemment, trop de reboisement, c’est problématique, parce qu’on ne sait pas couper les arbres pour les exploiter et recréer des espaces déboisés.
Visiblement, on n’est pas non plus capables d’imaginer de laisser vivre quelques ruminants qui entretiendraient ces pâturages essentiels, et qu’on déciderait bizarrement de ne pas tuer et de laisser vivre tranquillement, sans avoir besoin de les nourrir de céréales, puisqu’il est dit que ces animaux peuvent vivre en se contentant de paître. Parce que visiblement, tout animal non humain qui ose exister doit absolument être tué pour être mangé, comme par exemple, les taupes, les renards, les chats, les furets, les cygnes, les mouettes, les limaces, les écureuils, les hérissons, etc.
Quant à la chasse (qui, au demeurant, n’est en rien un argument pour l’élevage, ni pour la consommation de viande du consommateur lambda de bovins, ovins, cochons, oiseaux, lapins, poissons…) c’est obligatoire, parce qu’il faut réguler les animaux. On ne chasse d’ailleurs que pour réguler les animaux. Pas plus, pas moins. Et y a jamais de lâchers d’animaux domestiques pour qu’ils se mêlent aux animaux sauvages et dopent un peu la population à chasser, non, non. D’ailleurs, y a des cantons en Suisse où la chasse est interdite, hé ben, on est obligés de désigner des responsables pour tuer les animaux en surpopulation.
Enfin, bon, je ne sais pas, imaginer de remplacer les balles des fusils par des seringues hypodermiques pour assommer les animaux au lieu de les tuer, pour ensuite, en allant récupérer l’animal, se contenter de le stériliser au lieu de le découper pour le manger, ça doit être totalement fou. Pas la peine d’y penser.
Bref, que toi, moi, ou des tas de gens comme toi et moi, on décide de devenir végéta*iens, pour qu’il existe un peu plus de végéta*iens que le nombre actuellement insignifiant, ça n’est pas possible, parce qu’un monde sans viande, ça n’est pas possible.
Un monde sans viande ?
Non, ça n’est pas possible.
L’humanité est capable de consacrer toute son énergie, de se fatiguer pendant des décennies voire des siècles à réfléchir, parfois au prix de lourds sacrifices, à des problèmes tordus, absurdes, totalement dingues, apparemment insolubles, dans le but de :
- se déplacer à des vitesses des dizaines de fois supérieures à sa capacité de course
- voler (en groupe ou en solitaire)
- se déplacer sous l’eau à des pressions de plusieurs dizaines d’atmosphères
- aller dans l’espace, sur la lune, envisager de coloniser Mars
- s’immuniser face aux virus
- ou créer de nouveaux virus
- se faire greffer des organes, des mains, un visage
- étudier et opérer le cerveau humain
- créer des êtres métalliques, électroniques, qui auraient une autonomie et une intelligence leur permettant d’apprendre et de se comporter comme des humains
- essayer de capter des signaux provenant d’êtres qui pourraient peut-être vivre à des années-lumière, quelque part
- cloner des êtres vivants complexes, des mammifères ou autres
- jouer avec le génome de végétaux et d’animaux, sans trop s’inquiéter
- fissionner l’atome pour obtenir de nouvelles sources d’énergie incontrôlables, et de nouveaux moyens de destruction massive
- perfectionner toutes sortes de technologies militaires permettant de s’entretuer encore plus efficacement
- multiplier en 50 ans la production animale jusqu’à des rendements ahurissants, par croisements génétiques, inséminations artificielles, études de nouvelles techniques d’engraissement, de traitement, d’abattage, etc.
- toutes sortes d’avancées technologiques améliorant toujours un peu plus le confort des humains les plus riches au détriment des humains les plus pauvres, des animaux non humains, de l’environnement, de la biodiversité et du reste
- etc.
L’homme est capable de consacrer sa vie, corps et âme, à imaginer l’impossible, dans tous les domaines.
Mais un monde sans viande, un monde où l’on épargnerait les êtres sensibles non humains, non. Ca n’est pas possible. Pas la peine d’y penser, d’y réfléchir, d’imaginer, d’essayer de se poser la question. De faire un début d’effort. Non. Ça, c’est VRAIMENT impossible.
Les Français savent mieux. ▼▲
En France, on ne pas peut arrêter de tuer des animaux pour les manger, parce que si on ne mange pas de viande, on tombe très très malade presque tout de suite. A fortiori en France, si on ne mange … Continuer la lecture
En France, on ne pas peut arrêter de tuer des animaux pour les manger, parce que si on ne mange pas de viande, on tombe très très malade presque tout de suite.
A fortiori en France, si on ne mange ni viande, ni oeufs, ni lait, on meurt presque instantanément.
C’est scientifiquement prouvé et tout le monde vous le dira. Toi-même tu sais.
Par contre, dès qu’on passe de l’autre côté de l’Océan Atlantique, quand on ne mange ni viande, ni produits animaux, on devient forts comme Superman. Ça marche tout l’inverse, c’est bizarre.
Y a des mystères comme ça, dans l’univers…
Position officielle de l’ADA (American Dietetic Association) et des Diététiciens du Canada :
« La position de l’Association Américaine de Diététique est que les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien conçues sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs. »
Mais bon, l’ADA, petite association de 70.000 diététiciens américains, et la DC, qui ne comporte elle-même que 6000 diététiciens canadiens, ne pourront jamais rivaliser avec les infinies compétences médicarnologiques de la France, ses 5000 diététiciens et son CIV.
—————————————————-
Notez également qu’en France, si vous demandez conseil à un médecin généraliste, personne n’a jamais entendu parler de la B12. Mais on s’en fout de ce truc inconnu, puisque de toute façon on ne peut pas vivre sans manger d’animaux. On t’aura prévénu.
**************
Edit du 18/07/2012 :
Tenez, cet article est intéressant. Je vous propose de vous rendre directement au chapitre « Les Diététiciens et l’Europe ou l’exercice professionnel à l’étranger > Formation » (ou là), histoire de rigoler un peu.
Publié dans Les personnes qui ne se mangent pas.
8 commentaires
Eye contact ▼▲
Un animal qui te regarde dans les yeux… Pourquoi dans les yeux ? Il ne sait même pas qu’il existe. Alors il ne peux pas certainement pas imaginer que toi, tu existes. Qu’est-ce qu’il irait chercher dans tes yeux ?
Un animal qui te regarde dans les yeux…
Pourquoi dans les yeux ?
Il ne sait même pas qu’il existe. Alors il ne peux pas certainement pas imaginer que toi, tu existes.
Qu’est-ce qu’il irait chercher dans tes yeux ?
Vegetarians and vegans relating to carnists ▼▲
Vous êtes végéta*ien, et vous en avez un petit peu marre que des milliards d’êtres sensibles se fassent massacrer pour le plaisir, puisqu’on pourrait s’en passer ? Alors ce texte s’adresse à vous et vous intéressera forcément. (C’est en anglais, … Continuer la lecture
Vous êtes végéta*ien, et vous en avez un petit peu marre que des milliards d’êtres sensibles se fassent massacrer pour le plaisir, puisqu’on pourrait s’en passer ? Alors
ce texte s’adresse à vous et vous intéressera forcément.
(C’est en anglais, mais je veux bien le traduire pour quiconque m’en fera la demande.)
Si vous n’êtes pas végéta*ien, n’avez pas envie de vous y mettre, holà non, jamais de la vie, moi, j’aime les animaux et j’aime la viande, ET JE NE RENIE PAS MA NATURE DE GRAND FAUVE DES STEPPES, MOI, MONSIEUR LE LAPIN EXTREMISTE QUI TUE LES CAROTTES… alors pas la peine de le lire. Ça ne fera que vous énerver et vous donner la preuve que les végéta*iens sont des prosélytes raëliano-nazis qui manipulent les esprits (grâce à leurs super pouvoirs télépathiques).
Le végétarien, vu du dehors ▼▲
Je viens de tomber sur cette étude sociologique des végétariens par Yann Plancqueel. Lire le sommaire, plutôt rapidement, pour un végétarien, c’est assez désagréable. Ca donne le sentiment d’une étude orientée, appuyée sur la sensiblerie des végétariens, leur manque de … Continuer la lecture
Je viens de tomber sur cette étude sociologique des végétariens par Yann Plancqueel.
Lire le sommaire, plutôt rapidement, pour un végétarien, c’est assez désagréable. Ca donne le sentiment d’une étude orientée, appuyée sur la sensiblerie des végétariens, leur manque de rationalité. Pour vérifier, j’ai sauté sur la lecture des synthèses finales, et non, ça a l’air totalement neutre, bien que l’auteur soit probablement omnivore. Il n’y a aucun jugement sur les raisons du choix, en bien ou en mal. C’est une étude purement sociale. Je lirai le reste plus tard.
Mais en ce qui concerne la déconnexion implicite entre rationalité et éthique…
Le fait est que les végétariens ne sont que des humains, et pas des êtres de pure raison, donc effectivement, tous les végétariens ne mettent pas comme priorité de justifier leur choix par une grande et belle et cohérente réflexion rationnelle. Comme je l’ai dit plusieurs fois, le végétarisme n’a besoin que d’une raison, et elle saute aux yeux de tous les végétariens.
Quant à la rationalité, il est vrai qu’en soi, ça ne justifie pas l’éthique. On peut décider d’inclure qui on veut dans notre éthique. Notre famille, et/ou nos amis, et/ou les individus de notre sexe, et/ou nos compagnons idéologiques, et/ou nos concitoyens qui partagent la même culture, et/ou tous les individus de notre espèce, et/ou tous les individus doués de sentience, et/ou… personne. (C’est d’ailleurs pourquoi l’éthique varie selon les époques et les sociétés.)
Parce qu’effectivement, la seule personne dont je sois sûr de l’existence, c’est moi-même. La seule personne dont je sois sûr à 100% que nos intérêts soient communs, c’est moi-même. La seule personne dont je sois obligé de tenir compte de l’existence, c’est moi-même. L’altruisme, ça me facilite la vie, ça me permet de prévoir les comportements des autres individus si je me les mettais à dos, et ça me permet de vivre dans une société où chaque individu tient compte des autres, ce qui me permet moi-même de vivre dans une certaine sécurité à l’idée que je ne risque pas ma vie à chaque instant, et un certain confort à l’idée que l’entre-aide pourrait un jour m’être bénéfique. On peut en rester là. Je peux décider que mes faits et gestes ne sont tous motivés que par mes propres intérêts, y compris ceux jugés altruistes ou honorables par les observateurs extérieurs.
Cependant, je peux aussi faire un travail intellectuel d’identification à l’autre, que la société m’a appris et que l’instinct me permet d’intégrer facilement (pour simplifier mes rapports sociaux et ainsi me fournir des outils de survie), et c’est ce qu’on appelle l’empathie. Je peux considérer que l’existence (probable) des autres est une vérité et un absolu en soi, dont je dois tenir compte, et que je n’ai pas à remettre en cause.
En tout cas, si j’applique intuitivement cette empathie aux individus humains, il devient difficilement soutenable intellectuellement de ne pas l’appliquer aux autres animaux neurologiquement proches, à moins d’entretenir soigneusement mes propres incohérences et contradictions (quasi schizophréniques).
Mais dans l’absolu, l’éthique, appliquée à quoi que ce soit, n’est pas rationnelle. Dans l’absolu, si j’étais purement rationnel et si j’avais les moyens d’y survivre et d’y trouver mon intérêt (ce qui est fort probable), je pourrais aussi bien décider d’exterminer toute vie animale (dont humaine) sur Terre.
Intelligence collective ▼▲
Le problème du carnisme est simple à pleurer : – Tous les mangeurs de viande ¹, quand ils sont laissés trop longtemps à leur introspection, savent qu’il y a un truc qui cloche et qu’il faudrait penser à arrêter. – … Continuer la lecture
Le problème du carnisme est simple à pleurer :
- Tous les mangeurs de viande ¹, quand ils sont laissés trop longtemps à leur introspection, savent qu’il y a un truc qui cloche et qu’il faudrait penser à arrêter.
- Le mangeur de viande qui s’interroge commence à s’inquiéter, il regarde autour de lui, et il voit un autre mangeur de viande. Ça le rassure : Si son voisin mange de la viande, c’est que ça ne doit pas être si grave que ça.
- Si d’aventure le mangeur de viande continue à se poser des questions, il peut faire part oralement de son inquiétude : Son voisin se charge alors de lui fournir toute la déculpabilisation dont il est tellement demandeur. L’argument n’a même pas besoin d’être rationnel, il suffit que le voisin y mette de la conviction. Une voix réconfortante, qui lui évitera ainsi tout changement de ses habitudes, toute remise en cause, et toute prise de conscience psychologiquement douloureuse.
(Notons que le plus souvent, l’argument se résume à « Regarde, tout le monde fait pareil, donc ça doit pas être si grave que ça. ». On pourra aussi trouver des choses comme « De toute façon, tous ceux qui disent le contraire sont des menteurs, ne les écoute pas. », ce qui est le summum de l’argument convaincant, puisque tout contre-argument s’invalide lui-même du fait qu’il est contre-argument. Ou encore « Non, on ne peut pas faire autrement, c’est impossible, n’essaie même pas. Cherche pas. ».)
- A nouveau convaincu et paré de nouveaux « arguments », le mangeur de viande peut désormais travailler à convaincre tous ses voisins périodiquement pris de doutes (des doutes douloureux car culpabilisateurs, et terrifiants car éventuellement contagieux), en renforçant donc au passage sa propre conviction. (Heureusement, la tâche n’est pas trop difficile, puisque le voisin ne demande lui-même qu’à être convaincu.)
Moralité : Tout le monde fait pareil parce que tout le monde fait pareil. L’habitude entretient l’habitude. Aucun autre critère, quelle que soit sa pertinence, ne peut entrer en compte.
Et on retombe sur la grosse difficulté, pour celui qui voudrait faire tomber ce système abominable, difficulté qui nécessite de se battre contre le plus terrible défaut de l’être humain : Réussir à convaincre chaque individu qu’il est capable de réfléchir et choisir, vraiment et sincèrement, de lui-même, indépendamment de toute influence.
Le plus amusant, c’est qu’on peut remplacer « manger de la viande » (ce qui signifie donc « tuer inutilement », hein, je vous le rappelle) par n’importe quel comportement généralisé aberrant, répugnant et innommable. Une fois qu’on a réussi à le faire admettre par la majorité de la société, insidieusement, graduellement ou même de force (par la loi, la religion, etc.), il suffit de laisser faire la force de l’habitude et le poids de la collectivité pour qu’il se nourrisse de lui-même (En tout cas, tant qu’on ne porte pas préjudice à un groupe qui pourrait finir par prendre conscience de son oppression et qui aurait le pouvoir de se révolter.). C’est même déprimant tellement ça en est banal. (Je vous laisse chercher des milliers d’exemples vous-mêmes.)
—————————————————————-
Note Bonus :
Une autre point tout à fait fatiguant, c’est de voir à quel point, dans un débat carniste <=> végé, les carnistes ont besoin d’aller chercher leurs arguments à tous les coins de l’univers, sans avoir besoin de cohérence particulière entre ces arguments (au point qu’on pourra trouver un carniste se défendant par un argument, et un autre carniste se défendant par l’argument inverse), alors que… lorsqu’on fait un choix réfléchi, parfaitement réfléchi, on le fait pour une unique raison, et on s’assure que cette raison est valable. Au mieux, d’autres arguments secondaires viennent s’y ajouter qui ne font que rendre le choix plus agréable… Mais le choix est fait pour une bonne et unique raison.
- Le choix du végétarisme éthique se fait pour ne plus tuer d’animaux, des êtres sensibles, existants, qui ne veulent pas mourir. C’est un choix possible parce qu’il ne menace pas la santé. C’est un choix cohérent puisqu’il ne tue pas indirectement plus d’animaux ² qu’il n’en épargne, puisque son bilan écologique est plus que positif par rapport au choix de la consommation de viande. Son impact écologique pourrait donc le remettre en cause, mais ça n’est pas le cas. Il n’a donc qu’une raison, qu’un objectif, parfaitement clair, parfaitement défini, et qui le justifie pleinement.
- La consommation de viande, elle, n’a pas de raison première avouée et honnête, elle n’est qu’un tissu d’excuses disparates, sans lien entres elles (et facilement réfutables). Aucun carniste n’est né végétarien au milieu d’une société végétarienne, pour se retrouver soudain dans une situation telle que la seule réponse possible, qui lui soit venue sans influence extérieure, aurait été « Hé bien, après une intense et longue réflexion et l’évaluation de tous les paramètres pour atteindre mon objectif, il me semble que désormais il n’est pas possible de faire autrement que de manger de la viande. » (Le dit objectif pouvant être, par exemple, sa survie ou le fait de tuer le moins possible d’individus.). Non. Le carniste naît dans une société carniste où la consommation de viande, dont l’élevage, est la norme établie et acceptée depuis des temps immémoriaux, et qui n’a donc aucun besoin d’être justifiée rationnellement et éthiquement.
Pourtant, le carniste parfait, tout à fait cohérent et honnête, n’aurait qu’une seule chose toute simple à répondre à un végé pour mettre fin à toute argumentation : « Prendre en compte les intérêts d’aucun animal, ni leur besoin de liberté, ni leur désir de vivre, ni leur peur de la mort, ni leur sensibilité, ne me sert à rien, ne m’apporte rien, je n’ai pas envie de le faire, je ne l’ai jamais fait, et je ne le ferai jamais. ».
Aucun carniste n’a jamais donné une telle réponse.
—————————————————————-
¹ Sauf les inuits… C’est bon, on le saura. T’es inuit ? T’en connais beaucoup ? Y a une surpopulation mondiale d’inuits ? Le modèle économique mondial est basé sur les inuits ?… Non, alors ta gueule. Il y a 100 000 inuits dans le monde, pas 7 milliards.
² Les humains sont également des animaux. Leur vie est aussi menacée par la consommation de viande, et non pas par la baisse de sa consommation.
Dans ma nature. ▼▲
J’ai d’intenses pulsions sexuelles, c’est instinctif, c’est dans ma nature, je ne peux pas faire autrement, je dois les satisfaire. Mais comme je sais que c’est mal, et qu’il faut rester modéré, je ne viole que très rarement. [Ceci était … Continuer la lecture
J’ai d’intenses pulsions sexuelles, c’est instinctif, c’est dans ma nature, je ne peux pas faire autrement, je dois les satisfaire.
Mais comme je sais que c’est mal, et qu’il faut rester modéré, je ne viole que très rarement.
[Ceci était un communiqué de l'Association des Métaphores Végétariennes Pour Que Les Gens, Ils Comprennent.]
L’abbé D’Ouse ▼▲
Si vous êtes végétarien ou souhaitez devenir végétarien, c’est-à-dire que vous arrêtez de manger de la chair animale, mais continuez à consommer des oeufs et du lait, vous n’avez pas à vous soucier de grand chose, vos risques de carences … Continuer la lecture
Si vous êtes végétarien ou souhaitez devenir végétarien, c’est-à-dire que vous arrêtez de manger de la chair animale, mais continuez à consommer des oeufs et du lait, vous n’avez pas à vous soucier de grand chose, vos risques de carences sont quasi nuls. Pas pires que ceux d’un carnivore, en tout cas. (Et si vous vous renseignez un petit peu pour varier votre alimentation, vous en aurez même moins que la moyenne des carnivores.)
Si vous êtes végétalien ou souhaitez devenir végétalien, et ne voulez donc plus consommer ni oeufs ni lait (pour diverses raisons), la seule chose cruciale à savoir, c’est LA BÉDOUZE !
Donc lisez-ça, c’est important. Et puis par exemple, quand on est français, ça se trouve ici. (Ca doit se trouver ailleurs aussi. Pharmacies, rayons diététiques, tout ça…) Si le véganisme était plus développé, la B12 serait supplémentée partout. Par exemple, comme le lait de soja peut être supplémenté en calcium (et comme le lait de vache peut être supplémenté en diverses choses), comme le sel est supplémenté en iode, et comme les animaux d’élevage sont supplémentés en B12.
Cloisonnement ▼▲
La modélisation du monde qui nous entoure se fait à l’aide de modèles abstraits qui se définissent par un ensemble de caractéristiques communes. Mais tous les objets d’un même modèle ne sont pas identiques pour autant. C’est simplement un mécanisme … Continuer la lecture
La modélisation du monde qui nous entoure se fait à l’aide de modèles abstraits qui se définissent par un ensemble de caractéristiques communes. Mais tous les objets d’un même modèle ne sont pas identiques pour autant. C’est simplement un mécanisme de classement (un peu arbitraire) utile pour appréhender le monde, construire des raisonnements (conscients ou non, intuitifs ou non), et adapter nos comportements en fonction. Ces modèles n’ont pas besoin d’être associés au langage pour exister en nous, ils sont le fondement du travail intellectuel.
Par là même, créer des groupes abstraits pour classer les individus selon un degré de ressemblance entre eux, et de ressemblance avec soi (ou du moins qui nous apparaissent comme les ressemblances à prendre en compte) est quelque chose de tout à fait intuitif et instinctif. Relativiser l’importance de ces groupes, réussir à voir les points communs entre eux, et les rapprocher de son propre groupe, est un travail qui nécessite sans doute un peu plus d’effort intellectuel conscientisé.
Dans la tête d’un humain, il y a :
- D’un côté, les humains.
- Et de l’autre, les animaux.
Dans la tête d’un lapin, il y a :
- D’un côté, les lapins.
- Et de l’autre, les animaux.
Léguman ▼▲
________________________________________________________________ Ce texte est un vieux truc que j’avais écrit fin octobre 2011. Je l’avais enregistré, mais j’hésitais à le publier. En multipliant mes lectures, ma réflexion et ma connaissance sur beaucoup de sujets se sont largement aiguisées depuis. Et … Continuer la lecture
________________________________________________________________
Ce texte est un vieux truc que j’avais écrit fin octobre 2011.
Je l’avais enregistré, mais j’hésitais à le publier.
En multipliant mes lectures, ma réflexion et ma connaissance sur beaucoup de sujets se sont largement aiguisées depuis. Et c’est loin d’être fini.
(Entre autre, mon exemple avec l’éleveur de cochons est totalement idéalisé, puisque l’immense majorité des cochons en France « vivent » dans des élevages intensifs, et que les truies sont inséminées par la main de l’homme. Et pour clarifier mes chiffres dans la note en bas de l’article : Tués dans les abattoirs en France par an => 6 millions de bovins, 25 millions de porcs, 6 millions d’ovins, 40 millions de lapins, 1 milliard de volailles (Ordre de grandeur, ça dépend des années. Mais grosso modo, les années 2000-2010.). Dans le monde, 50 milliards d’animaux terrestres abattus par an, et 1000 milliards de poissons pêchés par an.)
Tant pis, je le publie maintenant quand même.
________________________________________________________________
Ce midi, je mangeais avec des gens, nous étions six dont deux qui ne mangent pas d’animaux (moi compris). Soit 33% de gens qui ne mangent pas d’animaux. C’est un pourcentage de gens qui ne mangent pas d’animaux beaucoup trop important au sein d’un groupe de Français pour que ça ne suscite pas de fortes émotions et un sentiment d’oppression chez ceux qui en mangent. (D’après wikipedia, il y aurait moins de 2% de gens qui ne mangent pas d’animaux en France, contre 5% en moyenne en Europe, 6% en Italie, 8% en Allemagne, 12% aux USA, 40% en Inde -sachant que même les carnivores y mangent rarement des animaux-. Pour se faire une idée de l’aptitude bien française à comprendre l’opinion des gens qui ne mangent pas d’animaux.)
Bref, le sujet est venu sur la table (Oh oh.). J’ai personnellement refusé d’entrer dans un débat (forcément virulent) avec l’individu qui, quelques jours plus tôt, en réponse à quelqu’un qui avait déclaré « Etre végétarien, ça doit pas être facile. », avait, lui, répondu « Je trouve ça surtout con ! » -rire gras- (A quoi j’avais rétorqué, sans un sourire, qu’on pouvait aussi dire l’inverse, ce qui avait plus ou moins clos le débat.); individu dont je savais qu’il n’avait pas les facultés intellectuelles pour entendre mes arguments, et dont je savais également que son invitation au débat était totalement de mauvaise foi. Invitation qui s’est faite avec, évidemment, un argument fort original (que je n’avais certainement jamais entendu au cours de ma vie, vous imaginez bien, après tout, ça ne fait que deux jours et demi que je me suis mis à ne plus manger d’animaux, comme ça, sur un coup de tête). Pour le coup, c’était la chaîne alimentaire. Je me suis donc retenu de répondre quoi que ce soit, et lui ai juste conseillé d’aller faire un tour sur wikipedia et de taper « végétarisme » pour y lire tous les arguments pour le non mangeage d’animaux, si ça l’intéressait tant que ça.
L’autre personne qui ne mange pas d’animaux n’a pas joué le même jeu que moi, il est un peu entré dans le débat, le fou. Et donc au bout d’un certain temps, j’ai quand même été obligé de déclarer :
« Je ne mange pas d’animaux parce que rien ne m’y oblige physiquement, je suis en bonne santé, c’est simple, et voilà, je ne tue plus d’animaux pour manger. » A moins que je confonde l’ordre du débat, et que j’aie dit un peu plus tôt que je suis devenu végétarien le jour où j’en ai eu assez de tuer de animaux ? (Ce qui n’est pas tout à fait vrai, je suis devenu végétarien quand j’ai considéré que j’en étais libre, à ma majorité.)… Mais là n’est pas vraiment la question.
La question c’est que ce « Je ne tue plus d’animaux pour manger. » a provoqué la réaction rigolarde du mangeur d’animaux suivante : « Ah ah ! Ben je comprends mieux ! Si tu tuais toi-même tes animaux ! Mais faut pas les tuer, faut laisser faire les autres ! Tu m’étonnes que tu sois devenu végétarien ! ». Ce qui m’a fait sourire, c’était de l’humour, je n’ai pas plus débattu là-dessus que sur le reste.
Mais par contre, a posteriori, je me suis rendu compte de ce que ça trahissait : Un incroyable aveu de faiblesse. Il était tout simplement en train de me livrer sur un plateau l’un des principaux arguments du végétarien : « Je mange de la viande parce que je ne suis pas obligé de regarder les animaux mourir par ma faute. » . Il n’a pas eu l’air de s’en rendre compte. Mais je me suis également demandé si en fait, ça ne trahissait pas autre chose. Je me suis demandé si ça n’était tout simplement pas du premier degré. Si mon « Je tuais des animaux » n’était pas pour lui une aberration, une absurdité, un « raccourci » qu’il ne comprenait pas.
Un peu comme cette phrase que j’entends parfois, selon laquelle les végétariens « ne mangent pas d’animaux morts » (et que j’ai dû entendre au cours de la conversation de ce midi, d’ailleurs). Je ne mange pas non plus d’animaux vivants, je dois vous avouer. Ca ne me plairait pas plus que de les manger déjà morts. En vérité, je ne mange pas d’animaux tout court. Comme si l’humain était un nécrophage puisqu’il se contente de manger « ce qui est déjà mort »… sans y être pour quoi que ce soit.
Enfin, ce que j’ai fini par me demander, c’est, tout simplement, si tous les carnivores (ou « omnivores », appelez-vous comme vous préférez, je m’en fous) voient bien le lien direct et évident entre « manger de la viande » et « tuer un animal »…
Alors, je vais juste vous rappeler le principe, pour être sûr : Non, on ne vit pas sur un stock d’animaux morts qui ont été tués cinquante ans avant votre naissance (ni même morts naturellement), et qu’il faut maintenant finir, pour ne pas qu’ils aient été tués pour rien. En fait, la vérité, c’est qu’il y a un truc qui s’appelle la loi de l’offre et de la demande, avec du commerce, de l’économie et des tas d’équations auxquelles je ne comprends rien, mais qui donne ceci : Les producteurs de toutes choses s’adaptent à leurs acheteurs. Produire plus que ce qu’on peut vendre, ça n’est pas rentable, en général. Et c’est valable pour la viande. Acheter votre jambon confirme à votre boucher qu’il a eu raison d’acheter un cochon mort cette semaine à l’abattoir qui a eu raison d’acheter un cochon vivant cette semaine à l’éleveur qui a eu raison d’acquérir un couple de cochons et les faire se reproduire il y a 6 mois (contre une espérance de vie de 15 ans à l’état naturel). Pour vous, l’éleveur va faire naître un autre cochon qui sera abattu dans six mois pour satisfaire l’attente du boucher qui sait que vous achèterez votre jambon comme prévu (d’autant plus qu’il a plein de graphiques sur son ordinateur pour confirmer tout ça). Donc oui, le cochon que vous mangez, vous l’avez tué. Vous l’avez tué avec la coopération des quelques autres acheteurs de jambons sur ce cochon, et des gens que vous avez invités à votre dîner qui mangeront du jambon, et de l’abattoir et de l’éleveur… Vous l’avez tué à plusieurs, quoi, mais vous l’avez tué. Vous n’étiez pas obligé. Et vous en tuerez d’autres. Assumez.*
Mon raisonnement vous parait simpliste, ne tient pas compte de la surproduction, des gâchis, etc. ? Alors imaginez que la consommation de viande soit diminuée par deux ou trois, vous pensez vraiment que la production serait maintenue à la même échelle ?
Ceci dit, il est tout à fait légitime d’accuser les non mangeurs d’animaux de causer du chômage dans tout le réseau viandesque (tout comme il est légitime d’accuser l’industrie automobile d’avoir tué les maréchaux ferrants, et les ingénieurs et leurs robots d’avoir licencié des hordes de travailleurs en usine, etc.). Mais ça fait partie de leur plan pour la conquête du monde. Les non mangeurs d’animaux sont des salauds.
(Au fond, en comptant le gâchis, on se rend même compte que l’élevage ne revient pas à tuer pour manger de la viande, mais à tuer un peu plus d’animaux que ‘nécessaire’, simplement pour avoir le luxe de pouvoir manger de la viande quand on en a envie…)
On pourra dire (et entendre, parfois) que le non mangeur d’animaux est faible, hyper-émotif, trop sensible, voire lâche. La lâcheté de ne pas tuer. La lâcheté de trop respecter la vie. J’aurais tendance à dire moi, que c’est plutôt facile de prendre aux autres sans consentement ni compensation ni respect dans le seul objectif de se satisfaire soi-même, et d’autant plus quand il s’agit de prendre la vie; plutôt facile de tuer quand on ne sait absolument pas ce que mourir veut dire, parce qu’on ne l’a pas vécu soi-même, et parce que, éventuellement, on a soi-même peur de mourir; plutôt facile de tuer en refusant d’y penser. Plus lâche d’accepter de tuer que d’accepter de mourir. Et plus lâche d’accepter de tuer que d’accepter une légère contrainte, celle de vivre sans tuer.
—————————————————————————————-
* A titre d’exemple, pour se faire une idée :
Wikipedia – Viande
Planetoscope – Consommations mondiales
6 000 000 de vaches produites par an en France (Je simplifie légèrement : production grosso modo égale à la consommation.). Donc en moyenne, pour lui seul, un Français tue 1 vache (sans différencier veau/vache/boeuf) tous les 10 ans (pour un français moyen, enfants et végétariens compris…). Et forcément plus pour les plus petits animaux : 1 mouton tous les 10 ans, 1 cochon tous les 2 ans et demi, 12 poulets par an, 1 pintade tous les 2 ans, etc.
9 animaux tués par an et par personne dans le monde, sachant que la France consomme deux fois plus de viande que la moyenne mondiale. J’ignore si ça comprend les poissons (Je ne pense pas. Libre à vous de compter les vôtres. C’est déjà plus facile.).
Dit comme ça, ça parait peu finalement. Mais prenez donc votre couteau et allez égorger votre cochon, même tous les deux ans… Et arrêtez de perdre votre temps avec vos animaux domestiques…
On pourra chipoter sur mon histoire de cochon. Celui que je tue, ce n’est pas celui que je mange, mais l’équivalent prévu. Soit. Disons qu’en l’achetant (ou en le mangeant, si on m’offre du jambon) je tue l’équivalent du cochon que je suis en train de manger (Je tue même largement plus que cet équivalent, en comptant les pertes non-négligeables tout au long de la chaîne élevage-abattoir.). Au contraire, en me déclarant ouvertement végétarien, en évitant qu’on me propose (à nouveau) du jambon, j’épargne un futur cochon. Par contre, en me croyant secrètement végétarien, et en jetant discrètement le jambon qui se trouve dans mon assiette par ma faute, je suis juste un gros con.
J’assume également le fait qu’être végétarien ne me rend pas parfait, et qu’il m’arrivera encore de tuer par négligences, oublis, erreurs, fainéantises, et divers liens complexes de causes à effets qui m’échappent. Mais en étant végétarien, je limite les dégâts.
Ben à ce moment-là, je pourrais écrire n’importe quoi comme titre, même si ça n’a aucun rapport, puisque de toute façon j’ai aucune idée. ▼▲
Je viens de lire cet essai de Philippe Laporte. Il y a peut-être quelques trucs trop affirmatifs, quelques déclarations difficiles à prouver (comme bien souvent avec les affaires de psychologie, où l’on peut faire dire à l’inconscient tout et son … Continuer la lecture
Je viens de lire cet essai de Philippe Laporte.
Il y a peut-être quelques trucs trop affirmatifs, quelques déclarations difficiles à prouver (comme bien souvent avec les affaires de psychologie, où l’on peut faire dire à l’inconscient tout et son contraire), mais dans l’ensemble, je trouve ça tout à fait intéressant, et ça recoupe pas mal de réflexions que j’avais déjà eues.
Entre autre chose, le fait que perpétuer un crime permet d’éviter de le considérer comme un crime, et donc d’éviter l’immense remise en cause que ça engendrerait.
Et là-dessus, je suis on ne peut plus d’accord, puisque j’ai vécu toutes les remises en cause que ça implique, et je sais à quel point ça serait facile pour moi de repasser la barrière dans l’autre sens, de décider de me remettre à manger de la viande pour prouver que tout ça n’est pas si grave que ça, et me simplifier la vie. Parce que je vis dans la même société que tous les autres omnivores, et que je dois faire un effort de réflexion pour rester conscient de la réalité des choses, et dépasser la simple apparence toute simple et vicieusement déculpabilisante. Et aussi parce que c’est tellement évident, quand je vois parfois le comportement de certains de mes proches, et… et tout, quoi. Admettre que manger de la viande est un meurtre gratuit, ça signifie admettre qu’on a commis soi-même des crimes. Et prendre conscience que la société est basée sur ces crimes, et qu’ils sont perpétrés constamment, bon sang… que c’est épuisant… Parfois, il faut quand même se forcer à oublier… Mais ne pas oublier au point de se remettre à y participer, si on veut qu’un jour il y ait un espoir pour que ça change.
Bref, cet essai est intéressant.
J’aime bien la citation : « Il nous faut apprendre à vivre tous ensemble comme des frères, ou bien nous périrons tous ensemble comme des imbéciles. »
J’adore la retranscription de l’émission radio sur l’antispécisme. J’ai beaucoup ri.
Ah, et puis j’ai appris qu’Hubert Reeves prône le végétarisme.
La conclusion m’apprend que je suis moraliste, que la culpabilisation ne fonctionne pas, et qu’expliquer aux omnivores qu’on comprend très bien le pourquoi de leur blocage intellectuel est la dernière chose à faire… Bref, que j’ai tort sur tous les fronts. Sans doute. Mais je ne sais absolument pas comment m’y prendre autrement. Le végétarisme (végétalisme/véganisme/antispécisme/etc.) est un sujet tellement sensible, tellement tendu… Il faut constamment marcher sur des oeufs*. D’un côté : Trop informer, trop stimuler, toucher une corde sensible, voire provoquer, c’est prendre le risque d’un rejet en bloc. Et l’autre choix : Ne pas prendre de risque, laisser faire, attendre… attendre qu’il ne se passe rien.
Et puis en règle générale, je suis plutôt pour faire confiance à l’intelligence de mes interlocuteurs (y compris leur propre capacité de remise en cause au détriment de leur amour propre), en leur donnant toutes les billes en ma possession, et ce en toute honnêteté. Je crois que j’aimerais qu’on en fasse autant pour moi. J’ai peut-être tort sur toute la ligne, je ne sais pas.
Tout ça est bien compliqué.
Quand même, j’aimerais bien observer un changement avant de mourir.
________________________
* Et pour un végétalien, ça craint.